EU : Protestations contre le génocide à la Convention nationale démocrate (DNC)

Les responsables de la Ville de Chicago ont imposé de sévères restrictions aux diverses marches de protestation prévues contre la Convention nationale démocrate où, la semaine prochaine, la vice-présidente Kamala Harris doit être consacrée officiellement en tant que candidate du parti à la présidence.

 

Les protestations prévues contre la Convention nationale démocrate constituent le principal sujet d'un livestream de EI

 

Ali Abunimah, 15 août 2024

Les protestations – et les efforts du gouvernement pour les empêcher – constituaient le principal sujet d’un autre livestream de The Electronic Intifada cette semaine, pour le 313e jour de la guerre génocidaire d’Israël contre Gaza.

Nous avons également couvert le soutien de Harris à Israël et ses attaques contre les protestataires anti-génocidaires, de même que les nouvelles révélations sur la façon dont l’armée israélienne soutenue par les EU force systématiquement des civils palestiniens, enfants et personnes âgées y compris, à agir en tant que boucliers humains.

Des soldats envoient des civils captifs dans des tunnels et des bâtiments dont ils soupçonnent qu’ils pourraient être piégés ; il s’agit d’un crime de guerre horrible dans lequel des vies civiles sont délibérément mises en danger ou sacrifiées dans le but de protéger les forces de l’occupation qui perpètrent un génocide.

Nous avons également discuté de la désintégration interne en cours actuellement en Israël et de la façon dont l’Iran tire parti de sa promesse de riposter à l’assassinat par Israël le mois dernier à Téhéran du dirigeant du Hamas Ismaïl Haniyeh, pour mettre la pression sur les États-Unis afin qu’ils forcent enfin leurs sbires israéliens à accepter un cessez-le-feu.

Et notre contributeur John Elmer a analysé des vidéos révélant les dernières opérations de la résistance contre les forces israéliennes à Gaza, en se concentrant particulièrement sur Khan Younis et la défense en cours de Rafah, dans le sud de l’enclave, ainsi que d’une embuscade complexe dressée dans le quartier de Tel al-Hawa, dans le nord et que les combattants palestiniens préparaient depuis huit mois.

Vous pouvez visionner un enregistrement de toute l’émission, qui commençait par un message d’information de notre rédactrice-en-chef adjointe Nora Barrows-Friedman, dans la vidéo YouTube ci-dessous, ou écouter l’enregistrement audio à la fin du présent article.

 

Une « tentative non déguisée » de censure

Mercredi soir, les autorités de Chicago ont fait savoir aux organisateurs de protestations qu’il leur sera permis de défiler avec les plusieurs dizaines de milliers de personnes qui se préparent à rallier les protestations de la semaine prochaine à l’extérieur de la DNC. Mais elles ont

« joint des conditions infamantes qui font qu’il sera impossible d’entendre leurs messages en vue de mettre fin à l’aide américaine à Israël et de faire cesser le génocide israélien contre le peuple palestinien de Gaza soutenu par Biden, Harris et le Parti démocrate »,

a déclaré dans un communiqué de presse la Coalition de la Marche sur la DNC.

Une lettre des autorités de Chicago a signifié aux organisateurs qu’il leur serait permis pour les marches massives des 19 et 22 août d’utiliser un parc situé dans le voisinage du lieu d’accueil de la Convention, mais qu’

« aucune estrade ou plate-forme, salle de repos ou toilettes mobiles, tentes ou canopées, équipements sonores ne pourront être installés par votre organisation ».

La coalition a dit de ces restrictions extraordinaires, et tout particulièrement l’interdiction d’équipement audio, qu’il s’agissait d’une

« tentative non déguisée de réduire au silence des voix divergentes, en violation du droit à la liberté d’expression ».

Lundi, un juge fédéral a siégé en même temps que la Ville pour rejeter la contestation par les organisateurs d’un itinéraire de marche imposé par les autorités et dont les organisateurs disent qu’il est trop court pour accueillir les foules énormes que l’on attend et qu’il n’amène pas les protestations à une proximité suffisante de la DNC.

Les organisateurs prévoient désormais de déposer une demande d’injonction urgente afin de lever les toutes dernières restrictions.

Un peu plus tôt mercredi, Hatem Abudayyeh, porte-parole de la Marche sur la Coalition DNC, a pris la parole dans le livestream de The Electronic Intifada au sujet de ces efforts du gouvernement en vue de limiter les protestations.

Les marches de masse sont organisées sous le mot d’ordre « Soutien à la Palestine ! Halte à l’aide américaine à Israël ! », mais la plate-forme de la coalition inclut un large éventail de revendications anti-guerre, de justice raciale et socioéconomiques, lesquelles reflètent les nombreuses communautés qui soutiennent la coalition.

« Le Parti démocrate tient pour acquis toutes nos communautés depuis très longtemps, et plus particulièrement, la communauté noire, la communauté mexicaine, les autres communautés immigrées de même que les Arabes et les Palestiniens »,

a déclaré Abudayyeh lors du livestream.

« Ainsi donc, ce sera une coalition vraiment belle, riche et large », avec des participants « de toutes les capacités physiques différentes, de tous les statuts d’immigration différents, des enfants et des personnes âgées. »

Abudayyeh, qui est également le président national de l’US Palestinian Community Network (USPCN – Réseau communautaire américano-palestinien), a parlé des calomnies et des incitations émanant du lobby pro-israélien contre les associations et individus qui organisent les protestations face à la DNC.

Récemment, Abudayyeh a reçu une note menaçante au foyer de son immeuble à appartements, dont il a dit qu’elle résultait de la campagne de peur orchestrée par des groupes de lobbying tels que l’Anti-Defamation League (Ligue anti-diffamation) et le Jewish United Fund (Fonds juif uni) de Chicago.

« Nous considérons l’ADL et le JUF comme responsables s’il arrive quelque chose à quelqu’un de notre communauté »,

a déclaré Abudayyeh.

 

Un message de Gaza : Ne cessez pas de protester

L’importance des marches et autres actions de solidarité a été soulignée par Abubaker Abed, un contributeur régulier de The Electronic Intifada et qui a rejoint l’émission en direct depuis Gaza.

« Ce qui nous remplit réellement d’espoir, ce qui élève réellement nos esprits, c’est votre soutien »,

a déclaré Abubaker Abed.

« Tant que nous n’aurons pas l’impression d’être seuls, nous garderons toujours l’espoir »,

a-t-il ajouté, pressant les gens du monde entier à ne pas renoncer à leurs protestations en vue de mettre un terme au génocide.

Abubaker Abed a parlé de la lutte pour la survie et de la terreur psychologique que lui, sa famille et tout le monde à Gaza doivent affronter au beau milieu de la famine, du manque d’eau potable et des incessants bombardements israéliens, tant terrestres qu’aériens et maritimes.

« C’est au-delà de ce que peut imaginer un être humain »,

a-t-il ajouté.

« À la fin de la journée, nous disons tout simplement que nous aurons de la chance si nous nous réveillons vraiment vivants le lendemain. »

 

L’Iran peut-il imposer un cessez-le-feu ?

Mardi, de hauts responsables iraniens ont dit à Reuters que Téhéran reviendrait sur les représailles qu’il prévoit en raison de l’assassinat par Israël de Haniyeh, pour autant toutefois qu’il soit rapidement mis un terme à la guerre génocidaire israélienne soutenue par les États-Unis.

« L’une des sources, un haut fonctionnaire de la sécurité iranienne, a déclaré que l’Iran, en compagnie d’alliés comme le Hezbollah, lancerait une attaque directe si les pourparlers de Gaza échouent ou s’il s’aperçoit qu’Israël traîne les négociations en longueur »,

a rapporté l’agence d’information, ajoutant que le haut fonctionnaire en question

« n’a pas dit combien de temps l’Iran allait permettre aux pourparlers de se poursuivre avant de riposter ».

Mais le rapport revêtait une importance particulière du fait qu‘Israël envoie cette fois une importante équipe de négociateurs à Doha en prévision d’une nouvelle série de négociations indirectes censées débuter vendredi et qui seront assistées par le Qatar, l’Égypte et Washington.

Quelques heures après le rapport de Reuters, on a demandé au président Biden s’il pensait qu’un accord de cessez-le-feu allait convaincre l’Iran de renoncer à sa riposte militaire. « C’est mon attente », a dit le président.

Bien que le Hamas ait déclaré qu’il n’assisterait pas aux pourparlers de Doha – au lieu de demander que les précédents accords soient appliqués – on peut espérer que la pression émanant de l’Iran pourrait aider à conclure un accord.

Un échec dans la conclusion d’un cessez-le-feu pourrait signifier une importante escalade et une guerre régionale.

Comme Israël se prépare à la contre-attaque iranienne, les dirigeants occidentaux ont intensifié leurs appels à Téhéran à faire preuve de « retenue » – une demande qu’ils sont loin d’adresser à Israël qui ne cesse de provoquer l’escalade vers une guerre régionale majeure.

Ces derniers jours, le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant a admis que la « victoire absolue » contre le Hamas était hors de propos et qu’Israël était incapable de lancer une guerre contre le Hezbollah au Liban.

Les affirmations de Gallant ont déclenché un nouvel affrontement public avec le Premier ministre Benjamin Netanyahou, perçu en Israël comme le principal obstacle à un accord de cessez-le-feu qui permettrait également le retour des Israéliens détenus à Gaza et ce, dans le cadre d’un échange de prisonniers.

Au cours de la discussion en direct, l’auteur du présent article a prétendu que ce qui préoccupe avant tout ces dirigeants, c’est de pouvoir empêcher les représailles iraniennes car

« il existe une crainte réelle que ces représailles n’aillent exposer l’ampleur de la vulnérabilité et de la faiblesse d’Israël et que cela serait une catastrophe stratégique pour Israël ».

 

Vidéo EI : Jour 313 : Protestations contre le génocide à la Convention nationale démocrate (DNC).

 

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Tamara Nassar, de The Electronic Intifada, a produit et dirigé le programme et Maureen Clare Murphy a contribué à la rédaction et à la production. De son côté, Eli Gerzon a contribué à l’assistance post-production.

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Ali Abunimah, cofondateur et directeur exécutif de The Electronic Intifada, est l’auteur de The Battle for Justice in Palestine, paru chez Haymarket Books.

Il a aussi écrit : One Country : A Bold Proposal to end the Israeli-Palestinian Impasse

Publié le 15 août 2024 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

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