Au 54e anniversaire du martyre de Che Guevara
54 ans après son martyre, la visite historique de Che Guevara à Gaza, en Palestine, en 1959, est toujours un témoignage de résilience pour les mouvements de libération et de résistance en Palestine et ailleurs dans le monde.
Mohammed avait 13 ans quand le révolutionnaire marxiste Ernesto Che Guevara visita pour la première fois la bande de Gaza qui, à l’époque, était administrée par l’Égypte.
Il était encore loin de savoir qu’il allait devenir une icône de la résistance et qu’il serait surnommé le « Guevara de Gaza » pour son rôle déterminant dans la résistance à l’occupation israélienne de Gaza et pour sa révolte permanente contre l’injustice et le colonialisme, ainsi que pour sa capacité à se cacher et à semer la confusion chez l’ennemi.
À l’origine, Mohammed al-Aswad, ou le « Guevara de Gaza », naquit dans la ville côtière de Haïfa, en 1946. Plus tard, le garçon et sa famille devinrent des réfugiés après avoir été chassés de leur ville suite à la Nakba de 1948 et ils finirent par débarquer dans un camp de réfugiés à Gaza.
Al-Aswad grandit pour devenir un activiste de la résistance contre « Israël » et fut emprisonné pendant deux ans. Après sa libération en 1970, il rallia le Front populaire pour la libération de la Palestine et progressivement, finit par être promu au rang de commandant de l’aile militaire du FPLP dans la bande de Gaza.
Pendant ce temps, il se concentra sur l’entraînement et la formation des forces de la résistance, ainsi que sur l’organisation de manifestations et de grèves contre l’occupation.
Son intégrité fit dire à Moshe Dayan, ancien ministre israélien de la Sécurité pendant l’occupation : « Nous contrôlons Gaza le jour et Guevara et ses camarades la contrôlent la nuit. »
Trois ans plus tard, le « Guevara de Gaza » tomba en martyr au cours d’une bataille héroïque dans l’enclave.
La visite d’Ernesto Che Guevara à Gaza
L’histoire du martyr Mohammed al-Aswad est une preuve vivace de la relation importante et forte entre Che Guevara et la cause palestinienne, dont Gaza est devenue le symbole.
En fait, la visite de Che Guevara dans l’enclave, le 18 juin 1959, sur l’invitation de feu le président et dirigeant égyptien Gamal Abdel Nasser, eut lieu pour établir une situation de solidarité et d’harmonie entre Cuba et la cause palestinienne.
Sa visite à Gaza transforma la cause de régionale à mondiale et fut le reflet de sa fameuse phrase : « La solidarité est une condition qui ne doit jamais cesser d’être mise en pratique. »
L’occupation israélienne de la Palestine et le nettoyage ethnique systématique contre sa population déclenchèrent la création des forces palestiniennes de résistance et l’apparition des combattants de la liberté, légitimés par Abdel Nasser, qui était considéré comme un dirigeant de pointe contre le colonialisme et l’impérialisme.
Pour briser la détermination et la résilience de la résistance, les forces d’occupation israéliennes dirigées par Ariel Sharon, Premier ministre de 2001 à 2006, attaquèrent continuellement la bande de Gaza et ses camps de réfugiés, perpétrant d’horribles massacres contre de nombreux Palestiniens et militaires égyptiens, sans que cela entraîne la moindre réaction de la part de la communauté internationale, qui se contenta tout simplement de fermer les yeux sur les atrocités israéliennes.
Une visite historique quoi qu’il en soit
La visite du Che avait pour but de soutenir la libération nationale palestinienne et les mouvements révolutionnaires contre l’impérialisme et la colonisation.
Ce fut une visite exceptionnelle qui fut accueillie avec enthousiasme par les dirigeants de la résistance et les Palestiniens.
Il fut accompagné au camp d’al-Bureij, où les Israéliens avaient commis certains des massacres les plus horribles et il découvrit la pauvreté et les conditions pénibles dans lesquelles vivaient les Palestiniens. Il conseilla aux dirigeants de continuer sur la voie de la résistance qu’ils avaient empruntée via la résilience et la détermination de leur peuple.
Durant la visite, il s’adressa en ces termes au dirigeant du camp, Mustafa Abu Midyan :
« Vous devriez me montrer ce que vous avez fait pour libérer votre pays. Où sont les camps d’entraînement ? Où sont les ateliers pour fabriquer les armes ? Où sont les centres de mobilisation du peuple ? »
Par ces mots, Guevara tentait de poser les bases nécessaires à tout mouvement de résistance.
En même temps, il invitait instamment les réfugiés palestiniens à poursuivre leur combat afin de libérer leur pays de l’occupation, proposant de fournir à la résistance palestinienne des armes et des entraînements.
Dans une interview accordée à Al Mayadeen, sa fille, la Dre Aleida Guevara, cita son père, qui avait dit :
« Avec toutes ses contradictions, le Moyen-Orient est considéré comme une région en ébullition et il n’est pas possible de prédire jusqu’où ira la guerre entre Israël – soutenu par les impérialistes – et les pays progressistes de la région. »
Et l’impact retentit toujours
À la suite de la visite historique, Cuba offrit des bourses, accorda des citoyennetés et organisa de nombreuses conférences en soutien de la Palestine et du peuple palestinien.
En outre, l’île de Cuba fut l’un des premiers pays à reconnaître l’Organisation de libération de la Palestine lors de sa fondation, en 1964.
Peu après sa visite, le médecin marxiste devint une icône pour la résistance et les combattants palestiniens en tant que symbole de la révolution, tout particulièrement pour les mouvements de gauche.
Hasta Siempre
En cette occasion, le 54e anniversaire de son martyre, il va sans dire que la résistance, l’intégrité et la solidarité du Che sont ce dont nous avons besoin pour libérer les nations opprimées, comme la Palestine, le Yémen et tous les pays du monde, de l’impérialisme occidental, du colonialisme et de l’occupation militaire. Son souvenir fait toujours naître des personnalités vouées à la résistance populaire, tel le « Guevara de Gaza », Mohammed al-Aswad.
Armé de son audace et de sa valeur, il aurait été aux avant-postes de la lutte gazaouie contre le siège israélien. Il aurait creusé, en utilisant un outil aussi simple qu’une cuiller, en compagnie des six autres, le tunnel de la liberté qui libérera la totalité de la Palestine des agents de la prison de Gilboa.
°°°°°°
Publié le 9 octobre 2021 sur Al Mayadeen
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine