Al-Awda solidaire avec le mouvement de Libération Noire
Al-Awda, la Coalition Palestine du droit au retour (PRRC), exprime son soutien le plus ferme au mouvement de Libération Noire et au soulèvement populaire confronté aujourd’hui à la violence policière, aux structures racistes de l’incarcération de masse, à l’injustice économique et à la répression de l’État.
Nous reconnaissons que notre libération, en tant que Palestiniens, est liée à celle des noirs et que notre mouvement doit choisir clairement le camp des cibles du racisme et de l’impérialisme des États-Unis, tant aux États-Unis mêmes qu’au niveau international.
Nous affirmons le principe disant que le racisme, le suprémacisme blanc et le capitalisme sont les pires menaces et les sources principales de la souffrance, de la douleur et de la mort des peuples noirs et autochtones et des autres communautés pauvres et opprimées des États-Unis.
Nous nous joignons à la communauté noire et à tous les peuples nantis d’une conscience pour exprimer notre deuil et notre colère à propos du meurtre particulièrement violent de George Floyd.
Nous l’honorons et présentons nos condoléances les plus profondes à sa famille, à ceux qui lui étaient chers et à toutes les victimes de la violence raciale – qui émane souvent de la police –, dont Ahmaud Arbery, tué par deux blancs – l’un était un ancien policier – alors qu’il faisait du jogging en Géorgie, ainsi que Breonna Taylor, une paramédicale tuée chez elle par la police.
En tant que peuple autochtone de la Palestine, nous avons une expérience de première main de ce à quoi ressemble la vie sous la botte du colonialisme d’implantation blanc européen, de l’apartheid et de la violence raciale génocidaire telle qu’elle est pratiquée par le régime d’oppression israélien – avec le financement militaire et le soutien inconditionnel du gouvernement américain – afin de nous déposséder, de nous soumettre à une épuration ethnique et de nous réduire à des moins qu’humains.
Au moment où la pandémie du Covid-19 balaie le pays et le monde, elle met à nu la triple crise d’un virus mortel, d’un effondrement économique systémique et du refus des gouvernements de fournir les protections et le soutien nécessaires aux peuples affectés.
Dans le même temps, le gouvernement américain poursuit son escalade dans la militarisation de son travail policier, de sa surveillance prédatrice et de ses agressions impérialistes, tant aux États-Unis qu’ailleurs dans le monde.
La classe dirigeante américaine a utilisé la pandémie en vue d’un pillage massif des ressources du peuple.
Les sociétés ont collecté plus de 500 milliards de dollars devant servir de stimulus alors que les gens, y compris les travailleurs essentiels, se voyaient octroyer une unique allocation de 1 200 dollars qui les forçait à choisir entre leur nourriture et leur loyer.
Plus de 40 millions d’Américains sont sans emploi et sans la moindre perspective. La menace résultante d’une dépression économique mondiale et d’une austérité imposée se combine aux désastres provoqués par le changement climatique, dans le même temps que l’impérialisme prélève le tribut le plus lourd parmi les peuples et nations du Sud planétaire.
Nous demandons aux Nations unies et à leurs institutions des droits humains d’entreprendre des actions mûries en vue de eréclamer des comptes au gouvernement américain pour son racisme systématique en cours et ses violations permanentes des droits humains, particulièrement ceux des noirs et des peuples autochtones des États-Unis et des peuples et nations du monde entier ciblés par les agressions militaires américaines au niveau international. En outre, nous revendiquons :
1. La fin de toute violence d’État contre les noirs.
Afin de réaliser ce but, toutes les institutions et polices racistes et hostiles aux noirs doivent être systématiquement démantelées et privées de financement, y compris les systèmes policiers militarisés qui opèrent en tant que forces d’occupation. Nous mettons également en exergue la nécessité de metre fin immédiatement à la violence dirigée contre les protestataires et les journalistes et nous nous joignons à l’appel des Veterans for Peace (Vétérans pour la Paix) en vue de retrait immédiat et complet de la Garde nationale des communautés affectées.
Nous nous joignons aussi aux exigences portant sur le définancement de la police, sur l’évaluation immédiate de tous les policiers en service concernant leurs prestations actuelles et passées sur le plan racial, et sur la réforme immédiate des programmes de formation de la justice pénale en vie d’aborder le racisme systématique.
2. Des réparations, juridiques et autres, des crimes perpétrés contre les communautés noires et les peuples autochtones dès les débuts du colonialisme d’implantation et depuis l’institution de l’esclavage jusqu’à nos jours.
3. La libération de tous les prisonniers politiques noirs des prisons américaines. Les combattants du Mouvement de libértation des noirs, y compris Jalil Muntaqim, Russell « Maroon » Shoatz, Mumia Abu Jamal et Mutulu Shakur, ont dans bien des cas passé des décennies en prison en raison de leur implication dans la défense de leur peuple, souvent accompagnée de confrontation à la violence policière.
L’incarcération de masse et le ciblage des mouvements noirs ont constitué un mécanisme majeur du suprémacisme blanc aux États-Unis.
Nous maintenons cette revendication en même temps que notre appel en faveur de la libération de tous les prisonniers palestiniens dans les prisons américaines et israéliennes.
4. Le démantèlement des structures actuelles de la police américaine, y compris la fin à jamais de l‘« Échange mortel » entre les États-Unis et les forces de répression israéliennes, échange qui a entre autres compris la police du Minnesota.
Cette alliance est mortelle tant pour les communautés noires que pour les communautés palestiniennes. Le Movement for Black Lives a reconnu dans sa plate-forme le rôle de l’aide américaine à Israël dans le génocide en cours perpétré contre le peuple palestinien ainsi que celui de la « guerre mondiale contre le terrorisme » afin de faire progresser l’impérialisme américain, y compris en Afrique.
En tant que peuple résistance à l’oppression coloniale, nous savons que nous devons rester bien déterminés et résister à toutes les tentatives de colonisation de nos esprits via le désespoir, le mépris de nous-mêmes et le sentiment de reddition.
Le ciblage de l’activisme palestinien aux États-Unis, y compris l’emprisonnement des Cinq de la Terre sainte, la surveillance des organisations palestiniennes et la promulgation de lois anti-BDS au niveau de certains États du pays tout entier font partie intégrante des structures mêmes du suprémacisme blanc et de l’impérialisme qui ont été bâtis sur la dépossession et le génocide des peuples autochtones et sur l’asservissement et l’oppression violente des peuples noirs.
Al-Awda PRRC est solidaire, sans la moindre équivoque, avec nos sœurs et frères noirs dans le long et douloureux combat historique en cours pour la justice et la libération de tous.
La violence d’État contre les noirs américains dure depuis des siècles sans que des comptes aient jamais été demandés et il est aujourd’hui même temps d’y mettre un terme.
Nous devons agir en faveur du définancement de la militarisation de la police, de la libération des prisonniers politiques et du démantèlement fondamental des systèmes d’oppression qui soumettent aussi bien le peuple noir que le peuple palestinien, et nous nous engageons à mettre sur pied le mouvement nécessaire en vue de réaliser ces objectifs.
Appel à l’action :
Nous invitons instamment nos communautés palestiniennes et les partisans de la Palestine à rallier l’actuel mouvement de protestation qui balaie les rues au niveau national.
Il y a d’innombrables actions et protestations partout et la participation de chaque personne est importante. Aucun serment de lutter contre l’hostilité au noirs, via l’éducation politique ou autrement, n’est plus fort que l’engagement à l’action dans une lutte unie et une véritable solidarité.
Nous exigeons la liberté pour tous les prisonniers politiques noirs, y compris les prisonniers de la législation et de la police hostiles aux noirs.
Jalil Muntaqim, ancien Black Panther, est l’un de ces prisonniers politiques à long terme, et il souffre actuellement du Covid-19, suite à son long emprisonnement.
Ralliez les actions lancées par le Jericho Movement et la campagne en faveur de sa liberté.
Ralliez la semaine d’action du Movement for Black Lives, du 1er au 5 juin, en Défense des Black Lives. C’est une opportunité de se soulever et de lutter aux côtés de ceux qui descendent dans les rues et sur les ondes.
Publié le 1er juin 2020 sur Al-Awda, sous le titre « Al-Awda PRRC statement of solidarity for Black lives and Black struggle
Traduction : Jean-Marie Flémal
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