Interdiction d’accès aux plages pour les Palestiniens dans trois villes israéliennes

Adalah, le centre juridique pour les droits de la minorité arabe en Israël,  entreprend une action urgente en réponse aux nouvelles mesures appliquées dans trois villes (Netanya, d’Acre et Hadera) pour interdire l’accès des Palestiniens aux plages.

Des Palestiniens à la plage de Jaffa, le 8 août 2020. (Photo : Dareen Tatour)

Des Palestiniens à la plage de Jaffa, le 8 août 2020. (Photo : Dareen Tatour)

Adalah, 7 aôut 2021

Adalah entreprend une action urgente en réponse aux nouvelles mesures appliquées dans trois villes et du fait que de nouveaux check-points et barrières ont été érigés. Des maires et des conseils municipaux proclament explicitement qu’ils cherchent à empêcher l’entrée des Palestiniens. Des vidéos dérangeantes montrent des inspecteurs municipaux occupés à expulser illégalement des Palestiniens de la ville d’Acre, dans le nord. Adalah déclare : « On prend illégalement des mesures racistes sans la moindre autorité pour le faire. »

Le jeudi 5 août 2021, Adalah, le centre juridique pour les droits de la minorité arabe en Israël, a adressé une lettre urgente au procureur général (PG) de l’État d’Israël, Avichaï Mandelblit, lui demandant d’expliquer clairement que les mesures prises par les municipalités de Netanya, d’Acre et de Hadera pour interdire l’accès des non-résidents aux plages à l’intérieur de leurs juridictions respectives sont illégales. 

La lettre, envoyée par l’avocat d’Adalah, Rabea Eghbariah, était accompagnée des requêtes d’Adalah adressées aux municipalités israéliennes d’Acre et de Netanya, après leur action visant à empêcher les Palestiniens de se rendre sur les plages, et ce, sous prétexte de lutter contre la propagation du coronavirus. Adalah prétend que toutes ces mesures ont été prises illégalement sans l’aval de la moindre autorité.

La demande adressée par Adalah au PG suit la décision prise le 4 août par le conseil municipal israélien d’Acre d’ériger une clôture autour de la plage d’Argaman et de ne permettre l’accès à la plage qu’aux détenteurs de certificats de passage « verts » (preuve de vaccination ou d’immunité contre le coronavirus). Sur le plan juridique, les réglementations concernant le Covid-19 en Israël sont déterminées uniquement par le gouvernement israélien par l’entremise de son cabinet « Corona » et, actuellement, elles ne comprennent aucune restriction de mouvement dans les espaces publics et ouverts.

Adalah prétend que non seulement ces mesures ont été prises illégalement par le conseil municipal, mais qu’elles avaient également l’intention d’empêcher des visiteurs palestiniens venus de Cisjordanie d’accéder aux plages d’Acre sous le prétexte de sauvegarder la santé publique. Lors du conseil municipal, le maire Shimon Lankri a déclaré :

« Le mois dernier, nous avons essuyé un échec, dans cette ville – je ne le dis pas simplement – il s’agit d’un grave échec sans précédent concernant la santé : des cars venus de Judée et de Samarie [c’est-à-dire de la Cisjordanie], de Naplouse, de Jénine, de Hébron et autres. ».

Lankri a ajouté qu’il était du devoir de la municipalité d’empêcher leur accès aux plages.

La municipalité a également imposé d’autres mesures pour interdire l’accès à la côte, y compris l’interdiction pour les cars privés d’emprunter des routes menant à la plage d’Argaman. Dans une précédente lettre adressée à la municipalité suite à la décision du conseil, le 14 juillet, d’allouer un budget spécial pour la clôture, Adalah a exigé que la municipalité mette immédiatement un terme à ce genre de restrictions.

Le lendemain de la décision du conseil (le 5 août), le journaliste Rafat Aker, un citoyen palestinien d’Israël, a rapporté que des inspecteurs municipaux avaient forcé des Palestiniens de la ville cisjordanienne de Jénine à remonter dans leurs véhicules et qu’ils les avaient accompagnés jusqu’à la sortie de la ville. Cette mesure avait été prise en dépit du fait que certains Palestiniens avaient dit qu’ils avaient été vaccinés et qu’ils disposaient de permis légaux d’entrée et de séjour.

 

Peu après ces événements, Adalah apprenait également que des instructions similaires avaient été données par le maire de Hadera, Zvi Gendelman. Par conséquent, Adalah a adressé une lettre à Gendelman lui demandant que la Ville mette immédiatement un terme à de telles actions illégales.

Ces incidents se sont produits après que de précédentes mesures avaient été prises par la municipalité de Netanya au cours du jour férié musulman de l’Eid al-Adha, en juillet. À l’époque, la municipalité avait installé des check-points avec des inspecteurs municipaux aux entrées de la ville et elle avait fait renvoyer des cars avec des passagers arabes qui arrivaient en ville. Suite à ces mesures illégales, Adalah avait contacté la maire de Netanya par lettre, le 22 juillet. En ce jour, Adalah n’a toujours pas reçu de réponse, ni de la maire, ni de son cabinet. Précédemment, en mai, lors d’une interview à la radio, la maire de Netanya, Miriam Feirberg Ikar, avait déclaré qu’elle ne permettrait pas à des Palestiniens d’entrer dans la ville au cours du jour férié musulman de l’Eid al-Fitr.

En 2019, Adalah a contesté une interdiction imposée par la municipalité d’Afula contre l’accès de non-résidents de la ville à son parc. Dans ce cas, le tribunal du district de Nazareth avait décidé que les autorités locales n’avaient juridiquement pas le droit de restreindre l’accès au public d’espaces ouverts tels des plages ou des parcs. À l’époque, dans une démarche rarement entreprise, le PG avait adressé à la cour un dossier faisant état de sa position concernant l’affaire et appuyant la demande d’Adalah.

Commentaire de l’avocat d’Adalah, Rabea Eghbariah :

« Les images vues à Acre ne laissent aucune place à l’imagination : des inspecteurs municipaux ont expulsé de force des Palestiniens hors des limites de la ville uniquement parce qu’ils sont palestiniens. La municipalité agit dans toutes ses démarches sans la moindre autorité que ce soit : qu’il s’agisse de poser des clôtures et d’empêcher le passage d’autocars privés ou encore d’inventer de nouvelles réglementations concernant le coronavirus et de les appliquer. Le recours à des arguments relatifs à l’augmentation du Covid-19 pour justifier des mesures illégales consistant à imposer des limitations à la liberté de mouvement et à refuser l’accès à des espaces publics en fonction de motivations racistes émerge à la façon d’un nouveau phénomène. Ironiquement, ces initiatives locales d’apartheid qui expriment comme but de concrétiser la ségrégation raciale, pourraient apparemment violer aussi les droits d’autres publics. Le procureur général doit déclarer sans équivoque que ces mesures ont été prises par les municipalités en flagrante violation des lois. »  


Publié le 7 août 2021 sur Adalah
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

Lisez également : Le sel de la mer, pour la première fois à Jaffa.

Dareen Tatour
: « Priver les gens du droit le plus simple – celui de voir la mer – est un crime de l’occupation israélienne. En Palestine, toute une génération a grandi sans savoir ce que signifie la mer. »

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