Des hordes d’Israéliens scandent des slogans génocidaires à Jérusalem

Publié · Mis à jour

Ce mardi (15 juin 2021), des milliers de nationalistes juifs israéliens ont défilé dans Jérusalem en scandant des slogans racistes et génocidaires contre les Palestiniens.

Cela faisait partie de la « Marche des drapeaux » annuelle, organisée par les Juifs israéliens d’extrême droite afin de célébrer l’occupation et la colonisation de Jérusalem-Est par Israël.  

Ce 15 juin, des Israéliens scandent des slogans racistes à la porte de Damas afin d’affirmer leur contrôle sur Jérusalem-est occupée. (Photo : Baraah Abo Ramouz / APA images)

Tamara Nassar, 16 juin 2021

Comme lors des années précédentes, une foule agitant des drapeaux israéliens a craché ses slogans racistes et génocidaires contre les Palestiniens et a dénigré le prophète Mahomet.

La marche avait été initialement prévue pour le 10 mai, date de la prétendue Journée de Jérusalem en Israël, mais avait été reportée en raison de l’ampleur des protestations des Palestiniens qui avaient forcé Israël à une retraite humiliante.

Prévue à nouveau pour ce mardi, elle a été astreinte à suivre un itinéraire strictement limité.

Alors que les hordes de fanatiques dansaient et scandaient leurs slogans à l’iconique porte de Damas, à Jérusalem, l’itinéraire approuvé par la police ne leur permettait pas cette fois d’entrer dans les ruelles étroites du quartier musulman de la Vieille Ville comme elles l’avaient fait les années précédentes.

Néanmoins, quelques douzaines de ces énergumènes sont entrés dans la Vieille Ville.

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Les Palestiniens ont salué les restrictions sévères imposées par Israël comme une victoire vu la dissuasion qui a été établie au moment où les factions de la résistance à Gaza ont lancé des roquettes vers Jérusalem le mois dernier.

Les tirs de roquettes avaient pour but de défendre la population palestinienne de la ville contre l’escalade des attaques israéliennes et du nettoyage ethnique.

« Les positions et décisions courageuses de la résistance palestinienne ont forcé l’occupation israélienne à modifier le tracé de l’itinéraire, à modifier également les couloirs de vol de l’aviation civile et à renforcer le déploiement du Dôme de fer »,

a déclaré le Hamas en guise de réponse à la marche de ce mardi.

Des slogans génocidaires

Des vidéos prises par des journalistes ont fait entendre les slogans génocidaires scandés par la foule – apparemment composée en grande partie d’adolescents et d’enfants.

Mercredi, comme les Israéliens l’ont déjà fait en de nombreuses occasions précédentes, la foule a scandé « mavet la aravim » – « Mort aux Arabes ».

Les participants scandaient également « Shuafat brûle » – une référence à un quartier palestinien – et « Puisse votre village brûler ! »

 

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Exprimant leur haine tant religieuse qu’ethnique, les participants scandaient fréquemment « Mahomet est mort », afin de dénigrer le prophète de l’Islam et la foi des musulmans.

On les a également entendus chanter un chant génocidaire déjà remarqué au cours de précédentes marches de la Journée de Jérusalem. 

Certains individus dans la foule ont hurlé des interjections insultantes à l’adresse des journalistes, parmi lesquels Suleiman Masudeh, qui travaille pour la chaîne publique israélienne Kann.

Masudeh a enregistré les participants en train de hurler des slogans homophobes à l’adresse des journalistes et de leur dire « Allez travailler pour les Arabes ». Il a déclaré que la foule avait été particulièrement insultante à l’égard des journalistes arabes.

Quand les Palestiniens ont tenté de hisser leurs propres couleurs, ils ont été agressés par les forces israéliennes, qui leur ont confisqué leurs drapeaux.

La participation des hommes politiques

La police israélienne a déployé quelque 2 000 agents afin de protéger et de garder la foule raciste. 

Le nouveau gouvernement israélien a soutenu l’organisation de la marche et plusieurs hommes politiques israéliens de grand format l’ont ralliée.  

Itamar Ben-Gvir, un député israélien de l’extrême droite, a été chaudement applaudi par la foule, lors de son arrivée.

Récemment, les médias israéliens ont diffusé une photo de Ben-Gvir datant de 1995, où on le voit lors de la fête juive du Pourim, déguisé en Baruch Goldstein, le colon juif de Brooklyn qui, l’année précédente, avait abattu et tué 29 Palestiniens, hommes et enfants, venus prier lors du Ramadan.

Oren Hazan, un député du parti Likoud qui, un jour, avait diffusé une affiche de campagne le montrant en train de tuer un député palestinien, a également été aperçu à la marche :

Le contrôle des dégâts pour les PR (relations publiques)

Des prises de vue de la foule raciste ont rapidement circulé sur les médias sociaux, embarrassant ainsi Israël et son lobby.

Avi Mayer, le responsable mondial des communications du principal groupe de pression d’Israël, l’American Jewish Committee (Comité juif américain), a tenté de limiter les dégâts en reconnaissant le « caractère déplorable de ce déploiement de haine ».

Voilà bien un changement de ton remarquable, de la part de Mayer que, précédemment, The Electronic Intifada avait montré en train d’assister personnellement à au moins un rassemblement de « Mort aux Arabes » et de tenter de le blanchir.

Yair Lapid, le Premier ministre en alternance (censé entrer en fonction à la tête de l’actuel gouvernement le 27 août 2023, NdT) et ministre des Affaires étrangères d’Israël, a déclaré que la marche « devait être approuvée » et il a en outre applaudi la gestion « excellente » de l’événement.

Lapid a ensuite tenté de blanchir Israël en déplorant « qu’il y ait des éléments extrémistes pour lesquels le drapeau israélien représente haine et racisme » – comme si le racisme et la violence contre les Palestiniens n’étaient pas des fondements du sionisme, l’idéologie de l’État d’Israël.

Israël bombarde Gaza une nouvelle fois

Les 11 jours de la campagne de bombardement de Gaza par Israël, en mai dernier, ont eu lieu en même temps que les provocations du même tonneau des forces et colons israéliens à Jérusalem.

Alors que la police israélienne approuvait la marche de mardi, elle lui faisait changer d’itinéraire afin que la foule ne puisse entrer dans le quartier musulman de la Vieille Ville de Jérusalem.

Le Hamas, l’organisation politique et de résistance qui dirige l’intérieur de la bande de Gaza, a mis en garde contre le fait que recommencer à agresser les Palestiniens à Jérusalem pourrait compromettre le cessez-le-feu déjà très fragile.

L’aile militaire du Hamas, les brigades Qassam, ont vivement encouragé les Palestiniens à Jérusalem à s’opposer à la marche et à défendre leur ville.

Suite à la confirmation que la marche aurait bel et bien lieu, les Palestiniens de Gaza ont brûlé des pneus près de la clôture de la frontière avec Israël et ils ont lancé des ballons incendiaires en guise de protestation.

Israël a bombardé ce qu’il a prétendu être plusieurs cibles du Hamas dans le sud de la bande de Gaza, tard dans la soirée de mardi, tout en présentant la reprise de ses attaques contre l’enclave assiégée comme une réponse aux ballons incendiaires.

Comme les Palestiniens tentaient de nettoyer les environs de la porte de Damas après le passage de la marche raciste, les forces israéliennes les ont attaqués et leur ont confisqué leurs balais.

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Les médias israéliens ont rapporté que plus d’une douzaine de Palestiniens avaient été arrêtés par les forces israéliennes.

La Société du Croissant Rouge de Palestine a rapporté que près de 90 Palestiniens avaient été blessés ce mardi, et la moitié d’entre eux l’avaient été à Jérusalem et dans ses environs immédiats.

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Ali Abunimah a contribué à ce reportage et à sa traduction.

Publié le 16 juin 2021 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

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