Le Hezbollah sur la corde raide : Aider Gaza tout en protégeant le Liban d’un génocide

Aujourd’hui, une fois de plus, le Liban saigne…  Mais comment pouvons-nous comprendre ce qui se passe ? Et ce qui est susceptible de se produire ?

 

: Les funérailles d'un commandant du Hezbollah.

Les funérailles d’un commandant du Hezbollah.


Dyab Abou Jahjah
, 20 septembre 2024

Dès le 8 octobre, avec Gaza en état de siège et confronté à d’incessantes frappes aériennes et à des pertes civiles massives, le Hezbollah a assumé un rôle de défenseur en ouvrant un autre front en vue d’imposer à Israël un conflit à deux volets.

Le message est clair. Le Hezbollah ne restera pas passif alors que Gaza est soumis à une brutalité sans nom. Mais il a également choisi délibérément de limiter ses attaques à des cibles militaires, signalant ainsi qu’il ne veut pas d’une escalade vers une guerre totale.

Cette stratégie duale est le reflet d’un dilemme. D’une part, le Hezbollah ne peut rester les bras croisés alors qu’Israël intensifie sa campagne génocidaire contre Gaza. En tant qu’acteur clé de l’axe de la résistance, il est forcé d’agir. Nasrallah a expliqué clairement que le Hezbollah va continuer de s’opposer à Israël tant que persistera l’agression contre Gaza.

D’autre part, le Hezbollah ne veut pas d’une guerre avec Israël parce qu’il reconnaît qu’Israël a emprunté une voix génocidaire et que ce qui se passe à Gaza pourrait très bien se passer au Liban aussi.

Israël ne fait pas la guerre en respectant les règles établies ou les normes morales. Au lieu de cela, il mène des campagnes d’une insigne lâcheté à partir des airs ou par le biais de stratégies trompeuses. Cela signifie que des dizaines de milliers de Libanais pourraient être massacrés, en cas de conflit à grande échelle.

Alors que le Hezbollah est en mesure de combattre pendant des années, et même au-delà de la tolérance d’Israël à la douleur, il est également conscient du fait que la moindre guerre pourrait se traduire par un nouveau génocide au Liban.

C’est la raison pour laquelle le Hezbollah s’est imposé une extrême retenue, ciblant jour après jour des positions militaires israéliennes mais évitant soigneusement une escalade à grande échelle.

Netanyahou, par ailleurs, semble avoir l’intention de provoquer le Hezbollah et de l’attirer dans une confrontation ouverte, ce qui, stratégiquement, n’est guère avisé. L’armée israélienne combat pour vaincre le Hamas à Gaza, une zone bien plus petite, encerclée et aux ressources particulièrement limitées.

Une guerre avec le Hezbollah serait catastrophique pour Israël, mais le Hezbollah n’entend pas négliger le coût civil d’un tel conflit.

La position morale du Hezbollah pourrait être perçue comme un désavantage du fait qu’il est retenu par sa propre humanité. Le Hezbollah considère la guerre comme une confrontation entre des guerriers, ce qui explique pourquoi, récemment, Nasrallah a mis Netanyahou au défi d’entamer une invasion, en sachant bien qu’Israël préfère les frappes aériennes et la tactique de la terre brûlée à la confrontation directe sur le terrain.

Hezbollah a l’intention d’empêcher et la guerre et la perspective dévastatrice d’un génocide. N’empêche que, parfois, en dépit de tous les efforts, le conflit devient inévitable. Les jours à venir vont sans doute être longs et hérissés de difficultés, alors que la possibilité d’une guerre se profile de plus en plus.

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Publié le 20 septembre 2024 sur www.aboujahjah.org
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

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