Le Mapping Project soutient les prisonniers politiques palestiniens

Le Réseau Samidoun de solidarité avec les prisonniers palestiniens publie à nouveau la déclaration suivante du Mapping Project, un collectif multigénérationnel d’activistes et d’animateurs opérant sur les terres des Massachusetts, Pawtuckets, Naumkeags et autres nations tribales (Boston, Cambridge et les régions avoisinantes) et qui ont voulu développer une compréhension plus profonde (1) du soutien des institutions locales à la colonisation de la Palestine et (2) des nuisances qu’ils perçoivent comme y étant liées, telles que le maintien de l’ordre, l’impérialisme américain et la politique des déportations et du nettoyage ethnique. Apprenez-en plus sur le Mapping Project ICI.

 


Le Mapping Project soutient les prisonniers politiques palestiniens

26 octobre 2022

Les prisonniers politiques sont l’oxygène de tous les mouvements de libération.

Ils sont des prisonniers politiques parce qu’ils ont exigé de l’oppresseur un coût très élevé et qu’ils ont œuvré inlassablement à décoloniser matériellement la terre et à l’organiser en vue de sa libération.

En Palestine, les colons constituent la première force génocidaire. Soutenus par l’armée, ils mènent une guerre coloniale quotidienne : vol de terre, de l’eau et des ressources, restriction de mouvement, restriction du discours et des activités politiques et assassinat de notre peuple. Comme dans toutes les luttes anticoloniales, il faut affronter les colons et les soldats qui les protègent. Et, comme dans toutes les entités coloniales, l’autodéfense, la protection de la communauté et la libération de la terre sont criminalisées.

L’une des tactiques utilisées par l’entité sioniste dans sa guerre coloniale est ce qu’on appelle la « détention administrative » : Des Palestiniens sont kidnappés à leur domicile même, incarcérés et détenus sans accusation ni procès. Ces détentions peuvent durer des années et être renouvelées indéfiniment.

Le 25 septembre 2022, trente prisonniers palestiniens en « détention administrative » entamaient une grève de la faim sans limite. Le 9 octobre, vingt prisonniers de plus se joignaient à eux. Le 13 octobre, ces prisonniers suspendaient leur grève. Dans une déclaration publiée par le Comité d’urgence supérieur du mouvement des prisonniers palestiniens, qui regroupe toutes les factions et forces politiques, les prisonniers ont déclaré que

« les grévistes ont fait entendre leurs voix à toutes les personnes libres de la planète. Cette dernière grève, qui a duré 19 jours, représente un cri de rejet et une intifada à la face de l’injuste détention administrative qui vole des vies aussi bien que la terre et l’histoire ».

Dans cette déclaration, les prisonniers ont également réaffirmé leur engagement à boycotter les tribunaux sionistes à tous les niveaux.

Nous sommes solidaires avec ces prisonniers politiques palestiniens et tous les autres prisonniers palestiniens. Ils sont nos dirigeants et nos enseignants.

Nous, les activistes du Mapping Project, avons concentré notre travail sur l’analyse des infrastructures de l’oppression là où nous vivons. Dans cet esprit, nous reconnaissons que des individus et des institutions de notre région soutiennent, tout en en tirant du profit, l’infrastructure coloniale de la détention administrative en Palestine, ainsi que l’emprisonnement de noirs, de personnes de couleur et d’autochtones de ce continent, et nous affirmons qu’en tant que tels, ils sont responsables du tort fait aux Palestiniens et à tous les peuples colonisés et emprisonnés.

À la faculté de droit de l’Université de Harvard, Alan Dershowitz est professeur émérite. Outre le fait qu’il est engagé en faveur du trafic sexuel et qu’il le défend, Alan Dershowitz a consacré sa carrière à justifier la détention administrative et à plaider pour l’alimentation de force des prisonniers. Il a également prétendu sans vergogne sue les juges devaient avoir le pouvoir de délivrer des mandats autorisant la torture et il a réclamé la destruction de nombreux villages palestiniens en guise de châtiment collectif.

Alan Dershowitz a effectué – et il continue de le faire – du « travail » répugnant en tant que professeur à Harvard – ce n’est que l’un des nombreux exemples de la façon dont Harvard sert de plate-forme à la célébration et à l’amplification des promoteurs les plus odieux de la violence coloniale et de l’incarcération.

Hewlett Packard (HP), une société avec des bureaux à Boston, fournit de l’infrastructure importante aux prisons israéliennes, facilitant de la sorte la détention administrative des prisonniers politiques palestiniens. Hewlett Packard et les entreprises qui lui sont liées fournissent, au moins depuis 2015, au système carcéral israélien toute une variété de services de gestion de données et d’informatisation. HP et ces autres entreprises ont également reçu un contrat en 2017 (toujours en vigueur en 2023) en vue de fournir des serveurs informatiques à la police israélienne qui envoie les Palestiniens en prison. HP et les entreprises qui lui sont associées ont déjà fourni précédemment des technologies de « pistage » à l’ICE américain (Immigration and Customs Enforcement – Contrôle de l’immigration et des douanes) et un large soutien technique au « Système de gestion des délinquants » du Service correctionnel de Californie.

De l’autre côté du fleuve Charles par rapport au bureau de Boston de HP, Elbit Systems, le premier manufacturier privé d’armes d’Israël vient d’ouvrir un nouveau bureau à Cambridge, Massachusetts. Elbit Systems fabrique des drones, des tours de surveillance, des munitions et d’autres armes et technologies qui facilitent la surveillance et leur incarcération par Israël des Palestiniens. De même, les armes et les technologies d’Elbit facilitent le pistage et l’incarcération par le gouvernement américain des migrants noirs et de couleur : la Protection américaine des douanes et des frontières (CBP) est l’une des clientes favorites des « Integrated Fixed Towers » (tours fixes intégrées) d’Elbit, des structures de 80 à 160 pieds (env. de 25 à 50 m) de haut, équipées systèmes de radars et de caméras capables d’identifier des migrants à une distance de 7,5 milles (12 km). En septembre 2020, la CBP américaine faisait fonctionner 50 de ces tours fixes intégrées d’Elbit le long de la frontière du Mexique, et elle les utilise en coordination avec sa flotte de drones Hermes 450, également fabriqués par Elbit, pour suivre les mouvements des migrants noirs et de couleur en vue de procéder à leur arrestation.

Pas très loin du nouveau bureau d’Elbit se trouve le centre de recherche et de développement de Microsoft pour la Nouvelle-Angleterre, également situé à Cambridge, Massachusetts. Microsoft équipe l’État israélien, son armée et sa police – tous deux responsables de l’incarcération de Palestiniens – de toute une panoplie de produits et services si variés que l’ancien CEO de Microsoft, Steve Ballmer, a fait remarquer un jour : « Microsoft est autant une société israélienne qu’une société américaine. » Comme Elbit Systems, Microsoft porte une énorme part de culpabilité dans la criminalisation raciste et l’incarcération dans l’île de la Tortue [surnom du continent américain, dans les mythologies autochtones, NdT], en fournissant des services à l’ICE et aux forces de police des EU. Microsoft développe également des logiciels comme « Youth 360 », destiné spécialement à criminaliser les jeunes.

De même, à Cambridge, on trouve Google, qui fournit une grande variété de technologies informatiques à l’État sioniste, tout en investissant dans les entreprises sionistes et les produits de surveillance. Google a acheté Waze pour 1,1 milliard de USD en 2013. Waze est un logiciel de navigation qui a grandi à partir des efforts des forces d’occupation israéliennes (FOI) en vue de parcourir les villes palestiniennes afin de pouvoir attaquer et incarcérer des Palestiniens. Le récent Project Nimbus de Google facilite la surveillance des Palestiniens et la collecte de données les concernant, ce qui contribue également à pouvoir les arrêter et les incarcérer. Sur ce continent, Google est étroitement lié à l’armée américaine, au FBI et à la CIA, et il a été complice du programme de surveillance de masse de la NSA. Google lui-même colonise la terre palestinienne, sur laquelle il construit des installations et bureaux informatiques et, dans notre région aussi, Google est un colonisateur. Google accumule des biens immobiliers et contribue à accroître les loyers et les valeurs des propriétés, ce qui déporte ailleurs les pauvres et les gens de la classe ouvrière, surtout les noirs et les gens de couleur, ainsi que les migrants.

De même, à Cambridge, il y a IBM. IBM a aidé nombre de régimes racistes à garder des enregistrements, depuis les nazis allemands au régime sud-africain de l’apartheid. Aujourd’hui, IBM fait fonctionner le registre de population de l’entité sioniste, qui l’utilise pour sortir des cartes d’identité racistes et pour appliquer une stratégie coloniale du « diviser pour conquérir », dans laquelle les Palestiniens sont oppressés de façon différente selon les endroits où ils résident (par exemple, d’une part, les Palestiniens de 1948 qui ont des passeports israéliens et d’autre part, ceux qui n’en ont pas). En outre, le registre de population d’IBM donne la possibilité à l’entité sioniste d’organiser l’information démographique à une grande échelle, de façon à profiler la détention de masse des Palestiniens dans ses prisons. Comme l’a rapporté Samidoun :

« À tout moment, il y a entre des centaines et un millier de travailleurs palestiniens qui sont détenus tout simplement parce qu’ils sont dans une autre partie de leur patrie, la Palestine occupée, sans les permis de l’occupant. Ces travailleurs palestiniens ne sont pas repris dans les comptes des prisonniers politiques palestiniens les plus fréquemment utilisés – actuellement, 4 450 environ – parce que ce nombre fait référence à ceux qui sont étiquetés comme prisonniers sécuritaires ».

IBM soutient également des entreprises israéliennes par le biais de son initiative « Alpha Zone », qui a soutenu 103 start-ups israéliennes. L’une de ces entreprises, DigitalOwl, collabore avec le Shabak, la police secrète israélienne, via un programme de l’Université de Tel-Aviv censé créer des relations entre des start-ups et le Shabak. Du fait que la détention administrative n’est pas rapportée par les tribunaux, l’« approbation » du Shabak est nécessaire pour que les détenus palestiniens puissent être libérés. Cette force de police secrète, avec laquelle collaborent les entreprises soutenues par IBM, maintient non seulement les prisonniers politiques palestiniens en captivité, mais il est bien connu également qu’elle les torture. IBM facilite également l’incarcération raciste sur notre continent : IBM a aidé à développer COPLINK, une plate-forme utilisée par les départements de police américains pour partager et analyser des enregistrements, et cette plate-forme est régulièrement contrôlée par des agents de l’ICE. Au moins 25 départements de police du Massachusetts encodent la majeure partie de leurs données dans COPLINK.

Les départements de police locale – de la police de Boston à toute une variété de forces de police universitaires – sont également formés par l’entité sioniste dans des méthodes de contre-insurrection et de criminalisation. Les outils et justifications en vue d’arrêter des Palestiniens finissent par être utilisés sur notre continent, tandis que les forces de police locale partagent leurs méthodes de criminalisation avec l’État sioniste. Ces échanges sont arrangés par des organisations sionistes comme la Ligue anti-diffamation (ADL) de la Nouvelle-Angleterre.

Ce qui précède n’est qu’une fraction des acteurs de la région de Boston qui facilitent l’incarcération par Israël des prisonniers politiques palestiniens. Nous reconnaissons que les entités qui constituent l’infrastructure des activités policières du sionisme, de ses prisons et de la répression qu’il organise, sont les mêmes qui soutiennent les systèmes carcéraux ici, sur notre continent. Il faut résister à ces entités et les démanteler.

Le Mapping Project est aux côtés de l’héroïque résistance palestinienne et il soutient l’exigence actuelle de libération de tous les prisonniers politiques palestiniens. Faisons en sorte que notre soutien aux prisonniers politiques palestiniens et à ceux qui sont opprimés par les systèmes carcéraux soit un peu plus que simplement symbolique. Organisons-nous afin de perturber le plus possible l’actuel fonctionnement de ces institutions d’oppression, où qu’elles se trouvent.

Gloire aux martyrs !
Libérez la Palestine du fleuve à la mer !
Libérez tous les prisonniers politiques !

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Publié le 26 octobre 2022 sur Samidoun
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

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Une image tirée du Mapping Project, un projet créé par des activistes et des organisateurs de l’est du Massachusetts qui enquêtent sur les liens locaux entre les entités responsables de la colonisation de la Palestine, du colonialisme et de la dépossession, ici, où nous vivons, et de l’économie de l’impérialisme et de la guerre. (Photo : Mapping Project)

Une image tirée du Mapping Project, un projet créé par des activistes et des organisateurs de l’est du Massachusetts qui enquêtent sur les liens locaux entre les entités responsables de la colonisation de la Palestine, du colonialisme et de la dépossession, ici, où nous vivons, et de l’économie de l’impérialisme et de la guerre. (Photo : Mapping Project)

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