Netanyahou à l’ONU annonce un nouveau désastre pour l’ordre mondial

L’apparition discutable du Premier ministre Benjamin Netanyahou à la 79e réunion annuelle de l’Assemblée générale des Nations unies constitue un test sérieux pour la fidélité de l’organisation mondiale à sa mission originale consistant à rechercher la sécurité et la paix dans le monde.

 

Benjamin Netanyahou prend la parole à l'Assemblée générale de l'ONU en 2023.

Benjamin Netanyahou prend la parole à l’Assemblée générale de l’ONU en 2023. (Photo : Lev Radin / SIPA USA)

 

Basem Naïm, 25 septembre 2024

Comment l’ONU peut-elle convaincre le monde et ses peuples de sa sincérité quand elle reçoit un criminel de guerre qui, depuis près d’un an, commet un génocide sur des civils non armés, sur des femmes et des enfants ?

L’Assemblée générale est l’un des forums internationaux les plus importants de la planète. Elle incarne le principe d’égalité, qui accorde à tout pays un poids égal quelle que soit sa taille ou sa puissance. Tous les pays ont le droit de s’exprimer, de participer et de voter, des plus grands et des plus puissants aux tout petits.

La réunion tente également d’attirer l’attention internationale sur les cinq buts sous-jacents de l’ONU que sont le maintien de la paix et de la sécurité internationales, la protection des droits humains, la livraison de l’aide humanitaire, le soutien au développement durable et à l’action en faveur du climat et le respect des lois internationales.

Tous ces buts requièrent d’empêcher un criminel de guerre comme Netanyahou de se présenter devant une telle assemblée.

Depuis sa fondation en 1945, l’Assemblée générale a toujours poursuivi – mais concrétisé parfois seulement – son principal objectif « de paix et de sécurité internationales ». La scène internationale est complexe et réaliser ces buts n’a jamais été une tâche des plus aisées.

L’ONU, en tant qu’institution qui exprime le consensus international, n’a pas toujours été le facteur le plus important dans le succès ou l’échec. Et ce, pour de multiples raisons, dont la moindre n’est pas que l’institution ne dispose pas des outils pour imposer ses décisions, sauf dans l’un ou l’autre cas exceptionnel.

De plus, principalement mise sur pied par les puissances victorieuses à l’issue de la Seconde Guerre mondiale, l’ONU a été conçue de façon à servir ces puissances et leurs intérêts ou, du moins, à ne pas constituer un obstacle à ces intérêts.

 

Un échec épique

Depuis le 7 octobre, la communauté internationale est confrontée à un test sérieux de sa capacité à imposer la volonté internationale de faire cesser le génocide dans la bande de Gaza, de poursuivre les criminels de guerre, d’empêcher une conflagration régionale et même d’aller au-delà de cela afin d’appliquer les résolutions de l’ONU relatives aux droits palestiniens.

Les droits inhérents, tels le droit à l’autodétermination, au retour et même notre droit en tant que peuple sous occupation de résistance sous toutes ses formes, ne sont pas – ou ne devraient pas être – controversés.

Mais, alors que le premier anniversaire du Déluge d’Al-Aqsa est proche et que se poursuit la perpétration de la campagne génocidaire contre notre peuple dans la bande de Gaza, on peut dire avec certitude que, après le peuple palestinien, les plus grandes victimes de cette agression fasciste sont les Nations unies, le droit international et les lois internationales humanitaires.

En effet, après avoir échoué si manifestement à apporter la sécurité et la paix à Gaza au cours des 11 derniers mois ou, en fait, à défendre les droits palestiniens durant les 76 années écoulées, comment les représentants des institutions internationales peuvent-ils même imaginer de faire la leçon aux pays quant à l’importance d’adhérer aux lois internationales ?

