Points forts de l’actualité dans la 30e semaine du génocide à Gaza

Les frappes aériennes et les tirs d’obus par Israël se sont poursuivis dans toute la bande de Gaza. Dans le nord, Israël a visé des blocs résidentiels à Jabaliya, à Gaza même et à Beit Lahiya.

 

Ben-Gvir, le ministre israélien des finances Bezalel Smotrich, a réclamé « l'anéantissement total » de Gaza

Nora Barrows-Friedman, 2 mai 2024

 

Vendredi, Israël a assassiné la fille, le petit-fils et le gendre de Refaat Alareer, l’écrivain, poète et enseignant universellement apprécié, qui était en fait le responsable de rédaction de Thé Electronic Intifada pour Gaza et a été assassiné par Israël en décembre.

 

Ces tout derniers jours, dans la partie centrale de Gaza, les forces israéliennes ont continué de bombarder Deir al-Balah et le camp de réfugiés de Nuseirat.

Notre contributeur Abubaker Abed a pris cette photo de Deir al-Balah mardi, en disant qu’Israël avait bombardé une maison située à proximité de la sienne. Il a ajouté que parmi les victimes figurait un enfant :

 

Mercredi matin, Abed nous a adressé cette mise à jour :

« La zone d’Al-Zwayda, au nord de Deir al-Balah, a été prise pour cible à maintes reprises et un énorme et terrifiant missile vient d’ailleurs de toucher un immeuble résidentiel. Les avions de combat continuent de survoler la zone à très basse altitude. Les drones ne cesser de bourdonner. Les sirènes des ambulances, le son normal à Gaza, sont de retour pour s’occuper des victimes »,

rapportait-il.

Israël a également continué de cibler sans relâche des zones à l’intérieur et à la périphérie de la ville de Rafah, dans le sud, au moment où les responsables israéliens intensifient leurs menaces d’une invasion terrestre.

Des douzaines de Palestiniens de Rafah ont été tués ces derniers jours lors de multiples bombardements de blocs d’appartements et de maisons.

Mardi, à Rafah, Israël a frappé des tentes de personnes déplacées à l’aide de projectiles incendiaires.

 

Israël insiste à propos de l’invasion de Rafah

Entre-temps, selon un rapport publié mardi dans Middle East Eye et qui cite un haut responsable occidental resté anonyme, Israël installe un système complexe de check-points qui empêcheront les hommes « en âge d’être sous les drapeaux » de s’enfuir de Rafah. Israël continue de préparer son offensive de la ville frontière du sud de la bande de Gaza.

Selon ce même rapport,

« les check-points sont destinés à permettre à certaines femmes et enfants de quitter Rafah avant l’offensive israélienne attendue, mais les civils palestiniens mâles sans armes seront très probablement séparés de leurs familles et resteront coincés à Rafah durant l’offensive ».

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a annoncé mardi que l’armée israélienne se préparait à aller de l’avant dans son invasion terrestre de Rafah, « qu’il y ait un accord [de cessez-le-feu] ou pas », lequel inclurait un échange de prisonniers.

Le ministre extrémiste de la sécurité nationale Itamar Ben-Gvir, qui avait paraît-il prévenu Netanyahou que si l’invasion de Rafah n’avait pas lieu, cela signifierait la dissolution du gouvernement du Premier ministre, a déclaré mardi qu’il était satisfait de la déclaration de Netanyahou.

Ben-Gvir a expliqué qu’il avait

« prévenu le Premier ministre [des conséquences] si, Dieu nous en préserve, Israël n’entrait pas à Rafah, si, Dieu nous en préserve, nous arrêtons cette guerre et si, Dieu nous en préserve, il y a un accord imprudent ».

« Le Premier ministre a entendu mes propos, il a promis qu’Israël entrerait à Rafah, il a promis que le guerre ne finirait pas et il a promis qu’il n’y aurait pas d’accord imprudent. J’accueille favorablement ces éléments. Je pense que le Premier ministre comprend très bien ce que cela signifiera si ces choses n’ont pas lieu »,

a-t-il ajouté.

Mardi, le collègue de Ben-Gvir, le ministre israélien des finances Bezalel Smotrich, a réclamé « l’anéantissement total » de Gaza, ajoutant que le cabinet de guerre israélien ne devrait permettre aucune concession politique dans la moindre négociation de cessez-le-feu.

S’adressant à Netanyahou, Smotrich a déclaré :

« N’agitez pas un drapeau blanc. Ne laissez pas Yahya Sinwar nous humilier une fois de plus et gagner la guerre. Un gouvernement qui se soumet aux pressions internationales et arrête la guerre en plein déroulement perdra dès cet instant son droit à l’existence. »

Les organisations palestiniennes des droits humains ont déclaré qu’une attaque contre Rafah, où s’est déjà réfugiée la moitié de la population de Gaza, serait catastrophique.

La semaine dernière, Al-Haq, le Centre palestinien pour les droits humains et Al Mezan ont déclaré :

« Nos organisations mettent en garde contre la menace d’une invasion terrestre israélienne à Rafah. »

« Une telle attaque représenterait le point culminant de l’attaque israélienne contre Gaza, dans l’intention d’infliger le plus grand nombre de morts et de victimes civiles, ce qui se traduirait potentiellement par un déplacement massif forcé vers les frontières égyptiennes, situées à quelques mètres à peine. »

« Ce scénario risque de provoquer l’accélération de la Nakba contre le peuple palestinien et il se rapproche de plus en plus de la réalité »,

ont ajouté les organisations.

 

37 millions de tonnes de décombres, des milliers de corps en décomposition

Les Nations unies ont déclaré que, dans tout Gaza, il y avait plus de 37 millions de tonnes et débris et de décombres, et que bon nombre d’entre eux contenaient encore des munitions non explosées.

Le Service d’action contre les mines de l’ONU a rapporté qu’il pourrait falloir 14 ans pour débarrasser Gaza de toutes les menaces d’explosion une fois que la guerre serait terminée.

Et, selon la Défense civile palestinienne de Gaza, 10 000 corps seraient en décomposition sous les décombres.

Mardi, dans un communiqué de presse, la Défense civile de Gaza a mis en garde contre le fait que les corps en décomposition allaient sans doute accroître le risque de maladie, surtout quand les températures allaient augmenter en été.

La pression sur les agences internationales comme l’ONU est nécessaire, a ajouté la Défense civile, pour

« permettre l’entrée d’équipements lourds nécessaires afin de donner la possibilité à nos équipes de sauver les vies des personnes blessées par les incessants bombardements israéliens, ainsi que pour exhumer les corps des martyrs en décomposition de dessous les décombres et qui provoquent un désastre pour la santé de la population ».

Entre-temps, l’armée américaine a entamé la construction d’une jetée au large du littoral du nord de Gaza, cette semaine, en coordination avec les Israéliens et avec USAID, l’agence de développement du département d’État américain.

 

Un millier de soldats et de marins américains seront impliqués dans le projet de jetée, ont déclaré de hauts responsables de l’armée. En attendant, Israël refuse toujours l’entrée à des milliers de camions, les empêchant d’emprunter les différentes voies routières de l’intérieur de Gaza et de distribuer ainsi nourriture, médicaments et autres fournitures dont la population a désespérément besoin.

 

Protestations en Cisjordanie

En Cisjordanie occupée, des centaines d’étudiants de l’Université de Birzeit, près de Ramallah, ont protesté contre une visite de l’ambassadeur d’Allemagne à l’Autorité palestinienne, et l’ont forcé de quitter le campus.

 

 

L’ambassadeur visitait le Musée de la Palestine, situé sur le campus même, en attendant d’y assister à une conférence en compagnie de représentants internationaux mais, mis au fait de sa présence, et puisque l’Allemagne reste une partisane majeure du génocide commis par Israël à Gaza, les étudiants l’ont chassé.

L’Allemagne reste le deuxième exportateur d’armes vers Israël, derrière les EU.

Mardi également, à Ramallah, des protestataires ont organisé une manifestation en face des bureaux du représentant du Canada auprès de l’Autorité palestinienne, afin de protester contre le rôle du Canada dans le soutien au génocide commis par Israël. Les services de sécurité et la police de l’Autorité palestinienne ont repoussé et malmené les manifestants.

Ceux-ci scandaient :

« Oh ! l’Autorité palestinienne, qu’est-ce qui ne va pas chez toi ? Je ne sais pas ce qui t’arrive. Tu arrêtes ceux qui ont de l’honneur, alors que les espions sont dans tes rangs. »

 

 

Un nombre record d’enfants palestiniens en détention administrative

 

Defense for Children International – Palestine (DCI-P) rapportait cette semaine que les forces israéliennes détenaient 61 enfants palestiniens en détention administrative.

L’organisation de défense des droits déclare :

« C’est un nombre record depuis que DCI-P s’est mis à enregistrer les enfants emprisonnés administrativement en 2008. La moitié au moins de ces enfants ont été arrêtés après le 7 octobre 2023, quand les forces israéliennes ont intensifié leurs opérations militaires dans toute la Cisjordanie occupée. »

Ayed Abu Eqtaish, directeur du programme de responsabilisation de DCI-P, a déclaré que, depuis le 7 octobre 2023,

« les forces israéliennes avaient intensifié leurs campagnes d’arrestation des enfants palestiniens et arrêté un nombre record d’enfants sans la moindre accusation ».

L’organisation de défense des droits affirme qu’environ un enfant palestinien détenu sur trois l’est sur ordonnance d’arrestation administrative, d’après une estimation du Service carcéral israélien (IPS). Fin mars, les forces israéliennes avaient incarcéré 194 enfants palestiniens.

L’augmentation du nombre d’enfants palestiniens soumis à la détention administrative coïncide avec les conditions alarmantes auxquelles sont confrontés les détenus palestiniens dans les prisons israéliennes, ajoute DCI-P.

La situation des prisonniers palestiniens n’a cessé d’empirer et les enfants font état de conditions particulièrement pénibles, depuis le 7 octobre.

La détention administrative est une forme d’emprisonnement sans accusation ni procès et elle est fréquemment utilisée par les autorités israéliennes pour arrêter les Palestiniens, y compris les enfants.

Les enfants palestiniens emprisonnés en recourant à des ordonnances d’arrestation administrative ne sont pas confrontés à des accusations et leur détention s’appuie sur des preuves secrètes qui ne sont révélées ni à l’enfant ni à son avocat, ce qui les empêche de préparer leur opposition juridique à la détention et à ses bases supposées.

 

Les activistes et les étudiants se dressent contre le génocide

Mardi, Medea Benjamin, de CODEPINK, a interrompu le secrétaire à la Défense, Lloyd Austin, au cours d’une réunion de la Chambre.

« Il ne m’était pas possible de l’écouter parler de leadership américain alors que le monde entier peut assister à la complicité des EU dans le génocide qui a lieu à Gaza »,

a-t-elle tweeté.

 

 

Et, finalement, mardi soir, à New York, des hordes de policiers, dont des flics anti-émeute à venus à bord d’un camion SWAT (Armes et tactiques spéciales), ont envahi le campus de l’Université de Columbia et se sont mis à arrêter avec une extrême violence des étudiants protestataires qui depuis deux semaines organisaient un campement afin d’exiger que l’université désinvestisse des sociétés tirant profit du génocide commis par Israël.

Les policiers ont également arrêté et tabassé avec une extrême violence des étudiants du City College de New York, non loin de Columbia.

 

 

 

Plus d’une centaine de campus de tout le pays ont organisé leurs propres campements afin d’exiger que cesse la complicité de leur université dans les crimes d’Israël.

Lundi soir, les étudiants de Columbia ont occupé la salle Hamilton, qu’ils ont rebaptisée du nom de Hind Rajab, la petite fille de six ans qui a été tuée par des soldats israéliens fin janvier à Gaza.

Hind était la seule survivante du massacre de sa famille dont tous les membres avaient été tués dans leur voiture au moment où ils tentaient d’évacuer de leur quartier. Mais, près de quinze jours plus tard, le corps de la petite fille avait été retrouvé aux côtés de ceux de ses proches dans la voiture, en même temps qu’avaient été retrouvés les corps des deux paramédicaux dans l’ambulance qui était venue pour lui porter secours.

La journaliste Lama al-Arian a filmé les flics du NYPD faisant irruption la nuit dernière dans le bâtiment de la salle Hind et forçant les manifestants à sortir avant de procéder à leur arrestation.

 

 

La journaliste Talia Jane a filmé le NYPD en train de procéder à des arrestations aux portes de l’Université de Columbia « alors que les étudiants, les enseignants et le personnel tentaient de protéger l’université ».

 

Mercredi matin, les Students for Justice in Palestine de Columbia ont déclaré que bon nombre d’étudiants de Columbia avaient été emmenés directement à l’hôpital en raison des blessures graves infligées par les hommes du NYPD, et plusieurs étudiants avaient le visage tuméfié suite aux nombreux coups qu’ils avaient reçus.

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La station de radio de l’Université de Columbia, WKCR, qui est gérée par les étudiants, a rapporté que l’administration avait demandé au Département de la Police de New York (NYPD) de ne pas simplement intervenir et arrêter les étudiants en recourant à la violence, mais aussi de rester sur le campus jusqu’à la mi-mai, c’est-à-dire après la remise des diplômes.

 

Pendant la nuit, à l’UCLA de Californie, les étudiants activistes disent que, sans surprise, la police était présente comme s’il s’était agi d’une horde de lyncheurs progénocidaires, qu’elle a attaqué le campement des étudiants, les a agressés physiquement, a fait exploser des pétards et a aspergé les tentes des étudiants de spray au poivre.

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Nous poursuivrons nos reportages sur la situation à Columbia et dans les campus des EU et d’ailleurs américains et mondiaux au moment où les étudiants, les activistes et les communautés se dressent contre le génocide et combattent la répression de l’État destinée à réduire ces soulèvements au silence.

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Publié le 2 mai 2024 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

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