Les Israéliens scandent « Mort aux Arabes »

Mercredi 20 avril, des centaines de nationalistes juifs israéliens ont défilé dans Jérusalem en scandant des slogans antipalestiniens, tels que “Mort aux Arabes” alors que la police tentait de leur interdire l’accès à la porte de Damas.

20 avril 2022. Le député israélien d’extrême droite Itamar Ban-Gvir participe à une marche organisée par les suprémacistes juifs israéliens à Jérusalem. (Photo : Jeries Bssier / ZUMAPRESS)

Tamara Nassar, 21 avril 2022

L’événement faisait partie de l’annuelle « Marche aux drapeaux » organisée par les suprémacistes juifs israéliens afin de célébrer l’occupation et la colonisation de Jérusalem-Est par Israël.

La marche est traditionnellement organisée lors de la « Journée de Jérusalem », un jour férié inventé par Israël afin de marquer le début de l’occupation de 1967. Ce jour tombe fin mai cette année, de sorte qu’on ne voit pas très bien pourquoi cette marche a eu lieu mercredi.

Et ce, malgré l’absence de feu vert de la police israélienne et les mises en garde des organisations de résistance palestiniennes disant qu’elles riposteraient à l’incessante agression contre les Palestiniens et les lieux saints musulmans à Jérusalem.

Plus tard, mercredi soir, une roquette tirée depuis Gaza a atterri dans une zone ouverte non loin de Sderot, une colonie israélienne à proximité du territoire assiégé.

Israël a alors effectué des raids aériens contre Gaza très tôt jeudi. Ces raids ont été suivis d’une autre roquette et de tirs depuis Gaza. Les services médicaux d’urgence d’Israël ont déclaré que plusieurs personnes souffraient d’« accès de panique » ou avaient été « légèrement blessées » en courant vers les abris, rapporte Haaretz, le quotidien de Tel-Aviv.

Israël, qui prétend avoir touché un site utilisé pour la fabrication de moteurs de roquettes, a dit de son attaque contre Gaza qu’elle était « la plus significative » depuis mai dernier, quand ses 11 jours de bombardements du territoire avaient tué 250 Palestiniens, dont près de 70 enfants.

Une vidéo a montré les explosions massives illuminant le ciel nocturne de Gaza.

On ne sait pas exactement qui a tiré les roquettes depuis Gaza. L’échange a mis en lumière le danger de voir les provocations constantes d’Israël à Jérusalem dégénérer à tout moment en une guerre à grande échelle.

« Le prochain Premier ministre »

Un peu plus tôt, mercredi, le Premier ministre israélien Naftali Bennett avait essayé d’empêcher le député d’extrême droite Itamar Ben-Gvir de passer par l’emblématique porte de Damas à Jérusalem.

Ben-Gvir est l’un des hommes politiques israéliens le plus notoirement racistes et il se trouve souvent au centre des provocations des colons dans la ville occupée.

L’un de ses héros n’est autre que Baruch Goldstein, le colon juif de Brooklyn qui avait massacré 29 hommes et garçons palestiniens alors qu’ils priaient pendant le Ramadan 1994 à la mosquée Ibrahimi, dans la ville de Hébron, en Cisjordanie occupée.

Ben-Gvir a participé à la marche, où la foule l’a chaleureusement salué comme son « prochain Premier ministre ».

Il est possible que Bennett tente d’éviter une confrontation totale avec la résistance palestinienne à Gaza tout en ne s’aliénant pas sa base nationaliste juive d’extrême droite, surtout quand le sort de son fragile gouvernement de coalition est précisément en jeu.

On dit que le Shin Bet, la police secrète d’Israël, a prévenu le gouvernement de ce que permettre la participation de Ben-Gvir pourrait déclencher une confrontation à grande échelle avec la résistance à Gaza.

Ces derniers jours, le Hamas a signalé qu’il ne cherchait pas une telle confrontation, mais que la résistance riposterait, si l’agression israélienne devait se poursuivre.

Les forces d’occupation israéliennes, toutefois, maintiennent leurs attaques quotidiennes contre les fidèles musulmans, en ce mois de Ramadan.

Jeudi matin, une fois de plus, les forces d’occupation ont attaqué des fidèles et ont tenté de faire irruption dans la principale salle de prière de la mosquée al-Aqsa. Les forces d’occupation ont alors permis à des colons juifs de pénétrer sur le site.

Et, alors qu’il se peut que le gouvernement Bennett tente de se distancier de la masse extrémiste, Yair Lapid, le ministre prétendument modéré des Affaires étrangères d’Israël, a effectué une visite provocatrice du même genre à la porte de Damas, un peu plus tôt ce mois-ci, ce qui a accru encore un peu plus les tensions.

« Mort aux Arabes »

Mercredi, la foule a tenté de se forcer un chemin dans le quartier musulman de la Vieille Ville, et ce, malgré les efforts de la police israélien en vue de l’en empêcher :

En gardant la tradition de ce genre de marches, bien des personnes de cette foule, qui comprenait des enfants, scandaient mavet la aravim« mort aux Arabes ».

