Indignation au Liban après que Barrack, l’envoyé des EU, a qualifié les journalistes de « bestiaux, non civilisés »

Barrack avait émis ses remarques lors d’une conférence de presse qui avait eu lieu à Baabda, à la suite de réunions avec Aoun et des responsables libanais surtout concentrées sur les efforts en vue de désarmer le mouvement de résistance islamique du Liban, le Hezbollah.

 

"Barrack est un animal", peut-on lire peint sur les murs de Khiam, dans le Sud-Liban, une localité qui a été témoin des combats terrestres les plus acharnés entre la résistance libanaise et les envahisseurs israéliens. Les habitants de Tyre et de Khiam s'étaient bien préparés à recevoir l'envoyé américain Tom Barrack qui, depuis, a annulé son voyage dans le sud du pays.

Photo (via The Craddle sur X) : « Barrack est un animal », peut-on lire peint dans les rues de Khiam, dans le Sud-Liban, une localité qui a été témoin des combats terrestres les plus acharnés entre la résistance libanaise et les envahisseurs israéliens. Les habitants de Tyre et de Khiam s’étaient bien préparés à recevoir l’envoyé américain Tom Barrack qui, depuis, a annulé son voyage dans le sud du pays.

 

The Craddle, 26 août 2025

 

Le Syndicat des rédacteurs en chef de la presse libanaise a exigé des excuses publiques de la part de l’envoyé des EU, Tom Barrack, en réponse à ses commentaires émis au palais présidentiel et dans lesquels il avait qualifié les journalistes de « bestiaux ».

« Une fois de plus, les médias libanais ont fait l’objet d’un traitement qui, à tout le moins, se situe sous le seuil de la décence et de la diplomatie. Plus regrettable encore, c’est que la chose a été perpétrée par l’envoyé d’une grande puissance qui, comme nul ne l’ignore, joue un rôle diplomatique »,

a déclaré le syndicat dans un communiqué diffusé le 26 août, quelques heures après la conférence de presse qui avait eu lieu au palais présidentiel de Baabda.

Le syndicat exprimait son indignation du fait que Barrack

« a décrit le comportement du personnel des médias au palais présidentiel comme étant bestial »,

ajoutant que ses remarques étaient

« totalement inacceptables, profondément répréhensibles en effet, et qu’elles avaient incité le Syndicat des rédacteurs en chef à diffuser cette déclaration dirigée spécifiquement contre M. Barrack et contre les responsables diplomatiques américains en général ».

La déclaration demandait à l’envoyé américain de

« rectifier ses actions en présentant des excuses publiques aux médias ».

« Le refus d’émettre une telle déclaration pourrait inciter le Syndicat des rédacteurs en chef de la presse libanaise à réclamer un boycott des visites et rencontres de l’envoyé des EU, et ce, dans un premier geste destiné à faire savoir clairement à toutes les personnes concernées que la dignité du journalisme et des journalistes n’est pas une denrée à bon marché et qu’aucun envoyé, aussi élevé soit son rang, ne peut la transgresser »,

concluait le syndicat.

Le président libanais Joseph Aoun a lui aussi émis une déclaration à propos de l’incident.

« La Présidence de la République exprime ses regrets pour les remarques prononcées par inadvertance aujourd’hui depuis sa plate-forme par un de ses hôtes. Tout en réaffirmant son respect absolu pour la dignité humaine en général, elle souhaite renouveler son entière appréciation à l’égard de tous les journalistes et représentants des médias accrédités en particulier, et elle leur adresse ses salutations sincères pour leurs efforts et la difficulté de leur tâche dans l’accomplissement de leur devoir professionnel et national »,

disait la déclaration.

Barrack avait émis ses remarques lors d’une conférence de presse qui avait eu lieu à Baabda, à la suite de réunions avec Aoun et des responsables libanais surtout concentrées sur les efforts en vue de désarmer le mouvement de résistance islamique du Liban, le Hezbollah.

« Nous allons instaurer un autre ensemble de règles. S’il vous plaît, taisez-vous un instant. Je veux vous dire quelque chose : au moment où cela devient chaotique ici, voire bestial, nous partons. Vous voulez savoir ce qui se passe ? Agissez de façon civilisée, agissez avec gentillesse, agissez avec tolérance »,

 dès que cela commence à devenir chaotique, voire bestial, nous partons. Vous voulez savoir ce qui se passe ? Agissez de manière civilisée, agissez avec gentillesse, agissez avec tolérance.

avait déclaré, en réponse au comportement habituel des journalistes lors d’une conférence de presse, tels gros éclats de voix et questions qui fusent de toutes parts en se chevauchant.

« Voilà le problème avec ce qui se passe dans la région »,

avait-il poursuivi à l’adresse du Syndicat des rédacteurs de chef de la presse libanaise.

Barrack avait déjà adressé des propos controversés aux médias libanais auparavant.

Il y a plusieurs semaines, il avait suggéré que les forces syriennes seraient à même de lancer une invasion contre le Liban si Beyrouth ne s’employait pas rapidement à désarmer le Hezbollah.

Barrack, proche associé du président américain, avait tenu précédemment des réunions avec Jeffrey Epstein et est désormais envoyé spécial en Syrie et ambassadeur en Turquie.

Il est la toute dernière personnalité diplomatique américaine en date à diriger les efforts de Washington en vue de désarmer le Hezbollah.

Le 5 août, le cabinet libanais a adopté la décision de désarmer le Hezbollah à la fin de cette année. On attend des Forces armées libanais (FAL) qu’elles présentent cette semaine un plan d’exécution au gouvernement.

Le Hezbollah a rejeté la décision du cabinet et continue de réclamer un dialogue avec l’État sur la formation d’une stratégie de défense nationale qui verra ses propres armements incorporés au sein de l’armée libanaise et mis à sa disposition au cas où le pays serait attaqué.

Le mouvement de résistance exige des garanties qu’une telle stratégie sera réalisable, mais refuse de discuter de la question tant qu’Israël continuera d’attaquer le Sud-Liban et d’occuper plusieurs positions à proximité de la frontière et ce, en violation du cessez-le-feu. Washington a exigé le désarmement avant que n’ait lieu tout retrait des troupes israéliennes du sud.

Plus de 200 personnes ont été tuées par Israël depuis la déclaration du cessez-le-feu en novembre 2024.

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Publié le 26 août 2025 sur The Craddle
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

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« Lorsque le colon parle du colonisé, il utilise des termes zoologiques » (Frantz Fanon)

 

Parfois, ce mécanisme atteint sa conclusion logique et déshumanise le sujet colonisé. En langage simple, celui-ci est réduit à l’état d’animal. Et, par conséquent, quand le colon parle du colonisé, il utilise des termes zoologiques. Il est fait allusion aux gestes fuyants de la race jaune, aux odeurs des quartiers « indigènes », aux hordes, à la puanteur, au fourmillement, au bouillonnement et aux gesticulations. Dans ses tentatives de description et de découverte du mot exact, le colon en réfère constamment au monde animal.

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