Des chars israéliens ont délibérément écrasé des douzaines de civils palestiniens vivants
Les tueries répétées de civils palestiniens par l’armée israélienne en les écrasant délibérément à l’aide de véhicules militaires ont été vivement dénoncées par Euro-Med Monitor samedi, de même que la destruction très répandue de biens civils. Ces crimes font partie du génocide israélien des Palestiniens de la bande de Gaza en cours depuis le 7 octobre 2023, a déclaré l’organisation de contrôle des droits.
Euro-Med Monitor, 4 mars 2024
L’organisation, dont le siège est à Genève (Suisse) a répertorié le meurtre par l’armée israélienne d’un Palestinien qui a été délibérément écrasé après son arrestation, le 29 février, dans le quartier d’Al-Zaytoun de la ville de Gaza. L’homme avait été soumis à un interrogatoire particulièrement brutal par des membres de l’armée israélienne, qui lui avaient entravé les mains à l’aide de menottes en plastique à fermeture éclair avant de lui passer dessus avec un véhicule militaire depuis le bas du corps jusqu’à la tête.
L’incident a eu lieu dans la rue principale Salah al-Din du quartier de Zaytoun, selon un témoin oculaire qui l’a rapporté à l’équipe d’Euro-Med Monitor. Des soldats israéliens ont entravé les mains de la victime avant de l’écraser et lui ont piétiné le corps depuis les jambes vers le haut, confirmant qu’il était encore en vie au moment de l’incident. Pour s’assurer que la victime serait totalement écrasée, elle a été placée sur un tronçon asphalté plutôt que sur le terrain sablonneux adjacent.
Le corps mutilé de la victime et le voisinage immédiat portent des marques évidentes de la présence sur les lieux d’un bulldozer ou un d’un char de l’armée. Il s’avère que la victime a sciemment été dépouillée de ses vêtements, puisqu’on voit qu’au moment de sa mort, elle ne porte plus que ses sous-vêtements.
Cette opération a eu lieu avant que l’armée israélienne ne se retire dans la périphérie du quartier de Zaytoun, il y a deux jours, comme le prouve l’état des viscères et autres parties du corps, qui n’étaient pas encore décomposés au moment où l’affaire avait été renseignée.
Un autre incident répertorié a eu lieu le 23 janvier, quand un char israélien a écrasé des membres de la famille Ghannam alors qu’ils dormaient dans une caravane de refuge dans le quartier des tours Taïba à Khan Younis.
Il en est résulté qu’un homme et sa fille aînée ont été tués et que les trois enfants survivants et leur mère ont été blessés. Amina, sa fille de 13 ans, a confirmé que son père et sa sœur aînée ont été tués quand, sans qu’on s’y attende, un char israélien est passé à plusieurs reprises sur la caravane, alors que toute la famille y dormait. La mère et deux autres enfants ont survécu à l’attaque et Amina, de son coté, a ressenti une pression extrême dans les yeux, au point qu’elle en a presque perdu la vue.
Euro-Med Monitor a également répertorié que des chars et des bulldozers israéliens avaient écrasé des personnes déplacées à l’intérieur de leurs tentes dans la cour de l’hôpital Kamal Adwan, à Beit Lahia, le 16 décembre 2023.
Plusieurs personnes avaient été tuées au cours de l’incident, y compris des individus qui avaient été initialement blessés et qui, finalement, n’avaient pas survécu. Les corps de personnes qui avaient été précédemment enterrées dans la cour de l’hôpital avaient également été écrasées lors de l’incident du 16 décembre, a déclaré l’organisation de contrôle des droits.
Plus récemment, le 20 février, une famille palestinienne a survécu à une de ces attaques après que des véhicules israéliens avaient foncé sur leur tente sur la plage non loin de Khan Younis. Une civile avait déclaré qu’elle avait été choquée par ce char qui, brusquement, avait roulé sur sa tente.
En outre, Euro-Med Monitor a enregistré de nombreux incidents au cours desquels des chars de l’armée israélienne ont détruit des biens civils, particulièrement des voitures, lors d’incursions terrestres dans diverses parties de la bande de Gaza.
La plupart de ces attaques de chars ont ciblé des véhicules garés dans les rues et dénués de la moindre caractéristique militaire, indiquant ainsi la destruction délibérée et systématique par l’armée israélienne de biens palestiniens.
Euro-Med Monitor a affirmé que toutes ces violations font partie d’un effort israélien plus important en vue de déshumaniser chaque Palestinien dans la bande de Gaza, afin de justifier et de normaliser les crimes commis contre eux.
