Très large condamnation des raids israéliens et des arrestations de dirigeants et activistes palestiniens

Des organisations ont réclamé la libération rapide et inconditionnelle de tous les dirigeants et activistes palestiniens arrêtés lors des raids nocturnes le 2 novembre et ont exigé en même temps la liberté pour tous les prisonniers politiques et détenus administratifs palestiniens.

Khitam Saafin, la présidente de l'Union des Comités des femmes palestiniennes, arrêté le 2 novembre

Khitam Saafin, présidente de l’Union des Comités des femmes palestiniennes.

Peoples dispatch, 3 novembre 2020

Des organisations féminines de la région arabo-maghrébine et des organisations palestiniennes de gauche ont condamné avec vigueur l’arrestation et l’enlèvement de femmes et de dirigeants de gauche palestiniens ainsi que de plusieurs anciens prisonniers politiques par les forces d’occupation israéliennes au cours de raids nocturnes effectués le 2 novembre 2020 dans diverses parties de la Cisjordanie occupée.

L’une des femmes arrêtées par les forces israéliennes est Khitam Saafin, la présidente de l’Union des Comités des femmes palestiniennes. Une autre femme a été identifiée : la dirigeante estudiantine Shata al-Tawil. Saafin, qui est également membre du Secrétariat général de l’Union générale des femmes palestiniennes, a été arrêtée chez elle, dans la ville de Betunia, à l’ouest de Ramallah, alors qu’al-Tawil a été enlevée à son domicile, dans la ville d’al-Bireh.

Parmi les organisations qui ont signé la déclaration condamnant les raids et arrestations des dirigeants et activistes palestiniens figurent l’Union des Comités des travailleuses palestiniennes, l’Union des Comités des femmes palestiniennes, la Marche mondiale des femmes (région Moyen-Orient / Afrique du Nord), la section des femmes de Voie démocratique (Maroc) et l’Association des femmes Jin (Liban).

En exprimant leur solidarité avec les dirigeants et activistes enlevés ainsi qu’avec tous les autres prisonniers politiques palestiniens et détenus administratifs sans accusation ni procès, elles ont instamment invité la communauté internationale, dont les organisations des droits humains et des droits des femmes du monde entier, à

« mettre la pression sur l’occupation afin de libérer la camarade Khitam Saafin et tous les prisonniers qui sont victimes d’une détention arbitraire, ainsi qu’à mettre un terme à la politique consistant à cibler les dirigeantes féminines et à celle de la détention administrative ».

Elles ont également appelé au lancement d’une campagne régionale et internationale de solidarité afin de réclamer la libération de Khitam Saafin et de tous les prisonniers incarcérés illégalement par l’État d’Israël. La déclaration insistait en disant que ces arrestations et détentions illégales et arbitraires par les forces d’occupation israéliennes constituaient une violation flagrante de la Quatrième Convention de Genève.

Elles mettent l’accent sur le fait que les enlèvements extrajudiciaires qui ont lieu au cours de raids nocturnes constituent une violation manifeste et délibérée par l’État d’Israël des droits humains et civils de ces dirigeants et activistes, dans le but s’instiller la crainte et de dissuader la résistance à l’occupation et à l’apartheid israéliens.

Les organisations ont également demandé que la communauté internationale s’emploie à forcer Israël de mettre un terme à sa politique illégale et inhumaine de la détention administrative, une de ses marques de fabrique, à laquelle il recourt pour incarcérer illégalement des dirigeants et activistes palestiniens et dont il se sert également comme d’un outil pour intimider et démoraliser les Palestiniens afin qu’ils ne participent plus à la lutte contre l’occupation israélienne.

Deux autres militants de gauche de longue date, l’ancien prisonnier politique et activiste syndical Mohammad Jawabreh, 55 ans, et le dirigeant de gauche Jamal Barham, 60 ans, ont eux aussi été enlevés après l’irruption de militaires israéliens à leurs domiciles. Au cours de l’opération, les militaires en ont profité pour saccager leurs biens et infliger d’importants dégâts à leurs affaires personnelles.

Plusieurs autres dirigeants et activistes bien en vue de la communauté ont également été arrêtés lors de raids effectués au même moment un peu partout en Cisjordanie. Le réseau Samidoun de solidarité avec les prisonniers a fait remarquer que ces raids visant des dirigeants et activistes palestiniens ont lieu à la date anniversaire de la déclaration coloniale Balfour de 1917 ainsi que le même jour où l’État d’Israël a illégalement emprisonné la féministe, dirigeante de gauche et députée palestinienne extrêmement populaire, Khalida Jarrar.

Les arrestations de tous ces dirigeants et activistes en Palestine a lieu également à une époque particulièrement délicate et tendue en raison de l’actuelle pandémie de coronavirus, et les organisations l’ont fait remarquer dans leur déclaration. Elles ont mis l’accent sur le fait que les conditions de vie pénibles dans les prisons israéliennes présentaient une grave menace pour la vie et la santé physique des détenus, puisque plusieurs cas de corona avaient déjà été rapportés dans les prisons israéliennes et qu’il est fait état que 12 prisonniers au moins ont été testés positifs au virus meurtrier. (*)


Publié le 3 novembre 2020 sur Peoples Dispatch
Traduction : Jean-Marie Flémal

Campagne pour la libération de Khalida Jarrar et Khitam Saafin, qui avaient déjà été emprisonnées en 2017 (Photo : la Plate-forme Charleroi-Palestine à la semaine d’étude de Vie Féminine à Namur)

Campagne pour la libération de Khalida Jarrar et Khitam Saafin, qui avaient déjà été emprisonnées en 2017 (Photo : la Plate-forme Charleroi-Palestine à la semaine d’étude de Vie Féminine à Namur)

(*) Plus de 70 prisonniers ont été testés positifs au coranavirus dans la prison surpeuplée de Gilboa (info du 4 novembre, via The Electronic Intifada)

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