INQUIETANT : Maggie De Block veut supprimer le statut de réfugié des Palestiniens de Gaza.
« Si le Commissariat va dans son sens, cela signifie que des réfugiés reconnus pourraient perdre leur statut et devoir quitter le pays » titre le journal Le Soir .
Jusqu’à récemment, les demandes d’asile émanant de personnes originaires de la bande de Gaza étaient presque systématiquement acceptées. Mais depuis le 5 décembre, le Commissariat général aux réfugiés et aux apatrides (CGRA) a adapté ses lignes directrices et examine les dossiers au cas par cas.
Maggie De Block se renseigne auprès du CGRA pour savoir si le statut de réfugié des Palestiniens de Gaza peut être revu. Si le Commissariat va dans son sens, cela signifie que des réfugiés reconnus pourraient perdre leur statut et devoir quitter le pays, rapporte la presse.
Voici la réaction de Ludo De Brabander, porte-parole de l’asbl Vrede
La situation à Gaza ne serait « plus précaire pour tout le monde », estiment les bureaucrates du Commissariat général pour les réfugiés et les apatrides (CGRA) qui, selon toute vraisemblance, n’ont encore jamais mis un pied dans cette grande prison à ciel ouvert. Naguère, les Gazaouis se voyaient proposer l’asile systématiquement ; aujourd’hui, le CGRA a ajusté ses directives. Plus grave encore : la ministre Maggie De Block envisage même de réexaminer les dossiers des réfugiés déjà reconnus de la région et, éventuellement, de les y renvoyer.
Ils sont tous devenus fous, à Bruxelles ? La surenchère de droite autour de l’immigration commence à prendre des allures fascisantes. Gaza est une zone de conflit complètement isolée par Israël du reste du monde. Et ce, surtout, parce que les pays de l’Union européenne refusent de réclamer que soit mis un terme à la politique de guerre, d’occupation, de pillage et de colonisation et qu’ils collaborent intensivement avec cet État d’apartheid qu’est Israël. Pendant ce temps, des armes ne cessent d’affluer vers Israël ou d’en sortir.
La situation à Gaza n’est pas une catastrophe naturelle, mais un « désastre provoqué par l’homme » que l’on pourrait aisément empêcher si l’UE (en tant que premier partenaire commercial d’Israël) prenait les droits de l’homme vraiment au sérieux.
Selon les Nations unies, la situation à Gaza risque d’être « invivable » en 2020.
Depuis la dernière guerre d’agression de 2014, au cours de laquelle la majeure partie de l’infrastructure économique a été détruite, le PIB a baissé de 15 % (chiffre de la Banque mondiale). Le blocus incessant imposé depuis 11 ans par Israël a fait en sorte de porter le taux de chômage à 44 %, et même à 62 % chez les jeunes et à près de 72 % chez les femmes (chiffres de 2017).
Selon l’ONU, plus de 70 % de la population dépend de l’aide humanitaire et 47 % de cette même population vit dans l’insécurité alimentaire. 97 % de l’approvisionnement en eau est impropre à la consommation humaine.
En raison d’un manque de combustible, il n’y a pas assez d’électricité. Jusqu’il y a peu, il n’y avait que deux ou trois heures d’électricité par jour et les installations d’épuration de l’eau étaient à l’arrêt.
La mer est devenue un égout à ciel ouvert et un foyer de maladies contagieuses.
Près de la moitié de la demande de soins médicaux en dehors de Gaza est rejetée par Israël. Chaque semaine, il y a des blessés et des morts du fait de la brutale intervention militaire de l’armée israélienne.
Depuis le début des marches pour le retour et des actions de protestation (fin mars 2018), il y a eu, selon l’organisation des droits de l’homme al-Mezan, 254 tués, dont la plupart étaient des manifestants sans armes tués par les tireurs d’élite israéliens.
Ajoutez à cela plus de 12 000 blessés, dont la moitié par balles. Des pêcheurs se font attaquer, blesser ou tuer, leurs navires sont pris à l’abordage et leur matériel détruit.
La zone tampon de 300 à 500 mètres installée par Israël du côté palestinien est une zone interdite (acces restricted area – zone d’accès restreint) où, régulièrement, de simples citoyens et des agriculteurs sont abattus. Avec la régularité d’un métronome, les avions de combat israéliens effectuent des bombardements au cours desquels il n’est jamais fait de distinction entre cibles militaires et civiles.
Je propose que les bureaucrates du CGRA aillent rendre une petite visite à cette prison en plein air où les crimes de guerre sont plus que monnaie courante et qu’ils en fassent alors une évaluation.
Et, à Maggie De Block, je dis : quelle honte qu’elle se fasse ainsi remonter par l’extrême droite et, en sus, par des fake news. Si nous ne voulons plus de la présence de réfugiés gazaouis, il serait temps de changer cette politique consistant à fermer les yeux sur l’occupation, la colonisation et les crimes de guerre.
Imposez des sanctions et de grosses pressions à Israël et, d’ici quelques années, Gaza pourrait peut-être même devenir un paradis que plus personne ne désirerait quitter.
Publié le 18/12/2018 sur la page FB de Ludo De Brabander
Traduction : Jean-Marie Flémal
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