Le génocide de Gaza entre dans son 11e mois alors qu’Israël provoque une guerre régionale

Israël a émis de nouveaux ordres de déplacement forcé à Gaza, tué un autre journaliste et massacré de nombreux civils de plus dans des écoles utilisées comme abris pour les Palestiniens déplacés. Pendant ce temps, le génocide entre dans son 11e mois.

 

1er août 2024. Des gens affligés prient autour des corps des Palestiniens tués lors d'attaques israéliennes contre Deir al-Balah, dans la partie centrale de Gaza.

1er août 2024. Des gens affligés prient autour des corps des Palestiniens tués lors d’attaques israéliennes contre Deir al-Balah, dans la partie centrale de Gaza. (Photo : Omar Ashtawy / APA images)

 

Maureen Clare Murphy, 7 août 2024

 

Les toutes dernières attaques contre les Palestiniens de Gaza ont eu lieu alors qu’une guerre régionale est imminente dans la foulée de l’assassinat à Téhéran, mercredi dernier, du dirigeant du Hamas Ismaïl Haniye et de l’assassinat à Beyrouth, quelques heures plus tôt, de Fuad Shukr, un haut commandant militaire du Hezbollah.

L’Iran comme le Hezbollah ont promis des représailles significatives.

Les dirigeants israéliens sont restés silencieux sur le rôle de leur pays dans l’assassinat de Haniyeh, bien que Tel-Aviv en soit largement tenu pour responsable. Israël a toutefois admis sa responsabilité dans l’assassinat de Shukr, décrit par le secrétaire général du Hezbollah, Hasan Nasrallah, comme un dirigeant fondateur de l’organisation lors des remarques qu’il a formulées mardi.

Le Hamas a annoncé mardi que Yahya Sinwar, l’ancien chef de la faction de Gaza, dont on croit qu’il est l’un des architectes de l’opération dévastatrice et sans précédent du 7 octobre, baptisée Déluge d’Al-Aqsa, allait succéder à Haniyeh comme chef du mouvement.

L’annonce en a sans doute surpris certains après que des médias régionaux ont suggéré que d’autres personnalités du Hamas, comme Khaled Meshaal ou Khalil al-Hayya, dont l’adjoint Saleh al-Arouri avait été assassiné à Beyrouth en janvier, seraient susceptibles de succéder à Haniyeh

 

Alors que le génocide entre dans son 11e mois, le Hamas a choisi Yahya Sinwar comme successeur à Ismaïl Haniyeh

 

Alors que Haniyeh était installé au Qatar et passait pour une figure plus modérée dans le mouvement, la succession de Sinwar a été perçue comme un message que le Hamas reste engagé dans la lutte armée et qu’il y a unité entre la direction de Gaza, la Cisjordanie, les détenus des prisons israéliennes et les Palestiniens de la diaspora.

Dans l’impossibilité de réunir le conseil décisionnel du Hamas (la Shura) avec sa direction au complet du fait que des dizaines de membres se trouvent à Gaza, il apparaît que Sinwar représente un choix consensuel avant une élection officielle, comme l’avait prévu l’analyste politique Hani al-Masri dans un commentaire donné à l’agence d’information AP.

La décision confirmait que « le processus décisionnel se situe à Gaza et sur le terrain », estime le commentateur Ibrahim Hamami, qui a ajouté qu’il y a là un « message clair » que des négociations en vue d’un cessez-le-feu et un échange y auront bel et bien lieu.

C’était également un signe de mécontentement à propos du rôle servile joué par les États arabes lors du génocide de Gaza, a déclaré Hamami, et un signe du renforcement des relations entre le Hamas et l’Iran, sur lequel la faction pourra s’appuyer en vue de la reconstruction, une fois que la guerre sera terminée.

Amal Saad, une spécialiste du Hezbollah, a expliqué que le choix de Sinwar montre non seulement un durcissement de la ligne dans les pourparlers de cessez-le-feu gazaouis avec Israël, mais qu’il

« adresse également un message résolu, sans la moindre compromission, à propos du paysage politique du « lendemain de guerre ».

