Un enfant parmi les 3 Palestiniens tués par Israël un même jour

Les forces israéliennes ont tué 16 Palestiniens en Cisjordanie occupée, depuis le début de cette année, y compris les quatre enfants, et en ont blessé des dizaines d’autres.

 

Le 15 mars 2022, à Gaza, des Palestiniens assis dans une tente de deuil en l’honneur des trois Palestiniens tués par les forces israéliennes au cours d’incidents séparés en Cisjordanie. (Photo : Ashraf Amra / APA images)

Le 15 mars 2022, à Gaza, des Palestiniens assis dans une tente de deuil en l’honneur des trois Palestiniens tués par les forces israéliennes au cours d’incidents séparés en Cisjordanie. (Photo : Ashraf Amra / APA images)

 

Tamara Nassar, 22 mars 2022

En une seule matinée, la semaine dernière, les forces israéliennes ont tué trois Palestiniens au cours d’incidents séparés qui ont eu lieu en Cisjordanie occupée et en Israël.

L’un de ces trois tués était un enfant.

Le 15 mars, des agents déguisés en civils et appartenant à l’unité Yamam de la Police israélienne des frontières se sont introduits à l’aide d’une voiture banalisée dans une rue adjacente au camp de réfugiés de Balata, à Naplouse, en Cisjordanie occupée, peut-on lire dans un rapport du Centre palestinien pour les droits humains (PCHR).

L’unité qui, selon l’organisation, est arrivée sur place dans une camionnette VW blanche, a encerclé le domicile d’Ammar Arafat, 22 ans, dans le même temps que des militaires israéliens pénétraient dans le camp. L’unité a arrêté Arafat et s’est repliée vers le check-point de Huwwara, tout proche.

Des Palestiniens ont chassé les forces israéliennes en leur jetant des pierres, rapporte encore le PCHR. Les forces israéliennes ont tiré à balles réelles sur les Palestiniens.

Comme « un convoi d’au moins sept véhicules blindés » se retirait de la zone, une motocyclette transportant deux enfants est passée de l’autre côté de la route, a révélé une enquête de terrain menée par Defense for Children International – Palestine (DCI-P).

Nader Haitham Fathi Rayyan, 16 ans, allait rejoindre le café de son frère, tout proche, en compagnie d’un ami.

Les véhicules israéliens se sont précipités dans leur direction, a expliqué un témoin oculaire à DCI-P.

À peu près au même moment, deux coups de feu ont été tirés, selon un témoin auditif. DCI-P n’a pas été en mesure de confirmer la source ni le timing des coups de feu.

Un témoin oculaire a expliqué que la motocyclette était tombée en panne, obligeant les adolescents à s’enfuir à pied.

Depuis son véhicule blindé, un soldat a tiré trois fois au moins en direction de Nader et de son ami. Au moins cinq soldats sont sortis du véhicule, se sont lancés à la poursuite des ados et ont bien tiré une dizaine de coups de feu dans leur direction.

Les soldats sont ensuite retournés à leurs véhicules et ont quitté la zone au bout d’une dizaine de minutes.

Nader a été emmené vers un hôpital tout proche, où l’on a constaté son décès. Il avait été touché à plusieurs reprises, dont deux impacts au moins dans le dos. Il est le quatrième enfant palestinien tué par les forces d’occupation israéliennes cette année – tous les quatre en une période de trente jours.

La Police israélienne des frontières a prétendu que l’un de deux garçons était descendu de la moto et qu’il avait tiré sur les agents déguisés en civils, a-t-on pu lire dans le quotidien de Tel-Aviv Haaretz.

Une surveillance vidéo à proximité de l’incident, utilisée par DCI-P dans le cadre de son enquête, ne montre aucun des deux ados en train de tirer sur les véhicules militaires.

Par contre, la vidéo montre bien la moto qui se déplace sur un trottoir parallèle à la rue empruntée par les blindés israéliens.

Comme la moto ralentit, le garçon installé à l’arrière saute sur le sol et s’enfuit immédiatement. Il s’arrête ensuite, et l’autre garçon, le conducteur, abandonne la moto et s’enfuit également. Les véhicules israéliens s’arrêtent alors dans la rue et on peut voir les soldats courir dans la direction empruntée par les ados en fuite.

