Moins de 7 pour 100 de la quantité d’eau potable d’avant le génocide est encore disponible à Gaza
L’agence internationale Oxfam fait savoir qu’Israël rechigne à approuver les fournitures nécessaires pour réparer ou remplacer les quelque 1 700 kilomètres de réseaux d’eau et d’assainissement qui ont été détruits à Gaza

Beit Lahiya, Gaza, 19 février 2025. Des Palestiniens déplacés vivent dans des tentes de fortune parmi les décombres des bâtiments détruits lors des attaques israéliennes. (Photo : Omar Ashtawy)
Nora Barrows-Friedman, 21 février 2025
Le texte qui suit provient de la synthèse de l’actualité proposée au cours du livestream du 20 février 2025. Visionnez la totalité de l’épisode ici.
Israël a commis plus de 260 violations des termes du cessez-le-feu depuis l’entrée en vigueur de ce dernier le 19 janvier.
Selon des sources de la sécurité palestinienne, ces violations incluent le ciblage de Palestiniens qui retournent dans leurs foyers, celui de véhicules civils et d’équipements lourds, des opérations d’incursion et de destruction au bulldozer dans les zones situées à l’est, des destructions de maisons dans la partie sud de Rafah, l’envoi de drones au-dessus de Gaza en dehors des heures spécifiées dans les termes de l’accord, sans oublier plus de 130 sorties aériennes dans le ciel de Gaza.
Cette semaine, Euro-Med Human Rights Monitor a rapporté que des drones quadricoptères israéliens diffusaient des messages préenregistrés dans l’intention de menacer et d’effrayer les Palestiniens de Gaza. Certains des messages font état d’une deuxième et une troisième Nakba, faisant ainsi allusion à l’expulsion initiale des Palestiniens de leur terre en 1948.
Ismail al-Thawabta, le directeur général du bureau gouvernemental des médias de Gaza, a déclaré que Gaza attendait toujours l’arrivée des maisons et abris temporaires pour les familles déplacées, qu’Israël est obligé de laisser passer, selon les termes de l’accord de cessez-le-feu.
Le matériel mécanique lourd, y compris des bulldozers et des engins de terrassement requis pour déblayer les décombres et réparer les infrastructures vitales, sont également retenus par Israël aux lieux de passage. Al-Thawabta a expliqué à l’agence turque Anadolu qu’Israël n’avait autorisé l’entrée que de six petits véhicules pour déplacer les décombres de la bande de Gaza et que, dans le même temps, il empêchait l’entrée de centaines d’autres engins dont le besoin se faisait désespérément ressentir.
Il a encore dit que Gaza avait besoin d’au moins 500 véhicules lourds, dont des bulldozers, des excavatrices et des grues.
Et l’ampleur des dévastations des infrastructures vitales est énorme.
Le ministère des Travaux publics de Gaza a sorti cette semaine un rapport détaillé évaluant l’ampleur de la destruction catastrophique par Israël des immeubles à appartements et des habitations en général dans l’ensemble de l’enclave depuis octobre 2023.
Selon le ministère, environ 170 000 unités de logement ont été détruites et 80 000 restent inhabitables. On s’attend à ce que le nombre d’unités de logement complètement démolies ou gravement endommagées dépasse 280 000.
Entre-temps, l’agence internationale Oxfam fait savoir qu’Israël rechigne à approuver les fournitures nécessaires pour réparer ou remplacer les quelque 1 700 kilomètres de réseaux d’eau et d’assainissement qui ont été détruits.
Oxfam a déclaré cette semaine que
« le tableau reste extrêmement sombre et dangereusement critique, particulièrement dans les gouvernorat du nord de Gaza et de Rafah ».
Moins de 7 pour 100 de la quantité d’eau potable d’avant le génocide est encore disponible pour la population, ce qui, affirme l’organisation, accroît la propagation des maladies d’origine hydrique.
« Alors que les fragiles négociations de cessez-le-feu sont en jeu, toute recrudescence de la violence ou la moindre perturbation dans la livraison du carburant et de l’aide déjà nettement insuffisante pourrait déclencher un désastre total dans la santé publique »,
ajoute Oxfam.
Attaques contre les Palestiniens travaillant dans la sécurité
Dans un même temps, Israël a continué d’attaquer et de tuer des travailleurs humanitaires et des hommes des forces sécuritaires qui accompagnent l’aide censée entrer à Gaza.
Dimanche, Israël a ciblé des policiers qui contrôlaient la bonne marche de la distribution d’aide à l’est de Rafah. Trois de ces hommes ont été tués.
Dans une déclaration, le Hamas a expliqué que la frappe aérienne constituait une autre violation grave de l’accord de cessez-le-feu.
« Ce crime, en même temps que cette rupture du cessez-le-feu, ajoute au refus permanent de l’occupation de respecter les termes de l’accord. L’exemple le plus récent a été la déclaration de l’occupation aujourd’hui même, qui disait qu’elle ne permettrait pas l’entrée de mobil-homes et d’engins mécaniques lourds, bien qu’elle se soit engagée plus tôt à le faire et qu’elle ait informé les médiateurs de cet accord à la fin de la semaine dernière »,
a déclaré le Hamas.
Le Dr Hussam Abu Safiya exhibé couvert de chaînes
Mercredi, les médias israéliens ont diffusé un vidéo montrant des gardiens israéliens armés et masqués accompagnant le directeur de l’hôpital Kamal Adwan, le Dr Hussam Abu Safiya, un pédiatre, menottes aux poignets et fers aux pieds, manifestement à la prison d’Ofer où il est détenu depuis le début janvier.
Le Dr Abu Safiya a été kidnappé le 27 décembre par des soldats israéliens dans son hôpital, en même temps que ses collègues et ses patients.
La TV israélienne Channel 13 a diffusé une interview du Dr Abu Safiya à la prison même et, selon sa famille, « a délibérément remodelé et déformé » ses propos.
La famille du Dr Abu Safiya a ajouté :
« Les images de notre frère, le Dr Hussam Abu Safiya, directeur de l’hôpital Kamal Adwan, telles que les ont diffusées les médias israéliens, constituent une autre forme encore de terrorisme psychologique qui ajoute à la torture qu’il a subie ces deux derniers mois. Cela reflète également les distorsions manifestes auxquelles recourent les médias via la manipulation et l’altération de ses déclarations. »
Un mois entier d’offensive contre la Cisjordanie
Passant à la Cisjordanie occupée, Tamara Nassar, de The Electronic Intifada, écrit que, conjointement à ses campagnes systématiques de déplacement forcé de Palestiniens au cours d’une vaste offensive à grande échelle appelée Opération Muraille de Fer, Israël est occupé à intensifier l’expansion de ses colonies.
Nassar écrit que, dans le camp de réfugiés de Jénine, par exemple, des témoignages rassemblés par le bureau des droits humains des Nations unies incluent des récits de résidents auxquels les forces israéliennes ont déclaré qu’il ne leur serait pas permis de retourner au camp de réfugiés ou même qu’ils pouvaient tout simplement « oublier » le camp.
L’agence a même dit qu’elle avait reçu des photos du camp de réfugiés de Jénine montrant
« des rues récemment nivelées au bulldozer et nanties de nouveaux panneaux avec le nom de plusieurs rues en hébreu ».
Nassar ajoute qu’au cours de l’opération « Muraille de fer » d’Israël, qui dure depuis près d’un mois, Israël a tué au moins 44 Palestiniens, dont des enfants, et en a blessé un grand nombre d’autres, fait savoir l’agence de l’ONU pour les droits humains. D’autres organisations des droits humains ont estimé que le nombre de morts était encore plus élevé.
L’offensive militaire, un effort coordonné impliquant l’armée d’Israël, son agence d’espionnage intérieur le Shin Bet et sa police des frontières, inclut le déploiement de snipers israéliens dans les quartiers résidentiels, des perquisitions domiciliaires, des arrestations de jeunes, des bombardements aériens et la destruction de bâtiments et d’infrastructures vitales, tels les systèmes de l’eau, de l’électricité et de l’égouttage.
Le 12 février, les forces israéliennes ont tué un enfant palestinien du camp de réfugiés de Nur Shams et ont ensuite confisqué son cadavre.
Un adolescent palestinien de 15 ans est mort le 17 février de blessures encourues le 1er février lorsqu’il a été touché par un éclat d’obus en provenance d’une frappe de drone israélien ciblant un véhicule tout proche.

Diyaa al-Din Ahmad Omar Sabaaneh
Entre-temps, Israël a attaqué plusieurs écoles pour enfants palestiniens dans les camps de réfugiés de Cisjordanie, et ce, dans le cadre de son plan visant à clôturer pour de bon, les opérations de l’agence de l’ONU pour les réfugiés de Palestine, l’UNRWA.
Mardi, à Jérusalem occupée, la police israélienne a effectué un raid à l’École Élémentaire de Jérusalem, dans le quartier de Silwan, juste en dehors des portes de la Vieille Ville.
Selon des témoins, au cours de l’attaque, les forces israéliennes ont interrogé les administrateurs de l’école, dont le principal. Une école pour garçons du quartier de Wadi al-Joz a également été ciblée ; les forces israéliennes ont chassé les élèves de leurs bancs et ont forcé le personnel à fermer l’école.
Les troupes israéliennes ont également fait irruption dans une école de formation professionnelle au camp de réfugiés de Qalandiya, lançant des gaz lacrymogènes et des grenades incapacitantes alors que 350 élèves et 30 membres du personnel étaient présents.
Mise en exergue de la résilience
Finalement, selon notre habitude, nous avons voulu partager des images de personnes exprimant leur détermination et leur résilience suite aux 15 mois de campagne de destruction massive par Israël.
Le week-end dernier, Adel Tayseer Sobeih, 22 ans, a été libéré de sa détention en Israël dans le cadre de l’échange de prisonniers. Il avait été enlevé par les forces israéliennes à l’hôpital al-Shifa à Gaza en mars 2024.
Selon Al Jazeera, à un certain moment de sa détention de 11 mois, il est resté enchaîné à un lit d’hôpital pendant 50 jours.
Il raconte les violences et les tortures qu’il a subies des mains des forces israéliennes et dit qu’en raison de ces tortures sévères, il a été amputé de la jambe contre son gré.
Adel dit qu’il ne peut croire qu’il est rentré à Gaza. Il dit que les Israéliens n’ont cessé de lui répéter que Gaza, c’était « terminé » et il a du mal à croire qu’il y a toujours ici des personnes vivantes.
« Même hier, ils disaient encore que Gaza, c’était fini »,
dit-il.
« Longue vie à la Palestine, nous avons brisé l’ego de tout Israël. Nous remercions le peuple palestinien, ses femmes et ses enfants. »
Et la journaliste et chercheuse Maha Husseini a filmé cette scène de la plage de Gaza, avec la légende « Bonjour de Gaza. »
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Publié le 21 février 2025 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine