Le 1er mai 2021 pour les travailleurs palestiniens
Le 1er mai 2021 pour les travailleurs palestiniens : souffrance permanente, colonisation, occupation, pandémie… Mais également espoir, courage, détermination et résistance.
Ziad Medoukh, 1er Mai 2021
Dans une conjoncture particulière et un contexte difficile, marqué notamment par une crise sanitaire sans précèdent aux conséquences économiques désastreuses, et le maintien de la colonisation et les mesures atroces de l’occupation que les travailleurs palestiniens célèbrent la journée mondiale du travail, ce 1er mai 2021.
Les travailleurs palestiniens, en souffrance au quotidien à cause de la colonisation qui avale chaque jours les terrains appartiennent aux Palestiniens , de l’occupation et ses pratiques inhumaines et criminelles contre toute une population civile, célèbrent cette journée alors que règnent pauvreté, chômage, crise sanitaire et absence de perspectives, en Cisjordanie et plus encore dans la bande de Gaza.
En dépit de tous ces dispositifs inhumains infligés par les bottes d’une armée coloniale déferlant la misère et toutes leurs calamités qui nous paralysent, empêchant notre sérénité de fleurir en toute liberté, le peuple palestinien n’a point cédé, il n’a jamais cessé de nourrir le besoin de se libérer du joug venimeux de l’oppresseur, vivant dans sa survie pour reprendre les rênes de sa liberté.
Et pendant que trône le silence de la communauté internationale officielle vis-à-vis des arrestations, de l’emprisonnement arbitraire, des attaques sanglantes, de l’injustice, de la spoliation et la destruction des maisons et infrastructures palestiniennes.
Cette souffrance s’est accrue cette dernière année, avec les mesures préventives contre le coronavirus, et la baisse des activités économiques dans les territoires palestiniens.
Très engagés en première ligne et d’une patience exemplaire pendant cette situation exceptionnelle, les travailleurs persistent à œuvrer au cœur du conflit. Ils exercent un rôle crucial dans notre société de sorte que les futures générations accèdent à un plus brillant avenir.
Le nombre total des travailleurs palestiniens est estimé à un million de personnes, dont plus de 663 000 s’activent dans le secteur privé, ils sont les plus touchés par la crise du coronavirus, leurs salaires font vivre une population de quatre millions de Palestiniens (en supposant qu’au moins quatre personnes dépendent de chaque travailleur).
Ils sont les premières victimes de cette pandémie, dans les chantiers, les champs, et les usines israéliennes, sans obtenir des droits compensatoires, par la perte de leurs emplois suite à la baisse des activités économiques. Éprouvés et démunis, ils n’ont plus la force de sourire, mais toujours volontaire de poursuivre la lutte par une mobilisation très symbolique à l’occasion du 1er Mai.
Une célébration sans grandes manifestations ni rassemblements ou défilés dans les villes et les camps dans les territoires palestiniens occupés, pour freiner la propagation de la Covid19, en plus des mesures préventives et des restrictions qui aggravent la souffrance de ces dizaines de milliers de travailleurs palestiniens.
Au mépris de la colonisation et de l’occupation, marquées par le confinement, voire un double confinement, les travailleurs palestiniens sont réputés pour leur résistance, leur attachement à leur patrie, leur volonté, leur détermination, leur patience, leur dignité, leur lutte sans relâche, leur persévérance et leur courage contre les attaques sanglantes répétées des colons et soldats israéliens.
Le syndicat des travailleurs palestiniens, montre que, parmi les 220 000 travailleurs palestiniens qui exercent une profession dans les usines et les champs israéliens, 75 000 ont stoppé leurs activités depuis plus d’ un an, et sont retournés dans leurs villes respectives en Cisjordanie pour grossir le nombre de chômeurs.
Le restant sont sur leurs lieux de travail dans des conditions inhumaines, ils sont particulièrement vulnérables devant l’épidémie avec un risque de contamination très élevé en plus d’être exploité par des discriminations raciales, leurs employeurs israéliens profitent de ce contexte et refusent de leurs accorder une assurance. Ils sont sous rémunérés vis-à-vis des travailleurs israéliens. Possédant une protection minimale, les travailleurs palestiniens sont obligés de payer les contributions de la sécurité sociale et les frais d’adhésion au syndicat des travailleurs israéliens, sans y être représentés.
L’armée de l’occupant israélienne harcèle les travailleurs palestiniens, au passage des check-points en les humiliant, les blessant physiquement et les assassinant lâchement, et, quand ils sont infectés, ils sont jetés d’une façon barbare sur la route, dès lors ils doivent attendre des heures avant que les ambulanciers palestiniens viennent les secourir pour les emmener dans des hôpitaux ou des centres médicaux palestiniens.
En Cisjordanie, ce sont plus de 115 000 travailleurs qui sont touchés par les mesures préventives suite à la fermeture des territoires palestiniens, de même que dans la bande de Gaza, 42 000 travailleurs ont perdu leur emploi avec le couvre-feu, le confinement, plutôt, le double confinement, si bien que sans-emplois ils aggravent malgré eux les conséquences dramatiques de l’économie palestinienne en faillite.
Ces nouveaux demandeurs d’emploi perçoivent une petite indemnisation et une aide symbolique de la part des gouvernements de Ramallah et de Gaza, qui sont touchés par d’énormes difficultés budgétaires. Ces deux gouvernements restent impuissants face à cette situation exceptionnelle dans nos territoires. En plus du chômage et des fermetures d’usines et d’ateliers, toutes les entreprises agricoles, artisanales et industrielles souffrent des mesures atroces de l’occupation israélienne contre l’économie palestinienne.
Dans son bulletin de fin mars 2021, le bureau des Statistiques palestiniennes, confirme que le PIB a diminué de 7 %, et que les pertes économiques, suite à cette crise dans les territoires palestiniens, dépassent un milliard de dollars pour les premiers semestres 2021.
La Chambre de commerce et d’industrie de Gaza, a montré que tous les secteurs économiques dans cette région sous blocus israélien ont été paralysés avec une baisse de 70 % du pouvoir d’achat chez les Palestiniens de Gaza. Par conséquent, le nombre de personnes qui dépendent des aides nationales et internationales a augmenté de 25 %. Le taux de chômage dépasse les 43 % en Cisjordanie et les 67 % dans la bande de Gaza, avec plus de 72 % des Palestiniens qui vivent en dessous du seuil de la pauvreté.
Malgré les chiffres catastrophiques, d’une vie économique paralysée à cause de la fermeture des frontières et de l’enfermement de toute une population civile dans une prison à ciel ouvert. Les travailleurs palestiniens qu’ils soient en Cisjordanie, dans la bande de Gaza, dans les territoires de 1948, où en exil, ils sont plus que jamais déterminés, ils espèrent comme toute notre population, des lendemains de changement, de liberté et de justice.
Le peuple palestinien célèbre cette journée mondiale du travail avec une singulière pensée pour les travailleurs détenus dans les prisons israéliennes et pour les travailleurs en Cisjordanie et Gaza défient l’occupation, la colonisation, le mur de la honte et les check-points, ainsi que le blocus inhumain imposé depuis plus de 15 ans par le joug de l’oppresseur.
Une pensée particulière pour tous les travailleurs palestiniens assassinés par les colons et les soldats israéliens sur leurs lieux de travail, devant le mur d’apartheid, dans les barrages militaires et dans les manifestations pacifiques contre la confiscation de leurs Terres. Une pensée pour nos travailleurs qui subissent les humiliations israéliennes dans d’interminables files d’attente aux check-points, pour se rendre sur leur lieu de travail dans l’espoir de faire vivre dignement leurs familles.
Une pensée pour nos citoyens qui sont depuis des années sans emploi en raison des dispositifs barbares israéliens et antidémocratiques, contre un peuple qui affronte une réalité dure et qui n’arrive pas à répondre aux besoins de leurs enfants.
Un grand hommage à nos travailleurs, à nos syndicats, à tous les ouvriers, artisans, pêcheurs, paysans et fonctionnaires pour leur patience, pour leur combat, pour leur détermination et leur lutte pour la dignité. Un grand hommage à nos travailleurs assassinés et blessés brutalement par les colons et les soldats israéliens sur leur terre et leurs lieux de travail.
Merci à tous les solidaires, les syndicats et les travailleurs du monde entier qui célèbrent symboliquement et virtuellement ce premier mai 2021 de chez eux confinés, avec des drapeaux palestiniens et des banderoles en saluant le courage, la détermination et la résistance des travailleurs palestiniens, hurlant avec un héroïsme sans failles la levée du blocus israélien contre la bande de Gaza, la fin de la colonisation et l’application du droit international.
Les travailleurs palestiniens fêtent le 1er Mai dans le sang, les larmes et la douleur, ils résistent en souffrance permanente depuis des décennies contre la colonisation, ils sont conscients que le chemin est encore très long pour obtenir leurs droits avec la décolonisation de tous les territoires palestiniens.
Les travailleurs palestiniens n’abdiqueront jamais pour que la Palestine vive libre et souveraine sur sa terre.
Publié le 1er Mai 2021 par Ziad Medoukh sur FB
A Charleroi, des membres de la Plate-forme Charleroi-Palestine étaient présents au rassemblement 1er Mai de la FGTB avec le drapeau rouge qui leur avait été offert par des Palestiniens du camp de réfugiés Nahr al-Bared au Liban, lors d’un voyage solidaire en 2019.