L’invasion de Qalandiya

Lors d’un deuxième incident, peu de temps après, une importante force israélienne a envahi de deux côtés à la fois le camp de réfugiés de Qalandiya, près de la ville de Ramallah, en Cisjordanie occupée, selon le PCHR.

Nombre de snipers israéliens se sont faufilés entre les maisons des résidents et se sont postés sur les toits au moment où les forces israéliennes arrêtaient des Palestiniens.

Des jeunes Palestiniens sont sortis de chez eux pour grimper sur les toits et défendre leur camp. Ils ont jeté des bouteilles vides et des pierres contre les forces israéliennes, qui se sont mises à leur tirer dessus à balles réelles.

Les forces israéliennes ont abattu Ala Muhammad al-Shaham, 24 ans, de plusieurs balles dans la tête et dans le corps, alors qu’il était sur son toit, et l’ont tué, a rapporté le PCHR.

Six autres Palestiniens ont également été par des tirs israéliens et emmenés dans un hôpital proche.

Des médias locaux ont fait circuler des photos d’al-Shaham après la fusillade ainsi que de l’important cortège funéraire organisé pour lui dans le camp :

https://twitter.com/ShehabAgency/status/1503633890702942212?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E1503633890702942212%7Ctwgr%5E%7Ctwcon%5Es1_&ref_url=https%3A%2F%2Felectronicintifada.net%2Fblogs%2Ftamara-nassar%2Fchild-among-3-palestinians-killed-israel-one-day

https://twitter.com/ShehabAgency/status/1503701677051895811?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E1503701677051895811%7Ctwgr%5E%7Ctwcon%5Es1_&ref_url=https%3A%2F%2Felectronicintifada.net%2Fblogs%2Ftamara-nassar%2Fchild-among-3-palestinians-killed-israel-one-day

Aucun soldat israélien n’a été blessé au cours des deux incidents susmentionnés, comme dans de nombreux autres cas antérieurs durant lesquels on a prétendu que des Palestiniens avaient attaqué les forces israéliennes avant d’être tués.

Le nombre d’homicides commis par les forces d’occupation « a augmenté », a déclaré le PCHR,

« de même que le recours à des tireurs embusqués et à des tirs directs pour tuer, blesser et causer de graves blessures ».

Les forces israéliennes ont tué 16 Palestiniens en Cisjordanie occupée, depuis le début de cette année, y compris les quatre enfants, et en ont blessé des dizaines d’autres.

Des agents déguisés en civils

Pendant ce temps, les forces israéliennes ont mortellement abattu Sanad Salem al-Harbad à Rahat, un township du désert du Néguev, dans le sud d’Israël, aménagé voici des décennies dans le cadre du plan israélien d’urbanisation forcée des Bédouins palestiniens traditionnellement nomades.

Dans une opération conjointement menée par l’armée israélienne et l’agence israélienne d’espionnage et de torture domestiques, le Shin Bet, des agents israéliens en civil – qu’on appelle des mistaravim – ont organisé un raid à Rahat afin d’arrêter des Palestiniens venus de la Cisjordanie occupée et vivant en Israël sans permis.

Les forces israéliennes prétendent qu’une des personnes qu’elles recherchaient avait commis des « délits contre la sécurité ».

Les mistaravim sont des agents israéliens qui se déguisent en Palestiniens pour enlever, blesser et infiltrer des groupes de civils en Cisjordanie occupée.

Le policier israélien qui a abattu al-Harbad a affirmé que ce dernier avait pointé une arme à feu sur lui et qu’il avait riposté à balles réelles. Après qu’al-Harbad était tombé sur le sol, l’agent prétend que l’homme avait de nouveau pointé son arme sur lui, de sorte qu’il lui avait encore tiré dessus.

Toutefois, des infirmiers des services médicaux d’urgence israéliens, Magen David Adom (l’équivalent israélien de la Croix-Rouge, NdT), ont déclaré qu’al-Harbad avait été frappé de deux balles, l’une dans le dos, l’autre dans le postérieur.

Selon Haaretz, ceci indique « qu’au moment où il avait été abattu, il était tourné vers la direction opposée de celle du policier » et que « cela pouvait donc contredire la version de l’incident telle que rapportée par le policier ».

De plus, Haaretz a fait remarquer dans un éditorial qu’on ne voit pas exactement quand les agents déguisés se sont montrés à al-Harbad – ce qui veut dire que ce pourrait être après qu’on eut tiré.

Le ministère israélien de la Justice enquête sur l’incident, explique Haaretz. Les auto-enquêtes israéliennes se traduisent presque toujours par l’impunité pour le personnel qui tue ou blesse des Palestiniens.

Des exécutions extrajudiciaires

Pendant ce temps, l’organisation palestinienne des droits humains, Al-Haq, a introduit auprès des Procédures spéciales des Nations unies un appel urgent concernant l’affaire de trois Palestiniens qui ont été exécutés extrajudiciairement par les forces israéliennes à Naplouse, le mois dernier.

Ces Procédures constituent une organisation d’experts indépendants dans les droits humains, dont la tâche consiste à enquêter sur de tels abus.

Le 8 février, les trois hommes avaient été abattus mortellement dans leur voiture, sans avertissement préalable et sans avoir engagé les moindres hostilités avant et même pendant la fusillade.

Les forces israéliennes, qui se déplaçaient dans deux VW munies de plaques minéralogiques palestiniennes, avaient bloqué le véhicule des trois hommes et ouvert le feu.

Al-Haq a déclaré que les militaires s’étaient mis à tirer depuis leurs véhicules banalisés, puis en étaient descendus et avaient continué de tirer sur la voiture des trois hommes.

« La fusillade fut intensive et sans temps morts », a déclaré Al-Haq. Toute l’opération avait duré un quart d’heure.

« Aucun coup de feu n’a été vu ou entendu depuis la voiture dans quelque direction que ce soit et à aucun moment au cours de l’opération. »

°°°°°

Publié le 22 mars 2022 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

 

 

Le 15 mars 2022, à Gaza, des Palestiniens assis dans une tente de deuil en l’honneur des trois Palestiniens tués par les forces israéliennes au cours d’incidents séparés en Cisjordanie. (Photo : Ashraf Amra / APA images)

 

Tamara Nassar, 22 mars 2022

En une seule matinée, la semaine dernière, les forces israéliennes ont tué trois Palestiniens au cours d’incidents séparés qui ont eu lieu en Cisjordanie occupée et en Israël.

L’un de ces trois tués était un enfant.

Le 15 mars, des agents déguisés en civils et appartenant à l’unité Yamam de la Police israélienne des frontières se sont introduits à l’aide d’une voiture banalisée dans une rue adjacente au camp de réfugiés de Balata, à Naplouse, en Cisjordanie occupée, peut-on lire dans un rapport du Centre palestinien pour les droits humains (PCHR).

L’unité qui, selon l’organisation, est arrivée sur place dans une camionnette VW blanche, a encerclé le domicile d’Ammar Arafat, 22 ans, dans le même temps que des militaires israéliens pénétraient dans le camp. L’unité a arrêté Arafat et s’est repliée vers le check-point de Huwwara, tout proche.

Des Palestiniens ont chassé les forces israéliennes en leur jetant des pierres, rapporte encore le PCHR. Les forces israéliennes ont tiré à balles réelles sur les Palestiniens.

Comme « un convoi d’au moins sept véhicules blindés » se retirait de la zone, une motocyclette transportant deux enfants est passée de l’autre côté de la route, a révélé une enquête de terrain menée par Defense for Children International – Palestine (DCI-P).

Nader Haitham Fathi Rayyan, 16 ans, allait rejoindre le café de son frère, tout proche, en compagnie d’un ami.

Les véhicules israéliens se sont précipités dans leur direction, a expliqué un témoin oculaire à DCI-P.

À peu près au même moment, deux coups de feu ont été tirés, selon un témoin auditif. DCI-P n’a pas été en mesure de confirmer la source ni le timing des coups de feu.

Un témoin oculaire a expliqué que la motocyclette était tombée en panne, obligeant les adolescents à s’enfuir à pied.

Depuis son véhicule blindé, un soldat a tiré trois fois au moins en direction de Nader et de son ami. Au moins cinq soldats sont sortis du véhicule, se sont lancés à la poursuite des ados et ont bien tiré une dizaine de coups de feu dans leur direction.

