Un ado tué près de Hébron lors des protestations palestiniennes contre les blocages

Mercredi, les forces israéliennes ont tué un adolescent palestinien au moment où l’armée imposait le blocage de Naplouse, l’une des villes les plus peuplées de la Cisjordanie occupée.

Le 12 octobre, à Hébron, en Cisjordanie, les forces israéliennes arrêtent un Palestinien lors d’une manifestation contre le blocage du camp de réfugiés de Shuafat. (Photo : Mamoun Wazwaz / APA images)

Le 12 octobre, à Hébron, en Cisjordanie, les forces israéliennes arrêtent un Palestinien lors d’une manifestation contre le blocage du camp de réfugiés de Shuafat. (Photo : Mamoun Wazwaz / APA images)

Maureen Clare Murphy, 12 octobre 2022

On rapporte qu’au check-point de Qalandiya, entre les villes cisjordaniennes de Ramallah et de Jérusalem, les Palestiniens ont tiré sur la police israélienne des frontières. Aucun blessé n’a été signalé.

Dans l’intervalle, à Jérusalem, les Palestiniens ont organisé une grève générale pour protester contre le siège israélien en cours du camp de réfugiés de Shuafat, dans l’extérieur du secteur oriental de la ville.

 

Quelque 130 000 Palestiniens de Shuafat et des communautés avoisinantes, déjà entourés de toutes parts par la barrière de béton d’Israël, ont été affectés par ce que les organisations pour les droits humains décrivent comme des mesures de châtiment collectif.

Le camp de Shuafat a fait l’objet d’un blocage et a été transformé en un champ de bataille dès que les autorités de l’occupation ont recherché le tireur suspect qui, disent-elles, a tué un soldat samedi dernier, à un check-point tout proche.

Le blocage inhabituel et des plus perturbants de Naplouse s’est produit après que, jeudi, un soldat a été abattu mortellement alors qu’il surveillait une marche de colons organisée dans la zone.

La responsabilité de cette action a été revendiquée par la « Fosse aux Lions », une organisation de combattants palestiniens installée à Naplouse. On dit que les autorités israéliennes croient que le tireur qui a tué un soldat mardi s’est réfugié dans la ville, qui compte 170 000 habitants.

 

Un enfant tué près de Hébron

Mercredi, en diverses localités de la Cisjordanie, des confrontations ont eu lieu entre les Palestiniens et l’armée israélienne et les colons.

Le même jour, Usama Mahmoud Adawi, 17 ans, a été grièvement blessé durant des confrontations avec des soldats israéliens à l’entrée du camp de réfugiés d’Arroub, près de Hébron, et il est décédé un peu plus tard suite à ses blessures, a rapporté l’agence nationale d’information de la Palestine, WAFA, qui citait le ministère de la Santé.

L’armée israélienne a prétendu que, sur une autoroute, Adawi avait lancé des pierres sur des voitures portant des plaques israéliennes.

Depuis le début de l’année, les forces israéliennes et les colons ont tué 28 enfants palestiniens en Cisjordanie – soit près du double, par rapport à l’an dernier.

Jusqu’à présent, cette année, une centaine de Palestiniens ont été tués par l’armée et les colons israéliens en Cisjordanie, Jérusalem-Est y compris, au cours d’une « augmentation considérable des raids militaires », pour reprendre les termes utilisés par la BBC.

Plus de 50 Palestiniens ont été tués durant l’offensive israélienne contre Gaza en août, dont une douzaine qui sont morts dans des circonstances ambiguës ou suite à un tir de roquette palestinien depuis l’enclave.

Deux douzaines de personnes en Israël et d’Israéliens en Cisjordanie, dont plusieurs soldats et policiers, ont été tuées lors d’attentats commis par des Palestiniens dans la même période.

Mercredi, des Palestiniens ont été blessés, les uns grièvement, les autres sans gravité, durant des confrontations avec l’armée israélienne à al-Bireh, près de Ramallah, selon WAFA.

Les forces israéliennes ont fermé des quartiers entiers de Hébron, la plus grande ville de Cisjordanie, afin de faciliter l’entrée de juifs désireux de visiter un site archéologique.

WAFA a rapporté que les soldats israéliens ont occupé les toits des immeubles, qu’ils ont imposé la fermeture des magasins et boutiques et qu’ils ont tiré des grenades assourdissantes et lacrymogènes afin de vider la zone. Les journalistes ont été empêchés de rapporter sur les événements, a ajouté l’agence d’information.

« La ville de Hébron assiste à une escalade majeure des attaques et incursions des colons dans les sites archéologiques et religieux, accompagnées de mesures punitives contre les citoyens [palestiniens] et de fermetures imposées par les forces d’occupation israéliennes »,

a déclaré WAFA.

Plus tôt, ce mois, des photos et des vidéos ont montré une foule importante de juifs accomplissant des rituels dans les cours de la mosquée Ibrahim al-Ibrahim, dans la Vieille Ville de Hébron et tenant un concert à l’intérieur du lieu saint.

 

Des médias palestiniens et en langue arabe ont rapporté cette semaine que des colons israéliens avaient brûlé un exemplaire du Coran et qu’ils l’avaient jeté aux ordures :

 

Après qu’un colon juif né aux États-Unis avait massacré 29 fidèles dans la mosquée Ibrahim al-Ibrahim à Hébron en 1994, les forces israéliennes avaient opéré la partition du lieu saint et avaient fermé la vieille ville adjacente, anciennement très animée.

Les Palestiniens craignent que, sans une résistance déterminée, Israël va sauter sur n’importe quelle occasion pour imposer des mesures similaires à la mosquée al-Aqsa à Jérusalem, où les tentions montrent en raison des visites provocatrices des Israéliens lors des fêtes religieuses juives.

Les provocations à al-Aqsa

Alors que les autorités israéliennes ont limité l’accès des Palestiniens à al-Aqsa, des centaines de colons juifs, dont le député israélien d’extrême droite Itamar Ben Gvir, ont été autorisés à visiter le site où se trouve le lieu saint.

 

La veille, des messages sur les médias sociaux ont montré Ben Shapiro et Jordan Peterson, tous deux des personnalités des médias de droite en Amérique du Nord, en train de visiter le site de la mosquée :

Les deux hommes venaient de donner des entretiens à Tel-Aviv et à Jérusalem.

Israël a occupé le secteur oriental de Jérusalem en 1967 et a annexé le territoire en violation des lois internationales.

Shuafat, en état de siège depuis samedi soir, est le seul camp de réfugiés de Jérusalem et l’une des zones les plus densément peuplées de la ville.

Les restrictions de mouvement imposées par Israël et ses opérations militaires dans le camp ont sévèrement affecté l’accès aux services élémentaires, rapportait Al Jazeera mercredi.

« Les entrées vers le camp de réfugiés ont été fermées la plupart, alors que les raids ont affecté les écoles et les soins de santé »,

a déclaré France 24 mercredi.

Selon l’agence d’information Reuters,

« de longues files de voitures se sont formées aux check-points menant vers l’extérieur pendant que des groupes de jeunes balançaient des pierres contre la police et mettaient le feu à des conteneurs de déchets, envoyant des panaches de fumée noire très haut dans le ciel ».

Une vidéo montre des soldats israéliens qui, mercredi, tirent sur des protestataires palestiniens au rond-point de Shuafat :

 

Al Jazeera a ajouté que les forces israéliennes avaient abattu un Palestinien d’une balle dans l’estomac et que d’autres avaient été blessés après avoir inhalé des gaz lacrymogènes ou avoir été touchés par des balles enrobées de caoutchouc.

« Les forces israéliennes ont également projeté d’énormes quantités de skunk – un liquide particulièrement nauséabond, à la puanteur persistante – sur les résidents et les maisons des ruelles étroites du camp »,

a ajouté la chaîne de diffusion.

 

« Un châtiment collectif »

L’UNRWA, l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens, a déclaré qu’elle avait fermé ses écoles et son dispensaire de soins de première ligne dans le camp et que des tonnes d’immondices non collectées s’empilaient dans les rues.

« Si les gens sont capables d’entrer, par contre, sortir est extrêmement difficile. Nous sommes en contact avec les autorités israéliennes et nous leur disons que c’est inacceptable »,

a expliqué à Al Jazeera Kazem Abu Khalaf, un porte-parole de l’UNRWA.

« Ils imposent un blocage à plus de 100 000 personnes. Beaucoup décrivent la chose comme une punition collective »,

a ajouté Abu Khalaf.

Mahmoud Abu al-Antouz, le chef du comité populaire du camp a déclaré à Al Jazeera que 3 000 résidents atteints de maladies chroniques ont été empêchés de recevoir leurs soins, entre autres, des chimiothérapies, ou des dialyses rénales.

« La livraison de nourriture n’est pas autorisée non plus. Les équipes médicales ne peuvent entrer »,

a déclaré Abu al-Antouz. Pendant ce temps, quelque 5 000 enfants sont restés à la maison au lieu d’aller à l’école, ces quelques derniers jours.

Dans l’intervalle, Israël a effectué des raids à Issawiya, une autre zone de Jérusalem-Est, tirant des coups de feu et aspergeant de la skunk sur les maisons des familles palestiniennes :

De même, ce mercredi, l’accès aux services essentiels et aux commerces courants a été grandement perturbé à Naplouse, une ville du nord de la Cisjordanie, au moment où Israël a imposé plus de restrictions de mouvement encore à la zone.

Ailleurs en Cisjordanie, des colons ont attaqué une maison à Sinjil, au nord de Ramallah et, pendant ce temps, les soldats regardaient et laissaient faire, a dit un témoin.

 

Des vidéos et des rapports de témoins oculaires ont indiqué que, mardi soir et mercredi, des colons avaient attaqué des Palestiniens et leurs propriétés en de multiples endroits de la Cisjordanie :

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Publié le 12 octobre 2022 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

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