Les institutions de l’ONU se sont rencontrées à maintes reprises depuis le 7 octobre. Chaque fois, les majorités ont soutenu l’arrêt immédiat de l’agression israélienne, la livraison sans encombre de l’aide humanitaire, le droit du peuple palestinien à l’autodétermination dans un État lui appartenant en propre.

Chaque fois, la communauté internationale a été tristement incapable d’imposer sa volonté, et l’administration américaine a été le principal facteur de cet échec en recourant à quatre reprises à son droit de veto au Conseil de sécurité et en dominant les négociations de cessez-le-feu.

Pire encore, peut-être, les EU ont permis l’adoption de deux résolutions du Conseil de sécurité, en mars et en juin. Israël les a carrément ignorées et aucune n’a abouti à une application forcée par la moindre partie.

Un tel échec ne fera que s’aggraver si les Nations unies décident d’accueillir Netanyahou pour qu’il pontifie sur les lois, sur la paix et la coexistence à la tribune de l’Assemblée générale.

Netanyahou est accusé des pires crimes de guerre à la Cour internationale de Justice, alors que la Cour pénale internationale cherche à le poursuivre à l’aide de mandats d’arrêt. Ces deux cours sont des institutions de l’ONU et, partant, l’expression institutionnelle de sa volonté juridique.

 

Des violations flagrantes et systématiques

Que restera-t-il de la légitimité et de l’autorité morale des Nations unies si elles devaient recevoir un criminel de guerre enlisé jusqu’au cou dans le sang de femmes et d’enfants ?

Comment le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres – qui, autrement, défend généralement des positions claires à propos de Gaza et des droits palestiniens –, va-t-il faire face aux gens qui se tournent vers lui et vers ses institutions pour appliquer les lois internationales et punir cette entité fasciste et sa direction raciste ?

La participation du criminel de guerre Netanyahou aux Nations unies est une infamie qui doit être empêchée immédiatement. Cela constituerait un préjudice irrémédiable pour ce qu’il reste de l’ordre « mondial s’appuyant sur les lois ». Cela déboucherait sur une ère de relations internationales ne répondant plus qu’aux seules lois de la jungle.

Imaginez Netanyahou menotté dès qu’il poserait le pied sur le sol de l’Assemblée générale des Nations unies. Imaginez-le comparaissant devant la CPI à La Haye. Cela servirait de leçons à tout criminel de guerre qui croit qu’il peut échapper au châtiment, peu importe le temps que cela prendra ou ceux qui vous soutiennent, puisqu’il n’existe pas la moindre immunité ou impunité.

Le palmarès criminel de l’entité raciste que dirige Netanyahou devrait constituer – et il l’a déjà été – un sujet central des discours des dirigeants d’État aux Nations unies.

Le bombardement d’hôpitaux et d’écoles, la famine imposée aux enfants, l’assassinat de journalistes, les massacres de civils, les violences contre les prisonniers, la profanation des lieux saints islamiques et chrétiens et le vol de terres palestiniennes via l’annexion et le peuplement en Cisjordanie sont tous des crimes.

De façon flagrante et systématique, Israël viole les lois internationales et il a été censuré maintes fois dans de nombreuses résolutions internationales au cours de plusieurs décennies de conflit. Il est temps d’appliquer ces résolutions, y compris en invoquant le Chapitre VII de la Charte de l’ONU.

Personne ne devrait être au-dessus des lois. Si certains le sont, la force et l’agitation constante seront la loi. De la sorte, il ne restera que le chaos et la destruction, non seulement en Palestine, mais partout ailleurs.

Et tout le monde en paiera le prix.

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Le Dr Basem Naïm est un ancien ministre palestinien de la Santé et il est membre du bureau politique du Hamas. Il est apparu précédemment et a été publié dans divers médias, dont ABC Network en Australie, Sky News et The Guardian au Royaume-Uni, ou encore Middle East Eye, Al Jazeera et The Jewish Daily Forward.

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Publié le 25 septembre 2024 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

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