Les soldats sont ensuite retournés à leurs véhicules et ont quitté la zone au bout d’une dizaine de minutes.

Nader a été emmené vers un hôpital tout proche, où l’on a constaté son décès. Il avait été touché à plusieurs reprises, dont deux impacts au moins dans le dos. Il est le quatrième enfant palestinien tué par les forces d’occupation israéliennes cette année – tous les quatre en une période de trente jours.

La Police israélienne des frontières a prétendu que l’un de deux garçons était descendu de la moto et qu’il avait tiré sur les agents déguisés en civils, a-t-on pu lire dans le quotidien de Tel-Aviv Haaretz.

Une surveillance vidéo à proximité de l’incident, utilisée par DCI-P dans le cadre de son enquête, ne montre aucun des deux ados en train de tirer sur les véhicules militaires.

Par contre, la vidéo montre bien la moto qui se déplace sur un trottoir parallèle à la rue empruntée par les blindés israéliens.

Comme la moto ralentit, le garçon installé à l’arrière saute sur le sol et s’enfuit immédiatement. Il s’arrête ensuite, et l’autre garçon, le conducteur, abandonne la moto et s’enfuit également. Les véhicules israéliens s’arrêtent alors dans la rue et on peut voir les soldats courir dans la direction empruntée par les ados en fuite.

L’invasion de Qalandiya

Lors d’un deuxième incident, peu de temps après, une importante force israélienne a envahi de deux côtés à la fois le camp de réfugiés de Qalandiya, près de la ville de Ramallah, en Cisjordanie occupée, selon le PCHR.

Nombre de snipers israéliens se sont faufilés entre les maisons des résidents et se sont postés sur les toits au moment où les forces israéliennes arrêtaient des Palestiniens.

Des jeunes Palestiniens sont sortis de chez eux pour grimper sur les toits et défendre leur camp. Ils ont jeté des bouteilles vides et des pierres contre les forces israéliennes, qui se sont mises à leur tirer dessus à balles réelles.

Les forces israéliennes ont abattu Ala Muhammad al-Shaham, 24 ans, de plusieurs balles dans la tête et dans le corps, alors qu’il était sur son toit, et l’ont tué, a rapporté le PCHR.

Six autres Palestiniens ont également été par des tirs israéliens et emmenés dans un hôpital proche.

Des médias locaux ont fait circuler des photos d’al-Shaham après la fusillade ainsi que de l’important cortège funéraire organisé pour lui dans le camp :

https://twitter.com/ShehabAgency/status/1503633890702942212?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E1503633890702942212%7Ctwgr%5E%7Ctwcon%5Es1_&ref_url=https%3A%2F%2Felectronicintifada.net%2Fblogs%2Ftamara-nassar%2Fchild-among-3-palestinians-killed-israel-one-day

https://twitter.com/ShehabAgency/status/1503701677051895811?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E1503701677051895811%7Ctwgr%5E%7Ctwcon%5Es1_&ref_url=https%3A%2F%2Felectronicintifada.net%2Fblogs%2Ftamara-nassar%2Fchild-among-3-palestinians-killed-israel-one-day

Aucun soldat israélien n’a été blessé au cours des deux incidents susmentionnés, comme dans de nombreux autres cas antérieurs durant lesquels on a prétendu que des Palestiniens avaient attaqué les forces israéliennes avant d’être tués.

Le nombre d’homicides commis par les forces d’occupation « a augmenté », a déclaré le PCHR,

« de même que le recours à des tireurs embusqués et à des tirs directs pour tuer, blesser et causer de graves blessures ».

Les forces israéliennes ont tué 16 Palestiniens en Cisjordanie occupée, depuis le début de cette année, y compris les quatre enfants, et en ont blessé des dizaines d’autres.

Des agents déguisés en civils

Pendant ce temps, les forces israéliennes ont mortellement abattu Sanad Salem al-Harbad à Rahat, un township du désert du Néguev, dans le sud d’Israël, aménagé voici des décennies dans le cadre du plan israélien d’urbanisation forcée des Bédouins palestiniens traditionnellement nomades.

Dans une opération conjointement menée par l’armée israélienne et l’agence israélienne d’espionnage et de torture domestiques, le Shin Bet, des agents israéliens en civil – qu’on appelle des mistaravim – ont organisé un raid à Rahat afin d’arrêter des Palestiniens venus de la Cisjordanie occupée et vivant en Israël sans permis.

Les forces israéliennes prétendent qu’une des personnes qu’elles recherchaient avait commis des « délits contre la sécurité ».

Les mistaravim sont des agents israéliens qui se déguisent en Palestiniens pour enlever, blesser et infiltrer des groupes de civils en Cisjordanie occupée.

Le policier israélien qui a abattu al-Harbad a affirmé que ce dernier avait pointé une arme à feu sur lui et qu’il avait riposté à balles réelles. Après qu’al-Harbad était tombé sur le sol, l’agent prétend que l’homme avait de nouveau pointé son arme sur lui, de sorte qu’il lui avait encore tiré dessus.

Toutefois, des infirmiers des services médicaux d’urgence israéliens, Magen David Adom (l’équivalent israélien de la Croix-Rouge, NdT), ont déclaré qu’al-Harbad avait été frappé de deux balles, l’une dans le dos, l’autre dans le postérieur.

Selon Haaretz, ceci indique « qu’au moment où il avait été abattu, il était tourné vers la direction opposée de celle du policier » et que « cela pouvait donc contredire la version de l’incident telle que rapportée par le policier ».

De plus, Haaretz a fait remarquer dans un éditorial qu’on ne voit pas exactement quand les agents déguisés se sont montrés à al-Harbad – ce qui veut dire que ce pourrait être après qu’on eut tiré.

Le ministère israélien de la Justice enquête sur l’incident, explique Haaretz. Les auto-enquêtes israéliennes se traduisent presque toujours par l’impunité pour le personnel qui tue ou blesse des Palestiniens.

Des exécutions extrajudiciaires

Pendant ce temps, l’organisation palestinienne des droits humains, Al-Haq, a introduit auprès des Procédures spéciales des Nations unies un appel urgent concernant l’affaire de trois Palestiniens qui ont été exécutés extrajudiciairement par les forces israéliennes à Naplouse, le mois dernier.

Ces Procédures constituent une organisation d’experts indépendants dans les droits humains, dont la tâche consiste à enquêter sur de tels abus.

Le 8 février, les trois hommes avaient été abattus mortellement dans leur voiture, sans avertissement préalable et sans avoir engagé les moindres hostilités avant et même pendant la fusillade.

Les forces israéliennes, qui se déplaçaient dans deux VW munies de plaques minéralogiques palestiniennes, avaient bloqué le véhicule des trois hommes et ouvert le feu.

Al-Haq a déclaré que les militaires s’étaient mis à tirer depuis leurs véhicules banalisés, puis en étaient descendus et avaient continué de tirer sur la voiture des trois hommes.

« La fusillade fut intensive et sans temps morts », a déclaré Al-Haq. Toute l’opération avait duré un quart d’heure.

« Aucun coup de feu n’a été vu ou entendu depuis la voiture dans quelque direction que ce soit et à aucun moment au cours de l’opération. »

°°°°°

Publié le 22 mars 2022 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

 

 

Le 15 mars 2022, à Gaza, des Palestiniens assis dans une tente de deuil en l’honneur des trois Palestiniens tués par les forces israéliennes au cours d’incidents séparés en Cisjordanie. (Photo : Ashraf Amra / APA images)

 

Tamara Nassar, 22 mars 2022

En une seule matinée, la semaine dernière, les forces israéliennes ont tué trois Palestiniens au cours d’incidents séparés qui ont eu lieu en Cisjordanie occupée et en Israël.

L’un de ces trois tués était un enfant.

Le 15 mars, des agents déguisés en civils et appartenant à l’unité Yamam de la Police israélienne des frontières se sont introduits à l’aide d’une voiture banalisée dans une rue adjacente au camp de réfugiés de Balata, à Naplouse, en Cisjordanie occupée, peut-on lire dans un rapport du Centre palestinien pour les droits humains (PCHR).

L’unité qui, selon l’organisation, est arrivée sur place dans une camionnette VW blanche, a encerclé le domicile d’Ammar Arafat, 22 ans, dans le même temps que des militaires israéliens pénétraient dans le camp. L’unité a arrêté Arafat et s’est repliée vers le check-point de Huwwara, tout proche.

