Des ONG palestiniennes refusent le financement conditionnel « antiterroriste » de l’UE
Yumna Pat
Les ONG palestiniennes ripostent contre les donateurs internationaux, particulièrement l’UE, pour leurs exigences de financement « antiterroriste », dont les groupes prétendent qu’il cible injustement les groupes de la société civile palestinienne.
La Campagne nationale palestinienne de rejet du financement conditionnel a été lancée il y a quelques semaines par un certain nombre d’ONG palestiniennes qui refusent de signer une demande de subvention à l’UE stipulant que les bénéficiaires doivent refuser de transférer toute aide octroyée par l’UE vers des « groupes ou entités terroristes ».
En compagne de plusieurs autres institutions et organismes internationaux, l’UE désigne un certain nombre de factions politiques palestiniennes, comme le Hamas et le Front populaire de libération de la Palestine (de gauche), comme des organisations terroristes.
Les clauses exigent que les
« contractants, sous-contractants, ceux qui participent à leurs ateliers de formation et ceux qui obtiennent de l’aide financière de leur part, excluent les groupes qui apparaissent sur la liste européenne des organisations terroristes, tels le Hamas, les Brigades Izzedine al-Qassam, la Brigade des Martyrs d’Al-Aqsa, le Djihad islamique, et le Front populaire de libération de la Palestine ».
De telles clauses « antiterroristes » ont été plus fréquemment utilisées ces dernières années par les entités internationales qui procurent de l’aide financière aux Palestiniens, et ce, en raison des pressions accrues émanant du gouvernement israélien, qui accuse les groupes défendant les droits des Palestiniens de « promouvoir l’antisémitisme, BDS et la guerre juridique contre Israël » sous « les fausses prétentions des droits de l’homme ».
Ces deux dernières années, le ministère israélien des Affaires stratégiques a publié nombre de rapports prétendant l’existence de liens entre des organisations de la société civile palestinienne et des « groupes terroristes » et affirmant même avoir mené une « campagne furtive » qui s’est traduite par le blocage de quelque trente comptes bancaires affiliés au mouvement de Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS).
À l’époque, plusieurs des groupes prétendument ciblés ont déclaré que les comptes mentionnés n’ont jamais existé en premier lieu.
La récente campagne a été lancée après une réunion entre des représentants de l’UE et du réseau des ONG palestiniennes (PNGO), réunion au cours de laquelle ces dernières ont refusé de signer une demande de subvention accompagnée des nouvelles clauses.
Les groupes prétendent que le fait d’imposer un financement conditionnel force les organisations de la société civile à adopter une position politique contre les actions des factions politiques palestiniennes, dont elles disent qu’elles ont le droit de résister à l’occupation israélienne.
Le fait de signer de telles clauses, affirment les organisations, constitue en essence une concession à la désignation des groupes palestiniens de résistance comme des organisations terroristes.
« Nous proclamons notre refus catégorique du financement politiquement conditionnel, quel que soit son montant, même si cela aboutit à l’effondrement de nos institutions et à leur incapacité à accomplir leurs tâches vitales. »
Les organisations ont critiqué le fait que l’UE a ciblé des ONG palestiniennes
« à un moment où les mesures coloniales d’Israël s’intensifient, y compris par des confiscations, des annexions, des déportations forcées, la répression et toutes sortes d’abus, l’institutionnalisation du racisme, la fragmentation et l’isolement, des mesures qui, toutes, constituent des crimes internationaux contre notre peuple ».
« Au lieu que notre peuple reçoive du soutien de l’Union européenne », celle-ci a présenté aux organisations un certain nombre de conditions préalables en vue d’obtenir du financement, a déclaré l’organisation.
La pétition réaffirmait les droits du peuple palestinien
« à résister au colonialisme et à l’apartheid israélien (…) jusqu’au moment où il obtiendra ses droits inaliénables à l’autodétermination et au retour dans ses foyers d’origine ».
L’organisation poursuivait en appelant les organisations de la société civile palestinienne à rejeter le financement conditionnel imposé par l’UE et à refuser de signer la clause « antiterroriste » en question.
Les organisations ont également exigé de l’UE qu’elle « abolisse cette condition injuste ».
Publié le 24 janvier 2020 sur Mondoweiss
Traduction : Jean-Marie Flémal