Israël admet avoir brûlé des centaines de personnes le 7 octobre

Jeudi, l’invité de la MSNBC (*), le journaliste Mehdi Hasan, s’en est pris au porte-parole du gouvernement israélien, Mark Regev, à propos des nombreux mensonges et fausses allégations d’Israël dans le but de justifier ses bombardements génocidaires et son invasion de Gaza.

 

Israël n’a jamais expliqué comment les combattants palestiniens venus de Gaza le 7 octobre avaient pu causer tant de destructions massives aux habitations israéliennes – comme on peut le voir ici au kibboutz de Be’eri – avec leurs armes légères. De plus en plus de preuves apparaissent que des tirs lourds, sans discernement, de la part des forces israéliennes ont tué en même temps des Palestiniens et des civils israéliens.

Israël n’a jamais expliqué comment les combattants palestiniens venus de Gaza le 7 octobre avaient pu causer tant de destructions massives aux habitations israéliennes – comme on peut le voir ici au kibboutz de Be’eri – avec leurs armes légères. De plus en plus de preuves apparaissent que des tirs lourds, sans discernement, de la part des forces israéliennes ont tué en même temps des Palestiniens et des civils israéliens. (Photo : Ziv Koren / Polaris)

 

Ali Abunimah, 17 novembre 2023

Tout en essayant de parer aux contestations de Hasan, Regev y est allé d’un tas de mensonges supplémentaires, tentant de changer de sujet et d’éloigner d’Israël le blâme du nombre horrifiant de victimes et de le faire porter par les victimes palestiniennes d’Israël.

Mais Regev a admis une chose dont, en fait, ni lui ni Hasan, n’ont reconnu l’importance.

Regev essayait de faire reconnaître qu’on pouvait faire confiance à Israël – et non au Hamas, sans doute – pour une raison : Quand Israël commet une erreur, il l’admet.

Regev a donné cet exemple :

« À l’origine, nous avons dit, lors de l’horrible agression du Hamas contre notre peuple, le 7 octobre, que nous avions eu 1 400 victimes et, aujourd’hui, nous avons revu ce chiffre à la baisse et l’avons ramené à 1 200, parce que nous avons compris que nous l’avions surestimé, que nous avions fait une erreur. Il y avait en fait des corps qui avaient été si vilainement brûlés que nous avions pensé qu’ils étaient de nôtres. Pour finir, manifestement, il s’agissait de terroristes du Hamas. »

 

 

Un peu plus tôt, ce mois-ci, Israël a en fait revu à la baisse le nombre d’Israéliens dont il dit qu’ils ont été tués le 7 octobre, en le ramenant « 1 200 environ ».

Bien qu’il n’ait proposé aucune preuve directe, Israël a prétendu que les combattants du Hamas avaient brûlé massivement des civils israéliens au cours d’atrocités qu’on n’avait plus vues depuis l’Holocauste.

Israël n’a jamais expliqué non plus comment des combattants palestiniens auraient pu accomplir cela ou provoquer les énormes dégâts aux maisons israéliennes avec les seules armes légères qu’on les voit généralement porter.

Il est tout simplement absurde que 200 corps calcinés au-delà de toute possibilité d’identification et dont Israël pensait qu’il s’agissait de civils israéliens aient pu s’avérer être des combattants du Hamas, à moins qu’Israël n’ait tué des gens sans la moindre discrimination.

Manifestement, les combattants du Hamas ne se sont pas immolés eux-mêmes par le feu au point de défier toute identification. Et Israël doit par contre être bien au fait des circonstances dans lesquelles ces gens sont morts.

 

Les preuves qu’Israël a tué ses propres ressortissants

La déclaration de Regev est un important complément d’information aux preuves grandissantes que, le 7 octobre, les forces israéliennes se sont déchaînées en pleine panique, tirant aveuglément avec des armes puissantes, tuant en même temps, sans le moindre discernement, des combattants palestiniens et les civils israéliens qui étaient avec eux.

Tel est le témoignage de Yasmin Porat, une civile israélienne qui a survécu au massacre perpétré par les forces israéliennes au kibboutz Be’eri.

Et les forces aériennes israéliennes ont admis qu’elles avaient envoyé plus de deux douzaines d’hélicoptères de combat qui, le 7 octobre, avaient tiré des quantités énormes d’obus lourds et de missiles Hellfire, même si, dans bien des cas, les pilotes ne pouvaient faire la distinction entre les Palestiniens et les civils israéliens.

« Tirez sur tout », avait dit à ses hommes un commandant d’escadrille.

Plus tard, dans le cours de l’interview réalisée par Mehdi Hasan, Regev ressort l’élément de propagande standard d’Israël disant que le nombre de civils tués à Gaza est si élevé du fait que le Hamas se sert des civils comme « boucliers humains ».

Hasan contredit ces propos à l’aide de ce qu’il prétend être une question hypothétique. Il demande à Regev :

« Bombarderiez-vous des écoles et des maisons en Israël si vous croyiez que des militants du Hamas se trouvent en dessous d’eux, et tueriez-vous des boucliers humains israéliens, dans le processus ? »

Hasan ne semble pas comprendre que c’est exactement ce qu’Israël a fait le 7 octobre et les jours qui ont suivi, comme le montrent des preuves de plus en plus nombreuses.

Inutile de dire que Regev n’a pas avancé la moindre réponse sensée.

Le mépris permanent d’Israël envers les vies de ses propres civils a été amplement démontré par son pilonnage de Gaza, qui met en danger et tue des ressortissants israéliens et étrangers qui y sont détenus.

 

Des voitures incendiées, des corps calcinés

Il convient également de remarquer que les photographies de corps affreusement calcinés dans des voitures, qu’Israël a diffusées dans son blitz initial de propagande, juste après le 7 octobre, portent une ressemblance frappante avec la voiture d’une famille libanaise qu’Israël a truffée d’obus de l’autre côté de la frontière du Sud-Liban le 6 novembre, tuant trois jeunes filles et leur grand-mère, et blessant leur mère :

 

Jusqu’à présent, les médias traditionnels occidentaux – qui suivent la ligne de leurs gouvernements – ont refusé de contester les allégations de plus en plus râpées d’Israël sur ce qui s’est passé le 7 octobre.

Il doit y avoir une enquête complète et indépendante sur ce qui s’est passé – c’est quelque chose que ni Israël ni ses facilitateurs américains et européens ne sont susceptibles d’exiger ou de permettre.

Ceci, parce qu’il existe déjà des preuves irréfutables – et la déclaration de Regev corrobore la chose – que les dirigeants de Tel-Aviv qui ordonnent les massacres de civils palestiniens avaient déjà sur les mains le sang de nombreux civils israéliens, bien avant déjà que la première bombe ne tombe sur Gaza.

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(*) MSNBC est une chaîne d’information en continu du câble diffusée aux États-Unis et au Canada. Son nom est la combinaison de MSN et de NBC.

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Ali Abunimah, cofondateur et directeur exécutif de The Electronic Intifada, est l’auteur de The Battle for Justice in Palestine, paru chez Haymarket Books.

Il a aussi écrit : One Country : A Bold Proposal to end the Israeli-Palestinian Impasse

 

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Publié le 17 novembre 2023 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

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