Les Palestiniens de 48 récoltent des fonds pour Beyrouth

Après qu’une gigantesque explosion a ébranlé la capitale du Liban, les dirigeants palestiniens en Israël se sont mis à collecter des fonds et s’arrangent pour envoyer sur place une délégation d’experts médicaux.

Suha Arraf, 5 août 2020

Capture d’écran sur Twitter d’une vidéo de l’explosion dans le port de Beyrouth, le 4 août 1970. (Photo : Twitter)

Capture d’écran sur Twitter d’une vidéo de l’explosion dans le port de Beyrouth, le 4 août 1970. (Photo : Twitter)

                                                                                                               

Il est encore trop tôt pour saisir pleinement l’ampleur de l’explosion qui a ébranlé le port de Beyrouth mardi après-midi. Au moins 100 personnes ont été tuées et 4 000 blessées, et de nombreuses autres sont toujours piégées sous les décombres, alors que le courant est coupé dans la majeure partie de la ville. Le gouverneur de Beyrouth a déclaré qu’environ la moitié de la ville avait été endommagée par l’explosion et que le tribut en vies humaines était susceptible de dépasser 100 personnes.

Quatre grands hôpitaux de la ville ont subi de lourds dégâts suite à l’explosion et le président du Liban, Michel Aoun a blâmé un stockage fautif d’une quantité énorme de nitrate d’ammonium, ce qui a forcé l’équipe de l’hôpital et les bénévoles à transformer les parcs de stationnement en centres médicaux de fortune. On rapporte qu’au moins 200 000 personnes ont été laissées sans logis, suite à l’explosion.

Nombre de pays arabes ont proposé de l’aide au Liban, qui a été affecté par un pic du nombre de cas de Covid-19 et par une crise économique entretenue par la corruption du gouvernement, les mesures d’austérité et un manque d’infrastructures de base. Mardi soir, l’Egypte a illuminé ses pyramides des couleurs du drapeau libanais, tandis que, mercredi matin, un convoi de fournitures médicales quittait le pays pour Beyrouth. La Jordanie, le Qatar, l’Irak et l’Arabie saoudite ont également proposé leur aide. Le président palestinien Mahmoud Abbas a exprimé sa solidarité et ses condoléances à l’adresse du peuple libanais.

Les Palestiniens en Israël, eux aussi, trouvent des moyens de proposer leur aide et d’exprimer leur solidarité.

Mohammad Barakeh, le responsable du Comité supérieur de suivi, une organisation de coordination qui représente les citoyens palestiniens du pays, a écrit ce qui suit sur sa page Facebook :

« Beyrouth est dans nos cœurs. Le Comité supérieur de suivi est aux côtés du peuple libanais dans le désastre qui l’a frappé. Nous sommes très attristés par ce qui s’est passé dans le Liban meurtri, qui a toujours soutenu la cause du peuple palestinien. Nous adressons nos condoléances à nos frères libanais et souhaitons une guérison rapide aux blessés. Il est de notre devoir d’apporter notre aide autant que nous le pouvons. »

Barakeh a entrepris de contacter les hommes politiques libanais ainsi que l’ambassadeur de Palestine au Liban, Ashraf Dabbour, dans une tentative d’envoyer une délégation d’experts médicaux palestiniens en provenance d’Israël. Le Comité supérieur de suivi a également publié une déclaration disant :

« Nous sommes prêts à envoyer des équipes médicales, des dizaines de médecins sont prêts à partir et à apporter leur aide dans leurs divers domaines d’expertise. »

Toutefois, Barakeh est toujours dans l’attente de voir si son plan portera ses fruits. « C’est une affaire compliquée », a-t-il expliqué à Local Call. « Il nous faut le consentement des deux gouvernements, celui du Liban et celui d’Israël. Il y a 50 pour 100 de chances que la délégation pourra partir. »

Mohammad Barakeh, responsable du Comité supérieur de suivi, à la Knesset, le 14 mai 2012. (Photo : Miriam Alster / Flash90)

Mohammad Barakeh, responsable du Comité supérieur de suivi, à la Knesset, le 14 mai 2012. (Photo : Miriam Alster / Flash90)

 

Pendant ce temps, la branche sud du Mouvement islamique en Israël a sorti un appel afin de collecter des fonds pour les « frères au Liban ».

Depuis les explosions, les Palestiniens en Israël et dans les territoires occupés ont tourné leur attention vers Beyrouth, et de nombreux d’entre eux ont modifié leur image de profil pour la remplacer par le drapeau libanais, en symbole de solidarité. Certains ont partagé des photos et cité des poèmes et chansons sur la ville par le célèbre poète palestinien Mahmoud Darwich et la chanteuse libanaise renommée Fairouz. D’autres Palestiniens ont fait remarquer que la distance entre Haïfa et Beyrouth était relativement courte et qu’une ouverture de frontière entre les deux pays leur aurait permis d’envoyer de l’aide.

Les religieux palestiniens ont également exprimé leur solidarité avec le peuple libanais. A la mosquée Al-Aqsa, le chanteur principal Abu Khadifa Albastami a prié et chanté l’un des célèbres tributs de Fairouz à Beyrouth, dans le même temps que les églises débutaient leurs offices par des prières en mémoire des défunts.


Publié le 5 août 2020 sur +972 Magazine
Traduction : Jean-Marie Flémal

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