Cisjordanie occupée : un nouveau mouvement social et de nouveaux syndicats

Quand les informations sur la nouvelle loi et son contenu ont été rendues publiques, un comité national composé de deux confédérations syndicales palestiniennes – les Nouveaux Syndicats, les Syndicats indépendants, le Front syndical travailliste progressiste de Palestine –, de divers syndicats autonomes du privé et du Réseau palestinien des ONG (PNGO), s’est constitué afin de coordonner l’opposition à la nouvelle loi.

Après la mobilisation des enseignants au début de cette année, c’est la seconde fois que les masses palestiniennes descendent dans la rue contre la politique de l’Autorité palestinienne.

La semaine passée, le 19 avril, dix mille personnes se sont mobilisées à Ramallah dans la lutte pour les droits sociaux. Cette première manifestation de masse contre la loi sur la sécurité sociale du président Abou Mazen (*), a révélé l’intensité de l’opposition de la population palestinienne aux mesures de l’AP.

La Loi n° 6 sur la Sécurité sociale a été ratifiée par les membres du cabinet de l’AP en février et approuvée par le président Mahmoud Abbas le mois suivant. Quand les informations sur la nouvelle loi et son contenu ont été rendues publiques, un comité national composé de deux confédérations syndicales palestiniennes – les Nouveaux Syndicats, les Syndicats indépendants, le Front syndical travailliste progressiste de Palestine –, de divers syndicats autonomes du privé et du Réseau palestinien des ONG (PNGO), s’est constitué afin de coordonner l’opposition à la nouvelle loi. La revendication de la manifestation du 19 avril portait sur le gel immédiat de la loi.

La loi désavantagera les personnes handicapées, les retraités, les femmes et les travailleurs du secteur privé. Le salaire minimal sera ramené à 726 NIS (**), les pensions ne représenteront plus que 51 % du dernier salaire avant la retraite. En outre, la loi permettrait à l’AP de reprendre le fonds d’épargne des institutions palestiniennes et d’en créer un autre sur lequel, suppose-t-on, Israël transférerait les cotisations des travailleurs palestiniens qu’il a collectées depuis 1967. Le Comité national contre la Loi n° 6 sur la Sécurité sociale prétend que la reprise des fonds indépendants d’épargne par l’AP engendrera, d’une part, l’insécurité pour les travailleurs, puisque l’AP n’est pas un État et que sa stabilité est soumise à des risques permanents et, d’autre part, qu’elle fournira à l’AP une énorme ressource financière de plusieurs milliards de NIS (**) sans pour autant donner aux travailleurs des garanties à propos de ce que l’AP compte faire de ce fonds.

Muhammad Bleidi, président de la Confédération des Nouveaux Syndicats, a expliqué :

« Cette loi a été promulguée et décidée sans la moindre consultation des gens qu’elle concerne. Abou Mazen (*) et son cabinet l’ont décidée, alors que, d’un point de vue juridique, c’est le Conseil législatif qui devait prendre cette décision.

« Elle ne sert que les intérêts de la classe des affaires et ceux d’Israël. Nous percevons la chose comme un projet capitaliste qui va démanteler la législation palestinienne du travail. Cela revient en outre à légaliser l’appropriation illégale par Israël et Histadrut des cotisations des travailleurs palestiniens.

« Du fait que les travailleurs n’ont pas été consultés dans le processus, ils seront les grands perdants dans l’affaire. Nous considérons les droits des travailleurs, de même que les droits des réfugiés, comme des droits inaliénables. Nous combattrons toute loi concernant nos droits et au sujet de laquelle nous n’aurons pas été consultés.

« Nous luttons pour la justice sociale et nous luttons pour une loi sur la sécurité sociale, mais nous n’accepterons pas cette loi-ci ni la façon dont on nous l’impose.

Ramallah 19 avril 2016

Le Comité national contre la Loi n° 6 sur la Sécurité sociale veut que soit gelée cette loi et que l’on reprenne à zéro les discussions qui, cette fois, impliqueront toutes les parties, afin de produire un consensus autour de cette loi. Malheureusement, l’AP a rejeté toutes ces revendications et elle insiste pour que cette loi entre en vigueur le 21 avril. En réponse, le Comité national prépare d’autres mobilisations ainsi qu’une escalade des protestations.

Il s’agit du deuxième mouvement de masse important en Cisjordanie occupée pour défendre les droits sociaux et ceux du travail contre les mesures néolibérales de l’Autorité nationale palestinienne, lesquelles constituent une nouvelle série d’attaques contre le peuple palestinien.


Source : Stop the Wall, le 19 avril 2016
Traduction : Jean-Marie Flémal

(*) Mahmoud Abbas
(**) Nouveau shekel israélien

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