Récolte des olives en Palestine : les fermiers agressés par les colons

Les colons israéliens du district de Naplouse ont la triste réputation d’être violents et, tout au long de l’année, ils ne cessent de s’en prendre aux Palestiniens et à leurs biens. Mais, une fois que débute la récolte des olives, ils concentrent typiquement leurs attaques sur les cultivateurs palestiniens et sur leurs oliviers.

Yumna Patel, 13 novembre 2020

La récolte des olives est un rite sacré vénéré par les Palestiniens de tous âges et classes sociales.

Mais, chaque année, la beauté de la récolte des olives est inévitablement gâchée par des violences et des bains de sang de la part des colons israéliens, qui agressent systématiquement les cultivateurs palestiniens dans toute la Cisjordanie occupée.

Nous nous sommes rendus dans le district de Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie occupée, où se trouvent des douzaines de communautés rurales palestiniennes, telle la ville de Burin, qui est entourée par toute une série de colonies israéliennes illégales.

Les colons israéliens du district de Naplouse ont la triste réputation d’être violents et, tout au long de l’année, ils ne cessent de s’en prendre aux Palestiniens et à leurs biens. Mais, une fois que débute la récolte des olives, ils concentrent typiquement leurs attaques sur les cultivateurs palestiniens et sur leurs oliviers.

« Les colons tiennent les fermiers [palestiniens] à l’œil quand ils sont seuls et ils restent vigilants de façon à pouvoir aller leur voler ce qu’ils (les fermiers) cultivent »,

a expliqué l’activiste local Ayman Gharib à Mondoweiss.

« C’est une tragédie que, toute l’année durant, le fermier prépare sa production en arrosant ses arbres, en en prenant bien soin et en effectuant tout ce travail et, à la fin, un colon s’amène bien tranquillement pour lui voler ses olives et s’en retourner ensuite à la colonie »,

a ajouté Gharib, en pointant du doigt le sommet de la colline non loin de Burin, là où se trouve une colonie illégale.

« Le colon est toujours armé et il est toujours protégé par l’armée »,

a-t-il poursuivi.

Après avoir assisté durant plusieurs années à la violence des colons dans leurs villes, Gharib et d’autres activistes ont décidé de constituer un groupe de volontaires sous l’appellation de « Faz3a », afin d’accompagner sur leurs terres les cultivateurs palestiniens propriétaires d’oliviers, de les aider à cueillir leurs olives et de les défendre en cas d’attaque de la part des colons.

« Nous défendrons chaque parcelle du sol sur ces montagnes. Nous irons vers ces oliviers et nous les atteindrons tous en Palestine »,

a déclaré Gharib.

« Et nous cueillerons chacune de ces olives et nous les donnerons aux fermiers. »

« Nous nous défendrons de toutes nos forces. Nous sommes prêts à en payer le prix. Oui, à en payer le prix, en tant que Palestiniens, nous sommes prêts, effectivement. Nous faire arrêter, nous faire tirer dessus, recevoir des gaz lacrymogènes, subir toutes les formes d’oppression, de destruction, de terrorisme, tout cela, nous y sommes habitués »,

a encore ajouté Gharib.

Quelques jours à peine après le début de la récolte des olives, cette année, le groupe Faz3a a été appelé sur le site d’une violente agression contre un gorupe de fermiers palestiniens, dans la ville toute proche de Huwwara.

Nous nous sommes rendus sur le site de l’attaque, où un groupe de résidents locaux cueillaient les olives. Ils nous ont dit de ne pas trop nous approcher du sommet de cette colline, d’où les colons allaient descendre pour les attaquer de nouveau.

La veille même, après qu’un groupe de cultivateurs palestiniens étaient venus cueillir leurs olives, un groupe de colons israéliens armés était descendu du sommet de la colline et s’était mis immédiatement à attaquer les fermiers et à mettre le feu à leurs cultures.

« Au début, ils étaient une vingtaine, puis trente, puis quarante », a expliqué à Mondoweiss un Sabe’ Odeh écœuré qui se tenait sur le pas de sa porte, après avoir été victime d’une attaque des colons à Huwwara. 

« Les soldats de l’occupation me tiraient dessus. Ils lançaient contre nous des gaz lacrymogènes, des bombes assourdissantes. Ils nous ont tiré dessus après que nous leur avons dit de  »ne pas laisser les colons nous lancer des pierres ». Pourquoi nous lançaient-ils des pierres ? », a-t-il demandé.

Tenant le doigt sur l’écran de son téléphone à mesure qu’il fait se dérouler les prises de vue de l’attaque, Odeh fait remarquer les colons masqués qui tiennent une énorme pierre, quelques secondes à peines avant de la balancer sur lui.

« La pierre pesait plus de 5 ou 6 kilos. Ils [les colons] m’ont frappé avec elle quand j’étais à terre », ajoute-t-il.

« J’ai une blessure ici », dit-il en montrant son bras. « J’ai une blessure à la jambe. J’ai une blessure à l’avant-bras, et une à la main, et encore une à la tête. »

« Mon seul crime, c’est d’avoir voulu me rendre sur ma terre, sur la terre que mon père et mon grand-père ont cultivée avant moi », ajoute Odeh.

Les organisations de défense des droits affirment que les colons israéliens sont motivés par les causes ultranationalistes et d’extrême droite et croient qu’ils ont le droit de revendiquer les terres de la Cisjordanie par tous les moyens, y compris la violence.

Très souvent, sinon toujours,les colons sont armés et opèrent sous la protection complète des militaires israéliens.

« L’armée israélienne, malheureusement, l’armée d’occupation leur [aux colons] donne le feu vert pour nous attaquer, nous taper dessus, même jusqu’à ce que mort s’ensuive »,

a expliqué Odeh à Mondoweiss.

« Hier, ils [les colons] s’en sont pris à moi. Dieu, qu’il en soit loué, m’a sorti de leurs mains. Sinon, ils m’auraient tué. »

« Nous ne sommes pas des criminels »,

a poursuivi Odeh.

« Nous voulons simplement cueillir nos olives. Cueillir les olives pour nos enfants. C’est ce qui se passe quotidiennement en Palestine, sur toute la terre du peuple palestinien. »

Malgré la menace constante de violence à laquelle ils sont confrontés, les cultivateurs et activistes palestiniens disent qu’il n’y a rien au monde, pas même le risque de perdre la vie, qui pourrait les empêcher de cueillir leurs olives ou les empêcher de garder bien vivace la tradition de la récolte des olives en Palestine.

« Nous sommes prêts à tous les scénarios de la vie. Nous sommes sur cette terre, nous nous n’allons pas la quitter. Nous restons sur cette terre, nous ne changerons pas, et nous ne l’échangerons pas non plus »,

a déclaré Gharib à Mondoweiss.

« Toute génération qui grandit [ici] sait que ceci est sa terre, ceci est notre patrie, notre chez nous, c’est notre terre, qui nous vient de nos ancêtres. »

Odeh a encore expliqué à Mondoweiss que le message qu’il adressait au monde était celui -ci :

« Si vous n’acceptez pas l’oppression pour vous-mêmes, alors n’acceptez aucune oppression. »


Publié le 13 novembre 2020 sur Mondoweiss
Traduction : Jean-Marie Flémal

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