Dossier : Les frères Vach – une grande engeance de génocidaires israéliens
Deux officiers supérieurs israéliens qui ont inventé des histoires d’enfants et de bébés juifs inexistants prétendument assassinés le 7 octobre faisaient partie des commandants de l’armée qui ont depuis lors orchestré la destruction génocidaire de la bande de Gaza. Le général de brigade Barak Hiram et le colonel Golan Vach ont aidé a fabriquer le consentement à l’annihilation de Gaza en prétendant faussement que des combattants palestiniens avaient exécuté huit enfants israéliens au kibboutz de Be’eri.

14 octobre 2023. Le colonel israélien Golan Vach pose d’un air martial en face d’une maison du kibboutz Be’eri, dans laquelle, a-t-il faussement prétendu, on avait retrouvé huit bébés carbonisés le 7 octobre. Vach et des membres de sa famille ont continué de prendre une part active à des crimes de guerre à Gaza tout au long du génocide israélien en cours. (Photo : News Licensing / MEGA)
David Sheen, The Electronic Intifada 30 avril 2025
Plus tard, Hiram et Vach ont tiré parti de ce consentement pour commettre des crimes de guerre, créant ensemble un corridor de mort large de quelques kilomètres et coupant en deux l’enclave au sud de la ville de Gaza.
Selon des reportages publiés dans le quotidien israélien Haaretz, l’officier qui porte la plus grande responsabilité dans l’oblitération de la zone est le frère cadet de Golan Vach, le général de brigade Yehuda Vach qui, durant l’été 2004, avait hérité du commandement de Hiram sur ce qu’on a appelé le corridor de Netzarim.
Avec l’aide de son frère, Yehuda Vach avait alors transformé le territoire brûlé en une zone de mort où les civils palestiniens étaient tués sans pitié, a rapporté Haaretz fin décembre 2024.
En février, la Fondation Hind Rajab – une organisation basée en Belgique (*) qui cherche à traduire en justice les Israéliens responsables du génocide – a introduit une plainte à la Cour pénale internationale en insistant pour que cette dernière inculpe Yehuda Vach pour crimes de guerre à Gaza.
L’organisation juridique a déclaré que son nom « était devenu synonyme de brutalité, sadisme et corruption sans retenue ».
Quand Vach avait repris le commandement sur le secteur à la mi-2024, il avait reçu de Hiram un corridor pratiquement en ruine et dont les résidents avaient été chassés.
Hiram, un raciste anti-arabe depuis sa jeunesse, est bien connu pour préférer le recours à une puissance de tir écrasante, quel que soit le coût en vies humaines. Le 7 octobre 2023, il avait ordonné aux chars de tirer, « même au prix de vies humaines », sur la maison de l’habitant de Be’eri, Pessi Cohen, où des combattants palestiniens détenaient 14 captifs, dont Cohen lui-même. Le tir du char avait aussitôt tué au moins neuf des captifs. Sept d’entre eux, dont quatre femmes âgées et deux jumeaux de 12 ans, étaient morts carbonisés.
Comment un colonel israélien a inventé le mensonge des bébés carbonisés le 7 octobre.
« C’est le mal à l’état pur »
D’avril à juillet 2024, alors que le corridor de Netzarim était contrôlé par Hiram et la 99e Division d’infanterie placée sous son commandement, des civils palestiniens s’y étaient fait régulièrement massacrer.
Un soldat de l’unité a expliqué à Haaretz, pour un article publié le 18 décembre 2024, comment il avait observé un groupe de civils non armés – comprenant des enfants – en train de fouiller les décombres.
L’armée israélienne les avait alors assassinés par la voie des airs. « Un hélicoptère de combat avait lancé un missile sur eux, a déclaré le soldat. « Qui penserait que c’est légitime de tirer un missile sur un enfant ? Et avec un hélicoptère ? C’est le mal à l’état pur ! »
Après qu’un rapport de l’armée daté de juillet 2024 avait blanchi le massacre par Hiram des otages israéliens à Be’eri et l’avait exonéré de tout acte répréhensible, le 99e Division avait été transférée hors de Netzarim et Hiram avait été promu commandant de la Division Gaza de l’armée israélienne, la 143e.
« Nous tuons des civils là où on les compte au nombre des terroristes », avait déclaré à Haaretz un officier de la 252e Division de Yehuda Vach.
L’assassinat de Palestiniens s’était transformé « en une compétition entre les unités », avait ajouté l’officier. « Si la 99e Division tue 150 personnes, la prochaine unité va tenter d’en tuer 200. »
Les soldats israéliens photographiaient alors les Palestiniens qu’ils avaient tués ainsi que leurs effets et ils renvoyaient les images aux renseignements militaires pour les faire analyser, pour n’apprendre que bien plus tard que même selon les évaluations israéliennes, 95 pour 100 de leurs victimes n’étaient pas soupçonnées d’avoir fait partie des combattants.
« De ces 200 morts, seuls 10 ont été confirmés comme agents du Hamas », avait dit un autre officier de la 252e Division de Vach. Même ainsi, avait-il ajouté, « personne ne remettait en question l’annonce publique concernant la mort de centaines de militants ».
Peu après avoir pris le commandement du secteur en juillet 2024, Yehuda Vach avait déclaré à ses officiers qu’il n’y avait « pas d’innocents à Gaza ».
Ces mots font écho de très près à ceux prononcés par le président Isaac Herzog le 13 octobre 2023, quand il avait affirmé que la « nation entière » des Palestiniens était responsable des événements du 7 octobre et qu’il n’y avait pas de civils à Gaza qui n’y étaient « pas impliqués ».
La déclaration de Herzog avait été citée comme preuve pertinente par la Cour internationale de Justice dans sa décision de janvier 2024 ordonnant à Israël de mettre un terme immédiatement à tout acte génocidaire contre les Palestiniens à Gaza.
Mais, selon des témoignages de soldats transmis à Haaretz, Yehuda Vach avait traduit ce sentiment en des ordres de marche nouveaux, plus cruels encore, plus que tout autre général de l’armée.
Pour les civils palestiniens de Gaza, cela signifiait des règles d’engagement même plus meurtrières encore. « Ce n’était pas simplement une opinion », avait expliqué un officier. « C’était devenu une doctrine opérationnelle : Tout le monde est un terroriste. »
Dans la pratique, cela voulait dire que les soldats de Vach avaient la permission de tuer à volonté tout Palestinien.
« Vach avait même décidé que toute personne sur un vélo pouvait être tuée, prétendant que les cyclistes étaient des collaborateurs des terroristes », avait expliqué un officier de la 252e. « Toute femme est une éclaireuse, ou un homme déguisé. »
Parmi les exemples spécifiques transmis à Haaretz, il y avait eu le cas d’un jeune civil palestinien non armé de 16 ans, dont on croit qu’il s’agissait de Muhammad Amer Salouha.
« Pendant une minute ou deux, nous n’avons pas cessé de tirer sur le corps. Les gens qui m’entouraient tiraient et rigolaient », avait rappelé l’officier. « Ce soir-là, notre commandant de bataillon nous avait félicités d’avoir tué un terroriste, et il avait ajouté qu’il espérait que nous en tuerions dix de plus le lendemain. »
Les troupes de Vach enterraient alors les corps de leurs victimes sous le sable à l’aide de bulldozers ou les laissaient tout simplement pourrir sur place. « Après les tirs, on ne ramasse pas les corps, ce qui attire des tas de chiens qui viennent les manger », avait dit un soldat.
De façon arbitraire, Vach avait également accru la largeur de la zone de mort du corridor de Netzarim.
Un soldat avait expliqué : « Aujourd’hui, 500 mètres de ce côté-ci, et 500 mètres par-là demain. »
Au moment où le 99e Division était retournée vers le corridor, en novembre 2024, pour remplacer la 252e, Vach avait déjà augmenté la largeur de la zone de mort, en passant de 2,5 kilomètres à sept kilomètres.
https://x.com/ytirawi/status/1853545772152651962?
Selon des soldats sous son commandement à Netzarim, le général de brigade Yehuda Vach était bien décidé à procéder au nettoyage ethnique des Palestiniens dans toute la partie nord de la bande de Gaza, conformément à ce qu’on a appelé le Plan des Généraux, une proposition ainsi nommée afin que les officiers de haut rang de l’armée qui exerçaient des pressions sur le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahou puissent l’approuver officiellement.
Des gens des milieux militaires ont déclaré à Haaretz que Vach « parlait de déporter les gens vers le sud. Il avait dans l’idée d’appliquer le Plan des Généraux à sa propre façon ».
Au moment de restituer le commandement du corridor à la 99e Division, en décembre 2024, Yehuda Vach s’était plaint de n’avoir pas été à même de réduire le nombre de Palestiniens dans le nord de la bande de Gaza, alors estimé à environ un quart de million de personnes.
« Nous n’avons pas atteint notre but », aurait dit Vach à ses officiers, en regrettant que le siège par Israël du nord de Gaza n’ait pas été hermétique à 100 pour 100, et qu’on ait malgré tout laissé y entrer des vivres et autre aide humanitaire. « En ce qui nous concerne, pas un seul camion [humanitaire] ne devrait entrer », avait rappelé un officier sous le commandement de Vach. « Ils doivent harceler et haranguer les convois qui entrent. »
« Entrepreneur en démolition à Gaza »
Alors que Yehuda Vach n’est pas arrivé à procéder au nettoyage ethnique complet des Palestiniens du nord de la bande de Gaza, il est quand même parvenu à en rendre une grande partie invivable dans un avenir prévisible.
Yehuda avait confié le travail avec les explosifs à son frère aîné, l’ancien chef de l’équipe de secours, le colonel Golan Vach, et à son unité constituée précisément pour remplir cette tâche, Pladot Heavy Engineering Equipment (Équipement d’ingénierie lourde Pladot). Selon des soldats et des commandants de la 252e Division, l’aîné des frères Vach était « l’entrepreneur en démolition de Gaza ».
« C’est un défi d’ingénierie », avait expliqué Golan Vach sur Radio 103 FM en novembre 2024. « Il nous faut du temps, de la patience et les capacités des engins lourds et des explosifs. »
Les soldats qui protégeaient Golan Vach et son équipe d’une dizaine d’hommes ont décrit pour Haaretz comment les hommes minaient les maisons palestiniennes à l’aide d’explosifs.
« Le seul but de Pladot Heavy Engineering Equipment était de rendre la majeure partie de Gaza la plus plate possible. C’est ce qu’ils faisaient quotidiennement », a déclaré un soldat. « C’étaient des gens très toxiques, des soldats et des civils, la plupart très religieux. Ils se rendaient compte qu’ils étaient dans une mission dingue et on aurait dit que c’était un grand privilège, pour eux. »
« On leur a donné une bande particulière dans le corridor de Netzarim et ils ont rasé jusqu’au sol tout bâtiment qui s’y trouvait », avait dit un autre soldat qui assurait la protection de Vach et de son équipe de démolition.
« La mission consistait à aller d’une maison à l’autre et à faire en sorte que tout sur place soit prêt pour être aplati », avait-il ajouté. » On nous avait simplement dit de tout aplatir, de ce point-ci à ce point-là. »
Les propres affirmations de Golan Vach n’étaient pas différentes. « Il y a des endroits où il nous faut abattre de très grands groupes de maisons », avait-il déclaré à la radio israélienne.
La destruction de la bande de Gaza est l’objectif de Vach, avait-il expliqué lors d’une autre interview pour un média. « Je perçois une grande valeur, dans cette histoire de redessiner la zone, de l’arranger afin de permettre à l’armée israélienne de contrôler le territoire comme elle est censée devoir le faire », avait-il dit lors d’un podcast organisé par un colon israélien. « Chaque jour que l’armée israélienne passe dans la bande renforce la conscience des soldats israéliens de leur capacité à détruire Gaza. »
À l’annonce en janvier d’un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, Golan Vach avait grandement déploré le fait que les Palestiniens qu’il avait chassés de leurs terres allaient bientôt rentrer chez eux.
« Nous allons d’un bâtiment à l’autre, d’un tunnel à l’autre et nous nettoyons la zone, et nous repoussons les gens de Gaza vers les endroits que nous leur avons destinés dès le début », avait expliqué Golan Vach lors d’une interview en janvier. « Une fois que vous permettez à un million et demi de civils de retourner dans ce territoire, vous perdez votre levier le plus précieux. »
Bien que Golan Vach prétende que Pladot a été fondé « à la demande du commandement du sud », son unité a été perçue, au moins par certains soldats israéliens, comme une milice semi-privée de son frère, le commandant de la 252e Division, Yehuda Vach.
Quand un commandant israélien d’une autre division avait posé des questions à propos de Pladot et de la façon dont on décidait quels bâtiments détruire, on lui avait dit « qu’il n’y avait pas besoin de faire trop de bruit », parce que Pladot était dirigé par le frère du commandant de la division.
« Ils nous ont dit qu’ils étaient des VIP », avait dit à Haaretz un officier de la 252e Division même de Yehuda Vach. « Vach a amené ses frères avec lui, quand il a repris le poste. Ils ont fait en sorte de bien faire comprendre clairement à tout le monde qu’ils étaient les frères du commandant de la division. »
Il a été dit que Yehuda Vach avait encouragé les commandants de sa division à rivaliser avec lui et à constituer leurs propres milices renégates au sein de l’armée. « J’ai amené mes frères, vous amenez les vôtres », avait dit Vach aux commandants de sa division, avait prétendu un lanceur d’alerte.
On a dit aussi que Vach et ses frères étaient responsables d’avoir fait venir des rabbins d’extrême droite, des activistes colons et d’autres civils dans la bande de Gaza, et ce, en dépit des ordres de l’armée.
« Il n’est nul besoin d’une escorte militaire ni d’inscrire les entrées et les sorties qui doivent être enregistrées pour les soldats qui entrent en territoire gazaoui, avait expliqué l’officier de la 252e Division de Vach. « Particulièrement en ce qui concerne l’unité de son frère Golan. »
Depuis des décennies, la famille Vach est au coeur du mouvement des colons nationalistes-religieux. Tant Golan que Yehuda Vach ont fréquenté la tristement célèbre école préparatoire religieuse et militaire Bnei David en Cisjordanie occupée, une école qui prêchait littéralement la réduction des Palestiniens à l’état d’esclaves.
L’an dernier, lors d’une vidéo-conférence très sensible rassemblant des généraux du commandement sud israélien, un civil non accrédité portant une calotte religieuse avait été aperçu sur l’écran en compagnie de Yehuda Vach. Selon l’un des officiers de Vach, son supérieur immédiat, le major-général Yaron Finkelman, avait manifestement remarqué l’infraction à la sécurité et était devenu rouge de colère, mais n’avait toutefois rien dit.
Finkelman, qui a démissionné de son poste en janvier, avait déjà connu un épisode d’humiliation, avec Yehuda Vach.
En 2017, quand Vach était commandant en second de la Brigade Givati, il avait été réprimandé par ses supérieurs après que des armes avaient été volées dans l’armurerie d’une base militaire qui dépendait de son autorité, et qui n’était autre que Sde Teiman, aujourd’hui un camp de torture de triste réputation.
Comme ce raid contre l’armurerie de Se Teiman était le second en deux ans, le chef d’état-major de l’armée avait choisi de réprimander le supérieur direct de Vach, le commandant de la Brigade Givati qui, à l’époque, n’était autre que Yaron Finkelman.
Deux ans plus tard, en 2019, Yehuda Vach était promu commandant de la Brigade 769 lors d’une cérémonie à la base militaire de Gibor, qui était alors passée sous son autorité. L’année suivante, Vach avait de nouveau été réprimandé, cette fois par le chef d’état-major de l’armée, après que des armes avaient été volées à Gibor même.
En septembre 2024, Finkelman avait de nouveau été mis dans l’embarras par Yehuda Vach ; pas moins de 300 soldats et sauveteurs israéliens avaient été dépêchés pour sortir son frère Golan Vach d’un puits qui s’était effondré pendant que lui et son unité Pladot menaient leur campagne en vue de rendre Gaza inhabitable.
Même après que l’accident avait permis de braquer un projecteur indésirable sur leurs activités, les frères Vach avaient agi comme s’ils étaient à l’abri de tout reproche. « Quand nous avons reçu le rapport, nous avons été en état de choc », avait avoué un soldat du commandement sud à Haaretz. « Golan Vach en personne avait mené et rédigé l’enquête. Il en ressort comme rien moins qu’un héros d’Israël, même si tout le monde comprend que c’était une honte et que l’affaire enfreignait tous les ordres. »
Le commandant de la zone sud, Finkelman, a écrit plus tard que les actions du colonel Golan Vach n’étaient pas nécessaires et qu’elles « n’avaient aucune urgence opérationnelle », mais il a refusé d’infliger une sanction disciplinaire à l’un ou l’autre des frères Vach.
Le bureau du porte-parole de l’armée israélienne a affirmé que l’unité Pladot Heavy Engineering Equipment commandée par Golan Vach était une « force militaire de réservistes autorisée », qui avait été « créée en conformité avec les procédures ».
« Loin de la victoire »
Yehuda et Golan ne sont pas les seuls frères Vach à semer la désolation à Gaza et ailleurs, depuis le 7 octobre 2023. À l’instar de Golan, leur plus jeune frère, le capitaine Elishav Vach, commande une unité militaire récemment constituée et a été blessé à Gaza l’an dernier.
Il souffrait de brûlures causées par une explosion à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza.
À l’instar de ses frères, Elishav Vach utilise les connexions de ses proches et leurs états de service à l’armée pour faire progresser l’agenda de l’extrême droite israélienne. Mais, comme Yehuda et Golan se servent du brouillard de la guerre pour annihiler tranquillement la vie palestinienne à Gaza à un rythme plus rapide, Elishav aujourd’hui exerce des pressions sur la société civile italienne afin de manufacturer un consentement à un carnage encore plus rapide.
En juillet 2024, Elishav Vach corédigeait, en compagnie de dizaines d’autres officiers israéliens, une lettre de doléances adressée à Herzi Halevi, à l’époque chef de l’état-major, en lui demandant qu’il ordonne de combattre de façon plus agressive.
À ce stade, soit environ neuf mois après le début du génocide, les officiers avaient ridiculisé les affirmations des commandants de haut rang disant qu’Israël avait presque gagné sa guerre.
« Nous, qui sommes revenus du champ de bataille, nous savons très bien que la situation est loin d’être victorieuse », écrivaient les officiers. « L’ennemi dispose toujours de capacités transfrontalières, de véhicules aériens sans équipage, de drones explosifs, de mortiers et d’une énorme infrastructure de tunnels. »
Prétendre que « des dizaines de milliers de terroristes sont vivants, disposés à continuer de se battre contre nous », ajoutaient-ils, « ce n’est pas à cela que la victoire ressemble ».
« Ne nous bloquez pas ! Laissez-nous gagner ! », plaidaient Vach et ses camarades. On suppose que Halevi a accepté de rencontrer les soldats mécontents mais que, plus tard, il a annulé la rencontre.
En août, Vach et son organisation militante anti-palestinienne, Mishelet Am, dressaient une tente de protestation dans les parages de l’hôtel particulier du ministre israélien de la Défense de l’époque, Yoav Gallant.
Quand la cheminée d’un tunnel s’était effondrée sur son frère Golan à la mi-septembre, Elishav Vach s’était servi de l’attention des médias pour relancer plus avant la destruction de Gaza, sinon le ministre devait démissionner. « Ministre de la Défense, la sécurité de l’État d’Israël est ta responsabilité », criait Vach dans un mégaphone à l’extérieur de l’enceinte de Gallant. « et tu ne fais rien ! »
Son partenaire lors des protestations, le colonel Hezi Nehama, s’était fait l’écho de la demande de Vach afin que l’armée supprime toutes les restrictions et il voulait que cette politique soit adoptée sans la moindre illusion quant aux coûts qu’elle allait entraîner pour les citoyens mêmes d’Israël. « Nous devons regarder les gens bien en face et leur dire la vérité, qu’il y aura ici beaucoup de morts sur les places des villes d’Israël. » Nehama avait déclaré dans un média d’information des colons israéliens : « Des tas d’hommes et de femmes s’engageront comme réservistes, cela coûtera beaucoup d’argent, il y aura une crise économique pour les cinq années à venir et plus. »
Quelques jours après avoir établi le camp de protestation à proximité du domicile du ministre de la Défense Gallant, Elishav Vach avait été interviewé par la chaîne publique de TV israélienne à propos de son action.
La présentatrice de Channel 11, Ayala Hasson, avait traité Vach en star et lui avait donné le temps d’antenne afin de plaider en faveur de la suppression de toute aide humanitaire à Gaza. « Vous nous défendez au moment où une guerre est en cours », avait flagorné Hasson. « Vous combattez les vrais ennemis. Et c’est vraiment inspirant. »
Contrairement à ses frères aînés Golan et Yehuda Vach, Elishav Vach ne représente l’armée à aucun titre officiel et il peut donc s’exprimer plus librement quant à ses buts et aspirations sur le front intérieur. Dans une interview de 2021, il avait exposé son manifeste politique, expliquant comment son organisation Mishelet Am s’employait à empêcher Israël de devenir un « État de tous ses citoyens » – autrement dit, une démocratie :
« Dès le moment où vous voyez Mansour Abbas siéger à la Knesset comme un roi que tous écoutent et dont tous dépendent (…) vous comprenez qu’il y a une boule de neige qui dévale la pente, ici, et qu’il faut l’arrêter », s’était plaint Elishav Vach, faisant allusion à un citoyen palestinien d’Israël et membre du parlement dont la minuscule faction avait soutenu le bref gouvernement de coalition entre des partis disparates et dirigé par Naftali Bennett en 2021 et 2022.
Vach s’en était également pris aux membres de ce gouvernement « qui faisaient la promotion de questions absolument opposées aux opinions juives, tels le mariage entre personnes du même sexe, la possibilité de conversion pour tout le monde, la réforme des règles du casher et d’autres questions qui brouillent agressivement l’identité juive ».
Aujourd’hui, Elishav consacre ses efforts à plaider pour l’anéantissement de la bande de Gaza et pour la conquête de terres arabes supplémentaires. Fin décembre 2024, le plus jeune des Vach avait été enregistré alors qu’il était en train de planter un myrte sur les berges du Litani, au Liban, afin, pour reprendre ses mots, « de montrer sa présence, de déterminer la réalité ».
Vach est également un des mécènes et collecteurs de fonds de Midbara Ka’Eden, un séminaire religieux de la ville de Mitzpeh Ramon, dans le sud, dirigé par le rabbin semeur de haine Tzvi Kostiner.
Kostiner a prêché l’expulsion des homosexuels de leurs emplois et la libération anticipée du terroriste juif Amiram Ben-Uliel.
Ce dernier avait été condamné à la prison à vie pour avoir brûlé vifs un couple palestinien et leur enfant d’un an : Saad, Riham et Ali Dawabsha du village de Duma, dans le nord de la Cisjordanie.
Début novembre, Netanyahou congédiait Gallant du ministère de la Défense. Quelques jours plus tard, le partenaire d’Elishav dans ses protestations contre Gallant, Hezi Nehama, un officier réserviste, était déchargé du service militaire, apparemment en raison de ses critiques à l’encontre de ses supérieurs qui, d’après lui, n’étaient pas assez agressifs à Gaza.
L’étoile de Vach, toutefois, continuait à monter. Plus tard en novembre, Elishav Vach avait été fêté lors d’une rencontre du Grand Rabbinat d’Israël, où il avait reçu des bénédictions et des louanges de Kalman Bar, le nouveau grand rabbin d’Israël.
Le plus jeune des Vach avait également été plus franc que ses frères à propos de l’influence du clan, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’armée.
« Dans la dernière série de combats, nous étions plus ou moins 20 personnes dans la bande de Gaza, de la famille proche, avec vraiment beaucoup d’officiers de haut rang », avait dit Elishav à la radio israélienne en 2024.
Une entreprise familiale
Une partie de l’histoire de la famille Vach peut avoir été jugée trop controversée pour qu’on la diffuse, puisque l’interview avait été maladroitement interrompue au moment précis où Elishav faisait allusion aux activités sionistes de sa famille, qui sont bien moins connues.
Dans cette même interview de septembre 2024, Elishav avait fait remarquer que, lorsque son frère aîné Golan ne s’employait pas à chasser les Arabes de Palestine, il travaillait à les remplacer par des immigrants juifs venus de l’étranger, de concert avec son père, Shalom Vach. « Parallèlement à ses activités militaires, il poursuit l’œuvre de notre père, en partenaire de son travail », avait dit Elishav sur Radio 103.
Au milieu des années 1980, Shalom Vach dirigeait le conseil municipal de Kiryat Arba, l’une des premières colonies exclusivement juives établies après la conquête territoriale de la Cisjordanie par Israël en 1967.
Lors de son élection, la première démarche de Shalom Vach avait été de constituer une coalition avec le parti suprémaciste juif Kach de Meir Kahane et de « congédier immédiatement tous les ouvriers arabes employés par le conseil local ainsi que les travailleurs arabes des autres institutions de la ville », tout en promettant d’accorder « des permis uniquement aux entreprises qui s’engagent à n’employer que des juifs ».
« Chacun d’entre nous a un Kahane dans la tête », avait dit Shalom Vach au premier biographe de Kahane, le journaliste Yair Kotler, de Haaretz. Quand on lui avait demandé en quoi il se distinguait de Kahane, Vach avait répondu qu’il préférait qu’Israël absorbe d’abord tous les juifs du monde et qu’il devienne, alors seulement, un État théocratique exclusivement juif. « Cela ne fait aucun doute », avait expliqué Vach. « Ne sauvez l’âme qu’après avoir sauvé le corps. »
En 1996, la patriarche Vach avait cofondé l’organisation non marchande financée par le gouvernement, Israel Immigrant Absorption en compagnie du rabbin Oury Cherki, chef spirituel de la faction Leadership juif du parti du Likoud au pouvoir.
Dans son travail pour Israel Immigrant Absorption, Shalom Vach se rend fréquemment en France, « faisant du porte à porte pour dénicher des gens et les ramener à la Terre d’Israël ».
La France est depuis longtemps une cible principale des organisations sionistes soutenues par Israël et qui cherchent d’effrayer les membres de l’importante communauté juive de France pour qu’ils abandonnent leur patrie et qu’ils deviennent des colons en Israël et des recrues dans la guerre démocratique d’Israël contre les Palestiniens autochtones.
Le grand intérêt de la famille Vach pour la France n’a rien d’un hasard.
Dans le post que voici publié sur Twitter/X en mars 2024, Yehuda Vach est représenté avec son père Shalom et sa mère Liat Vach, que le journaliste de la radio de l’armée israélienne, Shir Bitton, identifie respectivement comme des colons originaires de Belgique et de France.
L’été dernier, Cherki, le partenaire de Shalom Vach, avait incité publiquement les soldats israéliens à négliger la sécurité des civils palestiniens à Gaza. « Dans la population dont nous parlons ici, il n’y en a pas un qui ne soit impliqué. En fin de compte, c’est toute une culture à laquelle on a appris à être meurtrière, barbare en tant qu’idéologie et voilà comment elle éduque ses enfants dès l’enfance », avait déclaré Cherki sur la chaîne israélienne Channel 11. « Quand vous risquez la vie de vos soldats afin de les empêcher de nuire aux civils des ennemis, votre conduite n’est pas vraiment morale. Vous êtes un criminel. »
La rabbin Cherki avait également déclaré que c’était « une obligation » pour les troupes israéliennes de faire souffrir les Palestiniens. « Parfois, il y a une obligation morale à causer la souffrance d’autrui si vous livrez une guerre entre le bien et le mal », avait estimé Cherki.
Du fait qu’il n’y avait pas eu de « revanche » à la suite de l’Holocauste, prétendait-il, « un sentiment de ce que le mal était victorieux s’était développé dans le monde. Dès l’instant où il y a une revanche, vous savez qu’il y a de la justice dans le monde. Et que vous avez le pouvoir de l’apporter. »
Golan Vach continue de se livrer à des justifications tordues du même genre en vue de l’anéantissement de la bande de Gaza.
« Nous sommes à même d’être brutaux envers les Gazaouis parce que nous aimons l’humanité et ceux qui cherchent la vie », avait dit Vach sur un site d’information juif en septembre 2024. « Les combattre, c’est une façon d’aimer l’humanité. »
Quand Golan ne fait pas sauter des maisons palestiniennes ou n’incite pas au génocide, il reçoit un plantureux salaire de l’organisation de peuplement de son père, Israel Immigrant Absorption, afin de faire du prosélytisme auprès des juifs des pays anglophones et latino-américains.
Selon Golan Vach, « la guerre en cours présentement crée des vagues dans le monde entier », ce qui fait que « des milliers de juifs refont le chemin vers Israël ».
Le visage de la propagande d’atrocité israélienne
En tant que partenaire et successeur de son père, Vach traverse en avion quatre continents pour convaincre les jeunes juifs d’abandonner leur patrie et de se rendre en Israël « parce que l’atmosphère toxique et acide ne leur permet plus de vivre là ».
Dans son travail civil, Vach tire parti de la renommée qu’il a acquise lors de ses exploits militaires en tant qu’ancien chef de l’unité de sauvetage de l’armée.
La télévision publique israélienne le décrit comme « le visage que le monde associe le plus aux FDI ». C’était ce même visage dont avait tiré parti l’armée israélienne après le 7 octobre 2023 pour aider à convaincre les diplomates et médias d’information étrangers d’atrocités sur des enfants israéliens qui, en fait, n’avaient jamais eu lieu, et qui n’étaient que des inventions maladives issues de l’imagination de Vach.
Après les attaques du 7 octobre, Golan Vach avait été la première personnalité israélienne à diriger des tournées de VIP et des tournées de presse au kibboutz Be’eri, inventant de fausses histoires et affirmant avoir retrouvé personnellement les corps de huit bébés israéliens prétendument brûlés par les combattants palestiniens ainsi que le cadavre d’une neuvième bébé israélien supposé brûlé et décapité.
Dans une interview, Vach fixe carrément la caméra et prétend avoir vu plusieurs « bébés décapités » mais en fait non existants.
Une enquête de The Electronic Intifada en juin 2024 a révélé que les mensonges de Vach avaient servi deux buts. Le premier était d’enterrer une vérité gênante – les corps carbonisés de la maison de l’habitant du kibboutz n’appartenaient pas à des enfants mais à un groupe de captifs israéliens brûlés vifs par les obus de char tirés sous les ordres du général de brigade Barak Hiram.
Le deuxième but était de fabriquer un consentement au génocide à Gaza qui allait suivre. Vach a menti à chaque groupe de touristes à tour de rôle à propos de l’évacuation de bébés carbonisés non existants et a prétendu ensuite que leurs horribles souffrances justifiaient une réponse maximaliste de la part d’Israël.
« Il nous faut nettoyer cette région, et pas seulement le périmètre qui entoure le kibboutz », avait expliqué Vach à un journal britannique.
« Nous ne pouvons utiliser les mêmes outils démocratiques que ceux dont se sert le monde », avait-il déclaré à CBN News, un média sioniste chrétien opérant aux EU.
Dans une interview réalisée par un autre journal britannique, Vach avait goupillé l’une de ses atrocités inventées sous forme d’un appel au nettoyage ethnique en n’utilisant que 29 mots : « Non seulement j’ai vu un bébé décapité par le Hamas, mais je l’ai tenu dans mes mains. Voilà pourquoi cette région doit être débarrassée de ces gens. »
Les mensonges à propos de la rave-party Supernova
Outre ses diffamations de sang au sujet de la bataille de Be’eri du 7 octobre 2023, Vach avait également mis d’autres atrocités sur le dos des combattants palestiniens qui avaient attaqué le festival musical Supernova le même jour.
L’armée israélienne prétend que les militants du Hamas ont tué environ 200 des quelque 3 500 personnes présentes au festival, généralement avec des fusils d’assaut.
Au cours des semaines suivantes, Vach allait prétendre qu’il avait personnellement retrouvé les corps carbonisés de jeunes Israéliens venus participer au festival. « Nous avons surtout manipulé des gens brûlés. Le feu brûlait toujours, il y avait des empilements de gens brûlés sur le terrain de la party et en dehors », avait déclaré Vach dans le quotidien israélien Makor Rishon en octobre 2023. « Ce n’était pas un incendie accidentel qui s’était propagé en raison des fusillades. Ces infâmes terroristes avaient pris les blessés et les morts, les avaient empilés et y avaient mis le feu. »
Vach n’a jamais expliqué comment les combattants légèrement armés auraient pu transporter ou se procurer l’énorme quantité de carburant ou de produit accélérant qui aurait été nécessaire pour opérer une crémation aussi massive – et un média impatient de reproduire ses mensonges sans les contester n’allait généralement pas lui poser la question non plus.
Le journal britannique Daily Express a lui aussi publié comme fait établi l’allégation de Vach disant que, sur le site du festival Supernova, « des cadavres avaient été attachés les uns aux autres, abattus et ensuite brûlés et que les terroristes n’avaient fait preuve d’aucune pitié ». Selon cette version, Vach a prétendu avoir vu « au moins 65 jeunes hommes et jeunes filles empilés les uns sur les autres et brûlés tous ensemble ».
Sur le site d’information israélien The Times of Israel, le rédacteur en chef David Horovitz a rapporté que Vach « avait retiré 120 corps d’un bûcher installé par le Hamas pour ses victimes du festival de musique en plein air Supernova ». Horovitz a écrit que « Vach et son équipe avaient retiré les corps du bûcher, a-t-il expliqué aussi calmement qu’il le pouvait, de sorte qu’ils ne soient pas consumés au-delà de toute possibilité d’identification ».
Vach avait affirmé la même chose pour un média d’information des colons israéliens : « Plus de 120 jeunes gens avaient été rassemblés et brûlés, au festival de musique », avait déclaré Vach à Channel 7. « Nous avons brûlé nos chaussures en essayant de les sortir tous de là. »
En fait, les corps de quelque 18 Israéliens ont été retrouvés dans le parking de Supernova à l’intérieur et autour d’une ambulance que les combattants palestiniens avaient attaquée par balles, à la grenade et à l’aide de roquettes RPG, a expliqué Aviyah Margolin, l’un des survivants de l’attaque, à la chaîne publique de télévision israélienne Kan.
Les corps extraits plus tard du véhicule incendié étaient complètement carbonisés, mais des corps dans le même état ont été découverts un peu partout sur le site, cependant, et non pas disposés en empilements.
Plusieurs vidéos sauvegardées en ligne et prétendument filmées sur le site de Supernova le soir du 7 octobre montrent les forces de secours israéliennes occupées à répertorier les restes carbonisés d’environ deux douzaines de corps. Aucun des corps noircis montré sur les vidéos n’a été placé dans une pile.
Si d’autres secouristes israéliens en dehors de Golan Vach ont dit avoir vu des empilements de corps carbonisés au festival Supernova le 7 octobres, Internet n’a sauvegardé aucun de leurs comptes rendus.
En novembre 2023, le gouvernement israélien a admis qu’il avait brûlé les corps d’au moins 200 combattants palestiniens et qu’il les avant initialement comptés au nombre des victimes israéliennes.
« Nous avons dit à l’origine, dans l’atroce attaque du Hamas contre notre peuple le 7 octobre, que nous avions 1 400 victimes et, ici, nous avons ramené ce chiffre à 1 200 parce que nous avons compris que nous l’avions surestimé, que nous avions fait une erreur », a déclaré à MNSBC le porte-parole du gouvernement israélien, Marc Regev. « Il y avait en fait des corps qui étaient si vilainement brûlés que nous avons pensé qu’ils étaient des nôtres et il est apparu pour finir que c’étaient des terroristes du Hamas. »
Ce même mois, la police israélienne admettait qu’au moins un hélicoptère de l’armée israélienne avait ouvert le feu aveuglément sur des gens qui se trouvaient au festival Supernova le 7 octobre, visant manifestement des « terroristes », mais frappant un nombre non révélé de civils.
En janvier 2024, le quotidien israélien Yedioth Ahronoth rapportait que, le 7 octobre, des chars, drones et hélicoptères israéliens avaient fait sauter « environ 70 véhicules » conduits par des combattants palestiniens retournant à Gaza et que bien des Israéliens avaient sans doute été brûlés vifs au cours de ces attaques.
Ces derniers mois, l’armée israélienne a testé des échantillons de sacs mortuaires qui, estimait-elle, contenaient les restes de combattants palestiniens qu’elle avait tués le 7 octobre 2023, et elle a découvert qu’ils contenaient également de l’ADN d’Israéliens morts, a rapporté le journal un peu plus tôt en ce mois d’avril.
Les responsables israéliens sont très partagés quant à la question de savoir si, oui ou non, il faut tester le contenu entier de 1 660 sacs entreposés à la base Sde Teiman, plus la moitié des 350 sacs qu’il conservent à la base de Shura, jusqu’au moment où il sera présumé qu’ils contiennent également des corps de victimes israéliennes.
En décembre 2024, le rapport de l’armée israélienne concernant l’attaque au festival Supernova a révélé qu’un nombre significatif de corps retrouvés sur le site y avaient en réalité été apportés après les faits et qu’ils n’étaient pas ceux de personnes tuées lors de la rave-party.
Sur des enregistrements diffusés par la chaîne israélienne KAN, on entend le général de brigade Ido Mizrahi dire à des officiers : « 220 à 230 corps viennent de là. C’est le nombre approximatif de corps que nous avons retrouvés sur le site même [de Supernova], et il convient d’en associer un peu moins à la party même. »
« En d’autres termes, au cours de cette journée, un grand nombre de corps ont été transportés vers ce site, et je ne vois absolument pas pour quelle raison », a ajouté Mizrahi.
Ni Kan ni aucun autre média, israélien ou étranger, n’a demandé jusqu’à présent pourquoi les corps d’Israéliens tués auraient été transportés et laissés sur le site de Supernova.
Les preuves accumulées suggèrent que Golan Vach a inventé ces mensonges prétendant que les combattants palestiniens avaient empilé des dizaines de participants à Supernova et les avaient brûlés. Quant aux bobards concernant Be’eri, il est un fait que Vach cherchait à décrire les Palestiniens comme des barbares sans remords méritant d’être génocidés par vengeance et à couvrir les forces israéliennes qui, ce jour-là, avaient incinéré nombre de leurs propres concitoyens à l’aide de missiles et d’obus de mortier.
Dans une interview accordée au gros collecteur de fonds sioniste chrétien Mike Evans et publiée en novembre 2023, Vach a également prétendu que les combattants palestiniens avaient violé des participantes à Supernova dans la zone où se trouvait le bar du festival. « Ils ont violé certaines femmes sur ces réfrigérateurs », avait dit Vach, en montrant du doigt une série de gros réfrigérateurs.
Une femme qui s’était cachée dans l’un des réfrigérateurs du festival avait raconté qu’elle avait entendu dans les parages du bar plusieurs participants à la fête se faire abattre par les combattants palestiniens. « J’ai entendu quelque qu’un qui ouvrait un frigo et une femme a dit : ‘Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ?’ Et alors : ‘Bang, bang, bang’ », a déclaré Elinor Gambarian, 24 ans. « Le mal incarné, juste en face de vous. J’ai entendu tout. Je n’ai rien vu. »
Gambarian a affirmé que des grenades avaient également été utilisées dans l’attaque contre la zone du bar et que, lorsqu’elle avait émergé de sa cachette au bout de six heures, elle avait vu beaucoup de corps inanimés. Bien que Gambarian n’ait pas lésiné sur les détails graphiques des horreurs qu’elle prétend avoir vues, elle n’a pas affirmé avoir entendu dire que des agressions sexuelles avaient eu lieu dans la zone des réfrigérateurs.
Vach a également déclaré au Daily Express qu’il a personnellement vu les cadavres de dizaines de femmes israéliennes déshabillées et ligotées, laissant entendre que des combattants palestiniens les auraient violées et exécutées. « Je peux également témoigner avoir vu une centaine de femmes ligotées et complètement dénudées », a encore déclaré Vach. « Je ne sais pas ce qui leur est arrivé avant qu’elles ne soient tuées. »
Dans une autre interview, quelques jours plus tard, Vach a inexplicablement réduit le nombre de femmes qu’il aurait vues de ses propres yeux, nues et ligotées, d’« une centaine » à seulement deux. « J’ai vu deux femmes dont les bras étaient attachés dans le dos », a déclaré Vach. « Elles étaient complètement nues. »
Un seul autre Israélien a affirmé avoir personnellement vu des femmes attachées à des arbres lors du festival Supernova. Un rapport publié en février 2024 par l’Association des centres d’aide aux victimes de viol en Israël indique que l’agriculteur israélien Rami Davidian a vu les corps « dénudés » de six femmes ou plus. « Leurs mains étaient attachées à l’arbre avec des vêtements ou des couvertures, ou elles étaient debout, penchées, attachées à l’arbre. »
Dans le film de propagande sur les atrocités de 2024, Screams Before Silence (Des cris avant le silence) commenté par l’ancienne directrice exécutive milliardaire de Facebook Sheryl Sandberg, Davidian a affirmé avoir été le seul témoin d’une scène de crime au cours de laquelle pas moins de 30 femmes avaient été violées et massacrées, ce qui constitue une augmentation significative par rapport à la précédente affirmation de « six ou plus ». Davidian a également prétendu avoir altéré la scène du crime, en déplaçant et en recouvrant tous les corps nus, « afin que personne d’autre ne puisse voir ce que j’ai vu ».
En avril, la chaîne israélienne Channel 13 a annulé la diffusion d’un documentaire de 50 minutes dénonçant Davidian comme un escroc ayant acquis gloire et fortune en inventant des histoires à dormir debout sur les attentats du 7 octobre. « Il ne s’agit pas d’exagérations mineures », a écrit le journaliste de Channel 13, Raviv Drucker, après que le reportage produit par son équipe avec une extrême minutie avait été écarté par le PDG de la chaîne. « Ce sont des histoires inventées de toutes pièces. Des histoires horrifiantes qui n’ont jamais au grand jamais eu lieu. »
De même que ses mensonges sur les bébés israéliens décapités et brûlés le 7 octobre, les affirmations non fondées de Golan Vach disant qu’il aurait personnellement été témoin de viols collectifs commis contre des Israéliennes le même jour ont été utilisées pour susciter et entretenir un soutien inconditionnel à l’anéantissement de la bande de Gaza par Israël.
Avec le soutien indéfectible d’Israël
Vach est également responsable d’avoir fait appel à l’organisation ultra-orthodoxe ZAKA pour récupérer les corps des Israéliens tués le 7 octobre, éclipsant ainsi l’unité du Commandement du front intérieur de l’armée spécialement formée pour cette tâche macabre. Outre Vach lui-même, les premiers intervenants de ZAKA se sont rendus coupables de certains des mensonges les plus effroyables jamais répandus sur les événements de cette journée.
Alors que les mensonges de ZAKA ont été complètement démystifiés, le colonel qui les a amenés sur le champ de bataille et a utilisé sa notoriété pour convaincre les politiciens et les équipes de presse du monde entier de l’existence d’atrocités horribles qui n’ont jamais eu lieu, est toujours cité par les hauts responsables israéliens comme une source fiable d’information.
Netanyahou, en particulier, s’appuie sur les affabulations de Golan Vach lorsqu’il répète régulièrement en ligne, face au Congrès américain et à l’Assemblée générale des Nations unies, que, le 7 octobre, « ils ont brûlé des bébés vivants ».
Plus récemment, le 4 février, Netanyahou a ressorti cette même déclaration à la Maison-Blanche, où le président Donald Trump a ensuite appelé à achever le nettoyage ethnique de la bande de Gaza.
Sans doute, sous l’effet de ces mensonges répétés, les hauts responsables politiques américains continuent de les propager, comme l’a fait récemment le sénateur Chuck Schumer, actuellement le plus haut responsable démocrate élu, dans l’émission The View de la chaîne ABC.
L’exposé de The Electronic Intifada en juin 2024 sur les mensonges de Golan Vach n’est pas passé inaperçu en Israël, toutefois.
Après la blessure de Vach en septembre 2024, un groupe d’anciens porte-parole du gouvernement israélien a repris une photo du colonel publiée en exclusivité par EI et l’a utilisée dans un clip vidéo qui qualifiait Vach de « héros d’Israël ».
Le mois suivant, une émission de la télévision d’État israélienne a admis que les bébés brûlés inventés par Vach constituaient « l’un des mensonges les plus honteux sur le 7 octobre », regrettant non pas que ses mensonges aient été utilisés pour renforcer le soutien à la campagne de génocide qui avait suivi, mais qu’ils aient été « utilisés plus tard contre nous comme preuve de notre manque de fiabilité ».
« Avec le recul, nous savons que cela ne s’est pas produit », a expliqué Guy Zohar, animateur de l’émission On the Other Hand. « Mais, par ailleurs, le monde l’a rapporté comme si cela s’était produit. »
Près d’un an après que The Electronic Intifada a révélé pour la première fois en juin 2024 que Vach avait inventé le canular des bébés brûlés afin de couvrir le général de brigade Barak Hiram qui avait brûlé vifs sept civils captifs au kibboutz Be’eri, la tricherie est enfin dénoncée de façon publique pour la première fois en hébreu.
« Nous serait-il plus facile de parler de fausses histoires de huit bébés brûlés que de la décision de bombarder à mort les habitants du kibboutz ? », s’interroge le journaliste israélien Israël Frey dans une vidéo Instagram publiée plus tôt dans la journée.
« Les histoires horribles qui ont été diffusées et qui continuent de l’être dans le monde entier ont atteint exactement leur but : susciter de la rage, attiser la déshumanisation et la soif de vengeance qui ont servi de prétexte à l’occupation de Gaza, et de permis de tuer », conclut Frey. « Voilà comment le génocide a été justifié. »
Jusqu’à présent, le gouvernement israélien a continué de s’appuyer sur Golan Vach, le plus grand menteur de l’histoire du 7 octobre, pour expliquer ce qui s’était réellement passé ce jour-là.
Lors de la première cérémonie commémorative annuelle organisée par le Parlement israélien pour marquer ces événements, Vach a été recruté par le président de la Knesset, Amir Ohana, pour organiser un « briefing destiné aux ambassadeurs des pays en poste en Israël ».
Lorsque l’accord de cessez-le-feu de janvier 2025 a menacé de mettre un frein à ses plans ambitieux pour Gaza, le colonel Vach, frustré, a répété ses histoires d’atrocités du 7 octobre, ajoutant qu’elles étaient bien pires que l’Holocauste nazi.
« Ce ne sont pas des êtres humains, à voir la façon dont ils ont traité les femmes, les bébés, les personnes âgées », avait déclaré Vach lors d’un podcast animé par Gabe Groisman, avocat et gendre de Simon Falic, principal bailleur de fonds du Premier ministre Benjamin Netanyahou et du mouvement suprémaciste juif Kahane.
« On devrait remplacer les photos des dirigeants du Hamas et mettre deux ou trois fois plus de photos d’Hitler. Parce que ce qu’ils font en ce moment même, leurs intentions à notre égard et à l’égard du monde libre sont pires que celles des nazis », s’est exclamé Golan Vach. « Les nazis ne voulaient pas éliminer, démolir, tuer tout le monde. Ils voulaient régner. Ils voulaient contrôler. Ils voulaient conquérir ! Eux [le Hamas], ils ne veulent pas que cela. Ils veulent que vous soyez tous soumis au djihad. Et c’est à cela que nous avons affaire. »
Pour Vach, la responsabilité du génocide n’incombe ni aux nazis ni aux Israéliens, mais plutôt au peuple palestinien, et il proclame que « les Gazaouis nous dirigent tout droit vers leur extermination totale ».
Le révisionnisme de Vach, qui blanchit Hitler – afin de justifier l’extermination des Palestiniens – fait écho aux déclarations largement condamnées de Netanyahou il y a dix ans, qui avait de manière ignoble rejeté la responsabilité de l’Holocauste nazi en la faisant passer des épaules du dirigeant allemand sur celles des Palestiniens.
En réponse aux questions envoyées par courriel par ce journaliste sur les affirmations non fondées qu’il a répétées à plusieurs reprises, Golan Vach a refusé de répondre et a renvoyé toute demande d’informations supplémentaires au bureau du porte-parole de l’armée israélienne.
En janvier, une coalition de législateurs israéliens issus du gouvernement et de l’opposition a ciblé ceux qui dénonceraient les mensonges d’Israël au sujet du 7 octobre, adoptant une loi qui prévoit jusqu’à cinq ans de prison en cas de « dénégation » du récit officiel sioniste des événements de cette journée.
La loi ne précise pas quelles affirmations israéliennes concernant cette journée constituent désormais un délit négationniste. En janvier, un responsable israélien a prétendu que le nombre d’Israéliens décapités le 7 octobre s’élevait à au moins 600.
Yehuda Vach, responsable de la destruction d’une grande partie du nord de Gaza, a désormais le soutien du nouveau ministre de la Défense et du chef d’état-major de l’armée israélienne pour mener à bien la destruction du reste de la bande de Gaza.
En mars, des soldats sous les ordres de Vach ont détruit l’hôpital de l’Amitié turco-palestinienne dans le centre de Gaza et exécuté 15 ambulanciers et travailleurs humanitaires palestiniens dans le sud de Gaza, avant de les enterrer ainsi que leurs ambulances.
Que les frères Vach – Golan, Yehuda et Elishav – ne soient pas sanctionnés par l’armée pour leurs mensonges et leurs actes subversifs, mais soient au contraire encensés et promus par les dirigeants politiques et invités en outre à commettre d’autres crimes de guerre, montre à quel point l’Israël officiel partage leurs aspirations génocidaires.
Les soldats israéliens interviewés par Haaretz à propos des destructions commises dans la bande de Gaza ont qualifié les frères Vach de milice pseudo-rebelle, d’espèce d’avant-garde militaire au sein même de l’armée.
Toutefois, comme l’a fait remarquer Gideon Levy, chroniqueur vétéran du journal, le pouvoir et l’impunité dont se targue la famille Vach sont la preuve quotidienne qu’« Israël les soutient ».
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David Sheen est l’auteur de Kahanism and American Politics: The Democratic Party’s Decades-Long Courtship of Racist Fanatics (Le kahanisme et la politique américaine ou comment le Parti démocrate courtise des fanatiques racistes depuis des décennies).
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Note de la « mise en page » :
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Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine
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Lisez également : Dossier – Comment le colonel israélien Vach a inventé le mensonge des bébés carbonisés pour justifier le génocide