Les EU et l’Europe donnent le feu vert au présent massacre de Gaza par Israël
Qu’importe les atrocités perpétrées par Israël avec l’aide des EU et de l’Europe, le peuple palestinien a démontré une décennie après l’autre qu’il n’abdiquerait pas face à la terreur israélienne.
Ali Abunimah, 6 août 2022
Samedi, au moment où le tribut en vies humaines, en blessés et en destructions ne cessait de croître à Gaza, l’administration Biden a réitéré son soutien inconditionnel à Tel-Aviv.
John Kirby, un porte-parole du Conseil de sécurité national à la Maison-Blanche, a déclaré que l’administration insistait « auprès de toutes les parties pour qu’elles évitent la poursuite de l’escalade ».
Mais, retournant la réalité sens dessus dessous, Kirby ajoutait que les EU
« soutenaient pleinement et absolument le droit d’Israël à se défendre contre des organisations terroristes qui ont ravi les vies de civils innocents en Israël ».
Samedi soir, 24 personnes avaient été tuées à Gaza et plus de 200 autres blessées, selon le ministère de la santé de l’enclave. Il n’y a pas eu de rapports de morts ou de blessures graves en Israël suite aux centaines de roquettes de représailles lancées par la résistance palestinienne en guise de réponse à l’agression israélienne.
Les États-Unis fournissent à Israël pour des milliards de dollars d’armes chaque année, lesquelles sont fréquemment utilisées par Israël pour attaquer des civils palestiniens.
Puisque Washington ouvre la voie, ses divers États clients le suivent sur les talons.
La secrétaire britannique aux Affaires étrangères, Liz Truss, qui fait la course en tête pour remplacer Boris Johnson en tant que dirigeante du Parti conservateur et Première ministre, a elle aussi mis la réalité sens dessus dessous.
« Le Royaume-Uni soutient Israël et son droit à se défendre », a déclaré Truss.
« Nous condamnons les organisations terroristes qui ouvrent le feu sur des civils et la violence qui en a résulté par des pertes en vies humaines dans les deux camps »,
a-t-elle ajouté.
The Foreign Secretary's statement following air strikes in Gaza 👇 pic.twitter.com/eNqu1NYb21
— Foreign, Commonwealth & Development Office (@FCDOGovUK) August 6, 2022
Ces dernières années, les ventes d’armes britanniques à Israël ont augmenté.
L’Union européenne s’est non seulement abstenue de critiquer les dernières attaques d’Israël contre des civils sous blocus dans un territoire occupé, mais elle a affirmé qu’Israël « a le droit de protéger sa population civile ».
Bruxelles n’a pas fait mention du droit des Palestiniens de se défendre et de résister à l’offensive israélienne.
L’UE a reconnu que « l’escalade actuelle a déjà débouché sur pas mal de pertes, dont un certain nombre de personnes tuées », mais elle n’a pas spécifié ce qui avait provoqué ces décès.
En France, le gouvernement du président Emmanuel Macron a déclaré qu’il « déplorait » les pertes civiles palestiniennes, sans toutefois critiquer l’attaque d’Israël contre Gaza.
Par contre, le gouvernement Macron a déclaré qu’il « condamnait » la résistance palestinienne pour avoir lancé des roquettes en guise de représailles. Dans le même temps, il a réitéré son « engagement inconditionnel envers la sécurité d’Israël »
Se démarquant légèrement de la meute, le ministre irlandais des Affaires étrangères, Simon Coveney, s’est dit « profondément inquiet » à propos de « l’impact des frappes israéliennes sur des civils ».
Mais le gouvernement de Dublin a explicitement condamné la résistance palestinienne pour ses tirs « indiscriminés » de roquettes.
Statement by @simoncoveney calling for a de-escalation of tension in and around Gaza. pic.twitter.com/59B20MVgLy
— Irish Foreign Ministry (@dfatirl) August 6, 2022
Que signifie « indiscriminé » ?
Les gouvernements et organisations des droits humains en Occident condamnent régulièrement la résistance palestinienne pour ses tirs « indiscriminés » de roquettes.
