Salah Hamouri risque d’être expulsé à vie de Palestine
Salah Hamouri, 35 ans, est né à Jérusalem. Il a toujours vécu en Palestine, c’est son pays et pourtant, aujourd’hui, il risque d’être expulsé à vie. Ce jeudi 3 septembre 2020, comme l’a indiqué son comité de soutien, il a été convoqué au centre d’interrogatoire de Moskobiyeh, à Jérusalem.
« Une lettre du ministre de l’Intérieur israélien, Aryé Deri, membre du parti ultra-orthodoxe Shas, lui a été remis. Par cette missive, le ministre indique sa décision de retirer purement et simplement la carte de résidence permanente de Salah Hamouri, seul papier officiel lui permettant de vivre, chez lui, à Jérusalem »,
précise inquiet son comité de soutien.
Selon ses proches, cette révocation décidée par les autorités israéliennes et motivée par le passé judiciaire de Salah Hamouri (celui-ci a purgé 8 ans de prison) aboutirait à une expulsion définitive du Franco-Palestinien. Dans la lettre, le ministre invoque une loi de 1952 sur « l’entrée en Israël ». Son comité de soutien rappelle que « Salah est né et vit à Jérusalem depuis 1985 ».
Pour ses proches, il s’agit donc d’une double peine.
« Le ministre de l’intérieur israélien, par cette lettre supplante le système judiciaire, ainsi que le droit de chaque “accusé” à se défendre. Nul ne peut être puni deux fois et encore moins par simple décision d’un ministre ! »,
rappelle indigné son comité de soutien qui en appelle
« aux plus hautes autorités de l’Etat, comme à celles de l’Europe, ainsi qu’aux défenseurs des droits humains, pour qu’ils agissent de toute urgence pour défendre Salah Hamouri ».
Palestinien par son père, Français par sa mère, (Denise Hamouri est originaire de Bourg en Bresse), Salah Hamouri est né et a grandi à Jérusalem. Il a été incarcéré à plusieurs reprises. En 2005, à 19 ans, alors étudiant en sociologie à Bethléem, il est accusé à tort, soupçonné d’avoir projeté l’assassinat d’un rabbin. Sur la recommandation de son avocate, il plaide coupable, pour éviter une peine de 14 ans de prison. Il sera condamné à une peine de 7 ans.
À l’époque, Alain Juppé, ministre français des Affaires étrangères avait estimé que le dossier d’accusation était vide, reconnaissant que « les aveux faits à l’audience n’avaient été corroborés par aucun élément de preuve ». A sa sortie de prison, les déboires de Salah Hamouri ne se sont pas arrêtés pour autant. Deux arrêtés militaires émanant de l’armée israélienne sont pris contre lui en 2015, lui interdisant de se rendre dans les territoires occupés palestiniens.
Puis, en août 2017, il est de nouveau arrêté et placé en détention administrative. Les accusations portées contre lui sont restées confidentielles comme c’est généralement le cas pour les détentions administratives. Un régime, très critiqué par les défenseurs des droits de l’Homme et qui permet à Israël de priver de liberté des personnes pendant plusieurs mois renouvelables indéfiniment sans leur en notifier les raisons. Salah Hamouri restera plus d’un an en prison.
Le 20 mai dernier, les forces spéciales israéliennes avaient tenté de l’enlever en pleine journée. Une scène invraisemblable survenue à Ramallah, en territoire palestinien.
Depuis quelques années, Salah Hamouri navigue entre Jérusalem et la région parisienne où vit son épouse Elsa Lefort, interdite de séjour en Israël depuis janvier 2016, depuis son expulsion arbitraire alors qu’elle était enceinte.
Un acharnement des autorités israéliennes contre notre compatriote, rendu possible par l’inaction des gouvernements français qui se se sont succédé depuis 15 ans.
Publié le 3 septembre 2020 sur Le Courrier de l’Atlas
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