Un policier israélien tire dans le visage de Malek, un garçonnet palestinien

Le petit Malek Issa, neuf ans, va sans doute perdre l’usage d’un œil, voire des deux.

Ces dernières années, ce sont des dizaines de Palestiniens qui ont perdu un œil après avoir reçu une balle dans la tête.

Deux photos de Malek Issa : à l'hôpital et, quelques jours plus tôt, assis dans un fauteuil, chez lui. (Photos prises par la famille)

Deux photos de Malek Issa : à l’hôpital et, quelques jours plus tôt, assis dans un fauteuil, chez lui. (Photos prises par la famille)

Ç’aurait pu être un jour comme tous les autres, ce samedi à midi, quand Malek Issa, neuf ans, était descendu du bus dans le quartier d’Al-‘Issawiya, à Jérusalem-Est.

Il revenait de l’école pour rentrer chez lui et, comme d’habitude, il avait téléphoné à sa mère pour lui demander si elle venait le reprendre ou s’il pouvait rentrer seul à la maison. Le quartier était calme et il faisait beau, il pouvait donc parcourir les deux cents derniers mètres tout à son aise.

Entre les yeux

Malek a acheté un sandwich dans un petit restaurant et il parcourait la rue tout en mangeant quand il a été abattu par un policier israélien. Une balle enrobée de caoutchouc l’a touché entre les yeux. En toute hâte, des passants ont transporté le garçonnet à l’hôpital, où il a subi plusieurs opérations avant d’être transféré aux soins intensifs. Il va sans doute perdre l’usage d’un œil, voire des deux. Il faut savoir également qu’il a subi des lésions cérébrales permanentes.

Lr policier acompagnait plusieurs de ses collègues dans le quartier afin de procéder à une arrestation. Selon la police, une altercation a éclaté dans la rue et les agents ont été obligés de se défendre. Des témoins oculaires déclarent toutefois qu’il ne s’était rien passé ; on n’avait même pas jeté des pierres et il n’y avait eu aucune violence à l’encontre des policiers. Selon ces mêmes témoins, le policier a tiré brusquement, à une cinquantaine de mètres de Malek.

Les images d’une caméra de surveillance confirment qu’au moment fatal, il faisait calme en rue. Le policier concerné a déclaré plus tard qu’il avait tiré une balledans un mur afin de régler sa ligne de mire. Il avait ensuite vu Malek couché tout ensanglanté dans la rue et il avait cru que le garçon avait été touché par une pierre, a-t-il encore expliqué. La police a ouvert une enquête. La possibilité que des mesures soient prises contre l’agent sont pratiquement nulles, nous enseigne l’expérience.

Des centaines de Palestiniens abattus

Depuis mai dernier, la population d’Al-‘Issawiya est terrorisée par la police et l’armée au cours de ce qui ressemble à s’y méprendre à un état de siège. Pour des raisons obscures, les services de sécurité sont présents dans le quartier avec un grand déploiement de forces. Quelque 750 riverains ont déjà été arrêtés et il y a eu de nombreux blessés.

Le père de Malek explique au quotidien Haaretz qu’il protège ses enfants de la violence de toutes les façons possibles.

« Notre maison est une prison, pour eux. Ils ne peuvent pas sortir comme ils le veulent et ils ne peuvent même pas ouvrir la porte quand on sonne. Mais, quoi que nous fassions, cela ne suffit pas. »

Selon Haaretz, au cours de l’année écoulée, des centaines de Palestiniens ont été abattus par des policiers, à Jérusalem-Est. Des dizaines d’entre eux ont perdu un ou deux yeux, des dizaines d’autres sont devenus aveugles après avoir reçu une balle en un autre endroit de la tête.

L’impunité

Dans la même unité de soins intensifs que Malek, Mohammad Shatawi, 14 ans, originaire du village de Kafr Quddum, près de Naplouse, se débat entre la vie et la mort. Le 7 février, un militaire israélien lui a tiré une balle dans la tête. Alors qu’il rentrait chez lui après avoir été sur une aire de jeux avec des amis, il avait vu un groupe de militaires sur une colline. Les jeunes s’étaient dissimulés derrière un rocher. C’est au moment où Mohammad avait risqué un œil pour voir si les soldats étaient partis qu’il avait été touché.

En juillet dernier, dans le même village, un cousin de Mohammad, Abd al-Rahman Shatawi, 9 ans, avait déjà reçu une balle dans la tête. Le garçonnet se trouvait devant la maison d’un ami. Du haut d’une colline située à une centaine de mètres, un tireur d’élite avait tiré une balle sur lui, le touchant à la tête. Le garçonnet est aujourd’hui dans un hôpital près de Bethléem, complètement paralysé et il n’est toujours pas en état de prendre la parole.

« Les militaires israéliens peuvent abattre des enfants palestiniens »,

écrit le journaliste israélien Gideon Levy dans Haaretz.
Jamais ils ne sont sanctionnés. Aucun Israélien ne s’en soucie.

« Si un enfant juif est blessé, par contre, Israël vacille sur ses fondations ; mais, quand il s’agit d’un enfant palestinien, Israël bâille »,

ajoute Levy.

« Abattre un enfant palestinien est moins grave que de tirer sur un chien errant. »


Publié le 18 février 2020 sur The Rights Forum
Traduction : Jean-Marie Flémal

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