UNRWA : Israël a torturé des détenus palestiniens et leur a arraché de faux aveux
Un rapport non publié de l’UNRWA reprend le témoignage de détenus palestiniens de Gaza qui ont prétendu avoir été torturés par les forces israéliennes au cours de leur détention.
Peoples Dispatch, 11 mars 2024
Un rapport inédit de l’Office de secours et de travaux des Nations unies (UNRWA) prétend que des Palestiniens arrêtés à Gaza ont été soumis à diverses sortes de torture et de violence par les forces israéliennes. Certains d’entre eux ont également été forcés de faire de faux aveux à propos de leurs liens avec le Hamas, l’organisation de résistance palestinienne.
Selon le rapport examiné par Reuters et d’autres agences d’information, certains membres du personnel de l’UNRWA ont subi des pressions afin de faire de fausses déclarations disant qu’ils étaient impliqués dans les attaques de l’opération Déluge d’Al-Aqsa le 7 octobre à l’intérieur d’Israël, attaques au cours desquelles plus de 1 100 personnes avaient été tuées.
Ces travailleurs de l’UNRWA ont prétendu qu’ils avaient été sévèrement battus et soumis à des noyades simulées et qu’on les avait menacés de faire du mal aux membres de leurs familles.
Le rapport enregistre les témoignages de prisonniers palestiniens de Gaza qui ont prétendu qu’ils avaient été torturés par les forces israéliennes au cours de leur détention. Ils ont été prétendument battus, abusés sexuellement et humiliés, et soumis à diverses autres formes de torture telles des attaques par des chiens. Certains des détenus palestiniens ont également été tués du fait que les forces israéliennes leur ont délibérément refusé le traitement médical dont ils avaient besoin, prétend le rapport.
Le document de 11 pages préparé en février s’appuie, dit-on, sur les témoignages fournis par une centaine de Palestiniens parmi les mille qui ont été libérés des prisons israéliennes sans avoir fait l’objet de la moindre accusation.
Israël a arrêté un grand nombre de Palestiniens qui avaient travaillé dans le pays à la suite des attaques du 7 octobre. Ses forces ont également arrêté des milliers de Palestiniens de Gaza après l’invasion terrestre. Plusieurs photos de prisonniers palestiniens entièrement dévêtus par les forces israéliennes ont circulé dans les médias, ce qui a débouché sur une condamnation très répandue de la façon de les traiter.
Il existe plusieurs autres rapports qui indiquent que les détenus palestiniens ont été battus, humiliés de diverses façons et brûlés à la cigarette par les forces israéliennes.
La directrice de la communication à l’UNRWA, Juliette Touma, a expliqué à Reuters la semaine dernière, que le rapport serait remis à diverses agences de l’ONU dans le but de multiplier les actions.
« Quand la guerre finira, il va falloir une série d’enquêtes pour vérifier toutes les violations des droits humains »,
a-t-elle affirmé.
Israël veut la fin de l’UNRWA
Sans fournir la moindre preuve, Israël a prétendu en janvier que 12 employés de l’UNRWA étaient impliqués dans les attaques du 7 octobre. Suite à ces allégations, un grand nombre de donateurs occidentaux ont suspendu leur financement à l’agence de l’ONU pour les réfugiés.
Selon des rapports, près de la moitié de son budget de plus d’un milliard de USD a été affecté en raison de la suspension du financement par certains des donateurs les plus en vue, tels les EU. Cela a affecté le travail de l’UNRWA à Gaza au beau milieu de la guerre menée par Israël qui a tué olus de 31 000 Palestiniens et en a blessé plus de 72 000. L’UNRWA est de loin la principale agence d’aide à Gaza et elle assure un abri et d’autres services essentiels à plus de la moitié des deux millions ou presque de Palestiniens déplacés.
Les EU et d’autres pays occidentaux ont décidé de suspendre leur financement bien que l’UNRWA ait promptement répondu aux allégations en suspendant certains de ses employés et en instaurant via l’ONU une enquête interne indépendante.
Des rapports des médias ont déclaré qu’Israël avait admis qu’il ne disposait pas de preuves concrètes du rôle des travailleurs de l’UNRWA dans les attaques du 7 octobre. Toutefois, il a formulé une allégation disant que plus de 450 travailleurs de l’UNRWA sont des membres du Hamas.
Les attaques répétées d’Israël contre l’UNRWA font partie de ses tentatives en vue de forcer l’agence à mettre pour de bon un terme à ses opérations. Des observateurs ont fait remarquer que le travail de l’UNRWA parmi les réfugiés palestiniens menaçait le projet sioniste du fait que le mandat de l’agence s’appuie sur le « droit au retour » de ces réfugiés et de leurs descendants.
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Publié le 11 mars 2024 sur Peoples Dispatch
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine