Israël exécute trois jeunes Palestiniens à Naplouse

Ce mardi après-midi, à Naplouse, les forces d’occupation israéliennes ont exécuté extrajudiciairement trois Palestiniens.
Des forces, dont on dit qu’elles font partie de l’unité Yamam, de la police « antiterroriste » israélienne sont entrées avec deux véhicules banalisés dans la ville du nord de la Cisjordanie et ont intercepté la voiture à l’intérieur de laquelle se trouvaient les trois Palestiniens, a révélé une première enquête menée par le Centre palestinien pour les droits de l’homme (CPDH)

Ce 8 février, à Naplouse (Cisjordanie), des Palestiniens se sont massés autour de la voiture criblée de balles dans laquelle trois Palestiniens viennent d’être exécutés extrajudiciairement par les forces israéliennes. (Photo : Shadi Jarar’ah / APA images)

 

Maureen Clare Murphy, 8 février 2022

« Des soldats en uniforme sont sortis des deux véhicules et ont directement ouvert le feu sur les trois personnes se trouvant à l’intérieur de la voiture », a déclaré l’organisation de défense des droits.

Les agents israéliens ont visé les Palestiniens à la tête, « les tuant instantanément » avant de vider les lieux, a ajouté le CPDH.

On rapporte que les forces israéliennes ont tiré environ 80 balles sur la voiture à bord de laquelle se trouvaient les trois Palestiniens.

Les médias israéliens ont rapporté qu’un quatrième homme, dont on avait prétendu au début qu’il avait lui aussi été tué dans le véhicule, était « toujours en liberté ».

Cet homme, identifié comme Ibrahim al-Nabulsi, était présent aux funérailles de l’un des trois hommes abattus :

Un témoin oculaire a déclaré que l’opération de l’exécution avait commencé et s’était terminée en l’espace de quelques minutes à peine :

Les trois Palestiniens abattus ont été identifiés. Il s’agit de : Ashraf Muhammad Abdalfattah Mbaslat, 21 ans, Muhammad Raed Hussein Dakheel, 22 ans, et Adham Mabrouk al-Shishani, 21 ans, tous trois de la Vieille Ville de Naplouse.

Le CPDH a déclaré que les trois hommes étaient affiliés à l’aile armée – passablement inactive – du Fatah et qu’ils étaient recherchés par l’armée israélienne.

Israël a prétendu que, ces dernières semaines, les hommes exécutés avaient effectué des attaques à main armée contre des soldats et des civils israéliens dans les environs de Naplouse. Aucun Israélien n’avait toutefois été blessé, lors de ces attaques, disent les médias.

Israël a déclaré que les Palestiniens avaient été abattus après « avoir tenté d’ouvrir le feu » contre les forces israéliennes et qu’ils étaient en possession de deux carabines M-16.

Mais des témoins oculaires ont dit aux médias qu’il était clair que les forces israéliennes cherchaient à tuer les hommes plutôt qu’à les arrêter.

Des organisations des droits de l’homme ont longtemps accusé les dirigeants d’Israël de donner libre cours à une situation dans laquelle les soldats, la police et des civils armés opèrent comme juges, jury et bourreaux contre les Palestiniens.

Un responsable de la sécurité israélienne resté anonyme a déclaré aux médias que les Palestiniens exécutés « étaient en route pour mener une autre attaque, ce qui avait nécessité une intervention », a rapporté The Times of Israel.

« Ils représentaient une bombe à retardement », a déclaré le fonctionnaire en tentant de justifier les exécutions extrajudiciaires, qui constituent des violations on ne peut plus flagrantes des lois internationales.

Dans son fameux rapport sur l’apartheid israélien publié la semaine dernière, Amnesty International explique que les meurtres délibérés sont des infractions graves aux lois internationales, selon la Quatrième Convention de Genève.

Le meurtre délibéré est également considéré comme un crime de guerre, selon le Statut de Rome, le traité de fondation de la Cour pénale internationale (CPI) qui, pour l’instant, enquête sur les crimes internationaux présumés commis en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.

« Amnesty International n’est pas au courant d’un seul cas où un soldat ou membre de l’armée israélienne ou d’une autre force sécuritaire aurait été accusé d’avoir volontairement causé la mort d’un Palestinien en Cisjordanie et dans la bande de Gaza depuis 1967 »,

ajoute l’organisation de défense des droits. (*)

Après les exécutions de mardi, les forces sécuritaires de l’Autorité palestinienne ont fait irruption dans le cortège funèbre des hommes abattus à Naplouse. Une vidéo montre les forces sécuritaires armées qui confisquent des drapeaux verts associés au Hamas :

Naplouse est située dans ce qu’on appelle la Zone A de la Cisjordanie, où l’Autorité palestinienne détient la responsabilité nominale de la sécurité interne et de l’ordre public selon les accords d’Oslo signés par Israël et l’Organisation de libération de la Palestine au milieu des années 1990.

En pratique, toutefois, les forces sécuritaires palestiniennes y répriment les protestations et les forces israéliennes y effectuent des raids à volonté.

En août dernier, une unité secrète israélienne avait abattu et tué quatre Palestiniens dans le camp de réfugiés de Jénine, dans le nord de la Cisjordanie, lequel est également situé en Zone A.

En 2017, l’unité Yamam avait tué l’éminent activiste et penseur révolutionnaire palestinien Bassel al-Araj au cours d’un raid à al-Bireh, tout près du siège de l’Autorité palestinienne à Ramallah en Cisjordanie.

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 Maureen Clare Murphy est l’une des rédactrices en chef de The Electronic Intifada. Elle vit à Chicago

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Publié le 8 février 2022 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

(*) Ils vivent sur quel planète ? Ndlr de ce site

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Lisez également : Israël lâche ses “escadrons de la mort” sur les résistants palestiniens

 

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