20 prisonniers palestiniens rejoignent la grève de la faim collective entamée il y a 15 jours : amplifions la solidarité !

Trente prisonniers palestiniens poursuivent leur grève de la faim pour mettre fin à la détention administrative, c’est-à-dire un emprisonnement sans inculpation ni procès, alors que le mouvement des prisonniers dans son ensemble a pris des mesures pour montrer sa solidarité et se tenir aux côtés des grévistes. Ils en sont maintenant à leur 15e jour de grève de la faim qui a débutée le 25 septembre dernier.

Sit-in en solidarité avec les grèvistes de la faim dans le camp de réfugiés de Dheisheh.

Sit-in dans le camp de réfugiés de Dheisheh

Samidoun, 9 octobre 2022

Zakaria Zubaidi, l’un des six héros du Tunnel de la Liberté qui se sont libérés de la tristement célèbre prison de Gilboa en septembre 2021, a annoncé qu’il allait entamer une grève de la faim de cinq jours en solidarité avec les détenus grévistes qui luttent pour mettre fin à la détention sans inculpation ni procès. De son côté, le communiste libanais Georges Abdallah a fait une grève de la faim le 1er octobre dernier en solidarité depuis la prison de Lannemezan.

Dimanche 9 octobre, 20 prisonniers palestiniens supplémentaires ont rejoint la grève de la faim collective. La Société des prisonniers palestiniens a annoncé que les 20 prisonniers comprennent des Palestiniens emprisonnés arbitrairement en détention administrative ainsi que des personnes purgeant des peines imposées par les tribunaux militaires d’occupation israéliens et des personnes en attente de jugement. Parmi eux, 10 Palestiniens détenus à la prison d’Ofer et 10 à la prison du désert de Naqab.

Cette annonce intervient après que 900 prisonniers de la prison d’Ofer ont rendu leur repas le jeudi 6 octobre dernier en solidarité avec les grévistes de la faim. Ils font partie des quelque 800 Palestiniens maintenus en détention administrative, sur un total de 4 650 prisonniers palestiniens dans les prisons de l’occupation israélienne. Le mouvement des prisonniers derrière les barreaux a intensifié sa solidarité avec les 30 grévistes, tout comme l’ont fait des personnes en Palestine et dans le monde entier.

Nidal Abu Aker, l’un des grévistes et un dirigeant du camp de réfugiés de Dheisheh, a envoyé un message depuis sa cellule de prison à sa fille à l’occasion de ses fiançailles :

« Avec les sentiments humains les plus fins et les plus tendres qui remplissent mon âme, je te rappelle les souvenirs de notre voyage avec tout l’amour, la joie et le bonheur que nous avons fait ensemble, et en même temps, la douleur, les chagrins et la séparation de nos proches par l’ennemi fasciste, qui croit qu’il peut tuer nos rêves, la joie et le bonheur qui atteignent et embrassent le ciel.

Je m’adresse à vous depuis ma cellule, alors que mes camarades et moi menons une bataille des estomacs vides, réclamant notre droit à la liberté et revendiquant la joie que nous arrachons aux dents des colonisateurs. Nous croyons que notre bonheur réside dans la lutte pour briser nos chaînes et mettre fin à la politique arbitraire et immorale de la détention administrative.

Comme il est beau de partager notre joie et notre bonheur avec les fiançailles de Dalia et Haitham ! Comme il est beau de les embrasser et de les soutenir ! J’ai l’impression d’être présent parmi vous malgré mon absence forcée, à travers mes amis et ma famille, proche et élargie. Je me réjouis de poursuivre notre joie avec Dalia et Haitham, comme nous l’avons fait pour l’obtention du diplôme de Mohammed après des années d’emprisonnement, et pour Carmel, qui est sur le point d’obtenir son diplôme universitaire. Elle inspire l’espoir dans l’âme, un modèle de don, un symbole du camp et de son avenir lumineux.

Ma force dans cette bataille des estomacs vides est renforcée par vous. Vous êtes ma famille, les gens du camp, et tous mes amis. Vous êtes la boussole que je suis, la graine de la croissance dans la terre. L’oppression des occupants ne nous empêchera pas de chanter, d’être joyeux et amoureux.

Nous avons toute la joie, nous avons un avenir qui sera lumineux, sans les colonisateurs. Et je rappelle ici les mots du poète chilien de gauche Pablo Neruda : « Nos ennemis peuvent couper toutes les roses, mais ils ne seront jamais les maîtres du printemps ». Je te félicite, très chère Dalia, je te félicite, Haitham et ta famille bien-aimée, je suis sûr que le bonheur sera toujours notre compagnon. Mon amour, mes sincères salutations et mes chaleureux baisers à vous tous ».

Vendredi 7 octobre, une lettre de Ghassan Zawahreh, un autre dirigeant de longue date du camp de Dheisheh, a été lue durant le sit-in organisé par les forces nationales palestiniennes :

« Ces jours-ci, les grèves précédentes, des noms et des images traversent mon esprit. Je vois mes camarades en grève, je me souviens de l’histoire de chacun d’entre eux. Je vois tous les détails que les autres ne voient pas, je vois leurs maux, leurs douleurs et leurs souffrances. Je vois leurs corps qui maigrissent chaque jour, et ces douleurs qui ne peuvent être apaisées que par leur volonté. Les douleurs impitoyables de leurs corps, les maux de tête, et l’émaciation générale, et même le son de la douleur qui émane de leurs os, que je peux presque entendre, même si je suis à cette distance spatiale d’eux. Je vois tous ces détails dans leurs maux et leurs douleurs, mais c’est une image fugace, qui disparaît rapidement. Sa place est occupée par une autre image, l’image du combattant et du résistant, du révolutionnaire.

L’image de la volonté, de la constance et du défi, qui ne s’efface pas. Ces hommes refusent de suivre simplement le courant, mais forment et font eux-mêmes le courant. Je les vois et je vous dis à tous, que leur vraie douleur n’est pas la grève de la faim, ni toutes leurs douleurs, courbatures, et l’atrophie de leurs corps, dans cette bataille qu’ils mènent. En effet, je les vois plus heureux que jamais, parce qu’ils élèvent haut la voix. »

Samedi 8 octobre, les Palestiniens de Gaza ont participé à une grande marche organisée par le Front Populaire de Libération de la Palestine pour soutenir les prisonniers en grève de la faim, exigeant leur libération. Cette manifestation s’est déroulée parallèlement à de multiples rassemblements dans les camps de réfugiés au Liban et en Syrie, ainsi qu’à des rassemblements et actions à Berlin, Vancouver, Toulouse, Paris, New York et ailleurs dans le monde. La Bahrain Society for Resisting Normalization with the Zionist Entity a organisé un événement de solidarité pour soutenir les prisonniers des prisons sionistes en grève de la faim le 8 octobre.

Marche de solidarité avec les grévistes de la faim à Gaza

Marche de solidarité avec les grévistes de la faim à Gaza

 

Meeting de solidarité avec les grévistes de la faim à Gaza

Meeting lors de la Marche de solidarité à Gaza

La détention administrative a été introduite en Palestine par le mandat colonial britannique avant d’être adoptée par le projet sioniste. Les ordres de détention peuvent être émis pour une durée allant jusqu’à six mois sur la base de « preuves secrètes » dont le détenu et son avocat n’ont pas connaissance. Ces ordres sont indéfiniment renouvelables. De nombreux Palestiniens passent des années en détention administrative, et ni eux ni leurs familles et communautés ne savent jamais quand ils seront libérés, ce qui constitue une forme supplémentaire de punition collective et de torture psychologique.

Les 30 premiers détenus administratifs qui ont entamé la grève sont énumérés ci-dessous, et d’autres prisonniers se joignent à la bataille. Parmi eux figurent des leaders communautaires comme Nidal Abu Aker et Ghassan Zawahreh, qui ont passé des années en détention administrative, l’avocat franco-palestinien et défenseur des droits de l’homme Salah Hamouri, des étudiants organisateurs comme Ziad Qaddoumi, et bien d’autres encore :

Nidal Abu Aker est âgé de 54 ans. Originaire du camp de réfugiés de Dheisheh, il emprisonné en détention administrative depuis le 1er août 2022.
Ehab Masoud est âgé de 50 ans. Originaire de Ramallah, il est emprisonné en détention administrative depuis le 17 octobre 2021.
Asim Al Kaabi est âgé de 44 ans. Originaire du camp de réfugiés de Balata, il est emprisonné en détention administrative depuis le 24 août 2022.
Ahmed Hajjaj est âgé de 44 ans. Originaire de Ramallah, il est emprisonné en détention administrative depuis le 24 août 2022.
Thaer Taha est âgé de 43 ans. Originaire de Ramallah, il est emprisonné en détention administrative depuis le 1er mai 2022.
Rami Fadayel est âgé de 43 ans. Originaire de Ramallah, il est emprisonné en détention administrative depuis le 5 septembre 2022.
Lotfi Salah est âgé de 43 ans. Originaire de Bethléem.
Salah Hamouri est âgé de 37 ans. Originaire de Jérusalem, il est emprisonné en détention administrative depuis le 7 mars 2022.
Ghassan Zawahreh est âgé de 40 ans. Originaire du camp de réfugiés de Dheisheh, il est emprisonné en détention administrative depuis le 19 août 2022.
Kanaan Kanaan est âgé de 30 ans. Originaire de Hizma, il est emprisonné en détention administrative depuis le 3 août 2022.
Ashraf Abu Aram est âgé de 36 ans. Originaire de Ramallah, il est emprisonn en détention administrative depuis le 7 juin 2021.
Ghassan Karajah est âgé de 32 ans. Originaire de Ramallah, il est emprisonné en détention administrative depuis le 11 août 2022.
Saleh Abu Alia est âgé de 32 ans. Originaire de Ramallah, il est emprisonné en détention administrative depuis le 4 mars 2022.
Awad Kanaan est âgé de 32 ans. Originaire de Hizma, il est emprisonné en détention administrative depuis le 2 février 2022.
Leith Kassaberah est âgé de 31 ans. Originaire de Beit Anan, il est emprisonné en détention administrative depuis le 1er février 2022.
Saleh Al-Jaidi est âgé de 30 ans. Originaire du camp de réfugiés de Dheisheh, il est emprisonné en détention administrative depuis le 4 août 2022.
Basil Mezher est âgé de 29 ans. Originaire du camp de réfugiés de Dheisheh, il est emprisonné en détention administrative depuis le 12 novembre 2021.
Majd Al-Khawaja est âgé de 28 ans. Originaire de Ramallah, il est emprisonné en détention administrative depuis le 14 juin 2022.
Jihad Shreiteh est âgé de 28 ans. Originaire de Ramallah, il est emprisonné en détention administrative depuis le 8 mai 2022.
Haitham Siyaj est originaire de Ramallah, il est emprisonné en détention administrative depuis le 3 novembre 2021.
Mustafa Al-Hasanat est âgé de 29 ans. Originaire de Bethlehem, il est emprisonné en détention administrative depuis le 3 février 2022.
Azmi Shreiteh al Barghouthi est âgé de 23 ans. Originaire de Ramallah, il est emprisonné en détention administrative depuis le 8 mai 2022.
Muhammad Abu Ghazi est âgé de 22 ans. Originaire du camp de réfugiés d’Arroub, il est emprisonné en détention administrative depuis le 13 mars 2022.
Ahmed Al-Kharouf est âgé de 22 ans. Originaire de Ramallah, il est emprisonné en détention administrative depuis le 13 juin 2022.
Nasrallah Barghouti est âgé de 22 ans. Originaire de Ramallah, il est emprisonné en détention administrative.
Muhammad Fuqaha est âgé de 22 ans. Originaire de Ramallah, il est emprisonné en détention administrative depuis le 15 mars 2022.
Tamer Al-Hajouj est âgé de 22 ans. Originaire de Ramallah, il est emprisonné en détention administrative depuis le 15 mars 2022.
Raghad Shamroukh est originaire du camp de réfugiés de Dheisheh, il est emprisonné en détention administrative depuis le 12 septembre 2022.
Ziad Qaddoumi est originaire de Beit Jala, il est emprisonné en détention administrative depuis le 16 septembre 2022.
Senar Hamad est âgé de 20 ans, de Ramallah, il est emprisonné en détention administrative depuis le 18 avril 2022.
 

Les 10 prisonniers palestiniens de la prison d’Ofer :

Abdel-Razzaq Farraj
Mohammed Waël
Saqr Raqban
Mohamed Farraj
Udaï Obayat
Hamza Sweiti (détenu administratif)
Basil Daamsa (détenu administratif)
Ahmed Adawi (détenu administratif)
Mohammed Atallah al-Lahham
Ruwaid al-Hindi
 

Les 10 grévistes de la prison du désert de Naqab :

Yahya Mohammed Ali Zahran
Hassan Ali Ahmad
Mohammed al-Jabri (détenu administratif)
Ashraf al-Sajdi (détenu administratif)
Ahmad Mohammed al-Khatib
Shafiq Saabneh
Mohamed Saabneh
Rani Qawar
Ahmed Abdel Karim
Fadi Abdullah Khaizaran
 

Le réseau de solidarité avec les prisonniers palestiniens Samidoun, dont est membre le Collectif Palestine Vaincra, appelle tous les partisans de la Palestine à se joindre à la campagne pour mettre fin à la détention administrative et soutenir ces courageux prisonniers qui mettent leur corps et leur vie en danger pour résister et lutter pour leur liberté et celle de toute la Palestine. 

La manifestation pour la libération de Georges Abdallah du samedi 22 octobre prochain devant les portes de la prison de Lannemezan doit être un temps fort de la mobilisation pour la libération de tous les prisonniers palestiniens ! Depuis Toulouse, nous organisons un départ en bus à prix libre : n’hésitez pas à réserver votre place par mail à collectifpalestinevaincra@gmail.com

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Publié le 9 octobre 2022 sur Samidoun
Traduction : Collectif Palestine Vaincra

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Vous aussi vous voulez agir en soutien aux prisonniers palestiniens en grève de la faim contre leur détention administrative ? Envoyez un courriel à charleroi.palestine@gmail.com.

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