Dix-sept camps en quatre jours pour montrer des photos « de chez nous »

Ahmad al-Bazz a exposé son expo “Nakba 75” dans 17 camps de Cisjordanie, depuis celui de Tulkarem, dans le nord, jusqu’à celui d’al-Fawwar, au sud de Hébron.

 

Ahmad al-Bazz et Raed Khatib, 50 ans, un réfugié palestinien de Kafr Saba qui travaille au Centre culturel Yafa, collent les photos d’al-Bazz à Balata pour la première des 17 expositions dans les camps de réfugiés de Cisjordanie. (Photo : Anne Paq)

Ahmad al-Bazz et Raed Khatib, 50 ans, un réfugié palestinien de Kafr Saba qui travaille au Centre culturel Yafa, collent les photos d’al-Bazz à Balata pour la première des 17 expositions dans les camps de réfugiés de Cisjordanie. (Photo : Anne Paq)

 

Anne Paq, 14 juin 2023

Le photographe Ahmad al-Bazz s’interrogeait, alors qu’il installait dans le coffre de sa petite Fiat garée en face de chez lui, à Naplouse, un énorme seau de colle qu’il avait préparée lui-même.

« Je ne peux pas croire que ça m’a pris jusqu’à 3 heures du matin pour faire cette colle ! Est-ce qu’elle conviendra ou vais-je devoir acheter de la colle à la silicone ? Mais c’est un produit israélien… »

Il n’était pas très sûr de la qualité de la colle qu’il avait préparée pour la première fois – en utilisant de la farine, de l’eau et du sucre comme l’indiquait un tutoriel sur internet. Il était 8 heures du matin et il avait rendez-vous au Centre culturel Yafa du camp de réfugiés de Balata, à Naplouse, pour démarrer une exposition de photos de quatre jours dans les rues des camps de réfugiés de Cisjordanie.

« Cela n’a aucun sens d’exposer ce travail dans les villes ou internationalement avant de le proposer aux anciens résidents de ces localités qui ont été dépeuplées »,

explique Ahmad al-Bazz.

 

Âgé de 67 ans, cet homme a dit que sa famille était de Menashiya, un quartier dépeuplé de Jaffa. (Photo : Anne Paq)

Âgé de 67 ans, cet homme a dit que sa famille était de Menashiya, un quartier dépeuplé de Jaffa. (Photo : Anne Paq)

 

L’exposition « Nakba 75 » – qui a débuté à Naplouse le 6 mai et s’est terminée à Jénine le 9 mai – comprenait des photos de ce qui reste des villages palestiniens nettoyés ethniquement par les milices sionistes durant la période qui avait entouré la création de l’État d’Israël.

En 1947-1949, plus de 500 villages palestiniens avaient été détruits et quelque trois quarts de la population palestinienne – entre 750 000 et un million de personnes – avaient été tués, expulsés à la pointe du fusil ou forcés d’une manière ou d’une autre de fuir.

Les Palestiniens appellent cette période la Nakba, le « désastre » ou la « catastrophe », en français. Cette année a marqué son 75e anniversaire. Aujourd’hui, la population des réfugiés palestiniens dépasse les 6 millions d’individus.

Certains vivent à quelques dizaines de kilomètres à peine de leurs villages d’origine, dans des camps de réfugiés appauvris et surpeuplés de Cisjordanie et de la bande de Gaza.

 

Ahmad al-Bazz explique une photo à des enfants du camp de réfugiés de Qalandiya, près de Ramallah. (Photo : Anne Paq)

Ahmad al-Bazz explique une photo à des enfants du camp de réfugiés de Qalandiya, près de Ramallah. (Photo : Anne Paq)

 

Sur une période de deux ans, jusqu’au début de 2023, Ahmad al-Bazz – qui est titulaire d’une CI pour la Cisjordanie mais aussi d’un permis de travail délivré par l’armée qui lui ouvre l’accès aux frontières de 1948 – a visité plus de 200 villages dépeuplés.

« C’était un rêve, pour moi, de parcourir la Palestine de 1948. On en entend toujours parler et je me demandais : Comment se fait-il que je puis voyager aux États-Unis, au Royaume-Uni, mais pas à Haifa ? »

Ce rêve s’est réalisé. Mais, alors que le voyage était avant tout une affaire personnelle, Ahmad est également photographe. Et il a donc pris des photos.

« Je voulais d’abord parfaire ma propre éducation. Au cours de ce processus, j’ai rassemblé des tonnes d’images »,

dit Ahmad. Et il a été choqué de découvrir, bien qu’il sût de quoi il retournait, la dure réalité actuelle de la Nakba.

 

Deux jeunes placardent ses affiches de deux Palestiniens abattus par l’armée israélienne, Hamza Kharyoush et Samer al-Shafei, tous deux 22 ans, tués à Tulkarem au début mai, la veille du démarrage de l’exposition d’Ahmad al-Bazz. (Photo : Anne Paq)

Deux jeunes placardent ses affiches de deux Palestiniens abattus par l’armée israélienne, Hamza Kharyoush et Samer al-Shafei, tous deux 22 ans, tués à Tulkarem au début mai, la veille du démarrage de l’exposition d’Ahmad al-Bazz. (Photo : Anne Paq)

 

« Cela n’a rien d’abstrait que de continuer de dire Nakba, Nakba », insiste Ahmad. « La Nakba est bien réelle. »

Balata est le plus grand camp de réfugiés de Cisjordanie. C’est un foyer de résistance au régime colonial israélien et à l’occupation militaire. Par conséquent, l’un des principaux défis de l’exposition était de trouver un espace vide qui pouvait convenir. Dans chaque camp de réfugiés, les murs sont remplis de slogans politiques et d’affiches des personnes qui ont été tuées par l’armée israélienne. Et Ahmad al-Bazz refusait catégoriquement d’ôter ces affiches au profit de son exposition.

Mais il fallait encore trouver des murs vides. Ahmad ne voulait pas installer son exposition dans l’un ou l’autre centre, bâtiment officiel d’un comité de l’Organisation de libération de la Palestine ou tout autre espace ou événement public. C’était un choix politique.

« Comment pourrais-je coorganiser des événements avec ces institutions qui ont précisément renoncé aux lieux mêmes que je montre dans cette exposition ? »

dit Ahmad, faisant allusion à la colère croissante à l’adresse de l’OLP et de la direction de l’Autorité palestinienne qui permettent la poursuite d’une solution à deux États afin d’occulter et d’escamoter la continuation du droit au retour des réfugiés dans leurs foyers et leurs terres.

 

Un enfant aide Ahmad al-Bazz à installer son exposition dans le camp d’Al-Aroub, entre Bethléem et Hébron. (Photo : Anne Paq)

Un enfant aide Ahmad al-Bazz à installer son exposition dans le camp d’Al-Aroub, entre Bethléem et Hébron. (Photo : Anne Paq)

 

Un minimum de coordination avec des comités populaires affiliés à l’OLP dans les camps a toutefois été nécessaire pour dénicher des endroits adéquats et faciliter les contacts avec les communautés locales.

Dans le camp de réfugiés de Jénine, par exemple, alors que l’OLP et le Fatah y sont allés de discours en face des photos, Ahmad al-Bazz est resté en retrait et a refusé d’être associé à l’événement. La priorité à ses yeux était de toucher directement les gens dans les rues tout en évitant les partis politiques et autres institutions.

Pour en revenir à Balata, les problèmes ont été d’une nature plus pratique. « Devons-nous d’abord coller la grande photo ou les A3 ? », se demandait tout haut Ahmad. Une fois qu’un mur avait été choisi, il restait à appliquer la colle artisanale pour 30 images A3 et une grande carte des villages dépeuplés, puis à les compléter avec des légendes rédigées en arabe et en anglais identifiant et décrivant chaque endroit.

Ahmad Al-Bazz n’était pas tout à fait satisfait de sa colle, qui provoquait des plis dans certaines photos et il essayait à tout prix de les lisser à l’aide de sa manche.

Un réfugié âgé passe devant l’exposition « Nakba 75 » dans le camp de Deheisheh. (Photo : Anne Paq)

Un réfugié âgé passe devant l’exposition « Nakba 75 » dans le camp de Deheisheh. (Photo : Anne Paq)

 

Il était encore tôt dans le camp de Balata, mais l’un ou l’autre passant s’arrêtait déjà quand même.

Dina Habash, originaire du village dépeuplé de Beit Dajan, a examiné les photos sans toutefois y retrouver son village.

Née à Balata, elle dit qu’elle est parvenue à visiter son village juste avant la pandémie de COVID-19, et qu’elle y avait trouvé la maison de son grand-père.

« Les oliviers et les figuiers sont toujours là. Nous avons trouvé la porte entrouverte si bien que nous avons actionné la sonnette et sommes entrés. Des personnes sont venues et nous ont regardé d’un air un peu effrayé, mais je leur ai dit que c’était la maison de mon grand-père et j’ai demandé si nous pouvions entrer. »

La femme qui avait répondu à la porte – une famille juive avait été installée dans la maison, comme c’était le cas pour toutes les constructions qui avaient été dépeuplées, mais non détruites – a demandé à Dina Habash ce qu’elle voulait dire, rappelle Dina.

« Nous lui avons dit que cela signifiait que c’était notre maison, pas la leur. La femme juive a dit que ce n’était pas de sa faute : ‘Ils [les gens du gouvernement israélien] nous ont donné cette maison et nous ne sortirons pas d’ici. C’est à moi ! »

 

Une petite foule s’assemble autour d’Ahmad al-Bazz au moment où il est occupé à fixer ses photos dans le camp de Far’a. (Photo : Anne Paq)

Une petite foule s’assemble autour d’Ahmad al-Bazz au moment où il est occupé à fixer ses photos dans le camp de Far’a. (Photo : Anne Paq)

 

Voir les photos des villages dépeuplés fait « pleurer son cœur », s’écrie Dina Habash.

« Nous nous souvenons de notre passé, de nos ancêtres. Et nos enfants vivent toujours cette Nakba »,

dit encore Dina Habsh avant de poursuivre son chemin.

Ousama Mustafa, 49 ans, du village dépeuplé d’al-Tira, dit que les photos provoquent chez lui un mélange « de tristesse et de colère ».

Né au camp de Balata, Mustafa n’a jamais eu la possibilité de visiter son village d’origine.

Un autre passant, qui n’a pas voulu se laisser identifier, a été affecté d’une autre façon :

« Cela me donne envie de combattre. Quelqu’un a-t-il jamais repris la terre qu’on lui avait volée sans recourir à la force ? »

 

Ahmad al-Bazz réfléchit à son exposition au camp de réfugiés de Jalazon. (Photo : Anne Paq)

Ahmad al-Bazz réfléchit à son exposition au camp de réfugiés de Jalazon. (Photo : Anne Paq)

 

Au bout d’une heure et demie, Ahmad al-Bazz fait un pas en arrière pour regarder son travail. Puis il téléphone à un contact, au camp de réfugiés d’Askar, également à Naplouse, afin de démarrer la coordination de la prochaine exposition.

Au cours des quatre jours qui ont suivi, Ahmad al-Bazz a exposé dans 16 autres camps de Cisjordanie, depuis celui de Tulkarem, dans le nord, jusqu’à celui d’al-Fawwar, au sud de Hébron. Il a également organisé des expositions dans trois autres endroits : dans un café de Ramallah, sur le mur de séparation à Bethléem et dans une école de Deir Ammar, un village à proximité de Ramallah.

Tout le processus a été épuisant. Le soleil et la chaleur ont donné l’impression qu’on était en été. L’air dans les camps était saturé de pollution et de poussière – une grève des employés de l’UNRWA s’était traduite par un entassement des ordures dans les ruelles.

Il régnait également une tension palpable. Les raids de l’armée israélienne dans les camps de réfugiés sont monnaie courante et les résidents peuvent se montrer soupçonneux à l’égard des nouveaux venus. Quand il est arrivé au camp d’Aqbat Jabr à Jéricho – qui a été récemment le site d’incursions militaires répétées – Ahmad al-Bazz a demandé à un passant le chemin de la maison de son contact. En retour, il lui a été exigé de s’identifier.

 

Des soldats gardent un check-point à l’entrée du camp de réfugiés d’Al-Aroub, dans le sud de la Cisjordanie, entre Bethléem et Hébron. (Photo : Anne Paq)

Des soldats gardent un check-point à l’entrée du camp de réfugiés d’Al-Aroub, dans le sud de la Cisjordanie, entre Bethléem et Hébron. (Photo : Anne Paq)

 

La chose n’a pas embarrassé Ahmad al-Bazz. Il comprend la nécessité pour les Palestiniens d’être prudents au sujet des personnes qui entrent dans les camps. Il a exhibé sa carte de presse. Deux jours plus tôt, les forces spéciales israéliennes avait effectué un raid à Naplouse. Certains des hommes étaient déguisés en femmes et ils avaient assassiné trois combattants palestiniens.

