Chansons par amour de la Palestine

L’histoire de quatre chansons qui reflètent l’héritage de la diaspora palestinienne et l’aspiration au retour de cette dernière dans la patrie qu’elle a dû quitter en 1948.

Le  film, récemment publié par Al Jazeera raconte l’histoire de quatre chansons qui remontent à la Palestine et la Jordanie du début et du milieu du vingtième siècle.

Elles reflètent l’héritage culturel et le puissant désir de la diaspora de retourner dans une patrie qu’elle a été forcée de quitter en 1948.

Toutes quatre contiennent des instantanés de l’époque et des endroits où elles ont été écrites et composées – depuis la période du Mandat britannique jusqu’à nos jours, où les Palestiniens vivent à l’étranger, en passant par l’époque des années 1950 en Jordanie.

La chanson À Ramallah a été écrite et produite pour la radio jordanienne dans les années 1950 et elle a fini par devenir l’une des chansons favorites des Palestiniens exilés à l’étranger et qui aspirent à retourner dans la ville.

À ma mère est un poème écrit par Mahmoud Darwich alors qu’il était détenu à la prison de Ramla. Parfois perçus comme une métaphore de la situation des Palestiniens, ces mots ont été plus tard mis en musique par le compositeur libanais Marcel Khalife.

Grand homme élégant (Tall Handsome Man) est la plus ancienne des quatre chansons et remonte au Mandat britannique en Palestine. L’histoire dit que lorsque les villages ont subi les attaques des intrus locaux, un charpentier grand et élégant a utilisé l’argent qu’il avait gagné pour acheter des fusils destinés à protéger son village.

Enfin, la chanson Ghoubaishy se situe dans la Jordanie orientale sous domination britannique du début des années 1940 et elle raconte l’histoire de l’audacieux Ghoubaishy, qui s’enfuit avec Hassna au grand dam de la famille de cette dernière. Ghoubaishy défend son amour dans un chant où se côtoient bravoure et histoire d’amour véritable.

Vous trouvez ici le film d’Al Jazeera (en anglais) :

Songs for the love of Palestine

L’interprétation de Ween a Ramallah par Awsa – Belgium ( Arab Women’s Solidarity Association-Belgium)

 

Marcel Khalife : Oummi, A ma mère

 
A Ma Mère

Mahmoud Darwich

J’ai la nostalgie du pain de ma mère,
Du café de ma mère,
Des caresses de ma mère…
Et l’enfance grandit en moi,
Jour après jour,
Et je chéris ma vie, car
Si je mourais,
J’aurais honte des larmes de ma mère !

Fais de moi, si je rentre un jour,
Une ombrelle pour tes paupières.
Recouvre mes os de cette herbe
Baptisée sous tes talons innocents.
Attache-moi
Avec une mèche de tes cheveux,
Un fil qui pend à l’ourlet de ta robe…
Et je serai, peut-être, un dieu,
Peut-être un dieu,
Si j’effleurais ton coeur !

Si je rentre, enfouis-moi,
Bûche, dans ton âtre.
Et suspends-moi,
Corde à linge, sur le toit de ta maison.
Je ne tiens pas debout
Sans ta prière du jour.
J’ai vieilli. Ramène les étoiles de l’enfance
Et je partagerai avec les petits des oiseaux,
Le chemin du retour…
Au nid de ton attente !

1966

Extrait de : La Terre Nous Est Etroite Et Autres Poèmes, (Gallimard Poésie)


« Songs for the love of Palestine » a été publié le 9 décembre 2020 sur Al Jazeera
Traduction : Jean-Marie Flémal

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