La CPI instamment invitée à enquêter sur le rôle de Biden dans le génocide de Gaza

La Cour pénale internationale (CPI) a été instamment invitée à enquêter sur les anciens responsables américains, le président Joe Biden, le secrétaire d’État Antony Blinken et le secrétaire à la Défense Lloyd Austin pour avoir aidé et facilité les crimes de guerre et crimes contre l’humanité perpétrés par Israël à Gaza.

 

Dans un dossier de 172 pages soumis à la CPI à La Haye, DAWN explique la base juridique et factuelle en vue d'une enquête sur les responsables américains.

Ali Abunimah,
26 février 2025

 

« Il existe de solides raisons d’enquêter sur Joe Biden, Antony Blinken et Lloyd Austin pour leur complicité dans les crimes d’Israël »,

estime Reed Brody, un avocat chevronné spécialisé dans les crimes de guerre et membre du conseil d’administration de DAWN, une organisation des droits de l’homme qui a son siège aux EU et qui a déposé une requête en ce sens auprès de la CPI.

« Les bombes larguées sur les hôpitaux, écoles et logements palestiniens sont des bombes américaines, la campagne d’assassinat et de persécution a été menée avec le soutien américain »,

a ajouté Brody.

« Les responsables américains étaient parfaitement conscients de ce qu’Israël faisait et ils n’ont pourtant jamais cessé de lui apporter leur soutien. »

Dans un dossier de 172 pages soumis à la CPI à La Haye – et établi en réponse à un appel à ce que de telles interventions soient initiées par le procureur principal Karim Khan – DAWN explique la base juridique et factuelle en vue d’une enquête sur les responsables américains.

Le dossier détaille comment, à chaque stade, les responsables américains savaient exactement ce que faisait Israël. Par exemple, les 16 novembre et 12 décembre 2023, le président Biden a reconnu publiquement que les FDI se livraient à des « bombardements aveugles » contre Gaza.

Blinken

« a personnellement autorisé le transfert d’aide militaire et les ventes commerciales d’armes à Israël, outrepassant les objections de son propre personnel quant à la façon dont ces transferts enfreignaient les lois américaines, alors qu’il savait très bien qu’Israël utilisait ces armes pour commettre des crimes »,

estime DAWN.

« De la sorte, il a contribué intentionnellement et substantiellement à la perpétration des crimes israéliens à Gaza. »

De même, l’organisation prétend que

« les actes d’Austin et ses décisions de fournir de manière continue et ciblée une aide militaire et politique à Israël satisfont les conditions requises pour aider et encourager, ainsi que faciliter, les crimes commis par les forces armées israéliennes dans la bande de Gaza ».

Parmi d’autres anciens responsables américains qui devraient également faire l’objet d’enquêtes figurent Jake Sullivan, le conseiller de Biden sur le plan de la sécurité nationale, et Gina Raimondo qui, en tant que secrétaire au Commerce, a supervisé les exportations de technologies « à double usage » dont Israël s’est servi pour commettre ses crimes, a encore dit DAWN.


Le soutien américain « alimente la mort et la destruction »

Bien que les États-Unis ne soient pas membres de la Cour pénale internationale, DAWN fait remarquer que le tribunal

« a compétence sur les auteurs de crimes commis en Palestine, quelle que soit leur nationalité ou que l’État dont ils sont citoyens soit partie ou pas de la CPI ».

« Le génocide à Gaza n’aurait pas eu lieu sans le soutien américain. Les bombes qui ont détruit des quartiers palestiniens entiers ne sont pas que des bombes israéliennes, ce sont des bombes américaines envoyées avec l’approbation de Biden, Bilnken et Austin »,

a déclaré Shawan Jabarin, directeur de l’organisation palestinienne des droits humains Al-Haq, lors d’un événement médiatique en ligne accueilli lundi par DAWN.

« L’affamement des Palestiniens, la destruction des hôpitaux, le ciblage délibéré des civils – ce ne sont pas que des mesures israéliennes, ce sont également des crimes facilités par les EU »,

a ajouté Jabbarin.

En mai, la CPI a émis des mandats d’arrêt pour le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou et pour Yoav Gallant, qui a été son ministre de la Défense durant la majeure partie du génocide.

Jabarin a souligné l’importance de traîner devant la justice non seulement les responsables israéliens, mais aussi leurs complices américains dans le génocide, afin de faire cesser ces crimes et de dissuader la perpétration de crimes futurs.

« Chaque jour qui passe, le soutien américain alimente un nouveau surcroît de morts et de destruction de Palestiniens à Gaza et en Cisjordanie »,

a déclaré Jabarin.

Et d’ajouter :

« Nous voyons Trump menacer publiquement de s’emparer de Gaza, de prendre la terre et d’en expulser les gens. Il ne s’agit pas d’une lointaine possibilité, mais d’un danger réel et imminent si la CPI n’agit pas aujourd’hui même pour prouver que les responsables américains eux aussi peuvent se voir réclamer des comptes.»

 

Trump continue les crimes de Biden

Il convient de remarquer que, lundi, Trump a annulé une réglementation de l’époque Biden censée faire en sorte que les pays qui reçoivent des armes fabriquées aux EU ne les utilisent pas en violation du droit international humanitaire.

Comme le montre on ne peut plus clairement le dossier soumis par DAWN à la CPI, sous l’administration Biden, ces restrictions à l’utilisation par Israël d’armes américaines n’existaient que sur papier. La démarche de Trump peut être perçue comme uniquement destinée à conformer ouvertement la politique américaine à la réalité.

Mais Trump lui aussi pourrait faire face à des risques devant la CPI – du moins si celle-ci poursuivait énergiquement sa mission. Au début de ce mois, Trump a imposé des sanctions contre Khan et d’autres responsables du tribunal.

« Cet ordre pourrait soumettre le président Trump à une responsabilité criminelle individuelle pour obstruction à la justice, conformément à l’article 70 du Statut de Rome »,

estime DAWN, en faisant allusion au traité fondateur de la CPI.

Et, s’il devait être appliqué, le plan de Trump visant à expulser les habitants de Gaza le soumettrait également

« à une responsabilité individuelle pour crimes de guerre et pour le crime d’agression ».

Francesca Albanese, la rapporteuse spéciale de l’ONU sur les droits humains dans les territoires palestiniens occupés, a qualifié de « développement important » l’effort de DAWN en vue d’amener Biden et ses principaux lieutenants devant la justice, et elle a ajouté :

« Jamais la justice internationale ne s’est trouvée à un carrefour aussi critique et historique. »

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Ali Abunimah, cofondateur et directeur exécutif de The Electronic Intifada, est l’auteur de The Battle for Justice in Palestine, paru chez Haymarket Books.

Il a aussi écrit : One Country : A Bold Proposal to end the Israeli-Palestinian Impa

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Publié le 26 février 2025 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

 

 

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