Des vidéos de la marche montrent la présence de drapeaux de Lehava, une organisation extrémiste juive dont la préoccupation consiste à empêcher que se mélangent juifs et non-juifs.

Lehava et sa jeunesse ultraradicalisée constituent une présence régulière dans les marches israéliennes où l’on scande « mort aux Arabes ».

Alors qu’il y a eu quelques confrontations entre des Palestiniens qui défendaient la porte de Damas et les forces d’occupation israéliennes, les tensions de mercredi se sont concentrées entre les colons extrémistes et la police israélienne.

Il est à remarquer – et c’est une constante dans les mesures de l’apartheid israélien – qu’apparemment, les forces israéliennes se sont abstenues d’utiliser contre les juifs des gaz lacrymogènes, des balles enrobées de caoutchouc, des balles réelles, de l’eau malodorante et toutes les autres formes de violence extrême auxquelles elles recourent habituellement pour s’en prendre aux Palestiniens.

Pourtant, l’effort de l’État israélien pour bloquer la marche a été perçu par certains comme une victoire pour la résistance palestinienne. En mai dernier, l’intervention des organisations de la résistance palestinienne cantonnées à Gaza, en réponse à la violence israélienne contre les Palestiniens de Jérusalem, avait adressé un message clair disant que les forces d’occupation n’avaient pas le champ libre dans la ville.

Une marche similaire prévue par les nationalistes juifs l’an dernier à Jérusalem fut l’un des catalyseurs qui déclenchèrent la confrontation à grande échelle entre Israël et les Palestiniens dans toute la Palestine historique.

Prévue à l’origine pour le 10 mai 2021, la marche avait été reportée en raison de la résistance palestinienne, qui avait forcé Israël à une retraite embarrassante.

Israël avait dû annuler la marche.

Elle avait eu lieu le mois suivant, quand des meutes de Juifs israéliens extrémistes avaient défilé le long d’un itinéraire grandement restreint tout en scandant des slogans racistes et génocidaires.

Depuis vendredi dernier, Israël a attaqué pour ainsi dire chaque jour les fidèles palestiniens célébrant le Ramadan sur le site de la mosquée al-Aqsa.

Une attaque de plusieurs heures menée par les forces d’occupation israéliennes l’un des jours les plus sacrés du calendrier islamique a laissé plus de 150 Palestiniens blessés, en cette occasion.

Mardi dernier, des milliers de colons extrémistes ont traversé la Cisjordanie occupée pour se rendre sur le site de l’avant-poste d’une colonie de peuplement évacuée.

Homesh avait été vidé de ses résidents israéliens en 2005 dans le cadre du « désengagement » supposé d’Israël de Gaza et de plusieurs villages de Cisjordanie. Cette terre, qui appartient au village de Burqa, avait été déclarée zone militaire fermée dans les années 1970.

Une étudiante meurt d’une blessure par balle

Alors que l’attention se concentrait sur Jérusalem, les forces d’occupation israéliennes ont poursuivi leurs raids dans toute la Cisjordanie occupée, tout en arrêtant et en abattant des Palestiniens.

Lundi, une étudiante palestinienne de 18 ans est morte d’une blessure qu’elle avait subie un peu plus tôt ce mois-ci quand les forces d’occupation israéliennes avait envahi la zone de Jénine, en Cisjordanie occupée.

D’après sa famille, Hanan Mahmoud Khudour rentrait chez elle, au village de Faqua, à l’est de Jénine, quand elle avait été touchée à l’abdomen. Elle n’était pas du tout impliquée dans la résistance contre l’armée occupante.

Le personnel de l’hôpital où elle avait subi de nombreuses interventions chirurgicales croit que la blessure a été provoquée par un tir israélien du fait qu’elle ressemblait à d’autres blessures que le personnel avait déjà traitées auparavant.

Le père de Hanan Mahmoud Khudour a expliqué que sa fille espérait de poursuivre ses études.

« Elle a été la lumière de ma vie, et elle est éteinte, désormais », a-t-il déclaré aux médias.

Attaque contre l’université

Pendant ce temps, la semaine dernière, les forces d’occupation israéliennes ont attaqué à deux reprises l’Université technique de Palestine du campus de Kadoorie dans la ville de Tulkarem, dans le nord de la Cisjordanie, blessant des étudiants et des membres du personnel lors de tirs à balles réelles ou à balles métalliques enrobées de caoutchouc.

Des soldats israéliens en civil sont arrivés à bord d’un autocar civil le 13 avril et ont ouvert le feu sur deux étudiants de 21 ans et sur un garde de la sécurité, rapporte le Centre palestinien pour les droits humains (PCHR).

Ahmed Majed Katana a été abattu d’une balle dans la tête par les forces israéliennes, alors qu’Odai Zaghal al-Akhras était blessé à l’épaule par un tir à balle réelle.

La veille, les forces israéliennes avaient envahi le campus, tirant des balles réelles et des balles métalliques enrobées de caoutchouc, ainsi que des bombes incapacitantes et des gaz lacrymogènes. Quatre personnes avaient été blessées.

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Ali Abunimah a contribué à ce reportage.

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Publié le 21 avril 2022 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

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