Israël reprend ses attaques génocidaires contre Gaza et tue 400 personnes

Le ministère a fait savoir qu’un nombre plus important encore de victimes se trouvaient sous les décombres. Des familles entières ont été massacrées lors des frappes, selon le bureau gouvernemental des médias à Gaza.

Defense for Children International – Palestine a déclaré qu’au moins 174 enfants figuraient parmi les morts.

18 mars 2025. Les corps des Palestiniens tués par les frappes israéliennes sont transférés à la morgue de l'hôpital arabe Al Ahli à Gaza.(Photo : Omar Ashtawy / APA images)

18 mars 2025. Les corps des Palestiniens tués par les frappes israéliennes sont transférés à la morgue de l’hôpital arabe Al Ahli à Gaza.(Photo : Omar Ashtawy / APA images)

Maureen Clare Murphy, 18 mars 2025

« Aujourd’hui marque l’un des plus grands bilans de décès d’enfants en une seule journée de l’histoire de Gaza »,

a déclaré Ayed Abu Eqtaish, un directeur de programme de l’organisation de défense des droits des enfants.

« Les forces israéliennes ont signé un arrêt de mort pour les enfants palestiniens de Gaza en effectuant des attaques incessantes, en continuant de détruire les infrastructures civiles ainsi qu’en empêchant l’aide humanitaire d’arriver aux Palestiniens qui en ont besoin. Ceci n’est rien moins qu’un génocide »,

a-t-il ajouté.

Israël a également ordonné l’évacuation des zones de l’est de Gaza vers Jabaliya dans le nord et vers Khan Younis dans le sud.

Les frappes indiquent qu’Israël s’est retiré du processus de négociation en vue de mettre fin pour de bon à la guerre à Gaza.

Le Hamas reste l’autorité en place de facto à Gaza en dépit du but déclaré d’Israël de l’anéantir lors de l’offensive qui avait débuté en octobre 2023. Les responsables du Hamas ont accusé Israël d’avoir violé à de très nombreuses reprises le cessez-le-feu fragile entré en vigueur le 19 janvier.

La première phase du cessez-le-feu, qui avait duré 42 jours, avait pour une bonne part mis fin à 15 mois d’attaques israéliennes qui avaient tué au moins 48 000 personnes à Gaza depuis octobre 2023, y compris plus de 18 000 enfants. Les termes de la deuxième phase de l’accord n’avaient toujours pas été convenus par Israël et le Hamas.

Le cessez-le-feu était censé permettre une augmentation de l’aide humanitaire. Mais Israël a ordonné la fermeture des passages vers Gaza voici plus de deux semaines, créant de la sorte une nouvelle crise alimentaire dans le territoire où, dès octobre 2023, les gens ont enduré une privation des essentiels vitaux tels l’électricité, le carburant, une nourriture adéquate et l’eau potable.

Des dizaines de Palestiniens ont été tués par l’armée israélienne après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu. Parmi ces tués, neuf personnes, dont trois journalistes, qui ont perdu la vie samedi lors d’une attaque de drone visant une équipe de secours à Beit Lahiya, au nord de Gaza.

 

Des attaques semblables en intensité à celles des premiers jours de l’offensive génocidaire

Israël a pilonné Gaza mardi très tôt le matin, alors que les gens dormaient encore ou qu’ils préparaient le repas de suhour que l’on prend avant l’aube, juste avant le début de la journée de jeûne du Ramadan.

Des personnes ont rapporté que les attaques étaient semblables en intensité à celles des premiers jours de l’offensive qui avait suivi l’attaque du Hamas contre les bases militaires et colonies israéliennes de la périphérie de Gaza, le 7 octobre 2023.

La plupart des quelque 250 personnes qu’on estime avoir été capturées lors de l’attaque du Hamas ont été libérées lors de l’échange de prisonniers qui avait débuté pendant une trêve d’une semaine en novembre 2023 ainsi qu’à la suite de la déclaration de cessez-le-feu en janvier de cette année.

Bien des Palestiniens qui avaient été déplacés au cours des 15 mois qui ont précédé le cessez-le-feu étaient retournés dans leurs quartiers en grande partie détruits à Rafah, la ville la plus au sud de Gaza, et dans le nord. En l’absence d’abris alternatifs, de très nombreuses personnes vivaient dans des bâtiments endommagés aux structures très peu sûres.

Une grande partie des infrastructures de Gaza ont été détruites lors de l’offensive israélienne, durant laquelle l’armée a ciblé et vilainement endommagé ou détruit bon nombre des hôpitaux de Gaza, qui par conséquent ont eu toutes les peines du monde à faire face aux pertes infligées par les nouvelles attaques de mardi.

Le bureau gouvernemental des médias de Gaza a déclaré que le manque de carburant empêchait le transfert des victimes vers l’hôpital. Le bureau a dit que l’escalade israélienne « avait eu lieu en plein effondrement du système de santé » dans le territoire en raison du siège israélien, qui avait empêché l’entrée des fournitures médicales et de l’aide humanitaire.

Benjamin Netanyahou, le Premier ministre israélien, a déclaré qu’il avait ordonné les attaques de mardi et il a prétendu que le Hamas avait refusé à plusieurs reprises de libérer les captifs restants à Gaza.

« Dès maintenant, Israël agira contre le Hamas avec une puissance militaire croissante », a ajouté Netanyahou.

Mais une organisation de défense représentant des membres des familles des prisonniers a déclaré qu’en attaquant Gaza,

« le gouvernement israélien avait choisi d’abandonner les otages ».

« Nous sommes choqués, en colère et terrifiés par le démantèlement délibéré du processus de restitution des êtres qui nous sont chers »,

a ajouté l’organisation.

Le Hamas à son tour a accusé Israël de tenter de faire capoter l’accord de cessez-le-feu tout en exposant les captifs restants à Gaza « à un sort inconnu ».

Des responsables du Hamas ont été tués

La reprise des attaques contre Gaza peut être un autre moyen par lequel Israël tente d’extorquer des concessions de la part du Hamas.

Plusieurs responsables du gouvernement de Gaza ont été tués en même temps que des membres de leurs familles lors des frappes israéliennes de mardi.

Le bureau gouvernemental des médias à Gaza a déclaré qu’Issam al-Daalis, Mahmoud Abu Watfa, Ahmad al-Hitta et Bahjat Abu Sultan, qui dirigeaient divers bureaux dans l’administration et les ministères de Gaza, figuraient parmi les personnes tuées.

Certains de ces responsables faisaient également partie des divers membres du bureau politique du Hamas dont on a annoncé qu’ils avaient péri lors des attaques, selon les rapports d’information.

On a également dit qu’Abu Hamza, le porte-parole de l’aile armée de la faction du Djihad islamique, avait été tué lui aussi.

Une source israélienne non nommée dont on dit qu’elle est bien au fait des discussions qui se tiennent au cabinet israélien de Netanyahou, a expliqué au quotidien Haaretz que les attaques étaient censées saper les capacités du Hamas d’administrer Gaza.

L’escalade à Gaza coïncide avec une nouvelle offensive militaire américaine contre Ansar Allah au Yémen. L’organisation yéménite, également appelée les Houthis, a annoncé récemment la reprise de son blocus naval en mer Rouge, qu’il avait suspendu suite à l’entrée en vigueur du cessez-le-feu à Gaza en janvier.

Yahya Saree, porte-parole des Forces armées yéménites, a déclaré mardi que l’organisation avait frappé une base aérienne israélienne à l’aide d’un missile hypersonique et qu’elle allait étendre la « portée de ses objectifs », si l’agression contre Gaza devait se poursuivre.

La secrétaire de presse de la Maison-Blanche, Karoline Leavitt, a déclaré à Fox News lundi soir que l’administration du président Donald Trump avait été consultée avant les frappes israéliennes.

« Comme le président Trump l’a clairement fait entendre, le Hamas, les Houthis, tous ceux qui cherchent à terroriser non seulement Israël mais aussi les États-Unis d’Amérique devront en payer le prix »,

a déclaré Leavitt.

 

« Une déception flagrante »

Alors qu’un porte-parole militaire israélien prétendait que la reprise de l’offensive à Gaza constituait une mesure préventive en vue de contrecarrer de nouvelles attaques prévues par le Hamas, certains commentateurs israéliens ont mis le doigt sur des motivations domestiques, dans la décision de Netanyahou de reprendre les frappes.

Dimanche, Netanyahou a annoncé son intention de licencier Ronen Bar, le directeur du Shin Bet, l’agence israélienne de renseignement intérieur. Le Shin Bet enquête sur des fuites émanant du cabinet du Premier ministre et sur les liens entre certains responsables de ce cabinet et le Qatar.

Le gouvernement de Netanyahou a également déclaré son intention de licencier Gali Baharav-Miara, le procureur général d’Israël. Cette démarche est perçue comme faisant partie d’un effort plus large en vue de renforcer le contrôle par le Premier ministre des institutions de l’État, l’armée y compris.

Mardi, Itamar Ben-Gvir, le chef d’extrême droite de la faction israélienne Force juive, a déclaré que son parti avait décidé de rejoindre la coalition gouvernementale fragile de Netanyahou. Ben Gvir et d’autres ministres de son parti avaient quitté la coalition pour protester contre l’accord de cessez-le-feu.

Ben-Gvir et ses alliés d’extrême droite comme Bezalel Smotrich, le ministre des Finances d’Israël et chef du parti du Sionisme religieux, ont plaidé en faveur de la dépopulation de Gaza et de sa recolonisation par des colonies juives.

Euro-Med Monitor, une organisation des droits humains ayant son siège à Genève, a blâmé l’inaction internationale dans l’escalade de mardi.

Ramy Abdu, le chef d’Euro-Med Monitor, a déclaré que sa sœur et ses jeunes enfants avaient été tués lors des frappes israéliennes.

« Toute tentative en vue de déguiser ces crimes en préoccupations sécuritaires ou en nécessités militaires n’est autre qu’une tromperie flagrante censée dissimuler le crime de génocide »,

a déclaré Euro-Med Monitor.

Euro-Med Monitor a ajouté que

« ces actions ont manifestement pour but d’éradiquer la population palestinienne de la bande de Gaza ».

La Cour internationale de Justice est en train d’examiner une plainte pour génocide déposée par l’Afrique du Sud contre Israël et elle a émis des ordres contre toutes les actions

« susceptibles d’infliger au groupe palestinien à Gaza des conditions de vie qui pourraient provoquer sa destruction physique en tout ou en partie ».

La Cour pénale internationale a émis des mandats d’arrêt contre Netanyahou et l’ancien ministre israélien de la Défense Yoav Gallant pour des crimes contre l’humanité à Gaza.

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Publié le 18 mars 2025 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

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