Elias Khoury : Un monument de la littérature libanaise vient de disparaître

Le romancier maintes fois primé, Elias Khoury, est décédé à l’âge de 76 ans, avons-nous appris avec tristesse de la part des personnes familiarisées avec son œuvre et son engagement en faveur de la cause palestinienne. Au cours de ses derniers mois, très malade, il n’en était pas moins resté un très ferme opposant à la guerre menée par Israël contre Gaza.

 

Le romancier libanais Elias Khoury

Le romancier libanais Elias Khoury

 

Robert Inlakesh, 18 septembre 2024

Né le 12 juillet 1948 à Beyrouth au sein d’une famille orthodoxe grecque, Elias Khoury allait devenir l’une des principales voix libanaises de la littérature arabe.

Il fit ses études à l’Université libanaise d’abord et à l’Université Sorbonne-Nouvelle de Paris ensuite où il décrocha un doctorat en histoire sociale. Plus tard, il allait enseigner dans plusieurs universités en divers endroits du monde.

Dans le sillage de l’opération « Déluge d’al-Aqsa » du 7 octobre, dirigée par le Hamas, Elias Khoury avait rédigé un article intitulé « C’est la Palestine » qui, de façon prévisible, s’attira de nombreuses critiques dans les médias occidentaux et israéliens. Il avait écrit, entre autres :

« La plus grande prison à ciel ouvert, le ghetto assiégé de Gaza, a lancé une guerre contre Israël, occupé des colonies et forcé les colons à fuir. »

En 1967, à l’âge de 19 ans, Khoury se rendait en Jordanie et devenait membre du parti politique palestinien, le Fatah, qui dirigeait l’Organisation de libération de la Palestine sous le commandement de son président, Yasser Arafat.

Toutefois, le romancier libanais devait bientôt fuir le royaume de Jordanie après que son dirigeant hachémite, le roi Hussein, eut lancé une attaque contre les résistants palestiniens, les obligeant ainsi à s’enfuir. L’incident est connu sous le nom de Septembre noir, au cours duquel des milliers de Palestiniens perdirent la vie.

Durant la guerre civile du Liban, Khoury allait faire partie du Mouvement national libanais opposé aux milices chrétiennes de droite et composé de partis de gauche et pan-arabes soutenant l’OLP.

Tout en travaillant pour al-Quds al-Arabi, il écrivit aussi pour toute une série de médias arabes et, grâce à ses articles, il acquit bien vite une grande réputation dans le monde arabe. En outre, il fut également le rédacteur en chef de plusieurs journaux, magazines et autres publications.

Il fut même coéditeur du magazine de l’OLP, Shu’un Filastiniyya, entre 1975 et 1979, où il travailla aux côtés de l’icône littéraire palestinienne, Mahmoud Darwich. Elias Khoury publia son premier roman en 1975 et allait ensuite produire nombre de romans et de critiques littéraires qui deviendraient des références dans le monde arabe. Certains de ses romans ont même été adaptés pour le cinéma et le théâtre.

Elias Khoury enseigna aux universités de l’Ivy League, aux États-Unis, tout en enseignant également dans des collèges et universités du Royaume-Uni, d’Allemagne, de France, de Suisse et de sa patrie, le Liban.

Au fil des années, il s’impliqua dans divers débats politiques autour d’une série de thèmes relatifs au monde arabe, s’attirant ainsi les louanges de certains et les critiques d’autres.

Pourtant, le rôle central de la cause palestinienne dans ses écrits devait servir à unir un large public derrière ses œuvres et à susciter l’écoute de ceux avec qui il était en désaccord politique.

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Robert Inlakesh est journaliste, écrivain et documentariste. Il se concentre sur le Moyen-Orient et plus particulièrement sur la Palestine.

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Publié le 18 septembre 2024 sur The Palestine Chronicle
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

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