Israël attaque un hôpital de Gaza à cinq reprises en une semaine

Israël continue d’attaquer les patients, les médecins et les hôpitaux de toute la bande de Gaza.

 

Seuls 13 hôpitaux sur 36 fonctionnent encore – très partiellement – à Gaza, selon l’Organisation mondiale de la Santé

Seuls 13 hôpitaux sur 36 fonctionnent encore – très partiellement – à Gaza, selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). (Photo : Omar Ashtawy / APA images)

 

Nora Barrows-Friedman, 29 décembre 2023

Mercredi, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) déclarait que seuls 13 hôpitaux – sur 36, avant les attaques génocidaires d’Israël – fonctionnaient partiellement. Deux hôpitaux « fonctionnent en assurant un service très minimal », a affirmé l’OMS, ce qui en laisse 21 complètement hors service.

L’un de ces hôpitaux qui fonctionnent en partie est le Complexe médical Nasser, à Khan Younis, dans le sud, dont on a largement excédé la capacité. Le voisinage immédiat de l’hôpital a été bombardé à de multiples reprises.

Chaque fois que les attaques israéliennes

« s’intensifient à proximité de l’hôpital, les ambulances, les patients, le personnel, l’OMS et ses partenaires sont dans l’impossible de rallier le complexe et cet hôpital ne sera bientôt plus qu’à peine fonctionnel »,

a mis en garder le Dr Rik Peeperkorn, un responsable de l’OMS.

« C’est un scénario auquel on a bien trop souvent assisté dans le nord. Gaza ne peut plus se permettre de perdre le moindre hôpital »,

a ajouté le Dr Peeperkorn.

 

Le 25 décembre, le Dr Ahmed Moghrabi, le chef de la chirurgie plastique à Nasser, a décrit pour Al Jazeera l’épuisant tribut psychologique et physique imposé par les incessantes attaques israéliennes aux travailleurs des soins de santé.

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Selon le ministère palestinien de la santé à Gaza, les taux d’occupation de l’hôpital sont actuellement à plus de 200 pour 100 dans les services d’hospitalisation, et à 250 pour 100 dans les unités de soins intensifs (USI).

Plus de 100 ambulances ont été détruites, rapporte le ministère de la santé.

 

L’OMS a déclaré qu’elle était

« extrêmement préoccupée par la tension insupportable que l’intensification incessante des hostilités imposait aux quelques hôpitaux de Gaza qui restent ouverts – avec la majeure partie du système de santé qui est décimé et mis à genoux ».

 

Des hôpitaux de campagne ont été installés par des équipes de soins locales et internationales, fournissant des services élémentaires aux zones qui ont été complètement privées de soutien médical.

 

Toutefois, ces centres ne sont en aucun cas des solutions de remplacement adéquates d’hôpitaux en état de fonctionnement, dotés de stocks et à la sécurité garantie.

Un médecin d’un hôpital de campagne installé dans une école à Deir al-Balah, dans le centre de Gaza, ne dispose que de gaze et de désinfectant pour traiter ses patients, selon Reuters.

Les patients, a-t-il expliqué, souffrent d’infections dues à un manque d’équipements de stérilisation et de désinfection.

 

Le ciblage à répétition de l’hôpital Al-Amal

Jeudi, l’hôpîtal Al-Amal à Khan Younis, dans le sud de Gaza, a été ciblé pour la cinquième fois en moins d’une semaine.

 

La Société du Croissant-Rouge de Palestine (SCRP) a son quartier général à l’hôpital Al-Amal.

Une vidéo montre le personnel de la SCRP en train d’accueillir des blessés après que, jeudi matin, Israël a bombardé des appartements résidentiels jouxtant les terrains de l’hôpital.

 

Le service médical a déclaré jeudi que les forces israéliennes avaient ciblé

« les étages supérieurs du QG de la société »

avec des obus d’artillerie la veille, ce qui s’était traduit par un certain nombre de blessés parmi les 14 000 personnes déplacées qui avaient cherché refuge à l’intérieur du campus de l’hôpital.

La SCRP a ajouté que le bombardement israélien avait également endommagé le réseau de communication par radio, « le seul moyen de communication » qui restait au service, ce qui

« constitue désormais un gros défi pour les équipes d’urgence qui doivent atteindre les blessés et les malades ».

 

L’intensification des bombardements israéliens dans les parages immédiats de l’hôpital Al-Amal, met en garde le service médical, « pourrait être un prélude à son ciblage direct ».

Le 24 décembre, un drone-sniper israélien a visé et tué un gamin de 13 ans qui jouait avec ses cousins à l’intérieur d’un local du siège de la SCRP à l’hôpital Al-Amal.

 

Le 25 décembre, des équipes d’ambulanciers de la SCRP se sont retrouvées sous les tirs de l’artillerie israélienne alors qu’elles ramassaient les corps de plusieurs personnes.

 

Ce même jour, des travailleurs médicaux ont dit qu’ils avaient été forcés d’évacuer le centre des ambulances de la SCRP au camp de réfugiés de Jabaliya après que les forces israéliennes

« avait lancé un raid contre le bâtiment et détruit les ambulances ».

 

Plus de 300 travailleurs médicaux palestiniens ont été tués au cours d’attaques israéliennes, depuis le 7 octobre.

 

Israël enlève et torture des médecins

Entre-temps, depuis le 7 octobre, l’armée israélienne a arrêté une centaine de membres du personnel des soins de santé, estime le ministère palestinien de la santé.

Des médecins, des travailleurs médicaux et des directeurs d’hôpital sont détenus

« dans des conditions inhumaines de torture, de famine et d’exposition à un froid extrême », a déclaré le ministère.

 

Le directeur de l’hôpital al-Shifa de Gaza, Muhammad Abu Salmiya, a été enlevé et arrêté par les forces israéliennes en novembre.

Mercredi, Francesca Albanese, la rapporteuse de l’ONU pour la Cisjordanie et la Bande de Gaza occupées, a fustigé Israël à propos de la destruction d’hôpitaux et du kidnapping et de la torture de leur personnel médical.

 

La SCRP fait savoir que les forces israéliennes détiennent toujours huit membres de son personnel, arrêtés voici plus d’une semaine. Ils ont été emmenés vers

« une destination inconnue et on ne sait toujours rien de leur sort »,

a déclaré la SCRP jeudi.

Awni Khattab, le directeur du centre ambulancier de la SCRP à Khan Younis, a été emmené et emprisonné il y a plus d’un mois alors qu’il transférait des patients blessés depuis l’hôpital al-Shifa à Gaza vers le sud de l’enclave.

 

« Nous demandons instamment à la communauté internationale d’exercer des pressions sur les autorités d’occupation afin qu’elles relâchent immédiatement nos équipes et qu’elles assurent leur protection »,

a déclaré la SCRP le 23 décembre.

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Publié le 29 décembre 2023 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

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