Au camp de Nur Shams, l’exposition a été installée à quelques mètres à peine d’un check-point tenu par des Palestiniens. Des piles de sacs de sable étaient disposées sur le côté de la route étroite, prêts à être placés en travers de la rue la nuit pour rendre plus difficile toute incursion israélienne.

Dans le camp de Jénine, lui aussi l’objet d’incursions répétées de l’armée israélienne, Ahmad al-Bazz a découvert le camp entièrement bloqué par les organisations de la résistance.

« Imaginez cela, ils voient un gars bizarre avec un chapeau et sa voiture pleine de toutes sortes de choses. J’ai dû appeler mon contact pour pouvoir aller plus loin »,

explique le photographe.

 

Raeda Masri regarde Ahmad al-Bazz en train d’expliquer sa carte à deux enfants. Elle a cherché dans succès des photos de son village, Salameh. (Photo : Anne Paq)

Raeda Masri regarde Ahmad al-Bazz en train d’expliquer sa carte à deux enfants. Elle a cherché dans succès des photos de son village, Salameh. (Photo : Anne Paq)

 

Les réactions à l’exposition n’ont pas toujours été positives. Au camp de Far’a, près de Naplouse, un homme âgé est demeuré singulièrement sceptique.

« Et alors, quoi ? » a-t-il demandé, en refusant de donner son nom.

« Ces photos vont-elles changer quoi que ce soit ? Vont-elles nous donner le droit au retour ? »

D’autres ont davantage apprécié la démarche. Des gens ont retrouvé leur ancienne maison et certains ont été déçus de ne pas voir leur village représenté, comme Raeda Masri, 56 ans, à l’origine de Salameh, qu’elle avait pu visiter une fois lorsqu’elle avait sept ans. Elle a néanmoins apprécié l’exposition.

Comme bien des communautés de réfugiés, les gens de Salameh ont leur propre groupe Facebook et Raeda Masri a pris des photos de l’exposition d’Ahmad al-Bazz afin de les partager avec les gens de son groupe.

 

Au-dessus de l’exposition « Nakba 75 », dans le camp d’Askar, à Naplouse, on peut voir un calicot honorant trois combattants palestiniens tués le 4 mai par les forces d’occupation israéliennes. (Photo : Anne Paq)

Au-dessus de l’exposition « Nakba 75 », dans le camp d’Askar, à Naplouse, on peut voir un calicot honorant trois combattants palestiniens tués le 4 mai par les forces d’occupation israéliennes. (Photo : Anne Paq)

 

« Il est très important d’avoir ces photos. Les enfants ne savent rien de leurs villages ; nous pouvons les leur montrer et leur apprendre »,

dit-elle.

Dans le camp d’Askar, Muhammed Hindi, 33 ans, a trouvé une photo de son village Yazur, celle d’un sanctuaire décrépit en face d’un immeuble israélien de bureaux modernes.

Yazur, avec sa population de près de 12 000 habitants, a été complètement dépeuplé pendant la Nakba. Muhammed Indi explique qu’il n’a jamais eu l’occasion de le visiter, contrairement à son père.

« Yazur est célèbre pour ses citrons et ses oranges », dit-il, parlant au présent. « Inch’Allah, nous y retournerons. »

 

Des enfants regardent Ahmad al-Baaz en train d’installer son exposition au camp de réfugiés de Dheisheh, à Bethléem. (Photo : Anne Paq)

Des enfants regardent Ahmad al-Baaz en train d’installer son exposition au camp de réfugiés de Dheisheh, à Bethléem. (Photo : Anne Paq)

 

Les camps de réfugiés sont remplis d’enfants qui n’ont que peu d’endroits où aller. Ils se rassemblent souvent autour de l’exposition et Ahmad al-Bazz leur pose des questions.

À sa grande surprise, certains ne savent même pas d’où leurs familles sont originaires. Ahmad insiste. « Demandez à vos parents ! » Il leur demande aussi ce que signifie la Nakba ou s’ils ont entendu parler du droit au retour, le droit reconnu internationalement pour tous les réfugiés de pouvoir retourner sur les lieux d’où ils proviennent.

Bien des enfants sont curieux et nombreux sont ceux qui connaissent leurs origines. Mais, dans les camps de réfugiés, les survivants originels disparaissent progressivement et, avec eux disparaît également une partie importante des souvenirs de la Nakba.

Dans la présentation de son exposition, Ahmad al-Bazz explique les choses comme suit :

« Les photos ne devraient pas être perçues comme des histoires sur le passé – du moins pas tant que les Palestiniens seront forcés de rester des réfugiés, interdits de retour dans leurs terres et leurs foyers, alors que toute personne juive de n’importe où dans le monde a le droit de s’établir sur leur terre et est automatiquement habilitée à jouir de la citoyenneté israélienne. »

 

ahia Abu Obeid se tient au milieu de ce qui reste de sa maison à Deir al-Balah, dans la bande de Gaza. La maison, qui hébergeait dix personnes de trois générations de la même famille, a été bombardée le 13 mai au cours de l’offensive militaire d’Israël, qui a duré cinq jours. Y a-t-il une preuve plus flagrante que la Nakba est toujours en cours ? a déclaré Yahia Abu Obeid, 55 ans, le 15 mai, quand les Palestiniens ont commémoré le 75e anniversaire de la Nakba. (Photo : Anne Paq)

Yahia Abu Obeid se tient au milieu de ce qui reste de sa maison à Deir al-Balah, dans la bande de Gaza. La maison, qui hébergeait dix personnes de trois générations de la même famille, a été bombardée le 13 mai au cours de l’offensive militaire d’Israël, qui a duré cinq jours. Y a-t-il une preuve plus flagrante que la Nakba est toujours en cours ? a déclaré Yahia Abu Obeid, 55 ans, le 15 mai, quand les Palestiniens ont commémoré le 75e anniversaire de la Nakba. (Photo : Anne Paq)

 

« Il convient de toujours parler de la Nakba de 1948 au temps présent. Le processus du nettoyage ethnique s’applique tout simplement selon d’autres moyens. »

En effet, la récente agression israélienne contre Gaza n’est que le tout dernier exemple d’un processus toujours en cours de dépossession et de déportation par la violence.

Dans le contexte de cette Nakba en cours, quel est l’intérêt suscité par les photos ?

L’objectif tout entier du travail est de jeter la lumière sur la connexion entre le passé et le présent, dit Ahmad al-Bazz. La libération palestinienne, dit-il encore, n’aura lieu qu’en abordant et en corrigeant l’injustice de la Nakba ainsi qu’en rétablissant les droits des réfugiés.

« Il nous faut revenir aux racines de la question. Autrement, ce ne sera jamais qu’une solution cosmétique. »

Il prône une approche décolonisatrice qui rejette le cadre de 1967 et préconise en lieu et place une solution à un État. Ce qui se passe entre le Jourdain et la Méditerranée, dit-il, devrait être adéquatement perçu comme une seule question.

 

À la lumière des phares de sa voiture, Ahmad al-Bazz déploie son exposition sur le mur d’annexion israélien à Bethléem, près du camp de réfugiés d’Aida. (Photo : Anne Paq)

À la lumière des phares de sa voiture, Ahmad al-Bazz déploie son exposition sur le mur d’annexion israélien à Bethléem, près du camp de réfugiés d’Aida. (Photo : Anne Paq)

 

Dans les légendes qui accompagnent ses photos, il utilise les termes « colonie de Tel-Aviv » au lieu du simple terme « Tel-Aviv », comme le font les médias traditionnels.

« Pourquoi ne diriez-vous pas que Tel-Aviv est une colonie ? 117 000 des 120 000 Palestiniens de Jaffa et des environs sur lesquels Tel-Aviv a été construite ont été expulsés. Je ne reconnaîtrai pas ce régime colonial de peuplement, et pas à mes dépens. »

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L’exposition, qui a également circulé au Liban, en Jordanie, au Royaume-Uni et aux États-Unis, peut être déchargée ici.

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Anne Paq est une photographe free-lance française, membre du collectif de photographie ActiveStills.

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Publié le 14 juin 2023 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

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A vos agendas !

Le photographe Johan Depoortere exposera ses photos des villages disparues en Palestine au mois de novembre à la MPA de Marchienne-au-Pont.

Le vernissage aura lieu le dimanche 12 novembre, l’expo sera visible du 13 au 30 novembre.
Une journée de solidarité est prévue le mercredi 29 novembre. La photographe Anne Paq sera parmi nos invité.e.s.

Envie de vous impliquer dans l’organisation de cet événement ? Ecrivez-nous à charleroi.palestine@gmail.com.

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