Censure au festival de jazz : Interdiction des drapeaux palestiniens et du mot « Palestine »
Lors du festival de jazz qui a eu lieu devant la Bourse de Bruxelles, les artistes de jazz ont demandé aux manifestants pour la Palestine de monter sur scène afin de s’exprimer en leur compagnie contre le génocide. Mais les organisateurs ne l’ont pas entendu de cette oreille et tout ce qui avait trait à la Palestine a été banni de l’estrade. Et, aux drapeaux dans le public, il a été répondu par la violence policière.
Plusieurs artistes censés se produire au Lotto Brussels Jazz Weekend avaient demandé aux manifestants pour la Palestine – présents chaque soir à la Bourse – si quelques-uns d’entre eux voulaient monter sur la scène afin de faire une déclaration contre la violence en Palestine. Le vendredi 23 mai, cela s’est très bien passé.
Alejandra Borzyk, membre du groupe Bodies, leur a également demandé s’ils voulaient monter sur la scène le lendemain. Les manifestants étaient contents. Ils pensaient que, vu qu’ils étaient bien accueillis par l’artiste, la police les laisserait tranquilles. Ils se mettaient le doigt dans l’œil.
Depuis quand la musique n’est-elle pas de la politique ?
Samedi 24 mai, juste avant le concert, la chanteuse, visiblement secouée et paniquée, s’est adressée aux manifestants pour la Palestine, raconte Émilie. Les organisateurs – la Ville de Bruxelles – lui avaient formellement interdit de les laisser monter sur scène. Si elle bravait leur interdiction, sa représentation serait annulée. C’est également ce qu’a écrit la chanteuse un peu plus tard sur son compte Instagram :
« Ils m’ont dit : ‘Cela pourrait ruiner ta carrière.’ Le bourgmestre pourrait bloquer le financement. »
Elle explique comment un membre du groupe a dû se défaire de son keffieh. Le moindre signe de soutien à la Palestine a été balayé de la scène. Même les mots « Palestine » et « génocide » ont été interdits. L’événement était financé par la Ville de Bruxelles et, d’après l’organisation, « ici, nous ne faisons pas de politique », a-t-on laissé entendre à la chanteuse qui, déconcertée, a répondu :
« Depuis quand la musique n’est-elle pas de la politique ? Depuis quand le jazz n’est-il pas politique ? »
Par la suite, on lui a encore dit « gracias guapa » et « tu as été professionnelle ». Elle-même écrit qu’elle était surtout effrayée :
« Ne confondez pas crainte et professionnalisme. »
Répression immédiate
Quand les manifestants ont su qu’ils ne pourraient pas venir sur scène, ils ont décidé pendant le concert de Bodies de se mêler silencieusement au public en agitant des drapeaux palestiniens.
« Tout ce que nous vous demandons, c’est de ne pas monter sur la scène »,
avait dit préalablement la police.
« Du moment que cela ne perturbait pas le concert »,
a déclaré Émilie.
C’est pourquoi les premiers slogans n’ont résonné qu’après la fin du concert : « Free, free Palestine. » Les gens dans le public et tout autour ont commencé spontanément à scander et ont rejoint les autres. Mais la police est intervenue sur-le-champ. Même pas par un avertissement, mais par une tentative d’arrestation – la police a tenté d’arrêter un Palestinien qui vient souvent protester, mais le groupe a pris position autour de lui pour le protéger. Des agents ont commencé à pousser et à bousculer la foule, ce qui fait que les gens ont été repoussés en direction de De Brouckère.
«Lors de ces attaques, bien des personnes sont tombées qui n’avaient rien à voir avec nous »,
raconte Émilie.
« Des gens qui ne savaient même pas qu’ils devaient s’en aller. »
Trouvez ici la vidéo sur Instagram
Elle explique comment la police essayait surtout d’attraper les gens qui portaient un keffieh – et même des gens qui étaient tout simplement venus pour le concert ou qui tentaient de fuir la violence.
« Certains se sont enfuis en direction du McDo mais ont été rattrapés et repoussés avec la foule du côté de De Brouckère. »
D’après Émilie, les spectateurs et les touristes étaient manifestement choqués.
« Tout le monde se demandait : Qu’est-ce qui se passe, ici ? Pourquoi tous ces policiers ? »
Après l’évacuation forcée, la situation est restée très tendue. Pendant une heure entière, les manifestants ont été pourchassés, par des combis qui sillonnaient toute la ville, des agents qui patrouillaient et qui contrôlaient les gens arbitrairement.
« OK, nous n’avions pas l’autorisation de manifester et cela s’est déroulé complètement en dehors des règles »,
déclare Émilie.
« Mais le génocide lui non plus ne respecte pas les règles. »
Selon elle, le gouvernement en fait trop peu et, depuis le début, le bourgmestre Philippe Close est « extrêmement complice », dans la violence policière.
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Publié le 27 mai 2025 sur De Wereld Morgen
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine
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