Des Palestiniens parlent des viols collectifs commis par des soldats israéliens et leurs chiens
Les victimes ont décrit des viols de la part de soldats, des séances de déshabillage forcé sous l’œil de caméras et des viols perpétrés au moyen d’objets et par des chiens.
Mise en garde : Cet article contient des comptes rendus explicites de tortures et de violences sexuelles extrêmes.

Des survivants du camp de torture de Sde Teiman et d’autres sites de détention ont décrit les agressions sexuelles horribles et les viols commis par leurs ravisseurs israéliens.
Ali Abunimah, 13 novembre 2025
Des Palestiniens de Gaza, récemment libérés de leur détention en Israël, ont laissé des descriptions angoissantes des tortures sexuelles auxquelles les ont soumis leurs ravisseurs israéliens.
Les victimes ont décrit des viols de la part de soldats, des séances de déshabillage forcé sous l’œil de caméras et des viols perpétrés au moyen d’objets et par des chiens.
Le Centre palestinien pour les droits humains (CPDH), qui a rassemblé ces témoignages au cours des semaines écoulées, affirme qu’ils reflètent plutôt une politique systématique s’inscrivant bel et bien dans le cadre du génocide israélien, plutôt que de constituer des incidents isolés.
Des milliers de Palestiniens se trouvent toujours dans des camps de détention et des prisons auxquels les contrôleurs internationaux, dont la Croix-Rouge, n’ont aucunement accès.
Le CPDH met en garde en disant que les détenus risquent la mort et les aveux extraits de force via la torture – et particulièrement du fait qu’Israël fait avancer des projets visant à imposer la peine de mort aux détenus palestiniens.
Ces détenus ont été arrêtés pour la seule raison qu’ils résidaient dans la bande de Gaza, et ces arrestations
« font partie d’une politique de punition collective destinée à humilier les Palestiniens et à leur infliger les pires dommages psychologiques et physiques »,
a déclaré le CPDH.
Le CPDH a publié les témoignages détaillés, particulièrement poignants, de quatre des victimes, uniquement désignées par leurs initiales.
N.A., une mère de 42 ans arrêtée alors qu’elle franchissait un check-point israélien dans le nord de Gaza, a expliqué qu’elle avait été victime de tortures sexuelles brutales et autres violences, ayant entre autres été violée à quatre reprises par plusieurs militaires israéliens, battue plusieurs fois, électrocutée, insultée, déshabillée complètement et filmée.
Elle se souvient d’avoir été emmenée environ quatre jours après son arrestation et liée complètement nue, le visage tourné vers le bas à une table métallique, et ce, durant trois jours pendant lesquels des soldats israéliens l’ont violée à plusieurs reprises, tant par l’anus que par le vagin.
« Après qu’ils m’eurent violée, ils m’ont laissée seule dans la même pièce, les mains toujours attachées au lit et sans vêtements, pendant des heures »,
a-t-elle dit d’un incident.
« Je pouvais entendre les soldats parler en hébreu et rire à l’extérieur. »
Elle a expliqué au CPDH qu’elle avait entendu se déclencher le bruit de la caméra et qu’on lui avait dit que ses photos seraient publiées dans les médias sociaux.
A.A., un père palestinien de 35 ans arrêté à l’hôpital Al-Shifa de Gaza et emprisonné pendant 19 mois, a décrit ses tortures extrêmes, dont son viol par un chien entraîné à cet effet, au camp de torture israélien de Sde Teiman.
« L’un des chiens m’a violé – il l’a fait délibérément, sachant exactement ce qu’il faisait »,
a-t-il dit au CPDH.
A.A. a décrit la terreur psychologique qu’il avait endurée, ainsi que ses très graves blessures physiques, dont une blessure à la tête qu’un médecin lui avait recousue sans la moindre anesthésie.
T.O., un père palestinien de 41 ans, arrêté à l’hôpital Kamal Adwan et détenu pendant 22 mois, a été soumis à des tortures sexuelles, dont le viol à l’aide d’un objet en bois et des menaces de ses ravisseurs d’amener sa femme au site de détention et de la violer également.
« L’un des soldats m’a violé brutalement en introduisant un bâton en bois dans mon anus. Au bout d’une minute, il l’a retiré puis l’a réintroduit encore plus brutalement alors que je hurlais de douleur »,
a-t-il raconté.
« Après une autre minute, il l’a retiré et m’a forcé d’ouvrir la bouche et y a introduit le bâton pour que je le lèche. »
Après l’agression, T.O. a expliqué qu’il avait saigné par l’anus. Entravé par un bandeau et des menottes en plastique, il avait été emmené dans une autre pièce
« où j’ai été gardé en compagnie de plusieurs détenus pendant environ huit heures au cours desquelles les soldats sont revenus régulièrement pour nous battre et nous insulter avec une extrême violence ».
M.A., un jeune Palestinien de 18 ans arrêté à proximité d’un point de distribution d’« aide » géré par la fameuse Fondation humanitaire pour Gaza (GHF), a expliqué qu’il avait été violé à maintes reprises à l’aide d’une bouteille et qu’il avait assisté à des agressions similaires à l’encontre d’autres codétenus.
« Il y avait aussi un chien derrière nous, comme s’il nous violait »,
a déclaré M.A.
« Ils ont violé notre dignité et détruit à vie notre esprit et notre espoir. J’aurais voulu poursuivre mes études ; maintenant, après ce qui m’est arrivé, je suis perdu. »
Les sites de la Fondation humanitaire américano-israélienne pour Gaza, aujourd’hui disparue, ont été utilisés pour attirer des Palestiniens tenaillés par la faim. Souvent, ils y ont perdu la vie, y ont été blessés ou ont disparu.
Des crimes bien documentés
Ce ne sont pas les premiers témoignages de viols systématiques et de tortures sexuelles de la part du personnel israélien.
Des victimes palestiniennes avaient déjà livré maints comptes rendus horribles aux organisations des droits humains et aux Nations unies, au cours du génocide.
En mai, le CPDH a publié un rapport détaillé s’appuyant sur les récits de 100 anciens détenus faisant état de
« tortures physiques et psychologiques brutales, dont séances de coups, électrocutions, suspensions, violences sexuelles, menottage extrêmement serré et positions de stress forcé »
Malgré de nombreux témoignages oculaires et de première main et vidéos, les crimes sexuels d’Israël à l’encontre des Palestiniens ont été grandement ignorés par les médias et gouvernements occidentaux – qui, au lieu de cela, ont concentré leur indignation sur les allégations fabriquées de toutes pièces par Israël concernant des viols massifs prétendument commis par des Palestiniens le 7 octobre 2023.
Les mensonges d’Israël à propos de viols d’Israéliens par des Palestiniens constituent une propagande d’atrocité destinée à mobiliser du soutien en faveur de son génocide.
À ce jour, pas une seule victime israélienne – vivante ou décédée – d’un prétendu viol le 7 octobre n’a été identifiée et il n’y a pas de témoignages oculaires crédibles ni de preuves sur vidéos ou sur photos corroborant les viols qui auraient été perpétrés systématiquement dans une vaste zone où de très nombreux tournages ont eu lieu.
Les violeurs ont été fêtés en Israël
L’un des rares cas de victimes palestiniennes ayant attiré l’attention concernait un détenu collectivement violé et grièvement blessé par un groupe de soldats israéliens au centre de détention de Sde Teiman.
L’affaire était venue à la lumière l’an dernier, après que plusieurs soldats avaient été arrêtés pour cette agression et qu’une vidéo montrant les faits avait été diffusée à la télévision israélienne.
Après la diffusion de cette vidéo, en août 2024, le Bureau des droits humains de l’ONU avait
« collecté les mois suivants un certain nombre de vidéos montrant de grossières violations des droits des Palestiniens emprisonnés par Israël, dont des actes de mauvais traitements, de torture, de violence sexuelle et de viol ».
La vidéo sur Sde Teiman a suscité l’indignation en Israël – pas à propos de l’agression qu’elle montrait, mais pour prendre la défense des soldats. Elle a soulevé chez les Israéliens des protestations arguant du « droit de viol » et réclamant la libération des soldats, dans le même temps que des hauts responsables justifiaient leurs actions.
Yifat Tomer-Yerushalmi – le procureur militaire israélien qui a divulgué la vidéo dans une tentative avortée d’apaiser l’indignation soulevée par l’arrestation des soldats – a démissionné le mois dernier, avant d’être arrêté et placé en détention à domicile.
Pendant ce temps, les soldats accusés de viol continuent d’être traités en héros.


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Publié le 13 novembre 2025 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie-Flémal, Charleroi pour la Palestine




