En plein cessez-le-feu, Israël a tué des dizaines d’enfants en un seul jour
À Gaza, Israël a continué de violer le cessez-le-feu en tuant et blessant des Palestiniens lors de frappes aériennes et d’attaques de drones, et en poursuivant le blocus brutal de l’aide humanitaire et des équipements nécessaires pour nourrir la population, reconstruire les infrastructures et sauver des vies humaines.
Nora Barrows-Friedman, 31 octobre 2025
29 octobre 2025. Des Palestiniens pleurent la perte d’êtres chers tués par les frappes israéliennes sur l’hôpital Al-Shifa de Gaza. (Photo : Omar Ashtawy / APA images)
Le texte qui suit est un condensé des informations communiquées lors du livestream du 30 octobre.
Vous pouvez voir l’émission au complet ici.
Le 28 octobre, Israël a affirmé que les forces de la résistance palestinienne avaient tué un soldat israélien à Rafah et a prétendu que le corps d’un captif israélien transféré de Gaza par le Hamas ne correspondait pas à l’un des 13 corps restitués dans le cadre du cessez-le-feu.
Le gouvernement israélien a déclaré qu’il reprendrait les attaques à grande échelle et, cette même nuit, des frappes israéliennes ont tué au moins 104 Palestiniens, dont 46 enfants, et en ont blessé plus de 250.
Mercredi matin, le journaliste Mohamed Al-Jabary a filmé des Palestiniens qui acheminaient vers les cimetières les corps de leurs êtres chers – dont de nombreux enfants enveloppés dans de petits linceuls blancs.
Le Hamas a récusé les allégations israéliennes, disant que son aile armée n’avait strictement rien à voir dans l’attaque contre des soldats israéliens à Rafah, et il a invité les médiateurs internationaux à intervenir immédiatement pour contenir Israël.
Le parti politique a qualifié les frappes aériennes d’Israël d’« extension d’une série de violations commises ces quelques derniers jours, dont des attaques qui se sont soldées par des morts et des blessés, ainsi que la fermeture permanente du passage de Rafah, ce qui confirme l’insistance d’Israël à vouloir violer les termes de l’accord et tenter de le saboter ».
Depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu le 10 octobre, au moins 211 Palestiniens ont été tués et quelque 600 autres blessés, selon le ministère de la Santé à Gaza. Le bureau gouvernemental des médias de Gaza avait déjà répertorié au moins 125 violations du cessez-le-feu par Israël, avant les attaques de mardi.
Il convient d’inclure dans ce nombre de violations au moins 52 opérations de tir visant directement des civils, neuf incursions par des véhicules israéliens dans des quartiers résidentiels situés au-delà de la fameuse Ligne jaune, outre les 55 opérations de bombardement et de ciblage et 11 autres bombardements de bâtiments civils. Vingt et un citoyens ont également été arrêtés dans diverses zones de la bande de Gaza, a déclaré la bureau des médias.
Le 27 octobre, une frappe par un drone israélien a tué au moins deux Palestiniens non loin de Khan Younis, dans le sud.
Dans le sillage des frappes aériennes de mardi, le porte-parole de la défense civile de Gaza, Mahmoud Basal, a déclaré que les sauveteurs tentaient toujours de dégager les morts et les blessés des énormes amas de décombres et que les hôpitaux débordaient de blessés.
Le reporter Ahmed Kaheel a réalisé ce clip d’une opération de sauvetage mardi soir :
« Ce qui se passe aujourd’hui à Gaza est une honte pour l’humanité et met en évidence la complicité de la communauté internationale quand elle garde le silence sur ces violations », a déclaré Basal.
« La poursuite de ces crimes au beau milieu du silence mondial constitue un manquement moral et humanitaire impardonnable », a-t-il ajouté.
Hani Mahmoud, d’Al Jazeera, a déclaré le 29 octobre que le personnel médical des urgences de l’hôpital Al-Shifa à Gaza même avait fait savoir que ses patients affluaient avec de graves blessures d’éclats métalliques dues aux frappes des missiles israéliens.
« Les bombes et les missiles par drone lancés par l’armée israélienne sont chargés d’objets métalliques – des clous et des bouts de métaux en tous genres – et, quand les projectiles explosent, ces objets se dispersent à des vitesses folles et percent les corps des gens. »
« Bien des patients ont des hémorragies internes. Cela accroît la pression sur le personnel médical », a ajouté Mahmoud.
« Et on n’est pas au bout de la peur. Il y a toujours des drones ici, dans le ciel de Gaza. Les drones kamikazes nous survolent à une altitude dangereusement basse, ils provoquent la peur et la panique. »
Mercredi 29 octobre, deux Palestiniens ont été tués dans la ville de Beit Lahiya, dans le nord, après qu’Israël a prétendu avoir visé un site de stockage d’armes à la suite directe d’autres attaques, même s’il venait d’annoncer qu’il allait respecter à nouveau le cessez-le-feu, après les massacres de mardi.
Mise en terre de corps non identifiés
D’autres corps palestiniens ont été restitués cette semaine à Gaza par l’armée israélienne. Nombre de ces corps portaient des signes de torture et d’exécution sommaire et de nombreux corps ont également été restitués sans avoir été identifiés.
Quarante et un corps ont été ensevelis dignement dans le sud de Gaza, le 27 octobre.
Le journaliste Tamer Qeshta a réalisé ce clip montrant des travailleurs de la défense civile en train de préparer les corps pour la mise en terre.
Le ministère de la santé de Gaza a annoncé qu’il ouvrait un nouveau bureau civil afin de procéder à l’identification des restes des centaines de Palestiniens qui ont été restitués à Gaza par Israël sans la moindre information permettant de les identifier.
Le ministère a également lancé un portail en ligne afin d’aider les familles à identifier leurs proches portés manquants.
Au cours de la semaine écoulée, une centaine de corps de Palestiniens faisant partie de la famille al-Shaheibar, massacrée en novembre 2023 dans le quartier de Sabra, à Gaza, ont été finalement retrouvés et enterrés par les membres survivants de leur famille et par la communauté, près de deux années entières après avoir été tués.
Le reporter Saed Hasballah a filmé les préparatifs de la cérémonie :
Euro-Med Human Rights Monitor a réalisé la documentation de la série de massacres. D’après ses recherches, « les attaques – qui se sont étalées sur deux jours, les 17 et 18 novembre 2023 – ont recouru à des avions et à des drones pour viser des immeubles résidentiels, alors que des civils étaient à l’intérieur, ainsi que les personnes qui tentaient d’enterrer des proches tués au cours d’attaques précédentes ».
Alors que les équipes de la défense civile tentent de retrouver les milliers de Palestiniens toujours manquants et ensevelis sous les décombres résultant de deux ans d’attaques israéliennes continuelles, Israël maintient un blocus total sur les engins lourds et les équipements de dépannage.
Il a toutefois autorisé l’entrée de plusieurs véhicules lourds depuis l’Égypte, mais uniquement afin de localiser et retrouver les corps des captifs israéliens restants.
Le reporter Issa Syam a filmé les engins lourds venus d’Égypte et opérant lundi dans le centre de Gaza.
Cette semaine, Jeremy Scahill, de Drop Site, a parlé dans Democracy Now! de deux poids et deux mesures, dans le contexte de l’importance accrue de retrouver certains corps plutôt que d’autres.
Les colons intensifient leurs attaques en Cisjordanie
En Cisjordanie occupée, nous poursuivons notre couverture de l’intensification des attaques des colons et soldats israéliens contre les Palestiniens.
Tamara Nassar, de The Electronic Intifada, fait savoir qu’au cours des deux premières semaines de la saison de la cueillette des olives, qui a débuté en octobre, le groupe de surveillance OCHA de l’ONU a répertorié, dans le cadre de la récolte, plus de 85 attaques de colons contre des Palestiniens et leurs propriétés et ce, dans une cinquantaine de villes et de villages de la Cisjordanie occupée.
En début de semaine, des colons ont envahi le village de Tuba, à Masafer Yatta, dans le sud de la Cisjordanie. L’organisation militante locale, Youth of Sumud (La Jeunesse du Sumud), a diffusé ce clip le 25 octobre.
Mercredi, d’après l’agence d’information Wafa, on a rapporté que des colons israéliens avaient détruit des centaines de vieux oliviers dans le village de Qaryout, au sud de Naplouse.
Les fermiers ont dit qu’ils avaient été choqués de découvrir leurs arbres détruits en pénétrant sur leurs terres dans la zone ouest du village, après que l’armée israélienne leur avait accordé deux jours d’accès à ces mêmes terres.
Les terres sont situées près de la colonie illégale d’Eli, construite sur des terres des villages de Qaryout, d’al-Sawiya et d’al-Lubban al-Sharqiya.
Des sources locales ont fait remarquer que c’était la deuxième année consécutive que des colons commettaient semblables actes de destruction dans la même zone, a encore rapporté Wafa.
Mercredi soir, des colons israéliens ont attaqué le village de Burqa, à l’est de Ramallah, a encore fait savoir Wafa.
Les colons ont attaqué la périphérie du village et ont tenté de l’envahir avant d’avoir à affronter les habitants de l’endroit. Plus tard, à la suite de l’attaque, les forces israéliennes ont également envahi le village, a ajouté Wafa.
Entre-temps, mardi matin, l’armée israélienne envahissait le village d’Umm al-Kheir, à Masafer Yatta, et distribuait à la population toute une série d’ordonnances de démolition, les dernières en date d’une série d’attaques et de plans – portant sur plusieurs décennies – en vue de détruire complètement les villages de Masafer Yatta et d’étendre les colonies de peuplement toutes proches.
Eid Hathaleen, un habitant du village, a réalisé ce clip mardi, qui illustre très bien les ordonnances de démolition.
Mise en exergue de la résilience
Enfin, nous avons voulu mettre à l’honneur des personnes exprimant leur joie, leur détermination et leur résilience un peu partout à Gaza et dans le monde.
À Gaza, des volontaires de Sameer Project, une organisation d’entraide, ont lancé récemment leur nouvelle initiative – baptisée « Construisons-le » – visant à réaménager certaines zones de Gaza même et du nord de l’enclave.
Ils ont chanté des chants en l’honneur de la patrie, ont déblayé des débris manuellement, avec des pelles et de petits tracteurs.
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Nora Barrows-Friedman est rédactrice et éditrice associée à The Electronic Intifada. Elle est l’ autrice de » In Our Power : US Students Organize for Justice in Palestine » ( Just World Books, 2014 ).
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Publié le 31 octobre 2025 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine
