Israël ferme les bureaux du syndicat des agriculteurs palestiniens (UAWC) à Ramallah

Mercredi 7 juillet, l’armée israélienne a fermé le siège du Syndicat des Comités du travail agricole (UAWC) à Ramallah, après en avoir défoncé les portes et confisqué ordinateurs et documents. Les militaires ont ensuite barré la principale entrée du siège au moyen de solides plaques métalliques et ils ont placardé une ordonnance militaire sur la porte, annonçant la fermeture du siège pour six mois et déclarant que cette décision était « nécessaire pour garantir l’ordre public et la sécurité de l’armée israélienne ».

Photo : UAWC

Photo : UAWC

Shatha Hammad, 8 juillet 2021

Fondé en 1986, l’UAWC est une organisation non marchande et l’une des plus importantes institutions de développement agricole en Palestine. 

Rizeq Bargouthi, un membre du comité de direction de l’UAWC, a déclaré que la décision de fermer le siège du syndicat s’inscrivait dans le cadre d’une attaque en cours de l’armée israélienne contre l’UAWC.

« Les activités de notre organisation se concentrent sur l’agriculture et notre seule devise est celle-ci : ‘Nous protégeons notre terre et défendons notre peuple.’ Cette devise leur crée des problèmes »,

a-t-il ajouté.

« Il n’y avait pas de raison sécuritaire pour exiger la fermeture du siège de l’UAWC. Nous ne sommes rien d’autre qu’une organisation qui tente avec succès de prendre soin des terres et des fermiers et de les aider. Nos projets agricoles sont publics et transparents. »     

L’UAWC a été fondée par un groupe d’agronomes et elle est très dépendante de bénévoles qui ont formé des comités agricoles un peu partout en Cisjordanie occupée et dans la bande de Gaza. Les comités travaillent avec les fermiers palestiniens pour les aider à établir des objectifs de production et à concrétiser les programmes du syndicat et les activités communautaires. Quelque 200 employés de l’UAWC sont actifs en Cisjordanie et à Gaza. Parmi ces employés figurent des agents administratifs, des agronomes, des ouvriers agricoles et des bénévoles.

« On les tue sur leurs terres »

L’UAWC organise des campagnes populaires afin d’aider les fermiers palestiniens à faire face aux attaques israéliennes contre leurs terres tout au long des différentes saisons agricoles.

« Ounah » est l’une des principales campagnes organisées par le syndicat, surtout pendant la saison des olives, qui attire des activistes du monde entier en vue d’aider les fermiers palestiniens à récolter leurs olives, tout particulièrement dans les zones dangereuses régulièrement ciblées parmi les colons.

Le syndicat construit également des routes agricoles, irrigue les terres, fore des puits et réhabilite des terres agricoles en zone C, entièrement sous contrôle civil et militaire d’Israël. Les Palestiniens vivant dans les parties de la Cisjordanie désignées comme « zones C », où les colonies israéliennes continuent de s’étendre aux dépens des Palestiniens, sont constamment menacés de voir leurs terres confisquées sous de multiples prétextes – le plus connu étant la prétention par les Israéliens qu’une parcelle de terre a été abandonnée, même si les fermiers palestiniens sont empêchés de s’y rendre.

L’UAWC fait partie des rares organisations non marchandes qui fournissent ce genre de services aux Palestiniens et elle a eu une très forte influence sur le développement agricole, particulièrement en Cisjordanie, où l’Autorité palestinienne n’a jamais assuré ce genre de soutien.  

Bargouthi a déclaré :

« Nous sommes l’opposition aux colonies. Nous protégeons la terre contre la bête des colonies israéliennes et nous aidons le fermier à rester sur sa terre, alors qu’Israël fait exactement le contraire : il confisque les terres, il chasse les fermiers, il les harcèle et les tue sur leurs propres terres. »

 

« Nous refusons de renoncer à nos activités »

L’UAWC a déclaré qu’elle poursuivrait ses activités et qu’elle ne se laisserait pas barrer la route par la fermeture de son siège en Cisjordanie. Elle restera également opérationnelle dans la bande de Gaza, où est installée la deuxième section du syndicat.

« Nous travaillons avec les fermiers sur le terrain et nous poursuivrons notre travail sur nos terres et sous les arbres »,

a déclaré Bargouthi.

« Nous refusons de renoncer à nos activités, parce que nous respectons notre peuple, qui compte sur nous. Israël cherche à nous détruire en tant qu’humains en nous volant nos terres sous nos pieds.

Toutefois, notre résilience et notre détermination sont inébranlables et nous ne renoncerons pas à la terre que nos frères ont défendue et pour laquelle ils sont nombreux à avoir perdu la vie ; cela se produit à l’instant même à Beita, où l’armée israélienne d’occupation a tué cinq Palestiniens qui protestaient contre l’installation d’une nouvelle colonie sur la montagne de Sobeih. »

Bargouthi a expliqué que l’armée israélienne n’avait jamais cessé de cibler le syndicat et de l’attaquer dans les médias sociaux, prétendant qu’il soutenait le terrorisme. 

« Où est le terrorisme dans ce que nous faisons ? Nous travaillons à la réhabilitation de la terre et au soutien des fermiers pauvres ; il n’y a pas de terrorisme là-dedans »,

a-t-il ajouté. 

Une punition collective

La fermeture des bureaux de l’UAWC a lieu un mois après que les forces israéliennes ont fait irruption au siège du Syndicat du Comité des travailleurs médicaux (Union of Health Workers Committee – UHWC) à Ramallah.

À l’époque, Amnesty International avait mis en garde contre les « conséquences catastrophiques » pour les Palestiniens en manque de soins médicaux suite à la fermeture pour six mois des bureaux de l’UHWC, qui fournit des services médicaux absolument vitaux aux Palestiniens.

Saleh Higazi, directeur adjoint d’Amnesty pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, a déclaré que le fait de cibler l’UHWC faisait partie d’une attaque plus large par Israël des organisations de la société civile palestinienne. Les Comités des travailleurs médicaux sont l’un des principaux fournisseurs de services de santé dans les Territoires palestiniens occupés, ils gèrent des hôpitaux et des cliniques qui fournissent des soins médicaux aux communautés marginalisées, a dit Higazi.

Mercredi, les forces israéliennes ont également arrêté le directeur de l’UHWC, Shaza Abu Owda, et confisqué un véhicule appartenant à l’ONG.

De son côté, Bargouthi affirme que la fermeture des bureaux de l’UAWC faisait partie d’une politique de punition collective adoptée par l’armée israélienne contre le personnel du syndicat et les fermiers palestiniens, puisque les projets et activités de l’UAWC viennent en aide à, quelque 20 000 Palestiniens chaque année.


Publié le 8 juillet 2021 sur Middle East Eye
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

Print Friendly, PDF & Email

Vous aimerez aussi...