Amal Saad a ajouté que cela impliquait

« que le Hamas avait assuré des engagements de la part de ses partenaires, lesquels garantissaient la permanence d’un soutien militaire bien affirmé ».

« Ce soutien est on ne peut plus significatif au vu de la possibilité très réelle d’un déroulement de scénario du pire – dans lequel Israël exploite les actions de représailles de l’Iran et du Hezbollah pour justifier le déclenchement d’une guerre totale contre l’Axe [de la Résistance] tout entier »,

a ajouté Amal Saad, faisant allusion aux groupes armés dans toute la région.

 

Plus de 300 jours de génocide

Le bureau gouvernemental des médias à Gaza a déclaré mardi que, depuis le début de l’offensive israélienne début octobre, plus de 39 650 décès avaient été enregistrés dans les hôpitaux, dont 16 365 enfants et plus de 11 000 femmes, ce qui indique que la grande majorité des Palestiniens tués étaient des civils. Quelque 10 000 personnes restent manquantes sous les décombres à moins que leurs corps n’aient pas encore été retirés des rues ou de certaines zones inaccessibles.

L’Euro-Med Human Rights Monitor (Euro-Med) estime qu’au moins 51 000 Palestiniens de plus sont morts à la suite du siège israélien contre Gaza et de la destruction délibérée du secteur médical dans le territoire, ainsi qu’en raison de la destruction généralisée des infrastructures et du déplacement massif des civils, ce qui a débouché sur la propagation de diverses maladies.

Près de trois douzaines d’hôpitaux et 68 centres de santé de Gaza ont été brutalement mis hors service en raison de l’offensive israélienne, laquelle a infligé quelque 33 milliards de dollars de « pertes initiales directes » partout, a ajouté le bureau gouvernemental des médias.

Après plus de 300 jours de génocide, a déclaré le même bureau des médias, plus de 91 500 personnes à Gaza ont été blessées, au moins 36 personnes sont mortes de faim, dans le même temps que 900 travailleurs médicaux et près de 80 membres de la défense civile ont été tués.

L’armée israélienne a largué 82 000 tonnes d’explosifs sur Gaza, selon le bureau, détruisant des maisons, des universités, des écoles, des mosquées, des églises, des bâtiments gouvernementaux, des centres de sports et de loisirs, des infrastructures hydrauliques et hygiéniques ainsi que des sites archéologiques et des sites du patrimoine.

Le bureau gouvernemental des médias a dit vendredi qu’en attendant, Gaza a connu 300 jours sans électricité après qu’Israël a coupé l’approvisionnement en énergie le 7 octobre et que la seule centrale électrique du territoire a été mise hors service quatre jours plus tard après être tombée à court de combustible.

Dans ce qui est largement cité comme une preuve des intentions génocidaires d’Israël, Ghassan Alian, le chef du corps militaire qui traite de l’administration civile de l’occupation, a déclaré début octobre qu’

« Israël a imposé un blocus total à Gaza : pas d’électricité, pas d’eau, rien que des destructions ».

« Vous vouliez l’enfer ? Vous aurez l’enfer ! »,

avait-il ajouté tout en comparant la population de Gaza à des « bêtes humaines ».

Israel Katz, le ministre israélien de l’électricité, a déclaré de même à la suite de la coupure du carburant début octobre que c’était ce qu’Israël voulait infliger

« à une nation d’assassins et de bouchers d’enfants. Ce qui a été ne sera pas. »

L’absence d’électricité a empêché le fonctionnement normal des infrastructures et services vitaux de la population de Gaza qui, avant la guerre, était de 2,3 millions de Palestiniens. Ceci comprend les sites médicaux, les sites hydrauliques et d’assainissement, les écoles, les minoteries et les boulangeries. La catastrophe environnementale qui en a résulté a permis la propagation de maladies et l’émergence du polio virus hautement infectieux et de la méningite.

 

 

Un journaliste tué

Le bureau gouvernemental des médias à Gaza a déclaré mardi que le nombre de journalistes tués dans le territoire depuis octobre dernier était passé à 166, après la mort, au cours d’une attaque israélienne, de Muhammad Issa Abu Saada, un correspondant et photographe travaillant pour plusieurs médias.

 

Muhammad Issa Abu Saada est le 166e journaliste assassiné par Israël, alors que le génocide entre dans son 11e mois

 

 

La semaine dernière, Israël avait délibérément tué le très éminent correspondant d’Al Jazeera, Ismaïl al-Ghoul, et le cameraman Rami al-Rifi lors d’une frappe aérienne à Gaza même. Khaled al-Shawa, un passant de 17 ans, avait lui aussi été tué par cette frappe.

Basma al-Shawa, la mère de l’adolescent tué, avait dit que son fils avait été tué alors qu’il allait apporter à manger à un vieil homme et elle avait fait savoir Washington Post que

« mon fils n’est pas qu’un numéro ».

Israël a tenté de justifier l’assassinat des deux journalistes en accusant al-Ghoul d’avoir participé à l’attaque du 7 octobre « tout en travaillant comme journaliste pour Al Jazeera », bien qu’il n’ait rallié le réseau qu’en novembre. Un porte-parole de l’armée israélienne a prétendu qu’un dossier d’un ordinateur du Hamas montrait qu’al-Ghoul était « un ingénieur de la Brigade de Gaza du Hamas ».

Le réseau médiatique Al Jazeera a rejeté ces accusations comme étant « sans fondement » et a mis le doigt sur

« la longue histoire d’Israël dans l’utilisation d’affabulations et de fausses preuves dans le but de couvrir ses crimes de haine ».

Il a fait remarquer qu’Israël refusait aux journalistes internationaux l’accès à Gaza, les empêchant de la sorte de réaliser des rapports sur

« la détérioration des conditions humanitaires et de la souffrance »

sur place.

L’accusation à l’encontre d’al-Ghoul était un écho des tentatives de justification par Israël de précédentes attaques visant du personnel d’Al Jazeera.

En janvier, une frappe israélienne tuait Hamza Dahdouh, un journaliste, fils du chef de diffusion du bureau de Gaza. Mustafa Thuraya, un opérateur de drone, était tué en même temps que Hamza Dahdouh et que leur chauffeur, après qu’ils avaient utilisé

« un drone pour enregistrer les suites d’une frappe de l’aviation israélienne au sud de Khan Younis »,

selon une enquête du Washington Post.

Le correspondant d’Al Jazeera, Ismaïl Abu Omar, a été grièvement blessé lors d’une attaque israélienne délibérée en janvier, mais il a survécu.

Irene Khan, la rapporteuse spéciale de l’ONU sur la liberté d’opinion et d’expression, a condamné l’assassinat d’al-Ghoul et d’al-Rifi et a déclaré :

« L’armée israélienne semble considérer des accusations dénuées de la moindre preuve substantielle comme une autorisation de tuer des journalistes, ce qui contrevient totalement aux lois internationales humanitaires. »

Une déclaration de Khan faisait remarquer

« l’interdiction totale d’Al Jazeera en Israël et la virulente campagne de diffamation contre le diffuseur »

et elle demandait à la Cour pénale internationale

« de se hâter de poursuivre l’assassinat de journalistes en tant que crime de guerre ».

 

Des écoles et une cour d’hôpital sous attaque

Mercredi 3 août, Israël a émis de nouvelles ordonnances de déplacement forcé dans les zones déjà durement touchées de Beit Hanoun et de Beit Lahiya, dans le nord de Gaza, enjoignant aux résidents d’évacuer vers les refuges situés dans le centre-ville de Gaza. Les médias locaux ont prévenu qu’

« une opération ‘à grande échelle’ de l’armée israélienne était censée y débuter très bientôt »,

a rapporté Al Jazeera.

Les Palestiniens dans la partie centrale de Gaza se préparaient eux aussi à une invasion israélienne, suite à des

« attaques aériennes concentrées »

sur la zone, attaques

« accompagnées ces tout derniers jours de tirs d’artillerie lourde »,

rapportait encore Al Jazeera mercredi.

Dans le centre de Gaza, Deir al-Balah, qui est aujourd’hui densément peuplé de personnes déplacées d’autres régions de l’enclave, est la seule ville du territoire qui soit restée en grande partie intacte,

« avec des bâtiments dans lesquels les gens peuvent s’abriter »,

a ajouté l’émetteur.

« Mais, maintenant, précisément, on craint de plus en plus que les attaques répétées contre Deir el-Balah ne soient un signe que cette zone, et principalement la région centrale, pourrait de toute imminence faire l’objet d’une attaque à grande échelle et d’une invasion plus importante »,

estime Hani Mahmoud, un correspondant d’Al Jazeera.

Trois Palestiniens ont été tués dans une maison du quartier d’al-Tuffah à Gaza, rapportait Reuters mercredi.

Le même jour, plusieurs Palestiniens ont été tués par une frappe israélienne sur une tente qui hébergeait des Palestiniens déplacés à l’est de Khan Younis, fait savoir Al Jazeera.

Le journaliste Anas al-Sharif rapportait que, parmi les victimes, se trouvaient une femme et un enfant dont les corps ont été brûlés dans l’incendie provoqué par le bombardement :

Mercredi également, quatre Palestiniens au moins ont été tués lors d’une attaque israélienne dans l’ouest de Khan Younis, « une zone très mouvementée », a rapporté Al Jazeera.

Samedi et dimanche, Israël a bombardé trois écoles abritant des personnes déplacées. Des dizaines de Palestiniens ont été tués.

On rapporte que samedi, au moins 17 Palestiniens, dont des femmes et des enfants, ont été tués par une frappe sur l’école de Hamama, dans le quartier de Sheikh Radwan, à Gaza même.

Dimanche, au moins 30 Palestiniens ont été tués lors de frappes contre les écoles al-Nasser et Hasan Salama dans le quartier de Nasser. Seize autres personnes ont été portées manquantes sous les décombres de l’école al-Nasser, a fait savoir la Défense civile palestinienne.

Le même jour, cinq Palestiniens ont été tués et 15 autres blessés par une frappe israélienne visant des tentes dans la cour de l’hôpital des Martyrs d’Al-Aqsa à Deir Al-Balah. Des milliers de personnes déplacées se trouvaient sur place au moment de l’attaque, qui a eu lieu sans le moindre avertissement, selon l’organisation Physicians for Human Rights – Israel (Médecins pour les droits humains).

Le génocide à Gaza se poursuit : Israël bombarde des tentes dans la cour d'un hôpital

 

La frappe contre les personnes déplacées réfugiées à l’hôpital a eu lieu le même jour que celui où l’armée israélienne a émis de nouvelles ordonnances de déplacement forcé de Palestiniens dans certaines parties de Khan Younis, la plus grande ville dans le sud de Gaza.

L’UNRWA, l’agence de l’ONU pour les réfugiés de Palestine, a déclaré samedi que

« les gens à Gaza sont constamment déplacés, ils vivent dans des tentes sous un soleil brûlant et ils n’ont qu’un accès minimum à l’eau potable ».

Le bureau des droits humains de l’ONU a déclaré lundi qu’il était

« horrifié par le modèle qui se déroulait dans l’escalade »

des attaques israéliennes contre les écoles utilisées comme abris.

« Les frappes contre au moins 17 écoles le seul mois écoulé ont tué, dit-on, au moins 163 Palestiniens, y compris des femmes et des enfants »,

a déclaré le bureau de l’ONU, ajoutant que cela montre

« l’incapacité de respecter les principes de distinction, de proportionnalité et de précautions lorsqu’on effectue ces attaques ».

Euro-Med a déclaré que

« l’armée israélienne crée systématiquement un environnement coercitif en bombardant directement, de façon répétée et avec la plus grande violence des maisons, des quartiers résidentiels et des centres d’accueil. »

 

Israël restitue des corps qu’il a « profanés »

Israël a transféré les restes en décomposition de 89 personnes dont les corps avaient été manipulés de façon indigne, a déclaré lundi le bureau gouvernemental des médias.

Yamen Abu Suleiman, le directeur du Service d’urgence civil palestinien à Khan Younis, a déclaré aux médias qu’Israël n’avait fourni aucune information sur les « noms, âges ou quoi que ce soit » des corps restitués et qu’on ne voyait pas clairement s’ils avaient été exhumés des cimetières ou s’ils appartenaient à des « détenus qui avaient été torturés et tués ».

« Il a ajouté que les corps seraient examinés dans une tentative en vue de déterminer les causes de la mort et de les identifier avant de les enterrer en fosse commune dans un cimetière à proximité de l’hôpital Nasser de Khan Younis »,

a rapporté Reuters.

Les forces israéliennes se sont emparées de plus de 2 000 dépouilles humaines dans les cimetières de Gaza, lors de l’offensive militaire terrestre, s’il faut en croire le bureau gouvernemental des médias du territoire.

Israël avait précédemment renvoyé des corps à Gaza

« après avoir confirmé que ce n’étaient pas des otages israéliens capturés par le Hamas »,

selon Reuters.

Le bureau gouvernemental des médias à Gaza a déclaré dimanche qu’Abd al-Fattah al-Zriei, le vice-ministre de l’Économie du territoire, avait été tué en compagnie de sa mère par une frappe israélienne sur une maison de Deir al-Balah.

L’armée israélienne avait prétendu sans la moindre justification qu’al-Zriei était

« impliqué dans le département manufacturier »

de l’aile militaire du Hamas et qu’il

« empêchait l’aide humanitaire de parvenir aux civils gazaouis »

– une reconnaissance tacite qu’al-Zriei avait été délibérément assassiné.

Le lendemain du jour où l’armée israélienne avait prétendu qu’al-Zriei avait détourné de l’aide, l’empêchant ainsi de parvenir aux nécessiteux de Gaza, Bezalel Smotrich, le ministre israélien des Finances, s’était plaint en disant :

« Personne ne nous permettra de provoquer la mort de faim de deux millions de civils, même si cela était justifié et moral, tant que nos otages ne seront pas revenus. »

Smotrich a déclaré que « la légitimité internationale de cette guerre » consistait à empêcher Israël d’agir de la sorte.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou et ses alliés d’extrême droite, tel Smotrich, sont perçus au sein de l’establishment israélien de la défense et son équipe de négociateurs, de même que par ses alliés à l’étranger, comme le principal obstacle à un accord de cessez-le-feu négocié qui garantirait la libération du reste des captifs à Gaza – surtout après l’assassinat de Haniyeh, un interlocuteur clé du Hamas, dans ces pourparlers.

Un accord pour mettre fin à la guerre est également nécessaire pour empêcher la poursuite de l’escalade entre Israël et le Hezbollah, après que ce dernier a réitéré sa position disant que la désescalade ne viendrait qu’une fois le bain de sang terminé à Gaza.

 

Nasrallah parle d’une « bataille existentielle »

Lors de son discours, mardi, Nasrallah, le chef du Hezbollah, a déclaré qu’à en juger d’après les actions d’Israël à Gaza,

« il est clair que Netanyahou ne veut pas d’un cessez-le-feu et qu’il ne veut pas mettre un terme à la guerre ».

Il a ajouté que le plan d’Israël à Gaza était de déraciner la population et de la forcer à la soumission tout en consolidant son emprise sur les terres de la Palestine historique, des hauteurs du Golan et des fermes de Shebba.

Si Israël et les EU

« voulaient concrétiser la victoire sur la résistance à Gaza, en Cisjordanie et dans la région »,

a mis en garde Nasrallah, cela signifierait qu’il n’y aurait pas de dissuasion contre l’État génocidaire

« en liberté dans la région ».

« Aujourd’hui, la région est confrontée à de réels dangers, tout le monde doit comprendre la nature de cette bataille actuelle »,

a insisté Nasrallah.

« Si le gouvernement [israélien] voulait concrétiser la victoire dans la bataille de Gaza et de la Cisjordanie, cela signifierait qu’il n’existerait ni Palestine, ni peuple palestinien, ni réfugiés palestiniens. »

« Même la mosquée al-Aqsa, dont les musulmans disent que c’est notre première qibla, notre sanctuaire sacré (…) courrait un grave danger »,

a-t-il ajouté.

La défaite de la résistance face aux ambitions d’Israël mettrait en danger la souveraineté du Liban, alors que le régime de Jordanie, perçu par Netanyahou et ses alliés d’extrême droite comme un lieu alternatif pour les Palestiniens,

« deviendrait quelque chose qui appartient au passé ».

« Je parle des dangers actuels, pas des dix années à venir »,

a dit Nasrallah.

Mais une défaite de la résistance n’est surtout pas une affaire entendue.

« Rien n’a changé : Les captifs n’ont pas été restitués, la résistance de Gaza n’a pas été éliminée »,

a déclaré Nasrallah. Au contraire, a-t-il ajouté, l’armée d’Israël s’épuise alors que son économie souffre et que les divisions sociales et politiques au sein du pays s’intensifient.

« Ainsi donc, il existe un horizon, à cette bataille »,

a encore dit Nasrallah, ajoutant que

« le sort de la région se détermine maintenant ».

Comme s’ils voulaient souligner les mises en garde de Nasrallah contre le danger posé par Tel-Aviv, les gens de Beyrouth ont fait état de bangs soniques des avions israéliens quelques minutes avant son discours télévisé.

« Les bangs retentissants ont incité les résidents à ouvrir en toute hâte leurs fenêtres afin d’empêcher les vitres de voler en éclats, ou ils sont allés sur leurs balcons pour regarder les avions qui les survolaient »,

a ajouté l’agence de presse.

Le discours de Nasrallah a eu lieu juste une semaine après l’assassinat du haut commandant militaire de l’organisation de résistance, Fuad Shukr. Israël a fait savoir qu’il avait tué Shukr en guise de représailles pour ce qu’il présenté comme une frappe de roquette du Hezbollah ayant tué 12 enfants à Majdal Shams, une ville syrienne dans les hauteurs du Golan occupées, à la fin du mois dernier.

Le Hezbollah a déclaré qu’il n’était lié en aucune façon à l’explosion de Majdal Shams. Dans un discours prononcé la semaine dernière, Nasrallah a rejeté le blâme sur un intercepteur de missile défaillant du côté israélien.

Un peu plus tôt, ce même mardi, le Hezbollah a déclaré qu’

« il avait lancé un essaim de drones d’attaque contre deux sites militaires à proximité d’Acre, dans le nord d’Israël, et qu’il avait également attaqué un véhicule militaire israélien dans un autre endroit »,

a fait savoir Reuters.

Plusieurs personnes ont été blessées – dont l’une est dans un état critique – par un intercepteur

« qui a manqué sa cible et a percuté le sol »,

a expliqué l’armée israélienne.

Nasrallah n’a rien divulgué du tout sur la nature ou le timing de la riposte du Hezbollah à l’assassinat de Shukr mais il a dit qu’elle

« serait forte, efficace et pleine d’impact ».

Un porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères a déclaré lundi que Téhéran

« cherchait à établir la stabilité dans la région, mais que ce ne serait envisageable qu’après avoir puni l’agresseur et instauré une dissuasion à l’aventurisme du régime sioniste ».

 

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Maureen Clare Murphy est rédactrice en chef de The Electronic Intifada.

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Publié le 7 août 2024 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

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