Mais les Palestiniens utilisent ces roquettes parce qu’ils ne possèdent pas de systèmes de guidage de précision – au contraire d’Israël qui reçoit ces technologies de l’Occident et qui les utilise spécifiquement pour cibler des objets civils.
De plus, Israël attaque régulièrement des Palestiniens avec des armes intrinsèquement indiscriminées, telle l’artillerie, comme il l’a encore fait contre Gaza ces tout derniers jours. Pourtant, les mêmes gouvernements qui condamnent les tirs « indiscriminés » de roquettes ne disent mot sur les tirs israéliens.
Aucun de ces pays occidentaux – qui, collectivement, acheminent pour des milliards de dollars d’armes vers l’Ukraine afin d’aider cette dernière à résister à l’invasion russe – ne propose aux Palestiniens des armes qui leur permettraient de cibler avec précision des sites militaires, du personnel et des dirigeants israéliens impliqué dans la perpétration de l’occupation militaire et d’attaques contre ces mêmes Palestiniens.
Dans ce contexte, la condamnation occidentale sert uniquement à légitimer les tueries de haute technologie de Palestiniens par Israël, tout en demandant, effectivement, que les Palestiniens s’asseyent en silence et permettent à Israël de les massacrer.
HRW's framing suggests there's a parity between a state with one of the world's strongest arsenals bent on pushing Palestinians off of their land and guerrilla fighters forced to use missiles as deterrence in the absence of any international restraint on Israel https://t.co/fwTlD77EKP
— Maureen Murphy (@maureenclarem) July 30, 2021
Les Nations unies soutiennent tacitement Israël
Cette complicité s’étend aussi aux responsables des Nations unies qui sont manifestement chargés de faire appliquer impartialement les lois internationales.
L’envoyé de l’ONU au Moyen-Orient, Tor Wennesland, a déclaré qu’il était « profondément inquiet de l’escalade en cours » et, exprimant sa sympathie pour les pertes palestiniennes, il a ajouté « qu’il ne peut y avoir de justification pour la moindre attaque contre des civils ».
Mais l’envoyé de l’ONU s’est abstenu de faire remarquer que c’est Israël qui a déclenché le tout dernier bain de sang.
En outre, Wennesland a spécifiquement demandé que « le lancement de roquettes cesse immédiatement », mais a manifestement omis de demander qu’Israël lui aussi cesse immédiatement ses attaques contre Gaza.
Deeply concerned by the ongoing escalation between #Palestine|ian militants & #Israel, including the targeted killing today of a PIJ leader inside #Gaza.
Don’t let the situation slide into the avoidable.
My full statement 👇
🔗https://t.co/S1Qd8441SP pic.twitter.com/qHJ4Ckalzq— Tor Wennesland (@TWennesland) August 5, 2022
Tout cela ne fait qu’entretenir un très long modèle d’application du racisme en recourant sans cesse à deux poids et deux mesures.
Les responsables occidentaux, dont Wennesland, un diplomate norvégien, feignent souvent sympathie et sollicitude pour les Palestiniens, mais ne réservent habituellement leurs condamnations qu’à la violence contre les Israéliens, dont les colons qui occupent illégalement des terres palestiniennes.
L’effet net de la chose consiste à accepter la violence d’Israël tout en calomniant et criminalisant les victimes quand elles essaient de riposter.
La couardise de Wennesland contraste étonnamment avec les commentaires de Francesca Albanese, la rapporteuse spéciale de l’ONU pour les territoires palestiniens occupés.
L’experte indépendante a fait remarquer que, puisque les lois internationales « ne permettent l’usage de la force qu’en état de légitime défense », l’attaque d’Israël contre Gaza est donc « un acte d’agression flagrant ».
Aucun gouvernement occidental ne s’est exprimé avec une telle clarté.
I condemn Israel's airstrikes in Gaza to allegedly 'deter' Islamic Jihad's possible retaliation for its leader's arrest.
As Int'l Law only permits the use of force in self-defense, Operation Breaking Dawn is a flagrant act of aggression.
Illegal. Immoral. Irresponsible.
— Francesca Albanese, UN Special Rapporteur oPt (@FranceskAlbs) August 6, 2022
Condamnation d’Israël au niveau mondial
On peut néanmoins être sûr qu’il y a de fortes critiques à l’égard de l’agression israélienne dans de nombreux pays du monde entier.
Samedi, l’Afrique du Sud a dénoncé l’offensive israélienne.
« Les attaques qui tuent des civils innocents n’ont aucune justification et elles sont plus horribles du fait qu’elles sont commises par une puissance occupante qui assiège la bande de Gaza depuis plus d’une décennie, et ce, en contrevenant aux lois internationales »,
a déclaré le ministère sud-africain des Affaires étrangères.
Pretoria d’ajouter que la « communauté internationale » a l’obligation
« d’arrêter d’urgence les attaques répétées des forces d’occupation israéliennes contre des civils, particulièrement des femmes et des enfants, et de mettre également un terme au blocus illégal de Gaza ».
Malgré son rapprochement récent avec Tel-Aviv, la Turquie a également condamné le massacre avec vigueur.
« Il est inacceptable que des civils, dont des enfants, aient perdu la vie durant les attaques » a déclaré Ankara.
Press Release Regarding Israel's Airstrikes on Gaza https://t.co/X5FL5nkNZU pic.twitter.com/8dZAY3qFuH
— Turkish MFA (@MFATurkiye) August 5, 2022
La Malaisie a décrit ces « récentes atrocités commises par Israël » comme « un mépris flagrant des lois internationales ainsi que de nombreux principes d’humanité ».
PRESS STATEMENT
Malaysia condemns in the strongest terms the latest Israeli attacks on Gaza, resulting in loss of lives of Palestinian civilians, including children. This latest atrocity by Israel was indeed a blatant disregard of the int law & the many principles of humanity. pic.twitter.com/XvVNNqwSBr
— Saifuddin Abdullah 🇲🇾 (@saifuddinabd) August 6, 2022
De même, le Pakistan a déclaré que
« cette dernière série d’agressions est typique des atrocités, actions illégales et recours indiscriminé à la force par Israël contre des Palestiniens innocents au fil des décennies et en défi complet des droits humains internationaux et des lois humanitaires ».
L’Iran, le seul pays connu pour son soutien direct à la résistance armée palestinienne, a dénoncé « l’agression brutale du régime sioniste d’apartheid contre la bande de Gaza assiégée » ainsi que « l’assassinat des commandants de la résistance palestinienne et d’un groupe de Palestiniens sans défense ».
Même le proche allié d’Israël, la Jordanie voisine, a condamné l’« agression israélienne », mais ses propos ont été tempérés par un appel pro forma adressé par Amman à toutes les parties afin qu’elles reviennent au processus de paix – mort depuis très longtemps – en poursuite de la très chimérique « solution à deux États ».
The Apartheid State of #Israel couldn't act with 100% disregard for International Law without unconditional support of #US Empire, but sadly the #EuropeanUnion of 'European Values' is just as complicit with it's culture of 'some lives matter more than others' – We are shameless.. https://t.co/6Wtx064pGl
— Mick Wallace (@wallacemick) August 5, 2022
Il a toujours été vrai que le peuple de Palestine bénéficie d’un grand soutien mondial à sa lutte de libération, mais il reste encore à celui-ci de modifier l’équilibre de façon décisive.
La réalité est que ce sont les armes, l’argent et le soutien politique de l’Occident qui entretiennent et prolongent les persécutions du colonialisme de peuplement israélien à l’égard des Palestiniens et qui font en sorte que le sang continue de couler.
Mais qu’importe les atrocités perpétrées par Israël l’aide l’aide américaine et européenne, le peuple palestinien a démontré une décennie après l’autre qu’il n’abdiquerait pas face à la terreur israélienne.
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Ali Abunimah, cofondateur et directeur exécutif de The Electronic Intifada, est l’auteur de The Battle for Justice in Palestine, paru chez Haymarket Books.
Il a aussi écrit : One Country : A Bold Proposal to end the Israeli-Palestinian Impa
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Publié le 6 août 2022 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine