Israël exploite les demandeurs d’asile africains en tant que main-d’œuvre militaire à Gaza
Selon Haaretz, il est « interdit de publier » quoi que ce soit sur la manière dont l’armée israélienne déploie les demandeurs d’asile.
Équipe de la rédaction, 15 septembre 202
L’armée israélienne recrute des demandeurs d’asile africains qui rejoignent ses rangs afin d’aller combattre à Gaza. En contrepartie, elle leur promet son aide en vue d’obtenir un statut de résidence permanente en Israël, rapporte Haaretz ce 15 septembre.
Commentant l’article publié dans le quotidien « libéral » israélien, des responsables de la Défense ont affirmé que
« le projet était dirigé de façon organisée, selon les directives des conseillers juridiques de l’establishment de la Défense ».
Après de début de la guerre d’Israël contre Gaza, le 7 octobre,
« les responsables de la Défense ont compris qu’ils pouvaient utiliser l’aide des demandeurs d’asile et, en guise d’encouragement, exploiter leur désir d’obtenir un statut permanent en Israël ».
Toutefois, les autorités israéliennes n’ont pas accordé ce statut permanent à tous les demandeurs d’asile qui jusqu’à présent ont été volontaires pour aller combattre à Gaza, et elles refusent de dire exactement comment ces nouvelles recrues sont utilisées.
« Aucun demandeur d’asile ayant contribué à l’effort de guerre ne s’est vu accorder de statut officiel »,
écrivait Haaretz, bien qu’ils aient risqué leur vie. Dans un même temps, il est « interdit de publier » quoi que ce soit sur la manière dont l’armée déploie ces demandeurs d’asile.
Haaretz a mentionné le cas d’un Africain qui a demandé qu’on ne le désigne que par une initiale, A. L’homme est arrivé en Israël à l’âge de 16 ans. Afin d’éviter la déportation, il lui a fallu renouveler périodiquement son statut de résidence temporaire auprès de l’Autorité de la population et de l’immigration du ministère de l’Intérieur.
Après que la guerre a commencé, A a reçu un appel téléphonique d’une personne se prétendant officier de police.
« Ils m’ont dit qu’ils cherchaient des gens spéciaux qui rallieraient l’armée. Ils m’ont dit que c’était une question de vie ou de mort pour Israël »,
a-t-il dit à Haaretz.
L’homme lui a dit que, s’il était repêché, il y aurait une période de formation de deux semaines et qu’il recevrait un salaire égal à celui qu’il gagnait à son boulot actuel.
« J’ai demandé : ‘Qu’est-ce que je vais obtenir ?’ Même si je ne cherchais pas vraiment quelque chose. Mais il m’a dit alors : ‘Si vous le faites, vous pouvez recevoir des documents de l’État d’Israël.’ Il m’a demandé de lui envoyer une photocopie de ma CI et m’a dit qu’il allait s’occuper de tout cela. »
Peu avant le début de la formation, A a changé d’avis.
« Je voulais y aller, et j’étais très sérieux à ce propos, mais j’ai pensé alors : ‘Rien que deux semaines de formation et ensuite faire partie de l’effort de guerre ? Je n’ai jamais touché un fusil de ma vie.’ »
Selon la Société hébraïque d’aide aux immigrants (HIAS), quelque 45 000 demandeurs d’asile africains vivent actuellement en Israël. La plupart sont des hommes jeunes qui perçoivent de bas salaires pour des boulots dont les Israéliens ne veulent pas.
Une très grande partie viennent des pays ravagés par la guerre, comme l’Érythrée et le Soudan. Ils ont traversé le désert du Sinaï et sont entrés en Israël par vagues entre les années 2005 et 2012.
En 2012, Israël a installé une clôture frontalière le long de la frontière avec l’Égypte, ce qui a mis un terme à l’afflux. Une centaine de personnes à peine sont entrées en Israël depuis lors.
Début 2018, Israël a adopté un plan en vue d’expulser des dizaines de milliers de demandeurs d’asile africains.
Le Premier ministre Netanyahou a fait remarquer qu’après avoir installé la clôture à la frontière égyptienne et déporté environ 20 000 migrants africains par le biais de divers accords, Israël avait atteint le troisième stade de ses efforts – « l’éloignement accéléré ».
« Cet éloignement a lieu grâce à un accord international auquel je suis parvenu et qui nous donne la possibilité d’éloigner les 40 000 infiltrés restants, et ce, sans leur consentement »,
a-t-il dit aux ministres.
Le gouvernement israélien désigne également comme « infiltrateurs » les Palestiniens qui, après la Nakba de 1948, cherchent à regagner leurs foyers dans ce qui constitue aujourd’hui Israël.
E,n cette année 1948, les milices sionistes avaient recouru à des massacres et à des viols pour nettoyer ethniquement quelque 750 000 Palestiniens de leurs foyers, les transformant en réfugiés à Gaza, en Cisjordanie, en Jordanie, au Liban et en Syrie afin de libérer de l’espace pour les réfugiés et immigrants juifs venus du monde entier.
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Publié le 15 septembre 2024 sur The Craddle
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine