Addameer ne se laissera pas intimider par les tentatives de criminalisation
L’Association Addameer de soutien aux prisonniers et de défense des droits humains condamne avec fermeté la décision du Bureau de contrôle des avoirs étrangers (OFAC) du département américain du Trésor de faire figurer Addameer sur la liste des « terroristes mondiaux spécialement désignés ».
Communiqué d’Addameer, 2 juillet 2025
L’organisation rejette avec fermeté toutes formes de sanctions et de mesures arbitraires résultant de cette décision injuste, y compris le gel de ses comptes bancaires, le blocage de ses pages dans les médias sociaux et les restrictions imposées par les entreprises et institutions mondiales.
Addameer nie sans équivoque toutes les allégations suggérant des liens entre elle et n’importe quel parti ou organisation figurant sur des « listes du terrorisme ».
Addameer affirme qu’elle est une organisation indépendante de défense des droits humains opérant avec une transparence absolue sous les lois palestiniennes et en conformité avec les principes juridiques internationaux. Elle adhère aux normes et procédures locales et internationales prévues pour les institutions. Cette désignation injuste est condamnée en tant que démarche fondamentalement politique servant les agendas israéliens qui cherchent à saper le travail en faveur des droits humains palestiniens.
Cette désignation dangereuse, qui manque de la moindre preuve objective et qui n’a aucun fondement juridique, est la continuation d’une campagne systématique d’incitation menée depuis des années par les autorités d’occupation israéliennes et soutenue par nombre d’institutions et organisations sionistes.
Cette même campagne a abouti à la désignation d’Addameer, en 2021, comme « organisation illégale », en même temps que six autres organisations palestiniennes de premier plan défendant elles aussi les droits humains, le tout dans une tentative manifeste de réduire au silence des voix défendant les droits humains et de faire obstacle au droit des Palestiniens à tenir l’occupation responsable de ses crimes.
Cette décision reflète aussi une approche politique arbitraire cherchant à punir toute personne qui ose réclamer des comptes pour les crimes des dirigeants israéliens à l’encontre du peuple palestinien. L’inclusion d’Addameer sur la fameuse liste du terrorisme fait partie d’une politique systématique, plus large ciblant le système judiciaire international. C’est une extension des sanctions américaines précédemment imposées aux juges de la Cour pénale internationale dans une tentative de saper les efforts internationaux de responsabilisation.
La désignation d’Addameer n’est pas qu’une attaque contre une organisation palestinienne de défense des droits humains, c’est une tentative dangereuse de l’empêcher de continuer à accorder son soutien juridique aux prisonniers et détenus palestiniens, de soumettre des plaintes et des rapports aux forums internationaux, en particulier la Cour pénale internationale, et de faire progresser ses efforts en vue d’en arriver à une justice pénale internationale et de demander des comptes aux perpétrateurs de crimes contre les civils palestiniens, y compris les prisonniers et les détenus.
Addameer insiste en disant que ce ciblage fait partie d’une offensive plus vaste contre la société civile palestinienne et contre les défenseurs des droits humains, particulièrement ceux qui ont passé des décennies à documenter les graves violations subies par les prisonniers palestiniens dans les geôles israéliennes, à dénoncer la pratique de la torture et de traitements cruels et inhumains et à œuvrer pour tenir l’État occupant responsable de ses crimes incessants.
Dans ce contexte, Addameer met en garde contre le fait que cette désignation injuste pourrait ouvrir la voie à un ciblage qui s’étendrait à d’autres organisations palestiniennes des droits humains œuvrant à documenter les violations israéliennes, à dénoncer les mesures de l’occupation et à poursuivre la responsabilisation des responsables israéliens devant les tribunaux internationaux. Ceci expose la totalité du secteur palestinien des droits humains au risque et à la menace de devoir cesser son travail professionnel et humanitaire.
Depuis sa création, Addameer a consacré ses efforts à la défense des prisonniers palestiniens. Addameer voit dans cette décision une tentative manifeste de réprimer les efforts en cours en vue de poursuivre les criminels de guerre israéliens, ainsi qu’une tentative de faire obstacle au travail international des droits humains visant à rendre l’occupation responsable, en particulier au vu du génocide en cours et de l’intensification des crimes commis contre le peuple palestinien à Gaza et en Cisjordanie, ainsi qu’au vu de la torture systématique pratiquée dans les prisons.
Par conséquent, Addameer demande ce qui suit :
-aux États et aux parlements libres, de rejeter et de contester cette décision, et de déclarer publiquement qu’ils ne la reconnaissent pas, ni elle, ni ses conséquences ;
-à l’administration américaine de revenir sur sa décision et de mettre un terme à toutes formes de restrictions contre l’organisation et son travail légitime de défense des droits humains ;
-le renforcement du soutien international à la société civile palestinienne et sa protection contre les efforts de criminalisation, en particulier pour les organisations qui s’emploient à défendre les prisonniers et les droits humains.
En conclusion, Addameer affirme son engagement indéfectible dans sa mission de défense des droits humains. Elle ne se laissera pas intimider par les tentatives de criminalisation et poursuivra son travail afin de défendre la dignité du peuple palestinien et son droit à la liberté et à la justice.
Association Addameer de soutien aux prisonniers et de défense des droits humains, Ramallah – Palestine 2 juillet 2025
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Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine