Appel d’artistes et d’organisations culturelles de Palestine

Des artistes palestiniens et des organisations culturelles de Gaza et d’ailleurs ont adressé un appel à la solidarité et au boycott culturel à tou.te.s celles et ceux qui travaillent dans l’art sur le plan international.

Le Freedom Theatre est une des organisations culturelles qui a signé l'appel

La résistance par l’art – Freedom Theatre Jenin

« Nous, membres de la communauté culturelle et artistique palestinienne de la bande de Gaza en état de siège et occupée, de la Palestine historique, ou encore en exil, nous adressons cet appel chaleureux à nos amis artistes du monde entier afin qu’ils annulent tous les spectacles, expositions et autres événements qu’ils ont prévus en Israël ou qui ont été sponsorisés par le gouvernement israélien ou les institutions israéliennes complices, que ce soit à titre personnel ou en ligne, et ce, aussi longtemps que le régime israélien d’occupation militaire et d’apartheid persistera.

Durant la pandémie de coronavirus en cours, les crimes de guerre d’Israël et ses violations des lois internationales se poursuivent avec une impunité sans précédent. Même dans son combat contre la pandémie, Israël fait montre de son racisme dégoûtant, et c’est un fait qui devrait troubler partout dans le monde les gens dotés d’une conscience.

Israël a largué aux check-points militaires des travailleurs palestiniens soupçonnés d’avoir contracté le coronavirus, et ce, « sans le moindre égard pour leur santé ou leur sécurité », comme le montrent des vidéos. Il a détruit une clinique palestinienne de fortune prévue pour soigner des victimes du coronavirus dans la vallée du Jourdain occupée. Il a également refusé les tests Covid-19 à des communautés entières de citoyens palestiniens d’Israël et il a fait preuve d’une discrimination flagrante dans la mise à jour et l’exactitude des informations en arabe sur le coronavirus prévues normalement pour la communauté palestinienne.

Les Nations unies affirment depuis longtemps que Gaza sera invivable en 2020, après treize années d’un siège brutal qui a confiné deux millions de Palestiniens, principalement des réfugiés, dans une étroite enclave côtière. Israël a soumis Gaza à des bombardements réguliers, tuant au cours de la dernière décennie des milliers de personnes, dont certaines étaient nos amis, nos collègues ou nos proches.

Nous voici à la fin de l’année 2020, à un moment où le monde est confronté à une pandémie mondiale à laquelle les Palestiniens eux aussi, y compris ceux de Gaza, vont devoir survivre. L’expert des droits de l’homme aux Nations unies, Michael Lynk, a récemment mis en exergue le fait que le système des soins de santé de Gaza s’était déjà effondré avant même que ne soient détectés les premiers cas de coronavirus, une réalité honteuse dont Israël est pleinement responsable en tant que puissance occupante.

Plus de cinq mille prisonniers politiques palestiniens croupissant dans les geôles israéliennes et des millions de Palestiniens vivant dans des camps de réfugiés surpeuplés en Palestine même et en dehors courent d’énormes risques, avec l’épidémie de Covid-19. Les hôpitaux palestiniens, surtout à Gaza, sont dévastés suite à des décennies d’occupation et de siège de la part d’Israël. Une pénurie grave de fournitures médicales essentielles et de lits d’hôpitaux dans les soins intensifs, combinée à des coupures de courant régulières, signifie que l’épidémie croissante pourrait avoir des conséquences potentiellement dévastatrices pour les Palestiniens de Gaza.

Les hôpitaux ont déjà été sollicités jusqu’au point de rupture pour traiter les innombrables blessures par balles provoquées par les tirs israéliens, ainsi que pour pratiquer les amputations qui en ont résulté. Les snipers israéliens ont délibérément abattu et mutilé des milliers de Palestiniens, à Gaza, ces deux dernières années, lors de la Grande Marche pacifique du Retour, et ils ont tué des centaines de pesonnes, dont des enfants, des travailleurs médicaux, des journalistes et des personnes handicapées.

Les snipers israéliens ont même concouru pour le nombre de genoux mis en pièces que chacun pouvait revendiquer, et ils se vantaient publiquement de leurs «coups au but ». Des enquêteurs de l’ONU ont déclaré que ces atrocités pouvaient constituer des crimes de guerre ou des crimes contre l’humanité, commis contre des autochtones protestant pour le droit au retour dans les foyers et les terres dont ils avaient été chassés par une épuration ethnique.

Il y a deux ans, à une très courte distance de Tel-Aviv et de son apartheid, Israël a détruit un important centre culturel à Gaza, le Said al-Mishal, lors de frappes aériennes ciblées. Les violations et autres violences contre des musiciens, des poètes, des acteurs et d’autres artistes palestiniens sont monnaie courante y compris à Jérusalem-Est occupée. Comme l’ont reconnu des dirigeants sud-africains, Israël a créé contre les Palestiniens un système d’apartheid pire encore avec lequel il ne devrait pas être question de commercer comme siu de rien n’était.

En ces temps de détresse mondiale, d’incertitude et d’impunité effrayante, il est dérangeant de constater que certains artistes internationaux sont toujours programmés pour se produire en personne dans la ville d’apartheid qu’est Tel-Aviv, voir sur internet, lors d’événements sponsorisés par Israël ou par les institutions culturelles qui sont ses complices. En tant que collègues de ces artistes, nous les invitons instamment à annuler leurs engagements, à se tenir du bon côté de l’Histoire et à témoigner une solidarité significative envers les opprimés. »

Signatures :

Organisations culturelles :

Abna’ona Association for Development, Ajyal Association for Creativity and Development, Al Bayader Theater Group, Al Fordaws Association for Development, Al Harah Theater, Al Karama Complex for Culture and Arts, Al Manal Association for Women Rural Development, Al Rowad Society for Youth Development Al Sununu Society for Culture and Arts, Al Taghreed Association for Culture, Development, Al-Awda Center for Childhood and Youth, Al-Kamandjati Association, Alrowwad Cultural and Arts Society, Amwaj Association for Social Development and Improvement, Asalah Commission for Palestinian Popular Heritage, Ashtar Theater, Association for Culture, Art and Popular Heritage, Baladi Center For Culture and Arts, Bethlehem Academy for Music, Bureij Cultural Forum, Civitas Institute, Cultural Al Maghazi Center, Cultural and Social Deir Al Balah Center, Cultural Forum for Youth, Cultural Unity Association, Culture and Free Thought Association (CFTA), Culture Association For Protection Heritage, Culture, Arts and Heritage Association, Dar Elshabab for Culture & Development, El Funoun Palestinian Popular Dance Troupe Freedom Theater, Gaza Center for Culture and Arts, General Union of Cultural Centres (GUCC), Jerusalemite Youth Cultural Forum, Khalil Sakakini Cultural Center, Milad Centre for Youth Abilities Development, Nawa for Culture and Arts Association, Palestinian Al Najada Association, Palestinian Circus School, Popular Art Centre, Sareyyet Ramallah, Siwar Association for Culture and Arts, Tawasul for Youth and Culture, The Cultural Forum Centre, The Edward Said National Conservatory of Music, The Palestinian Association for Heritage’s Development and Protection, Theatre Day Productions, Theatre for All, Yes Theatre, Youth and Environment Association

A titre individuel :

Ismail Abu Ali, musicien, Khalil Abu Ghazal, chanteur, Abdulaziz Abu Sharkh, musicien, Abdulfattah Abu Srour, directeur, Shahd Abusalama, danceuse, Yousri Al-Ghoul, écrivain,  Nai Barghouti, chanteur, Haidar Eid, musicien, Hanin Ejla, chanteur, Samir Eskanda, musicien, Ibrahim Ghunaim, rappeur, Mohammed Jerjes, chanteur, Hannah Khalil, dramaturge, Alaa Khatib, painter, Ahmed Masoud, author, dramaturge, Malak Matar, peintre, Mahmoud Modallal, chanteur, musicien, Arab M. Moghanni, Snonou Institution for Culture, Mona Mosaddar, poétesse, Emad Mudallal, chanteur, Abdulkarim Mudallal, chanteur, May Odeh, directeur, producteur, Mohammed Qraeqea, peintre, Malek Qraeqea, peintre, Fahmy Saqqa, musicien, compositeur, Ghada Shuman, chanteuse, Ahmed Tafeish, chanteur, Le Trio Joubran, musiciens


Publié le 29 octobre 2020 sur Artists for Palestine UK
Traduction : Jean-Marie Flémal

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