Des Palestiniens ont chassé les forces israéliennes en leur jetant des pierres, rapporte encore le PCHR. Les forces israéliennes ont tiré à balles réelles sur les Palestiniens.

Comme « un convoi d’au moins sept véhicules blindés » se retirait de la zone, une motocyclette transportant deux enfants est passée de l’autre côté de la route, a révélé une enquête de terrain menée par Defense for Children International – Palestine (DCI-P).

Nader Haitham Fathi Rayyan, 16 ans, allait rejoindre le café de son frère, tout proche, en compagnie d’un ami.

Les véhicules israéliens se sont précipités dans leur direction, a expliqué un témoin oculaire à DCI-P.

À peu près au même moment, deux coups de feu ont été tirés, selon un témoin auditif. DCI-P n’a pas été en mesure de confirmer la source ni le timing des coups de feu.

Un témoin oculaire a expliqué que la motocyclette était tombée en panne, obligeant les adolescents à s’enfuir à pied.

Depuis son véhicule blindé, un soldat a tiré trois fois au moins en direction de Nader et de son ami. Au moins cinq soldats sont sortis du véhicule, se sont lancés à la poursuite des ados et ont bien tiré une dizaine de coups de feu dans leur direction.

Les soldats sont ensuite retournés à leurs véhicules et ont quitté la zone au bout d’une dizaine de minutes.

Nader a été emmené vers un hôpital tout proche, où l’on a constaté son décès. Il avait été touché à plusieurs reprises, dont deux impacts au moins dans le dos. Il est le quatrième enfant palestinien tué par les forces d’occupation israéliennes cette année – tous les quatre en une période de trente jours.

La Police israélienne des frontières a prétendu que l’un de deux garçons était descendu de la moto et qu’il avait tiré sur les agents déguisés en civils, a-t-on pu lire dans le quotidien de Tel-Aviv Haaretz.

Une surveillance vidéo à proximité de l’incident, utilisée par DCI-P dans le cadre de son enquête, ne montre aucun des deux ados en train de tirer sur les véhicules militaires.

Par contre, la vidéo montre bien la moto qui se déplace sur un trottoir parallèle à la rue empruntée par les blindés israéliens.

Comme la moto ralentit, le garçon installé à l’arrière saute sur le sol et s’enfuit immédiatement. Il s’arrête ensuite, et l’autre garçon, le conducteur, abandonne la moto et s’enfuit également. Les véhicules israéliens s’arrêtent alors dans la rue et on peut voir les soldats courir dans la direction empruntée par les ados en fuite.

L’invasion de Qalandiya

Lors d’un deuxième incident, peu de temps après, une importante force israélienne a envahi de deux côtés à la fois le camp de réfugiés de Qalandiya, près de la ville de Ramallah, en Cisjordanie occupée, selon le PCHR.

Nombre de snipers israéliens se sont faufilés entre les maisons des résidents et se sont postés sur les toits au moment où les forces israéliennes arrêtaient des Palestiniens.

Des jeunes Palestiniens sont sortis de chez eux pour grimper sur les toits et défendre leur camp. Ils ont jeté des bouteilles vides et des pierres contre les forces israéliennes, qui se sont mises à leur tirer dessus à balles réelles.

Les forces israéliennes ont abattu Ala Muhammad al-Shaham, 24 ans, de plusieurs balles dans la tête et dans le corps, alors qu’il était sur son toit, et l’ont tué, a rapporté le PCHR.

Six autres Palestiniens ont également été par des tirs israéliens et emmenés dans un hôpital proche.

Des médias locaux ont fait circuler des photos d’al-Shaham après la fusillade ainsi que de l’important cortège funéraire organisé pour lui dans le camp :

https://twitter.com/ShehabAgency/status/1503633890702942212?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E1503633890702942212%7Ctwgr%5E%7Ctwcon%5Es1_&ref_url=https%3A%2F%2Felectronicintifada.net%2Fblogs%2Ftamara-nassar%2Fchild-among-3-palestinians-killed-israel-one-day

https://twitter.com/ShehabAgency/status/1503701677051895811?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E1503701677051895811%7Ctwgr%5E%7Ctwcon%5Es1_&ref_url=https%3A%2F%2Felectronicintifada.net%2Fblogs%2Ftamara-nassar%2Fchild-among-3-palestinians-killed-israel-one-day

Aucun soldat israélien n’a été blessé au cours des deux incidents susmentionnés, comme dans de nombreux autres cas antérieurs durant lesquels on a prétendu que des Palestiniens avaient attaqué les forces israéliennes avant d’être tués.

Le nombre d’homicides commis par les forces d’occupation « a augmenté », a déclaré le PCHR,

« de même que le recours à des tireurs embusqués et à des tirs directs pour tuer, blesser et causer de graves blessures ».

Les forces israéliennes ont tué 16 Palestiniens en Cisjordanie occupée, depuis le début de cette année, y compris les quatre enfants, et en ont blessé des dizaines d’autres.

Des agents déguisés en civils

Pendant ce temps, les forces israéliennes ont mortellement abattu Sanad Salem al-Harbad à Rahat, un township du désert du Néguev, dans le sud d’Israël, aménagé voici des décennies dans le cadre du plan israélien d’urbanisation forcée des Bédouins palestiniens traditionnellement nomades.

Dans une opération conjointement menée par l’armée israélienne et l’agence israélienne d’espionnage et de torture domestiques, le Shin Bet, des agents israéliens en civil – qu’on appelle des mistaravim – ont organisé un raid à Rahat afin d’arrêter des Palestiniens venus de la Cisjordanie occupée et vivant en Israël sans permis.

Les forces israéliennes prétendent qu’une des personnes qu’elles recherchaient avait commis des « délits contre la sécurité ».

Les mistaravim sont des agents israéliens qui se déguisent en Palestiniens pour enlever, blesser et infiltrer des groupes de civils en Cisjordanie occupée.

Le policier israélien qui a abattu al-Harbad a affirmé que ce dernier avait pointé une arme à feu sur lui et qu’il avait riposté à balles réelles. Après qu’al-Harbad était tombé sur le sol, l’agent prétend que l’homme avait de nouveau pointé son arme sur lui, de sorte qu’il lui avait encore tiré dessus.

Toutefois, des infirmiers des services médicaux d’urgence israéliens, Magen David Adom (l’équivalent israélien de la Croix-Rouge, NdT), ont déclaré qu’al-Harbad avait été frappé de deux balles, l’une dans le dos, l’autre dans le postérieur.

Selon Haaretz, ceci indique « qu’au moment où il avait été abattu, il était tourné vers la direction opposée de celle du policier » et que « cela pouvait donc contredire la version de l’incident telle que rapportée par le policier ».

De plus, Haaretz a fait remarquer dans un éditorial qu’on ne voit pas exactement quand les agents déguisés se sont montrés à al-Harbad – ce qui veut dire que ce pourrait être après qu’on eut tiré.

Le ministère israélien de la Justice enquête sur l’incident, explique Haaretz. Les auto-enquêtes israéliennes se traduisent presque toujours par l’impunité pour le personnel qui tue ou blesse des Palestiniens.

Des exécutions extrajudiciaires

Pendant ce temps, l’organisation palestinienne des droits humains, Al-Haq, a introduit auprès des Procédures spéciales des Nations unies un appel urgent concernant l’affaire de trois Palestiniens qui ont été exécutés extrajudiciairement par les forces israéliennes à Naplouse, le mois dernier.

Ces Procédures constituent une organisation d’experts indépendants dans les droits humains, dont la tâche consiste à enquêter sur de tels abus.

Le 8 février, les trois hommes avaient été abattus mortellement dans leur voiture, sans avertissement préalable et sans avoir engagé les moindres hostilités avant et même pendant la fusillade.

Les forces israéliennes, qui se déplaçaient dans deux VW munies de plaques minéralogiques palestiniennes, avaient bloqué le véhicule des trois hommes et ouvert le feu.

Al-Haq a déclaré que les militaires s’étaient mis à tirer depuis leurs véhicules banalisés, puis en étaient descendus et avaient continué de tirer sur la voiture des trois hommes.

« La fusillade fut intensive et sans temps morts », a déclaré Al-Haq. Toute l’opération avait duré un quart d’heure.

« Aucun coup de feu n’a été vu ou entendu depuis la voiture dans quelque direction que ce soit et à aucun moment au cours de l’opération. »

°°°°°

Publié le 22 mars 2022 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

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