Les Palestiniennes détenues en Israël revendiquent leurs droits lors de la fête des Mères

À l’occasion de la fête des Mères, le 21 mars (1), les Palestiniennes détenues en Israël ont adressé une lettre aux autorités carcérales israéliennes dans le but de défendre leurs droits en tant que prisonnières et d’obtenir une amélioration de leurs conditions de vie. De même que leurs homologues masculins, les détenues continuent d’affronter la discrimination et se voient souvent refuser leurs droits élémentaires par les autorités carcérales israéliennes et ce, en violation des lois tant israéliennes qu’internationales.

Khalida Jarrar. (Photo : Thatsenough.info)

 

Peoples Dispatch, 22 mars 2022

Selon la Société des prisonniers palestiniens (SPP), 31 Palestiniennes sont actuellement détenues dans les prisons israéliennes et, parmi elles, dix ont des enfants. Ces mères emprisonnées sont Isra’ Ja’abis, Fadwa Hamamda, Amani al-Hasheem, Khitam Sa’afeen, Itaf Jaradat, Sa’adiyya Farajallah, Fatima Elian, Shorouq al-Badan et Yasmin Sha’ban. Parmi les Palestiniennes incarcérées, l’une est en détention administrative, c’est-à-dire sans accusation ni procès, 14 ont leur procès en cours et 16 sont en train de purger leur peine. L’une d’elles est une mineure de moins de 18 ans.

La SPP a mis en évidence les diverses difficultés et violations de leurs droits subies par les prisonnières, et particulièrement les mères, en raison des règles et restrictions sévères en application dans les prisons israéliennes. Les prisonnières se voient refuser les visites ordinaires et ne peuvent entrer en contact physique avec leurs proches, puisqu’elles en sont séparées à tout moment, en prison, par une barrière physique, ce qui fait que les mères ne peuvent même pas toucher leurs enfants. De plus, les services carcéraux israéliens empêchant parfois les prisonnières d’avoir des contacts réguliers avec leurs proches par téléphone ou par d’autres moyens.

La lettre a été rédigée en commun par des prisonnières enfermées à la prison de Damon, en Israël. Elle explique que, malgré le confinement forcé, elles sont toujours attachées à leur existence de femmes et de mères « d’une façon qui profite à chaque mère palestinienne ». La lettre dit encore :

« Nous sommes unies aux mères palestiniennes et aux femmes qui combattent dans le monde entier pour défendre nos droits et ceux de nos enfants en vue de mener une existence digne et d’obtenir la liberté et l’indépendance. Nous saluons les mères de Palestine, particulièrement les mères dont les cœurs battent avec les cœurs de leurs fils et filles blessés et emprisonnés, les mères qui adressent leurs adieux à leurs enfants martyrs, les mères qui défendent leur terre, leur foyer et les écoles. Et nous disons à nos filles qu’alors que cette prison nous prive de tout contact physique avec elles, les messages de leur amour nous parviennent, porteurs d’un amour sans équivoque et indéfectible. »

Les prisonnières ont demandé que les autorités carcérales installent un téléphone à l’intérieur des prisons de sorte que les prisonnières puissent maintenir le contact avec leurs proches. Elles ont également insisté auprès des autorités pour qu’elles engagent une femme médecin au lieu d’un docteur masculin. Elles ont également demandé que soit mis un terme à la politique brutale de l’enfermement solitaire et que soit augmenté le nombre d’articles vendus à la cantine de la prison.

Tout en parlant de l’oppression subie par les prisonnières palestiniennes aux mains des autorités israéliennes, la SPP a déclaré que

« les Palestiniennes paient toujours le prix fort, aujourd’hui, de leurs vies et de leurs familles suite à la poursuite de cette occupation et de ses pratiques inhumaines et immorales ».

Elle a fait remarquer que les prisonnières sont également emmenées dans les locaux d’interrogatoire pendant de longues périodes au cours desquelles elles sont complètement coupées de leurs familles.

Selon la déclaration,

« l’occupation israélienne essaie de briser la volonté des Palestiniennes, des mères et de leurs familles, et nous avons assisté à de nombreux cas où Israël a enlevé et emprisonné des mères parce que l’armée n’avait pas été en mesure de capturer leurs fils. Nous connaissons également des milliers de cas où des mères palestiniennes n’ont jamais eu l’autorisation de recevoir des visites de leurs familles durant de longues années de leur emprisonnement. En outre, nous avons répertorié des centaines de cas où des détenus palestiniens avaient perdu leur mère, mais les lois israéliennes ne leur permettent pas d’assister aux funérailles des êtres qui leur sont chers. Même les mères qui ne sont pas emprisonnées par Israël sont confrontées à de graves violations en se voyant interdire de rendre visite à leurs maris, fils ou filles emprisonnés. Ajoutez à cela la souffrance des mères et des épouses dont les fils ou les maris sont décédés dans des prisons israéliennes après n’avoir jamais eu le droit, des années durant, de leur rendre visite ».

Non seulement, le déni des droits des prisonnières palestiniennes les affecte, mais il fait partie de l’asservissement au sens élargi du peuple palestinien. Dans sa quête de maintien d’un contrôle perpétuel des Palestiniens, Israël viole leurs droits humains les plus élémentaires, méprisant non seulement les lois internationales mais également les lois non écrites de la décence et la dignité humaines.

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Publié le 22 mars 2022 sur Peoples Dispatch
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

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Note

(1) Le 21 mars est célébré en tant que fête des Mères dans la plupart des pays arabophones d’Asie occidentale et d’Afrique du Nord.

 

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