Écraser des civils avec des chars est tout simplement l’une des nombreuses façons cruelles utilisées par l’armée israélienne pour assassiner des Palestiniens dans la bande de Gaza, sans aucune considération pour leur humanité, leurs souffrances et leur dignité.
Ces pratiques reflètent le désir du gouvernement et de l’armée d’Israël de punir collectivement le peuple palestinien, dans le but de l’éliminer, de l’intimider et/ou de lui porter préjudice physiquement et psychologiquement.
Ces crimes ont lieu en même temps qu’une campagne d’incitation publique lancée par les hauts responsables d’Israël, ses personnalités médiatiques et ses colons en vue de l’anéantissement des Palestiniens à Gaza, et ils sont également la résultante de l’impunité dont bénéficient leurs perpétrateurs – ce qui ressort de façon évidente vu l’absence de toute action intelligente de la part de l’une ou l’autre partie et à quelque niveau que ce soit en vue de les tenir responsables de ces crimes.
L’organisation de contrôle des droits a mis en garde contre le fait que l’armée israélienne a intensifié ses meurtres prémédités, ses exécutions extrajudiciaires et ses assassinats judiciaires de civils palestiniens depuis le 7 octobre par le biais d’un ciblage direct au moyen de snipers, de drones et d’opérations toujours en cours dans diverses régions de la bande de Gaza.
Aux yeux d’Euro-Med Monitor, ces actions équivalent à des crimes de guerre et à des crimes contre l’humanité, selon la Loi fondamentale des Statuts de Rome de la Cour pénale internationale (CPI).
Il n’y a pas de justification pour que l’armée israélienne commette ces crimes graves, a confirmé Euro-Med Monitor.
Même si Israël prétend que certains des actes susmentionnés ont été dirigés contre des combattants palestiniens, cela ne le dégage pas de sa responsabilité criminelle, puisque les lois internationales protègent tant les civils que les combattants qui se sont rendus ou qui ont perdu tout moyen de défense, grâce aux Statuts de Rome qui classifient leur meurtre ou leurs blessures comme crimes de guerre.
La destruction délibérée et répandue par l’armée israélienne des biens palestiniens, accomplie de façon irresponsable et sans aucune nécessité militaire, est également qualifiée de crime de guerre par les Statuts de Rome.
Parallèlement à la prise de toutes les mesures nécessaires en vue de garantir la responsabilisation d’Israël pour les crimes qu’il commet contre le peuple palestinien, Euro-Med Monitor a réitéré ses appels à la communauté internationale afin qu’elle se plie immédiatement à ses obligations internationales de faire cesser le génocide qu’Israël commet depuis en gros cinq mois contre tous les Palestiniens de la bande de Gaza.
À la lumière du fait que la CPI n’a pas encore entrepris la moindre action ni enregistré la moindre plainte en relation avec les enquêtes qu’elle est censée effectuer sur la situation dans la bande de Gaza, Euro-Med Monitor a exprimé de profondes inquiétudes à propos de l’attitude du procureur de la CPI concernant le génocide qui a lieu à Gaza en ce moment même.
Le génocide est l’un des crimes internationaux les plus graves, avec des conséquences catastrophiques pour les civils. La Cour n’a rien dit des crimes commis par Israël dans la bande de Gaza, même quand elle a été mise en face d’une pléthore de preuves présentées par les hauts responsables israéliens et les soldats eux-mêmes, ni non plus des avertissements et des rapports documentaires émanant d’organisations internationales, de l’ONU et de ses experts, et des gouvernements de nombreuses autres nations.
La dernière mise à jour de la CPI concernant la situation en Palestine a été publiée le 17 novembre sur son site internet officiel.
Cela soulève de graves questions quant à son indépendance et à son intégrité, ainsi qu’au point jusqu’où elle peut accomplir ses tâches sans être politisée ou impactée par des normes de partialité et de justice sélective.
Euro-Med Monitor a réclamé la création d’une commission d’enquête internationale indépendante qui se spécialisera dans l’agression militaire israélienne en cours contre la bande de Gaza.
L’organisation a également invité instamment la communauté internationale à faciliter le travail d’une commission d’enquête internationale indépendante à propos des territoires palestiniens occupés, commission constituée en 2021, afin qu’elle puisse accéder à la bande de Gaza et lancer les enquêtes nécessaires sur tous les crimes et violations commis sur place contre les Palestiniens, y compris les assassinats délibérés et exécutions extrajudiciaires de civils.
L’organisation de contrôle des droits a également exigé que le Rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires aille en visite dans la bande de Gaza dès que possible afin d’examiner les homicides illégaux qui relèvent de son mandat officiel.
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Publié le 4 mars 2024 sur Euro-Med Monitor
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine