Le Hamas n’est pas une organisation de terreur mais un mouvement de libération (2)

Dans un article précédent, nous évoquions la démarche juridique du Hamas en Grande-Bretagne, afin que l’organisation soit retirée de la liste des organisations « terroristes ». Trouvez ci-dessous la déclaration de témoin de Mousa Abu Marzouk, un des fondateurs du Hamas.

 

Des partisans du mouvement Hamas assistent au festival du 35e anniversaire de la fondation de l’organisation, dans la ville de Gaza, le 14 décembre 2022.

Des partisans du mouvement Hamas assistent au festival du 35e anniversaire de la fondation de l’organisation, dans la ville de Gaza, le 14 décembre 2022. (Photo : Omar Ashtawy/APA Images)

 

Je, soussigné Mousa Abu Marzouk, résidant à Doha, au Qatar, et responsable des Relations internationales et du Bureau juridique du Mouvement de la Résistance islamique (le « Hamas »), fais cette déclaration afin d’étayer la demande d’annulation d’interdiction de l’organisation.

1.Je suis le responsable des Relations internationales et du Bureau juridique du Mouvement de la Résistance islamique, le « Hamas ». J’étais l’un des fondateurs du mouvement en 1987, à l’époque de l’Intifada, et j’ai assumé depuis lors diverses fonctions importantes au sein du mouvement.

2.Mes parents ont été forcés de s’enfuir de Yibna au cours de la Nakba de 1948. En raison des violences sévères perpétrées par les soldats sionistes de la colonisation, ma ville natale a été transformée en une ville palestinienne dépeuplée dont les ruines sont situées au sud-est de la ville moderne de « Yavne »

3.Je suis né le 9 février 1951 dans un camp de réfugiés à Rafah, en Palestine occupée. Je ne renoncerai jamais à mon droit au retour dans la ville dont mes parents ont été délibérément chassés lors du nettoyage ethnique organisé par les sionistes, des colonisateurs qui considéraient – et considèrent toujours – ma famille comme une menace raciale du fait que nous ne sommes pas juifs.

4.Je suis ingénieur de profession. J’ai obtenu un baccalauréat ès sciences à l’Université Helwan avant de me rendre aux États-Unis où j’ai décroché un master en gestion de construction à l’Université de l’État du Colorado et, ensuite, un doctorat en ingénierie industrielle.

5.Je soumets cette demande au nom du Hamas pour que soit annulée sa présence sur la liste du gouvernement britannique des organisations terroristes proscrites. Bien que, depuis plus d’un siècle, l’État britannique soit l’architecte de nos souffrances via sa collaboration avec le projet sioniste, je vous invite aujourd’hui à inverser cette politique.

6.Notre but en outre est que la demande nuise à la réputation et à la crédibilité du sionisme en tant qu’idéologie, et des sionistes qui d’une façon ou d’une autre s’identifient toujours ouvertement à lui. Nous espérons que l’actuelle crise du sionisme, substantiellement précipitée par les actions de l’aile militaire du Hamas et autres organisations le 7 octobre 2023, pourra se transformer en une crise terminale.

 

Le Hamas et la Grande-Bretagne

7.Le Hamas n’est pas une organisation terroriste. C’est un mouvement islamique palestinien de libération et de résistance dont le but est de libérer la Palestine et d’affronter le projet sioniste. Son cadre de référence est l’Islam, qui détermine ses principes, objectifs et moyens. Nous regardons également vers l’extérieur pour trouver l’inspiration dans la glorieuse tradition de tous ces peuples et organisations qui ont résisté au colonialisme, à l’occupation et à l’impérialisme au nom de la justice, de la dignité et de l’égalité humaine. La décision du gouvernement britannique de proscrire le Hamas est une décision injuste, symptomatique de son soutien indéfectible, depuis plus d’un siècle, au sionisme, à l’apartheid, à l’occupation et au nettoyage ethnique en Palestine.

8.Le Hamas ne pose pas ni n’a jamais posé de menace pour la Grande-Bretagne, malgré la complicité en cours de cette dernière dans le génocide perpétré contre notre peuple. C’est peut-être par culpabilité coloniale que la Grande-Bretagne craint qu’un jour ceux qu’elle opprime ne ripostent contre les sponsors de l’entité sioniste. La Grande-Bretagne ne devrait pas éprouver une telle crainte. En près de quarante années d’existence, le Hamas n’a jamais effectué d’opérations que dans le territoire de la Palestine historique. Il n’a jamais mené d’opération en dehors de la Palestine, même si d’autres organisations de la résistance palestinienne l’ont fait. Telle est notre politique et vous n’avez aucune raison de douter de son importance cruciale dans notre stratégie. Nous ne sommes pas comme les sionistes, pour qui le monde entier est un champ de bataille, puisqu’ils se livrent à des tentatives d’assassinat de dirigeants du Hamas en Iran, au Liban et dans les EAU, après avoir même tenté de commettre un assassinat en Jordanie, une nation avec laquelle l’entité sioniste a signé un accord de paix et de sécurité. Le Hamas n’a jamais mené la moindre opération en dehors des frontières de la Palestine.

9.Le Hamas ne cible pas les citoyens britanniques, ni au Royaume-Uni ni ailleurs. Toutefois, si un citoyen britannique devait entrer en Palestine et rallier les forces armées de l’entité sioniste ou occuper illégalement des terres volées à la population palestinienne autochtone – ce qui constitue une implantation coloniale – il encourrait le risque d’être ciblé, non en raison de sa nationalité britannique, mais en raison de son engagement dans des crimes de guerre et le crime contre l’humanité qu’est l’apartheid, et de sa participation au génocide en cours.

10.Le Hamas n’a pas de présence en Grande-Bretagne. Il n’a pas de bureau dans le pays ni de membres qui y résident, ni de publications sur place. Toutefois, j’ai remarqué dans les médias sociaux des quinze derniers mois qu’un nombre croissant de personnes vivant en Grande-Bretagne éprouvent davantage de sympathie pour le Hamas et notre lutte de libération du fait que la réalité brutale du sionisme est dénoncée via le premier génocide en direct de l’histoire. Cela reflète la disposition naturelle des Britanniques à l’égard de la justice : ils prennent conscience des milliers de façons dont, depuis des années, les politiciens et les médias traditionnels les trompent à propos du Hamas. Il est très inquiétant de voir de nombreux journalistes, activistes et étudiants criminalisés par l’État britannique tout simplement parce qu’ils expriment leur soutien à un mouvement qui protège son peuple d’un génocide.

11.Nous sommes inquiets du manque de respect envers la liberté d’expression en Grande-Bretagne, suite à sa politique de soutien au sionisme en place depuis longtemps. Il semble que la Grande-Bretagne soit si peu certaine de la version sioniste de la réalité qu’elle ne veut même pas permettre à des opinions contraires de s’exprimer de peur que le château de cartes sur lequel elle appuie son intégrité ne vienne à s’effondrer dès la première confrontation avec la vérité. La vérité est que « la terre sans peuple » a toujours été peuplée : les Palestiniens existent, nous ne sommes pas inférieurs aux autres peuples et, à l’instar de tous les humains, nous ne pouvons ni ne voulons vivre sans dignité.

 

L’impact de la proscription

12.Le Hamas est de loin la force militaire la plus efficace pour résister – tout en cherchant à les faire cesser et à les empêcher – aux actes génocidaires en cours commis par l’État sioniste à l’encontre des Palestiniens de Gaza. Nous croyons qu’en maintenant son interdiction du Hamas, l’État britannique va continuer d’être en infraction avec ses obligations, selon les lois internationales, de recourir à tous les moyens raisonnablement disponibles pour empêcher – et faire cesser – le génocide de notre peuple. Non content de fournir des armes, des renseignements militaires et un soutien diplomatique aux soldats sionistes qui nous assassinent, vous nous liez les mains derrière le dos quand nous tentons de résister et vous étouffez et criminalisez ceux qui voudraient exprimer leur solidarité avec notre lutte.

13.En fait, en continuant de proscrire le Hamas, l’État britannique est complice des actes de génocide en cours, de même qu’en entravant l’effort et l’efficacité de la dernière ligne de défense entre les Palestiniens de Gaza et la machine de guerre génocidaire qu’est l’entité sioniste.

14.Selon le droit international, « Israël », en tant que puissance occupante, n’a pas droit à l’autodéfense. Par ailleurs, le Hamas, en tant que mouvement de résistance organisé représentant le peuple palestinien, a le droit de recourir à la résistance armée pour repousser l’occupation belligérante, dans l’exercice de son droit à l’autodétermination. En maintenant sa proscription du Hamas, la Grande-Bretagne continue d’assurer aide et assistance à l’entité sioniste pour maintenir son occupation illégale, avec toute la ségrégation raciale, l’apartheid et le nettoyage ethnique qui découlent de cette occupation. C’est contraire aux obligations de la Grande-Bretagne telles qu’elles ont été énoncées récemment par la Cour internationale de Justice (CIJ).

 

L’antisémitisme

15.Nous rejetons toutes les allégations disant que nous sommes antisémites ou que nous ciblons le peuple juif. J’admets qu’il y a un certain niveau de controverse autour d’une partie du libellé de notre Charte fondatrice. Celle-ci a été rédigée sans consultation de nos hauts responsables, qui étaient soit en prison soit en exil, à l’époque. Le Hamas a publié une série d’autres documents, depuis lors, culminant avec notre Document des Principes généraux et des Politiques, de 2017, qui tous font expressément la distinction entre les juifs et les sionistes. J’ai incorporé dans cette déclaration de témoin certaines parties de cette politique qui continue de refléter les positions du mouvement.

16.Notre lutte n’est pas contre les juifs en raison de leur religion, mais contre les sionistes qui occupent la Palestine. Pourtant, ce sont les sionistes qui identifient constamment le judaïsme et le peuple juif à leur propre projet colonial et à leur entité illégale. Nous reconnaissons et apprécions la solidarité témoignée à notre peuple et à notre lutte par de nombreux juifs dans le monde, y compris à l’intérieur d’« Israël ». Leur position contre le sionisme dénonce le dangereux mensonge qui confond le judaïsme et le sionisme.

17.Nous sommes particulièrement consternés par l’instrumentalisation de l’antisémitisme afin de tenter de réduire au silence les personnes opposées à l’apartheid, à l’occupation et au génocide. L’entité sioniste et ses partisans ont complètement sapé la lutte contre le véritable antisémitisme en manipulant le terme dans le but de protéger l’entité sioniste de la critique et de la censure. Au cours de l’année écoulée, les sionistes ont accusé de nombreuses personnalités et institutions d’être antisémites, y compris la rapporteuse spéciale de l’ONU, Francesca Albanese, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, l’UNRWA, la CIJ, la CPI, le gouvernement de l’Afrique du Sud, le Premier ministre (taoiseach) de l’Irlande, Simon Harris, et le président de l’Irlande, Michael D. Higgins. Dans le processus, les sionistes ont avili et dégradé l’importante définition de l’« antisémitisme » au point qu’elle ne signifie pratiquement plus rien plus rien. Les sionistes, dont un grand nombre ne sont pas juifs, ont fabriqué délibérément une définition extrêmement pervertie de l’antisémitisme et ils l’utilisent consciemment pour protéger le sionisme et « Israël » d’une critique absolument légitime. À une époque où le véritable antisémitisme est à la hausse, cette façon éhontée de « crier au loup » constitue une politique qu’il est incroyablement irresponsable et dangereux de suivre. Elle diminue notre capacité à combattre l’antisémitisme où et quand il apparaît, en fait.

18.Le projet sioniste est une entreprise raciste, agressive, coloniale et expansionniste qui s’appuie sur la saisie de propriété d’autrui ; il est hostile au peuple palestinien et à son aspiration à la liberté, à la libération, au retour et à l’autodétermination. L’entité « israélienne » est le jouet du projet sioniste et sa base d’agression la plus avancée. « Israël » est un avant-poste militaire, un « porte-avions insubmersible », entretenu par les EU et doté d’une armée de conscrits. Le sionisme est une idéologie à la racine de toute la violence en Palestine et cette violence se poursuivra tant que le sionisme n’aura pas été systématiquement démantelé.

19.Le Hamas rejette la persécution de tout être humain, homme ou femme, ou la suppression de ses droits sur des bases nationales, religieuses ou sectaires. Le peuple palestinien a toujours été contre l’oppression, l’injustice et la perpétration de massacres de civils quels que soient ceux qui les commettent. En nous appuyant sur nos valeurs religieuses et morales, nous avons déclaré clairement notre rejet de ce à quoi les juifs ont été exposés par l’Allemagne nazie. Le Hamas estime que le « problème juif », l’antisémitisme et la persécution des juifs sont des phénomènes fondamentalement liés à l’histoire européenne et non à l’histoire des Arabes et des musulmans ou à leur héritage. L’environnement arabe et islamique a été un exemple de coexistence, d’interaction culturelle et de libertés religieuses. L’actuel conflit est provoqué par le comportement agressif du sionisme et son alliance avec les puissances coloniales occidentales ; par conséquent, nous rejetons l’exploitation de la souffrance juive en Europe pour justifier l’oppression contre notre peuple en Palestine. Le mouvement sioniste qui, avec l’aide des puissances occidentales, a été à même d’occuper la Palestine, est la forme la plus dangereuse de colonialisme de peuplement. Cette forme a déjà été vaincue et éradiquée d’une grande partie du monde et, de même, elle doit être vaincue et éradiquée de la Palestine.

20.Le projet ne cible pas le seul peuple palestinien ; il est l’ennemi de l’Ummah arabe et islamique en posant une grave menace à sa sécurité et à ses intérêts. Il est également hostile aux aspirations de l’Ummah à l’unité, à la renaissance et à la libération et il a été la principale source de ses problèmes. Le problème sioniste pose aussi un danger pour la sécurité et la paix internationales, ainsi que pour l’humanité, ses intérêts et sa stabilité. Durant toute son existence, « Israël » a été dans une situation de guerre constante avec d’autres pays de la région. Le sionisme est un projet suprémaciste racial, sauvage et expansionniste que n’aurait jamais dû être soutenu. Il est temps que ce projet soit abandonné et remplacé, de façon idéale par un État démocratique et unique de Palestine dans lequel des peuples de toutes confessions seront traités en égaux sur les plans de l’humanité, des droits et de la dignité.

 

Jérusalem et la mosquée Al-Aqsa

21.Jérusalem est la capitale de la Palestine. Son statut religieux, historique et de civilisation est fondamental pour les Arabes, pour les musulmans et pour le monde au sens large. Ses lieux saints islamiques et chrétiens appartiennent exclusivement au peuple palestinien et à l’Ummah arabe et islamique. Aucune pierre de Jérusalem ne peut être cédée ou abandonnée. Les mesures prises par les occupants à Jérusalem, telles la judaïsation et la mise en place d’un peuplement le peuplement, de même que l’établissement de faits sur le terrain, sont fondamentalement nulles et non avenues.

22.La mosquée bénie Al-Aqsa appartient exclusivement à notre peuple et à notre Ummah et l’occupation n’a pas le moindre droit sur elle. Les intrigues, mesures et tentatives de l’occupation en vue de judaïser Al-Aqsa et de la diviser sont nulles, non avenues et illégitimes. Le Hamas se considère comme un protecteur d’Al-Aqsa contre les violations fréquentes de sa sainteté par l’entité sioniste.

 

Les prisonniers

23.Il est tragiquement réel que presque chaque ménage palestinien a un membre de sa famille détenu dans une prison israélienne. Depuis 1967, plus de 800 000 Palestiniens, dont des enfants, ont été incarcérés par l’armée sioniste. Parmi les milliers de prisonniers politiques ou otages palestiniens languissant actuellement dans les geôles sionistes où ils sont de façon routinière torturés, violés et maltraités, figurent des centaines de femmes et d’enfants dont beaucoup sont soumis à la détention administrative, laquelle peut être renouvelée à l’infini.

24.La libération des prisonniers palestiniens est une position de consensus chez les Palestiniens et elle est fortement soutenue dans tous les secteurs de la société. Là où les appels à la communauté internationale en vue de relâcher nos prisonniers sont tombés dans l’oreille d’un sourd, notre expérience a prouvé que la méthode la plus efficace pour libérer nos prisonniers passait par la procédure d’échange des prisonniers.

 

La résistance et la libération

25.La libération de la Palestine est le devoir du peuple palestinien en particulier et le devoir du peuple arabe et de l’Ummah islamique en général. C’est également une obligation humanitaire puisqu’elle est rendue nécessaire par les préceptes de la vérité et de la justice. Les agences qui travaillent pour la Palestine, qu’elles soient nationales, arabes, islamiques ou humanitaires, se complètent mutuellement, sont en harmonie et ne sont pas en conflit les unes contre les autres.

26.Résister à l’occupation par tous les moyens et méthodes est un droit légitime garanti par les lois divines et par les normes et lois internationales. Au cœur de ces lois se trouvent les normes régissant la résistance armée, que le Hamas considère comme le choix stratégique le plus viable pour protéger les principes et les droits du peuple palestinien. À l’instar de toutes les formes de colonialisme de peuplement, le sionisme ne concédera rien sans être confronté à une menace militaire crédible.

27.Le Hamas a une histoire de lutte armée comme de lutte non armée. Cette dernière s’est manifestée dans son soutien et sa facilitation d’initiatives comme la Grande Marche du Retour et l’implication du Hamas dans les élections parlementaires. Malheureusement, de telles initiatives n’ont été accueillies que par de nouvelles offensives militaires de l’entité sioniste et par des sanctions génocidaires imposées par le monde occidental en vue de pénaliser le peuple palestinien parce qu’il exerçait son droit démocratique d’opter pour un gouvernement de son propre choix.

28.Le Hamas rejette toute tentative en vue de saper la résistance et sa lutte armée. Il affirme également le droit de notre peuple à développer des moyens et mécanismes de résistance. Gérer la résistance, en termes d’escalade ou de désescalade, ou en termes de diversification des moyens et méthodes, constitue une part intégrale du processus de gestion du conflit et ne devrait pas se faire au détriment du principe de résistance.

29.Le matin du 7 octobre 2023, les Brigades Izz ad-Din al-Qassam ont exécuté une manœuvre militaire ciblant la Division Gaza du Commandement Sud d’Israël. On a dit et écrit beaucoup de choses sur cette opération, mais il n’y a eu que peu de couverture dans le monde anglophone sur la nature voulue de l’opération telle qu’elle a été exprimée par le mouvement même dans ses diverses déclarations écrites et interviews au cours des 17 mois écoulés. J’ai préparé une déclaration de témoin séparée qui se concentre sur l’opération. Il suffit de dire ici que les instructions données à nos forces d’élite – notre Nukhba – étaient de tuer et de capturer des soldats sionistes et de ne pas cibler les femmes, les enfants et les personnes âgées. Au point que pour chaque crime individuel prétendument commis par nos soldats, nous avons des mécanismes internes d’enquête et d’application de la discipline. Au contraire de l’entité sioniste, nous prenons la justice et la responsabilisation très au sérieux et, sur ce plan, nous restons comme toujours disposés à coopérer avec toutes les investigations et enquêtes internationales autour de l’opération, même si « Israël » refuse de le faire.

 

Le Hamas et les solutions politiques

30.La lutte palestinienne ne tourne pas qu’autour de la terre ; elle cherche également la dignité et la liberté de notre peuple. La dignité et les droits de tous les peuples qui vivent en Palestine doivent constituer le fondement de toute solution juste du conflit.

31.Nous considérons ce qui suit comme nul et non avenu : la Déclaration Balfour, le Mandat britannique sur la Palestine, la Résolution de partition de la Palestine par l’ONU et toutes les résolutions et mesures dérivant des précédentes ou qui leur sont similaires. L’établissement d’« Israël » est une grave erreur historique, contraire aux droits inaliénables du peuple palestinien allant à l’encontre de sa volonté et de celle de l’Ummah ; il a également eu lieu en violation des droits humains qui sont garantis par les conventions internationales et le principal de ces droits est le droit à l’autodétermination.

32.Le Hamas affirme que les accords d’Oslo et leurs addenda sont contraires aux règles de gouvernance des lois internationales du fait qu’ils génèrent des engagements qui violent les droits inaliénables du peuple palestinien. Par conséquent, le Mouvement rejette ces accords et tout ce qui en découle, telles les obligations au détriment des intérêts de notre peuple, et particulièrement la coordination sécuritaire (qui, en fait, n’est autre que de la collaboration avec l’occupation sioniste).

33.Le Hamas rejette tous les accords, initiatives et projets de peuplement qui visent à saper la cause palestinienne et les droits de notre peuple palestinien. À ce propos, aucune position, aucune initiative, aucun programme politique ne peuvent en aucun cas violer ces droits et ils ne devraient pas leur contrevenir ni les contredire.

34.Nous ne reconnaîtrons jamais la légitimité de l’entité sioniste ni son « droit à l’existence », un concept qui n’a aucune base selon les lois internationales. C’est vous et l’entité sioniste qui continuez de refuser à notre peuple le droit d’exister. Quel que soit le sort qui est arrivé à la terre de Palestine en termes d’occupation, de mise en place de colonies, de judaïsation ou de changement dans ses caractéristiques ou de falsification des faits, c’est illégitime.

35.Le Hamas croit qu’aucune partie de la terre de Palestine ne pourra être compromise ou cédée, quelles que soient les causes, les circonstances et les pressions et aussi longtemps que l’occupation durera. Le Hamas rejette toute alternative à la libération totale et complète de la Palestine, du fleuve à la mer.

36.Toutefois, sans compromettre son rejet de l’entité sioniste et sans abandonner le moindre droit palestinien, le Hamas considère que l’établissement d’un État palestinien entièrement souverain et indépendant, avec Jérusalem comme capitale, le long de la ligne de cessez-le-feu du 4 juin 1967, avec le retour des réfugiés et des personnes déplacées dans leurs maisons d’où ils ont été chassés, est une formule de consensus national. En de nombreuses occasions en plus de deux décennies, le Hamas a proposé une hudnah ou trêve à long terme sur cette base. Sa bonne volonté a été abusée par les sionistes, qui ont assassiné des membres de sa direction en vue de saper ces efforts.

37.Le Hamas insiste sur le fait qu’une transgression à l’encontre du peuple palestinien, en usurpant sa terre et en le bannissant de sa patrie ne peut être appelée « paix ». Tout prétendu accord dégagé sur cette base n’aboutira pas à la paix. La résistance et le djihad pour la libération de la Palestine resteront un droit légitime, un devoir et un honneur pour tous les fils et filles de notre peuple et de notre Ummah.

38.À la suite de l’humiliant effondrement de l’armée sioniste le 7 octobre 2023 et du fait que sa riposte a consisté en une intensification de son génocide incrémentiel, « Israël » est manifestement devenu un État paria. Ce qui semblait solide et durable à propos de la présence sioniste en Palestine a été fondamentalement modifié et rendu malléable. La totalité du cadre politique et institutionnel en Palestine et dans la région au sens élargi est dans un état de flux et le sionisme est plongé dans une crise qui ne cesse de s’approfondir, après avoir subi un brusque coup dur pour sa réputation. Les juifs de la diaspora, jeunes et vieux, tournent de plus en plus le dos au sionisme, et bruyamment, encore. Dans cette situation qui évolue rapidement, le Hamas est engagé dans de nouvelles solutions et résolutions audacieuses pour la lutte contre le sionisme, y compris des options qui semblaient impossibles avant octobre 2023.

 

Le système politique palestinien

39.Un véritable État de Palestine est un État qui a été libéré. Il n’y a pas d’alternative à un État palestinien pleinement souverain sur la totalité du sol national palestinien, avec Jérusalem comme capitale.

40.Le Hamas croit et adhère à une gestion de ses relations palestiniennes sur la base du pluralisme, de la démocratie, du partenariat national, de l’acceptation de l’autre et de l’adoption du dialogue. Le but est d’encourager l’unité des rangs et de l’action commune dans le but d’accomplir les buts nationaux et de concrétiser les aspirations du peuple palestinien.

41.L’OLP est un cadre national pour le peuple palestinien à l’intérieur et à l’extérieur de la Palestine. Elle devrait par conséquent être sauvegardée, développée et reconstruite sur des bases démocratiques de façon à assurer la participation de tous les constituants et forces du peuple palestinien d’une façon qui sauvegardera les droits palestiniens.

42.Le Hamas insiste sur la nécessité de bâtir des institutions nationales palestiniennes selon des principes démocratiques sains, dont le principal consiste en des élections libres et honnêtes. Un tel processus devrait être à la base d’un partenariat national et en accord avec un programme clair et une stratégie qui adhèrent aux droits, dont le droit à la résistance, et qui combleront les aspirations du peuple palestinien.

 

Conclusion

43.Il semble que les actions de la résistance palestinienne le 7 octobre ont précipité une crise profonde au sein du sionisme. Inchallah, elle s’avère une crise terminale, qui débouche sur un processus de démantèlement de l’apartheid israélien et de son remplacement par un système s’appuyant sur des valeurs de tolérance, de reconnaissance mutuelle et d’amour fondé sur la reconnaissance et la satisfaction des besoins humains.

44.Contrairement aux affirmations explicitement génocidaires du ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, le Hamas et la résistance palestinienne au sens large ne sont pas des « bêtes humaines ». Nous sommes des êtres humains à part entière que le sionisme, explicitement et à de nombreuses reprises depuis plus d’un siècle, traite délibérément en sous-hommes. Depuis près de vingt ans, « Israël » parque des millions de Palestiniens dans un camp de concentration appelé « la bande de Gaza » et nous dit que nous ne valons rien. Pour le Hamas et les autres organisations palestiniennes de la résistance, le fait de franchir les frontières de cette prison en se servant de bulldozers, de parapentes, en recourant à des tunnels ou à d’autres moyens ingénieux constitue un témoignage de la dignité palestinienne et de la dignité de l’homme plus généralement.

45.Il n’est guère surprenant que l’État britannique continue de défendre le colonisateur génocidaire sioniste tout en interdisant les organisations comme la nôtre qui luttent pour affirmer la dignité palestinienne. Le Hamas et un mouvement de résistance qui – à l’instar de tout peuple qui a combattu pour affirmer sa dignité face au capitalisme colonial européen et nord-américain – libérera notre peuple palestinien colonisé, et ce, en dépit du gouvernement britannique, et non grâce à lui.

46.J’invite dès à présent l’État britannique à se départir de cette politique d’oppression et à se ranger du bon côté de l’Histoire en cessant de proscrire notre mouvement.

Je crois que les faits énoncés dans ce témoignage sont conformes à la vérité.
Signé : Mousa Abu Marzouk .
Date : 26 mars 2025

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Publié le 9 avril 2025 sur Drop Site   (en annexe de l’article principal)
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

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Lisez également : Le Hamas lance une affaire juridique sans précédent en Grande-Bretagne (1)

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