L’arme américaine du massacre à l’école de Gaza a tué plus de 100 personnes

Samedi, selon les officiels de Gaza, Israël a tué au moins 100 Palestiniens dans une école utilisée comme refuge pour personnes déplacées dans le centre de la ville de Gaza.

 

Des Palestiniens recherchent les victimes d'une attaque israélienne qui a tué plus de 100 personnes dans une école de Gaza, le 10 août. (Photo : Mahmoud Zaki / UPI)Des Palestiniens recherchent les victimes d'une attaque israélienne qui a tué plus de 100 personnes dans une école de Gaza, le 10 août. (Photo : Mahmoud Zaki / UPI)

Des Palestiniens recherchent les victimes d'une attaque israélienne qui a tué plus de 100 personnes dans une école de Gaza, le 10 août. (Photo : Mahmoud Zaki / UPI)

Des Palestiniens recherchent les victimes d'une attaque israélienne qui a tué plus de 100 personnes dans une école de Gaza, le 10 août. (Photo : Mahmoud Zaki / UPI)
Des Palestiniens recherchent les victimes d'une attaque israélienne qui a tué plus de 100 personnes dans une école de Gaza, le 10 août. (Photo : Mahmoud Zaki / UPI)

Des Palestiniens recherchent les victimes d'une attaque israélienne qui a tué plus de 100 personnes dans une école de Gaza, le 10 août. (Photo : Mahmoud Zaki / UPI)
Des Palestiniens recherchent les victimes d'une attaque israélienne qui a tué plus de 100 personnes dans une école de Gaza, le 10 août.

Des Palestiniens recherchent les victimes d’une attaque israélienne qui a tué plus de 100 personnes dans une école de Gaza, le 10 août. (Photo : Mahmoud Zaki / UPI)

 

Maureen Clare Murphy, 11 août 2024

L’attaque a eu lieu un jour après que les chars israéliens sont revenus à Khan Younis, la plus grande ville du sud de Gaza, forçant ainsi les familles épuisées par la guerre à fuir une nouvelle fois vers l’inconnu.

Israël a largué des tracts sur la partie orientale de Khan Younis, ordonnant aux habitants et aux personnes déplacées réfugiées dans la ville d’« évacuer vers une zone qui a déjà assisté à maintes reprises à des vagues de combats », a rapporté Reuters.

 

 

Vendredi, le Bureau de l’ONU pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a déclaré que,

« au cours des 72 heures écoulées, des milliers de Palestiniens se sont déplacés vers l’ouest de Khan Younis et l’ouest de Deir al-Balah ».

Un grand nombre d’entre eux espéraient trouver refuge à al-Mawasi, une zone côtière dans le sud de l’enclave où, vendredi, une frappe de l’aviation israélienne a tué au moins six Palestiniens, dont les journalistes Tamim Abu Muamar et Abdullah al-Sousi.

En début de semaine, le 5 août, on a signalé que huit Palestiniens, dont cinq policiers, ont été tués quand un véhicule de la police utilisé pour distribuer de l’aide a été pris pour cible à Deir al-Balah.

Le 7 août, Nadi Salout, un père de quatre jeunes enfants et membre de l’équipe de World Central Kitchen, a été tué par une frappe de l’aviation israélienne près de Deir al-Balah, a rapporté l’organisation.

 

 

L’ONG de Washington a déclaré que Nadi Salout était le huitième de ses employés à être tué à Gaza, après que sept autres membres de son équipe avaient été tués au cours de frappes successives d’Israël contre ses véhicules, le 1er avril.

Au moins 287 travailleurs humanitaires ont perdu la vie à Gaza depuis le 7 octobre.

 

Une école attaquée sans le moindre avertissement

Le Bureau gouvernemental des médias à Gaza a déclaré que plus de 100 personnes avaient été tuées lors de l’attaque de samedi contre l’école Tabaeen, attaque qui a eu lieu sans avertissement au moment des prières de l’aube.

L’école est située à al-Daraj, un quartier dans le centre de la ville de Gaza. Le 7 août, Israël a émis des ordres d’évacuation dans le nord de Gaza, enjoignant aux habitants de certaines zones, dont Beit Lahiya et Beit Hanoun, de se rendre dans des abris situés au centre de la ville de Gaza – la zone qui a donc été ciblée ce samedi.

Lors d’une conférence de presse, Mahmoud Basal, porte-parole de la Défense civile palestinienne, a dit qu’au moins 93 personnes avaient été tuées, dont 6 femmes et 11 enfants.

Un grand nombre de ces morts étaient déchiquetés ou brûlés au-delà de toute possibilité de reconnaissance, comme le montrent une vidéo et des photos particulièrement horribles du carnage. D’autres personnes présentes à l’école sont toujours portées disparues après le massacre.

 

Le carnage dans une école de Gaza

 

Une vidéo diffusée par Al Jazeera montrait ce que le correspondant du diffuseur Anas al-Sharif qualifiait de scène « indescriptible » au moment où une caméra effectuait un panoramique dans une salle contenant de nombreux corps mis en pièces :

 

Le carnage dans une école de Gaza

 

La porte-parole de la Défense civile a expliqué qu’environ 350 familles s’étaient réfugiées dans l’école Tabaeen au moment où elle a été touchée par des frappes à l’étage supérieur, utilisé pour héberger des personnes déplacées, alors que l’étage inférieur faisait office de mosquée.

 

Le carnage dans une école de Gaza

 

Un modèle d’attaque contre les refuges

La frappe meurtrière de samedi était la dernière d’une série d’attaques meurtrières contre des sites hébergeant des personnes déplacées.

Le porte-parole de la Défense civile a déclaré qu’Israël avait déjà attaqué 13 refuges depuis le début du mois d’août.

L’Euro-Med Human Rights Monitor (Euro-Med) a expliqué vendredi qu’en huit jours Israël avait attaqué neuf écoles utilisées comme refuges dans le ville de Gaza, tuant près de 80 Palestiniens et en blessant plus de 140 autres.

D’autres victimes

« ont été enterrées sous les décombres et n’ont pu être retrouvées en raison du manque d’outils nécessaires »,

a ajouté l’organisation dont le siège se trouve à Genève.

Le bureau de l’ONU pour les droits humains a déclaré que l’attaque de samedi était

« au moins la 21e frappe contre une école, chacune servant de refuge (…) depuis le 4juillet ».

Le bureau de l’ONU a ajouté que

« ces frappes se sont traduites par au moins 274 tués, dont des femmes et des enfants ».

 

La tentative de justification de la part d’Israël

Israël a prétendu qu’il avait tué 19 agents du Hamas et du Djihad islamique palestinien au cours de l’attaque et il a accusé les organisations de résistance d’utiliser l’école comme centre de commandement – répétant ainsi de précédentes tentatives en vue de justifier les frappes contre les écoles, les hôpitaux et autres cibles civiles.

Le principal porte-parole de l’armée israélienne a affirmé sans preuve que le nombre de victimes annoncé par les officiels palestiniens était fortement exagéré.

« Cela a été vérifié par les renseignements et la frappe a été effectuée en utilisant trois petites munitions précises qui ne peuvent provoquer des dégâts de l’ampleur prétendue par les Palestiniens »,

a dit le porte-parole.

Mais, malgré les déclarations israéliennes disant que des mesures avaient été prises afin d’éviter de porter préjudice aux civils, le bureau de l’ONU pour les droits humains a déclaré que les « attaques systématiques » contre les refuges

« suggèrent une incapacité à respecter strictement les obligations imposées par les lois internationales humanitaires, y compris les principes de distinction, de proportionnalité et de précautions dans les attaques ».

Les attaques contre les refuges ont lieu

« dans un contexte où plus de 90 pour 100 de la population de Gaza a été déplacée et alors que l’armée israélienne continue de faire sauter des immeubles résidentiels et de restreindre l’entrée et la distribution de l’aide humanitaire »,

a ajouté le bureau de l’ONU.

En faisant remarquer la fréquente allégation d’Israël disant que les refuges ciblés étaient utilisés par les organisations armées palestiniennes, le bureau de l’ONU a dit que cela ne dégageait pas Israël de son

« obligation de s’en tenir strictement »

aux lois de la guerre.

 

Le Hamas rejette les allégations israéliennes

Dans une déclaration publiée sur son réseau Telegram, le Hamas a rejeté les allégations israéliennes en disant qu’aucun militant ne se trouvait à l’école Tabaeen et que ses combattants ont pour ordres stricts de ne pas se rassembler parmi des civils de façon

« à leur épargner d’être ciblés par les sionistes ».

Euro-Med a dit également que son enquête initiale indiquait qu’il n’y avait aucune présence de quelque organisation armée que ce soit à l’école, dont on a dit qu’elle hébergeait plus de 2 500 personnes déplacées.

« L’école hébergeait des centaines d’enfants dont les familles se sentaient en sécurité, en cet endroit, hors du danger, selon des témoignages de survivants »,

a déclaré l’organisation.

Ramy Abdu, directeur d’Euro-Med, a déclaré que certains des agents supposés du Hamas et du Djihad islamique palestinien qu’Israël prétend avoir visés samedi à l’école Tabaeen avaient en fait été tués en d’autres endroits les jours précédents.

Le Hamas a expliqué que les allégations d’Israël étaient des affabulations, puisqu’il cible des sites civils et qu’il intensifie ses attaques contre les personnes déplacées avec

« le soutien direct des EU », ce qui fait de Washington « un partenaire à part entière de ces massacres et crimes ».

Khalil al-Hayya, un haut responsable du Hamas, a déclaré samedi que les crimes horribles d’Israël à Gaza, qui reçoivent le feu vert de Washington, visent à pousser les Palestiniens hors du territoire.

 

Des armes américaines

De nombreux observateurs ont fait remarquer le timing de ce massacre particulièrement horrible, succédant à dix mois d’atrocités incessantes, par rapport à la déclaration faite par les EU, le Qatar et l’Égypte, donnant à Israël et au Hamas l’ultime délai du 15 août pour reprendre les négociations en vue d’un cessez-le-feu et d’un accord d’échange de prisonniers.

