Répression policière et judiciaire de l’Intifada étudiante

Cette répression policière, judiciaire et administrative menace l’entièreté du mouvement pro-palestinien. L’heure est donc à la riposte.

 

 

Communication de l’Université Populaire de Bruxelles (UPB), 19 novembre 2024

Depuis plusieurs mois, plus d’une centaine de personnes de tout horizon sont convoquées et auditionnées par la police de la Ville de Bruxelles, avec comme chef d’accusation « appartenance à un groupe prônant la ségrégation et ou la discrimination raciale ».
Ce chef d’accusation serait lié à leur supposée participation au mouvement international de Boycott académique en solidarité avec le peuple palestinien, s’étant manifesté à l’ULB sous la forme de l’occupation Walid Daqqa.
En cas de condamnation les personnes convoquées risquent jusqu’à un an de prison.

Il s’agit ici d’un degré de plus dans la criminalisation du mouvement pro-palestinien.
Par exemple, rien que cet été des sanctions administratives communales (S.A.C., amendes pouvant aller jusqu’à 500€) ont été envoyées, sous de faux motifs, à différents manifestants.
Certains en ont reçu jusqu’à trois durant l’été.

Plus largement, ces convocations montrent une intention manifeste de réduire au silence toute forme de contestation ou de dissidence à l’égard du colonialisme israélien et des crimes commis par son état. Non seulement le Parquet de Bruxelles cherche à étouffer la contestation, mais il assimile injustement la défense des droits du peuple palestinien à des idéologies racistes et ségrégationnistes, créant ainsi un amalgame dangereux et injustifié, diluant l’objectif légitime qui est poursuivi par celles et ceux qui se mobilisent.

Alors que les massacres, la colonisation et la ségrégation continuent dans un mépris total du droit international, le Parquet choisit de s’en prendre à celles et ceux, qui, dans le cadre d’un mouvement international, exigent le respect des droits humains.

En agissant ainsi, non seulement il ignore le droit, mais il le discrédite activement. Dans un contexte d’extrême urgence, plutôt que se joindre à nos efforts pour mettre fin à ces massacres et assurer les droits du peuple palestinien, cette action du Ministère public cherche à les entraver.

Ces derniers mois, nous assistons à une répression croissante de la part des autorités administratives et judiciaires.
Les violences policières se sont intensifiées lors des manifestations, avec un usage massif de moyens répressifs, incluant la surveillance technologique et des armes dites « non létales » – qui, en réalité, ont déjà causé de multiples blessures graves, sans mentionner la violence psychologique qu’elles représentent – contre les rassemblements pro-palestiniens.
Les intimidations, violences physiques et verbales, ainsi que les insultes racistes, homophobes et transphobes se sont multipliées lors des arrestations et des « contacts » avec les forces de l’ordre.

Cet été, dans la ville de Bruxelles, bien que non-officiellement décrétée et en toute illégalité, une interdiction de l’expression publique en soutien à la cause palestinienne, via des drapeaux, keffiehs et pins, s’est répandue, imposant une intimidation constante.

Ainsi, le Parquet mobilise des fonds publics conséquents (soit nos impôts) et du personnel pour réprimer ces militant.e.s. Il est choquant de constater que des ressources publiques considérables sont mobilisées pour réprimer un mouvement décolonial et antiraciste, alors même que le génocide s’intensifie à Gaza et que la guerre s’élargit au Liban.

Ces moyens colossaux, qui pourraient être déployés pour faire respecter le droit international et mettre fin aux violations des droits humains, sont au contraire utilisés pour criminaliser celles et ceux qui agissent en faveur de la justice et ne font finalement que leur devoir de citoyen.

Cela souligne un grave déséquilibre dans l’utilisation des ressources publiques, qui ne peut que nous inquiéter. Cette répression, menée par le Parquet, laisse à penser à une volonté politique de museler la contestation.

Cette répression s’étend également à l’université, où le rectorat s’acharne à dépeindre le mouvement étudiant comme violent et radical, malgré de nombreuses négociations avec les autorités universitaires.
L’expulsion brutale du bâtiment « Walid Daqqa » par la police, accompagnée de violences et de destruction de matériel informatique des étudiant.e.s, en est une preuve flagrante.

La complicité active de l’Université libre de Bruxelles (ULB) dans cette répression est particulièrement préoccupante. Plutôt que d’entendre les revendications légitimes de ses étudiant.e.s, l’ULB choisit de criminaliser leur engagement pour la cause palestinienne.

En effet, alors que les massacres à Gaza s’intensifient, l’ULB contribue à la répression en imposant des mesures disciplinaires contre ses propres étudiant.e.s.
En agissant ainsi, l’ULB trahit ses propres principes fondateurs, préférant contribuer à la répression étatique plutôt que de promouvoir un espace de débat sur les droits humains et la décolonisation sur le campus.

Il est essentiel de préciser que l’Université populaire de Bruxelles (UPB), en condamnant fermement le colonialisme, l’apartheid et la violence d’État israélienne, n’a jamais tenu la communauté juive responsable des politiques coloniales israéliennes, bien au contraire.

Les accusations de ségrégation et ou discrimination raciale menées par le Parquet sur base de préjugés infondés sont une tentative honteuse de détourner l’attention des véritables enjeux : la lutte du peuple palestinien pour ses droits, son émancipation et la fin de l’entreprise coloniale israélienne. Par ailleurs, en organisant des ateliers contre toutes formes de racisme, y compris l’antisémitisme, l’UPB a toujours pris une position claire contre la haine sous toutes ses formes.

Assimiler la mobilisation pour les droits des Palestinien.ne.s à une forme de ségrégation raciale est une manipulation malhonnête et dangereuse. En confondant antisémitisme et critique des politiques israéliennes, le Parquet tente non seulement de dénaturer la lutte contre l’antisémitisme, mais alimente également un climat de répression.

En effet, cette confusion, qui assimile les politiques coloniales israéliennes aux personnes juives, renforce l’antisémitisme qu’elle prétend combattre, tout en discréditant les revendications légitimes de la cause palestinienne.

Ainsi, les poursuites engagées tant par l’appareil répressif de l’État que par l’ULB, sont donc non seulement illégitimes, mais aussi et surtout, inopportunes. Leur objectif est clair, museler et briser le mouvement pro-palestinien belge alors que le génocide du peuple palestinien est flagrant et qu’il constitue l’expression ultime de l’entreprise coloniale israélienne en Palestine.

En dépit des efforts de nos détracteurs, nous continuons à lutter pour la dignité du peuple palestinien, car « le droit de vivre ne se mendie pas, il se prend ».

Nous appelons chacune des personnes qui lisent ce texte à nous soutenir, à leur niveau, dans la lutte pour les droits inaliénables du peuple palestinien et, enfin, à soutenir l’égalité des droits, des vies et de la dignité, de toutes les personnes présentes sur le territoire de l’ancienne Palestine mandataire.

Ainsi, la Palestine vaincra, et avec elle, l’émancipation de toustes.

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Publié le 19 novembre 2024 sur Instagram

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La Plateforme Charleroi-Palestine réaffirme sa pleine et entière solidarité avec l’Université populaire de Bruxelles. Pour soutenir les étudiant.e.s, vous pouvez faire un don par virement au compte de l’UPB : BE65 5230 8110 3896 (communication : FONDS SOLIDAIRE)

Lisez également : 300 professeurs et chercheurs répondent aux recteurs de la VUB et de l’ULB : « Non, l’antisionisme n’est pas de l’antisémitisme »

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