Ces banques et entreprises qui soutiennent la colonisation de la Palestine

« Don’t Buy Into Occupation » met en évidence les liens financiers qui continuent d’alimenter les entreprises impliquées dans la colonisation israélienne. Parmi les institutions financières pointées du doigt se trouvent plusieurs banques belges ou basées en Belgique, BNP Paribas étant encore une fois en tête de classement.

Don’t Buy Into Occupation » met en évidence les liens financiers qui continuent d’alimenter les entreprises impliquées dans la colonisation israélienne.

La coalition Don’t Buy Into Occupation publie son deuxième rapport, mettant une nouvelle fois en lumière les liens financiers des banques et autres institutions financières européennes avec les entreprises impliquées dans la colonisation israélienne. Au total, le rapport n’identifie pas moins de 725 banques, gestionnaires d’actifs, compagnies d’assurance et fonds de pension européens qui financent des entreprises actives dans les colonies israéliennes en territoire palestinien occupé. Entre janvier 2019 et août 2022, ces institutions financières ont accordé 171,4 milliards USD de prêts et de souscriptions à ces entreprises, ainsi que 115,5 milliards USD d’actions et d’obligations.

Or, pour rappel, la colonisation du territoire palestinien, par le déplacement de populations issues de la puissance occupante et le déploiement d’activités économiques au service de celle-ci, sont constitutives de crime de guerre et entraînent de nombreuses autres violations du droit international humanitaires et des droits humains. Les États tiers, dont la Belgique, et les entreprises, ont donc l’obligation juridique de prendre toutes les mesures pour ne pas y contribuer.

Parmi les institutions financières actives en Belgique, on retrouve BNP Paribas, la KBC, Ackermans & van Haaren, la Banque Degroof Petercam, AXA et ING. Ces banques financent des entreprises actives dans différentes activités allant de la démolition de maisons palestiniennes à la construction et l’expansion des colonies qui s’ensuit, en passant par l’exploitation illégale des ressources naturelles palestiniennes et le matériel de surveillance destiné à contrôler les populations palestiniennes vivant à proximité des colonies.

Le rapport met d’ailleurs en exergue l’impact des entreprises du secteur de la surveillance. Le territoire palestinien occupé est en effet l’un des endroits les plus surveillés au monde, ce qui engendre des séquelles physiques et psychologiques sur la population palestinienne. Et l’expertise israélienne est reconnue en la matière parce qu’Israël exporte des technologies « testées sur le terrain ».

Parmi les entreprises impliquées dans ce secteur, on retrouve Solvay, seule entreprise belge identifiée par le rapport comme étant directement impliquée dans la colonisation israélienne.

Solvay fournit en effet des fibres renforcées pré-imprégnées pour le drone Hermes 450 de la société israélienne Elbit. Elbit est le premier fournisseur de drones de l’armée israélienne et fournit également d’autres outils de surveillance utilisés dans le territoire palestinien occupé.

Or, selon les Principes directeurs des Nations Unies relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme, que Solvay dit respecter, l’entreprise doit mettre fin aux activités liées à de graves violations des droits humains, comme c’est le cas dans le territoire palestinien occupé.

Mais comme souligné plus haut, le rapport pointe en particulier les responsabilités de BNP Paribas. La banque est pour la deuxième année consécutive le premier créditeur de la colonisation israélienne avec plus de 25 milliards USD investis dans des entreprises directement impliquées dans la colonisation. Ces flux financiers sont autant de leviers que les banques doivent actionner pour pousser les entreprises à se désinvestir de la colonisation. Si ces entreprises refusent de le faire, les institutions financières doivent arrêter de les financer.

Le gouvernement belge a lui aussi un rôle important à jouer, étant donné qu’il est l’actionnaire principal de BNP Paribas détenant 7,7% de son capital, et le propriétaire de Belfius. Dès lors il peut pousser ces banques à revoir leurs relations avec les entreprises actives dans les colonies israéliennes. La coalition Don’t Buy Into Occupation demande également aux gouvernements européens de soutenir la mise à jour de la base de données des Nations Unies des entreprises liées à la colonisation israélienne.

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Publié le 5 décembre 2022 sur CNCD
Trouvez ici le résumé du deuxième rapport et les résultats concernant les institutions financières et entreprises en Belgique.

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Lisez également les articles publiés à l’occasion du premier rapport de “Don’t buy into occupation” :

L’implication d’entreprises, de banques et du gouvernement belge dans la colonisation israélienne

Les banques belges tirent profit de l’occupation des territoires palestiniens

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Et puis, il y a le groupe Carrefour…

Dans un rapport publié le 16 novembre, sept ONG et syndicats mettent en évidence le fait que l’accord signé par le groupe Carrefour en mars 2022 avec deux entreprises israéliennes impliquées dans la colonisation de la Palestine rend le groupe Carrefour complice de cette colonisation.

Carrefour a signé un accord avec les entreprises israéliennes Electra Consumer Products et Yenot Bitan. La société Electra Consumer Products est détenue par la holding israélienne Elco Ltd, dont la filiale Electra Ltd participe à la colonisation par la construction et l’entretien d’infrastructures coloniales (routes, bâtiments publics, universités, transports, logements, distribution de l’eau, télécommunications, services et fournitures de matériel à l’armée et à l’administration israéliennes dans leurs activités de colonisation).

Electra Ltd figure sur la liste des 112 entreprises participant à la colonisation, établie par l’ONU en 2020.

Les produits Carrefour sont déjà disponibles sur le site internet de Yenot Bitan et dans ses 150 magasins. L’accord se traduira également par la conversion progressive des supermarchés Yenot Bitan en magasins Carrefour. Les magasins de Yenot Bitan sont présents dans au moins trois colonies illégales israéliennes : Ariel, Alfie Menashe et Ma’ale Adumim

Carrefour devient ainsi un acteur direct de la colonisation et de l’occupation israéliennes.

Des membres de la Plate-forme Charleroi-Palestine ont distribué ce dimanche des flyers au marché de Charleroi : Carrefour, entreprise coloniale en Palestine

Des membres de la Plate-forme Charleroi-Palestine ont distribué ce dimanche des flyers au marché de Charleroi : Carrefour, entreprise coloniale en Palestine.

 

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