C’est maintenant qu’a lieu l’exécution de Maher Akhras. Agissons !

Le combat contre le régime de la suprématie juive en Palestine doit se poursuivre sans compromis, mais c’est l’exécution de Maher Akhras qui a lieu en ce moment précis. Là, maintenant, au moment où le nœud se resserre autour de son cou, c’est notre dernière chance de le sauver tant que nous le pouvons encore. Nous devons le faire, par tous les moyens nécessaires.

Des Palestiniens et des membres d’un mouvement anti-sioniste juif, qui met en cause l’existence d’Israël, affichent leur solidarité avec le gréviste de la faim Maher al-Akhras lors d’un rassemblement à Hebron le 21 octobre (Photo : AFP)

Jonathan Pollak, 29 octobre 2020

Maher Akhras s’accroche toujours à la vie. Il lutte chaque fois qu’il aspire un peu d’air, mais même 95 jours sans nourriture n’ont pu venir à bout de lui. Toutefois, pour ce qui concerne les juges de la Haute Cour israélienne de justice, Uzi Vogelman, George Karra et Alex Stein, le lit d’hôpital israélien sur lequel il est couché est déjà occupé, en fait, par un homme mort. Maher Akhras en est actuellement au 95e jour de sa grève de la faim, après avoir été kidnappé chez lui, au cœur de la nuit, par des hommes armés, puis incarcéré sans accusation ni procès régulier, sans même qu’on lui ait fait savoir de quoi il était suspecté ou sans même avoir été confronté à la moindre preuve d’un quelconque délit.

Mais, réellement, de quel droit se plaindrait-il ? La méprisable pratique de la détention sans accusation est plutôt commune, dans le monde, dans d’autres dictatures aussi – de celles qui sont loin de faire autant d’efforts pour se faire passer pour des démocraties. Contrairement à ces dictatures, Israël a donné à cette pratique un nom qui semble décent. En Israël, ce genre de détention se pratique tout simplement « sans accusation ni procès » – elle est « administrative ». Et les tribunaux eux aussi entérinent la chose, d’un simple coup de tampon en caoutchouc ou marque d’approbation.

Aux portes de la mort, les juges ont préféré sauver la face et suspendre provisoirement la détention d’Akhras sur base médicale et à condition qu’il reste confiné à l’hôpital israélien spécifique où il se trouve actuellement. Mais une cage ne diffère guère d’une autre, même si elle est un peu plus spacieuse et confortable, et Akhras continue à refuser toute nourriture tant qu’il ne sera pas vraiment libéré. Quand – pour la troisième fois – les juges lui ont refusé un ordre de libération, ils savaient très bien ce que représentait on ne peut plus littéralement leur décision : une sentence de mort.

L’injustice manifeste de la détention sans procès et l’absence de ce qu’on appelle une procédure officielle peuvent aisément être identifiées et perçues comme une déviation claire par rapport à d’autres normes judiciaires normales. Toutefois, pour les Palestiniens, ce serait déformer la vérité. Qu’Israël définisse leur arrestation comme « administrative » ou la qualifie autrement, les Palestiniens ne sont pas – et, par définition ne peuvent l’être – soumis à des procès équitables de la part d’Israël.

Le système juridique d’Israël, et spécifiquement ses tribunaux militaires devant lesquels comparaissent les Palestiniens de Cisjordanie, font partie intégrante du régime et constituent une arme majeure de l’arsenal israélien destiné à réprimer la dissension envers le régime. Cette détention sans procès est épouvantable et représente bien évidemment une torture aux yeux de tous ceux qui sont habitués aux normes judiciaires des démocraties libérales. Pour cette raison, la pratique est une cible adéquate quand il s’agit de dénoncer la nature absolument illusoire de la démocratie israélienne – depuis les caniveaux des tribunaux militaires jusqu’aux plafonds des célèbres chambres de justice de la Haute Cour israélienne.

Dans un enregistrement réalisé depuis son lit à l’hôpital, Akhras, qui avait à peine la force de parler, a déclaré dans un air de défi :

« Je choisis d’être libre au milieu de mes enfants ou de mourir au nom d’une fausse justice. »

Il n’a pas dit « accusation ou libération », comme le demandent souvent les organisations des droits humains, mais plutôt, et tout simplement, « libération ». Ces mots clairs et éloquents d’un homme en train de mourir nous rappellent dramatiquement que la détention judiciaire n’est pas une exception à la règle, mais constitue plutôt la dernière extrémité de l’échelle dans les mesures utilisées pour imposer le pouvoir israélien aux Palestiniens.

Le combat contre le régime de la suprématie juive en Palestine doit se poursuivre sans compromis, mais c’est l’exécution de Maher Akhras qui a lieu en ce moment précis. Là, maintenant, au moment où le nœud se resserre autour de son cou, c’est notre dernière chance de le sauver tant que nous le pouvons encore. Nous devons le faire, par tous les moyens nécessaires.


Publié le 29 octobre sur Haaretz
Traduction : Jean-Marie Flémal

Pétition

Samidoun Palestinian Prisoner Solidarity Network a lancé cette pétition adressée à d’Amnesty International, de Human Rights Watch, du Comité International de la Croix Rouge et du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme.

Alors que Maher al-Akhras s’approche de son 100e jour de grève de la faim contre sa « détention administrative »,  les associations des droits de l’homme et les institutions internationales doivent exiger sa libération immédiate par les forces d’occupation israéliennes.

Signez la pétition ICI.

Twitterstorm

Samidoun Palestine et des familles de prisonniers appellent à une marche mardi 3 novembre à Ramallah pour exiger la libération de Maher. Un twitterstorm sera également organisé le même jour par Samidoun afin de rendre encore plus visible son combat.

Photos

Sur les réseaux sociaux, participez à la campagne en postant vos photos de solidarité avec les hashtags #SaveMaher et #FreeMaherAlAkhras. Ensemble, ne le laissons pas mourir !

Lisez également : La mobilisation internationale se développe pour la libération de Maher al-Akhras en grève de la faim depuis 98 jours !

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