L’attaque meurtrière qui a détruit les corps de dizaines de Palestiniens a aussi eu lieu un jour après que le département d’État américain a annoncé que Washington allait fournir à Israël pour 3,5 milliards de dollars d’armes et d’équipements militaires américains supplémentaires.

En avril dernier, le Congrès avait approuvé un financement additionnel de 14 milliards de dollars pour Israël.

CNN a rapporté qu’

« au moins une bombe de fabrication américaine et guidée avec précision »

avait été utilisée samedi lors de la frappe contre l’école de Gaza.

« Des prises de vue extraites réalisées par après par CNN montraient des parties d’un engin explosif dont Trevor Ball, un ancien technicien de l’armée américaine en neutralisation des explosifs et munitions, a confirmé qu’elles appartenaient bien à une bombe GBU-39 de petit diamètre »,

a ajouté la chaîne américaine, faisant remarquer que cette munition était manufacturée par Boeing.

Dans une déclaration attribuée au porte-parole du Conseil de la sécurité nationale, Sean Savett, la Maison-Blanche a dit qu’elle était

« profondément inquiète à propos des rapports sur les victimes civiles »

qui ont suivi la frappe israélienne sur l’école Tabaeen.

La déclaration répétait l’affirmation israélienne non fondée disant que

« le Hamas utilisait des écoles comme lieux de rassemblement et centres d’opération, mais nous avons également dit et répété avec insistance qu’Israël devait prendre des mesures pour minimiser les nuisances aux civils ».

Le fait que la Maison-Blanche a répété le prétexte israélien au carnage visait à

« couvrir les EU contre leur propre complicité dans ce massacre »,

a déclaré le journaliste Mohammad Alsaafin.

« On ne cible pas des ‘hauts responsables du Hamas’ en attendant que des gens ordinaires convergent vers un espace de prière pour y prier tous ensemble, puis en bombardant cette partie spécifique de l’école »

a ajouté Mohammad Alsaafin.

En tout cas, ces derniers jours, les EU ont adressé de multiples signaux afin de renforcer la perception par Israël qu’il n’y a pas de lignes rouges une fois qu’il est question de sa campagne d’anéantissement à Gaza.

 

L’hôpital Al-Ahli submergé de victimes

Fadel Naim, directeur de l’hôpital baptiste Al-Ahli à Gaza même, a déclaré que son établissement

« avait reçu des dizaines de corps (…) d’autres qui avaient subi des amputations et présentaient de graves brûlures ainsi que des amas de chairs et d’os disparates de personnes qui n’ont pu être identifiées »,

à la suite de l’utilisation d’armes « de précision » contre l’école.

L’un des cas les plus déchirants du massacre israélien de l’école Al-Tabeen auquel nous avons été confrontés à l’hôpital baptiste Al-Ahli en Gaza est celui d’un garçon de 16 ans avec les jambes écrasées, la main gauche sectionnée et de graves blessures sur le corps. Alors que nous commencions l’opération d’urgence, j’ai été horrifié de trouver la tête brisée d’une autre personne parmi les os de ses jambes – reconnaissable uniquement à sa bouche et à son menton. C’était une scène au-delà de ce que le cœur peut supporter. Malgré tous nos efforts, une hémorragie importante lui a coûté la vie pendant l’opération. Nous avons remis son corps à sa famille !!!! Il y a des dizaines d’autres personnes souffrant de blessures similaires, et à chaque instant qui passe, nous perdons une autre âme.

L’hôpital submergé ne fonctionne plus que partiellement après avoir été forcé d’évacuer par l’armée israélienne le mois dernier.

En octobre, l’hôpital avait été la scène d’un massacre semblable à ce qui s’est passé ce samedi à l’école Tabaeen. Israël avait rejeté le blâme de la frappe d’octobre sur lancement de roquette raté du Djihad islamique palestinien, qui avait nié sa responsabilité dans l’affaire.

Des enquêtes indépendantes menées à distance avaient contredit les allégations d’Israël concernant le massacre de l’hôpital al-Ahli.

Israël a refusé l’accès à Gaza aux enquêteurs et journalistes étrangers pendant toute la durée de son offensive, aujourd’hui dans son onzième mois, et, au cours de cette période, son armée a tué quelque 170 journalistes palestiniens dans le territoire.

Le ministère palestinien de la Santé à Gaza a déclaré samedi qu’au moins 39 790 personnes avaient été tuées et 92 000 blessées dans le territoire depuis le début octobre 2023.

Quelque 10 000 personnes de plus restent manquantes sous les décombres, à moins que leurs corps n’ont pas encore été retrouvés dans les rues ou dans les zones inaccessibles.

Euro-Med estime qu’au moins 51 000 Palestiniens de plus sont morts des suites du siège d’Israël contre Gaza et de la destruction délibérée du secteur médical dans tout le territoire, ainsi que de la destruction généralisée des infrastructures et des déplacements massifs de civils, qui ont débouché sur la propagation de toute une série de maladies.

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Maureen Clare Murphy est rédactrice en chef de The Electronic Intifada.

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Publié le 11 août 2024 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

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